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Mescladis e còps de gula
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  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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3 septembre 2009

Enseignement des « dialectes » italiens : le test de la Lega Nord



dialetti

carte (non fiable) des « dialetti » empruntée à Wikipedia (article Dialetto)

il est d'ailleurs écrit dessous :

"Rappresentazione intuitiva e approssimativa dei dialetti parlati nelle varie regioni italiane"

c'est-à-dire : « représentation intuitive et approximative des dialectes parlés dans les diverses régions italiennes »

 

 

Enseignement des « dialectes » italiens : le test de la Lega Nord

 

[qui una versione italiana di questo post]

L’exigence que la Lega Nord, parti appartenant actuellement à la coalition gouvernementale en Italie, a récemment (27 juillet) cherché à imposer au sein de la commission Culture de la Chambre des députés qui prépare actuellement la réforme du système scolaire, de soumettre les candidats à l’enseignement à un « test visant à montrer leur connaissance de l’histoire, de la tradition et du dialecte de la région où ils veulent enseigner »[1], a soulevé un véritable tollé en Italie, à la fois pour de très bonnes et de très mauvaises raisons. Cela a donné surtout l’occasion à une troupe serrée de journalistes et d’intellectuels, de droite comme de gauche, parmi lesquels des linguistes de profession et comme on le verra des personnages de grande renommée, d’étaler au grand jour, sans presque aucune voix dissonante, une série de préjugés imbéciles sur toutes ces langues qui font de la péninsule une mosaïque d’une incroyable richesse.

La Lega Nord et les dialetti

Il faut dire que, selon moi, rien ne saurait faire plus de tort à la cause de ces langues que l’idéologie xénophobe et anti-sudiste de la Lega dont l’exigence en question (d’ailleurs aussitôt retirée en ce qui concerne justement le test de dialetto), était une émanation directe. En effet, les justifications mêmes données par la parlementaire leghiste Paola Goisis sur ce qui devrait être, selon son parti, un test « préalable » aux concours d’enseignement, désormais étroitement régionalisés, ne laissent aucun doute à ce sujet. Les titres ne devraient pas être premiers, mais passer au second plan, au motif qu’ils seraient « souvent achetés. De sorte qu’ils ne constituent pas une garantie de l’adéquation de l’enseignant ». Et surtout le but tout à fait avoué est de faire barrage aux professeurs venus du sud du pays : il s’agirait, selon la même Goisis, « d’obtenir une substantielle égalité entre les professeurs du Nord et ceux du Sud. Car il n’est pas possible que la majeure partie des professeurs qui enseignent au nord soit des méridionaux ». On voit très bien l’inconséquence et l’inconsistance radicale de la Lega en la matière, car la question « dialectale » intéresse absolument toutes les régions (même la Toscane, comme on le sait) alors que, spontanément, le dispositif de test linguistique est ici conçu comme devant servir à exclure en fait par avance des concours (et quelle que soit la matière enseignée) tous les professeurs venus du sud, ce qui aurait d’ailleurs forcément pour effet d’exclure aussi les voisins du nord ! On peut constater le même campanilisme et la même inconséquence de la Lega dans toutes ses interventions sur les dialetti ; elle n’a pas même l’intelligence tactique de chercher l’adhésion, sur ce sujet qui intéresse l’ensemble du pays, des régions du Sud. Cela apparaît de manière éclatante par exemple dans le projet de loi sur l’enseignement des dialetti soumis au Sénat le 21 mai dernier, qui demandait explicitement que soient reconnues comme langues (et entrent ainsi dans le cadre de la loi de tutelle des « langues minoritaires »), le vénitien et le lombard, sans prendre en compte d’autres pseudo-dialectes du sud qui se trouvent pourtant dans la même situation, comme ceux parlés en Campanie ou en Calabre[2].

Quant à l’usage de la langue écrite, sa promotion, dans les faits, n’a semble-t-il pas été une priorité de la Lega, s’il est vrai que le quotidien du parti, la Padania, dont Bossi est le directeur, dans le sillage de la polémique sur la question que l’on vient de voir, le 13 août dernier, présentait comme un acte révolutionnaire une première page en vénitien, dûment traduite en italien. L’opportunisme est évident, car il y a longtemps que – en toute bonne logique – cela aurait dû être le cas. Le gros titre est de la Lega pur sucre : A Cgil siopara contro el Nord (« La Cgil [syndicat majoritaire des ouvriers italiens] fait grève contre le Nord »). On y trouve aussi un article sur les dialetti, au titre qui sent la propagande à plein nez : Lengue e dialeti xe el futuro dei zóvenilangues et dialectes sont le futur des jeunes »). Le très intéressant blog Dialetticon a du reste mis en évidence l’incohérence graphique de cette page. Le jour suivant, la première page du journal parut en piémontais (titre : Coj partì alergich a la Lega : Ces partis allergiques à la Ligue), puis, pour le 15 août, en lombard (Salari e dialètt, la nòstra battalia : Salaires et dialecte, nostre bataille), toujours avec traduction italienne en regard.

Ce qui étonne l’observateur étranger que je suis, attaché à supporter la presse dans les langues minorées, c’est justement que la Lega ne se soit découverte une telle mission que si tardivement et qu’elle reste finalement si frileuse, sur un terrain où, en effet, tout reste encore à faire en Italie, n’en déplaise à tous ceux qui poussent des cris d’orfraie, quand ils ne se contentent pas d’éclater de rire, à l’idée même que l’on puisse imaginer que les « dialetti » puissent être, en effet, des langues de transmission de la culture et de l’information.

          C’est me semble-t-il la même chose sur le terrain de l’éducation. La Lega, là où elle règne, n’a – pour ce que j’en sais – guère développé et supporté l’enseignement qu’elle fait semblant de réclamer désormais à cor et à cri, au-delà de quelques rares heures ici ou là par semaine, ni ne semble avoir envisagé des centres de formations des maîtres, et ne s’intéresse visiblement pas du tout à l’extension d’une telle mesure à l’ensemble du pays, dont elle voudrait se séparer (ce qui n’est certes pas une bonne raison pour se désintéresser des langues des autres, et révèle combien ce parti est a la vue courte et la pensée étroite). La Lega, sans doute inspirée de loin – de très loin – par les expériences françaises et surtout espagnoles, revendique en tout cas depuis quelques années, et à contre courant de la plupart des autres partis italiens, leur enseignement. Bossi a fait à ce sujet, le 2 août dernier, des déclarations fracassantes, évoquant l’enseignement du « dialetto » dans l’école Bosina fondée, entre autres par sa femme à Varese en 1998, et promettant à mi-mot, et non sans provocation, qu’un tel enseignement, que cela plaise ou non, serait prochainement étendu à l’école publique[3]. D’autres déclarations faites à la presse le 14 du même mois, démontrent le stupéfiant déficit de réflexion pédagogique de Bossi ; à propos des difficultés pour trouver un méthode d’enseignement, il confia en effet : « Ma femme, qui s’en occupe depuis des années, dit qu’elle doit être liée à la musique, au rythme, au façons de dire, à quelque chose qui ait une cadence quasi musicale »[4]. Le même jour, il aurait répondu à l’objection inévitable du nombre élevé de dialectes en Italie (voir infra) : « Ne t’inquiète pas, quelqu’un qui parle milanais parle dans toute la Lombardie »[5]. Réponse vraiment significative : le problème des dialectes et de leur enseignement, pour Bossi, se limite visiblement à sa propre zone, et si le choix du milanais comme langue standard de communication (et d’enseignement ?) pour toute la Lombardie n’était pas visiblement la simple boutade de quelqu’un qui n’a jamais sérieusement réfléchi à la question, ce serait là bien sûr là une décision pour le moins inquiétante.

Le parti, comme je l’ai dit, par l’entremise de son président au sénat, a déposé un projet de loi (le jeu des partis rendant de toute façon tout à fait improbable son adoption), où sont mis au premier plan des revendications nordistes, sans que n’apparaisse aucune allusion aux horaires, aux contenus, aux méthodes ou à la formation des maîtres.

Pour ma part, je ne saurais évidemment être contre le principe d’enseigner les dialetti, et je trouve très dommage que d’autres partis et d’autres courants d’opinion ne saisissent pas l’occasion pour se faire l’écho d’une autre conception, ouverte sur la diversité, inclusive et non pas exclusive, élective et non pas sélective de l’enseignement des langues minoritaires reconnues et des « dialetti » qui ne le sont pas encore. Car, ce que je constate, c’est d’une part le manque de compétences pédagogiques et intellectuelles des membres et partisans de la Lega en la matière (l’idée même d’instaurer un « test » de dialetto en dehors de toute formation pédagogique préalable,est éminemment révélatrice, et montre bien qu’il s’agit de « trier » seulement ceux qui sont d’ici et les « étrangers »), et d’autre part la réduction du dialetto à un instrument, un véhicule idéologique… et de quelle idéologie ![6] Cette appropriation, dans le débat public, de la question de la promotion et de l’enseignement des dialetti par un parti – et quel parti ! – cette espèce d’identification qui est faite aujourd’hui entre défense des dialetti et Lega, et cette démission des autres partis sur cette question, cet abandon peut-on dire des dialetti à la Lega, sont des nouvelles très tristes pour l’avenir des langues vernaculaires de toute l’Italie et pour les formes de relations sociales et de cultures locales qui se vivent encore aujourd’hui un peu partout dans la péninsule en ces langues.

L’unique analyse équilibrée et sensée, parmi la centaine d’articles que j’ai pu parcourir sur le sujet (car tous en fait tombent dans le piège de la Lega en identifiant la question des dialectes au problème posé par l’existence même de la Lega), est celle de Gian Antonio Stella, le 30 juillet sur le Corriere della Sera : « Il est dommage qu’une bataille juste, celle de la réhabilitation, y compris à l’école, des langues locales parlées par Verga et Pavese, Gadda et Fenoglio, aujourd’hui écrasées par une mixture d’italien de télé à la big brother, soit avilie par une fanfaronnade instrumentale balancée par les leghistes, avec des accents lourdement anti-unitaires, pour des questions de boutique ».

 

Lega

propagande anti immigration de la Lega

(trad. : Il n'y a pas de place pour tout le monde)

 

La Lega comme pierre de touche

Le fait est, en tout cas, que cette démarche récente de la Lega, associée à d’autres déclarations de ministres membres du même parti concernant les « dialetti » (présence de chansons en « dialetto » au festival de Sanremo, doublage par Rai3 de séries télé, etc.[7]) a servi de pierre de touche, révélant le degré en vérité effrayant d’impréparation et surtout de retard, je dirai même d’archaïsme, de provincialisme (alors que la terreur de passer justement pour des « provinciaux » nourrit la honte de nombre d’Italiens face à la relative vitalité de leurs dialetti, là où la France a su mettre bon ordre…) des élites italiennes comparées aux autres pays européens (au moins par rapport à l’Espagne, au Royaume Unis, et pour le coup y compris comparativement à la France) dans l’appréhension de la question de l’enseignement (et donc de la transmission) de ces langues, dont la plupart sont aujourd’hui menacées, mêmes si elles restent souvent plus parlées qu’ailleurs. Car, s’il existe bien une loi de tutelle (la fameuse loi 482/ 1999 sur les « minorités linguistiques »), comme le faisait remarquer récemment Philippe Martel sur ce blog, elle ne prend nullement en charge, ni d’ailleurs véritablement en compte, l’enseignement, et de plus elle trace une ligne de partage absolument illégitime à mes yeux entre certains de ces dialetti (mot généralement utilisé pour désigner tous les parlers historiques distincts de la « langue » nationale) élevés à la dignité de langue et comme tels relevant de la loi (parmi lesquels l’occitan et le franco-povençal, aux côtés du frioulan, du ladin, du sarde, et des parlers albanais, catalan, germanique, grec, slovène, croate et français), abandonnant les autres à leurs statut minoré d’idiomes indignes d’une véritable reconnaissance linguistique et culturelle. Il y a sans doute une relation, hélas, entre cette relative vitalité et cet archaïsme des positions adoptées, renforcé également par le fait que l’italien n’est une langue parlée par tous les citoyens que depuis fort peu de temps, et il est clair, comme on le verra à travers quelques citations, que pour beaucoup, aujourd’hui encore, le « dialetto » est ce parler auquel il a fallu s’arracher pour accéder à la promotion sociale. C’est parmi ces derniers, qui ont renié avec difficulté et douleur, que l’on trouve les plus violents opposants à toute valorisation et tutelle des « dialetti » (en général ceux-là se refusent du reste à faire la moindre distinction entre langues reconnues et dialetti, et donc nomment tout ce qui n’est pas italien « dialetto », un peu comme l’on disait naguère « patois » en France, pour désigner aussi bien le basque que le normand, l’alsacien que le corse). Mais il se pourrait – c’est le seul espoir que l’on puisse avoir à l’issue de la lecture de la presse transalpine cet été absolument déprimante sur la question – que sur ce point, comme sur d’autres, la société civile soit plus avancée que ses représentants et ses savants, car l’on trouve partout en Italie des gens qui tiennent à leur « dialetto » et font tout leur possible pour le transmettre (c’est-à-dire pour transmettre un certain type de relation aux lieux et aux êtres, le « dialetto » n’étant certainement pas une fin en soi), même s’ils imaginent rarement que l’école puisse – et doive – y contribuer. Ceci dit, les initiatives et revendications locales, en diverses zones (surtout là où la loi reconnaît l’existence d’une langue), sont parfois très fortes et le plus souvent tout à fait étrangères à la Lega.

Les données dune enquête

Avant d’examiner le florilège, il faut quand même dire deux mots sur les chiffres utilisés dans la presse, qui font comprendre l’importance des pratiques linguistiques recouvertes sous le terme de « dialetto », mais aussi leur évolution rapide et leur fragilité. Les italiens disposent d’une enquête Istat réalisée en 2006 et publiée l’année suivante, reposant sur un panel a priori suffisamment représentatif (24.000 familles et 54.000 individus, sur 853 communes, de tailles différentes et réparties sur tout le territoire). L’échantillon est beaucoup plus réduit que celui de l’enquête Famille de 1999 en France, mais beaucoup mieux distribué et contrôlé. C’est elle que reprend par exemple Roberto Bianchin dans la Repubblica du 30 juillet, fromages et diagrammes à l’appui. Toute l’enquête repose sur la dichotomie italien/ dialetto, jamais mise en question : le mot s’en trouve évidemment conforté dans sa légitimité et la notion réifiée, puisque toute l’étude repose sur la présupposition que partout dans le pays, il existe une même réalité linguistique, que l’on peut tranquillement étudier, en toute objectivité. D’ailleurs on ne demande même pas aux locuteurs s’ils se représentent la langue vernaculaire comme dialetto ou langue, bref la distinction établie par la loi 482 tombe, au profit du vieux terme consacré et dégradant, alors même qu’il est désormais en débat.

L’enquête montre en tout cas que, globalement, l’usage exclusif de l’italien augmente alors que l’emploi du dialetto recule considérablement et surtout rapidement, du moins comme langue exclusive en famille et avec les amis. 45,5% de la population parle principalement sinon exclusivement l’italien en famille (soit une estimation de plus de 25 millions) ; 48,9% avec les amis et 72,8% avec les étrangers (entendu par là ni famille, ni ami ; cette catégorie n’en est pas moins très insatisfaisante, qui ne distingue même pas les connaissances des inconnus). Ceux qui utilisent principalement, voire exclusivement le dialetto en famille forment 16% de la population, soit tout de même quelque chose comme 8 millions et 800 mille personnes ; 13% avec les amis et 5,4% seulement avec les étrangers. La confrontation avec les chiffres de 1988 est extrêmement alarmante. A parler seulement ou principalement dialetto en famille ils étaient 32% en 1988 : une division par deux donc en dix ans ! Aujourd’hui, s’il y en a encore 32% dans la classe d’âge de 65 ans et plus, il n’y en a plus que 8% dans la classe des 6-24 ans. Par contre l’usage mixte, italien et dialetto, est très important : 32,5% en famille (32,8% avec les amis et 19% avec les étrangers). J’en déduis arithmétiquement que l’Italie reste un pays où plus de 48% de la population pratique d’une façon ou l’autre la langue vernaculaire. Il semble donc que lorsqu’on se moque de Roberto Calderoli, le ministre de la Lega parce qu’il affirme que plus de 40% de la population parle « dialetto », celui-ci reste en dessous des statistiques officielles. Il y a évidemment des régions où la langue vernaculaire est plus parlée qu’ailleurs : au coude à coude, on trouve la Calabre (74%[8] le parlent en famille), la Campanie (72%), la Sicile (71%), la Basilicate (71%) et la Vénétie (70%).

Comparativement à la France, on le voit, le bassin et les ressources sont évidemment immenses, même si la dégradation semble rapide, surtout dans un contexte où il règne une sorte de consensus pour affirmer que la perte est irréversible, beaucoup disant de plus qu’elle est bénéfique, parce que signe de modernisation et d’instruction. Il est sûr en tout cas que si vous allez en Italie et ouvrez les oreilles, vous pourrez constater un peu partout une densité d’usage tout à fait similaire à celle que j’ai notée dans mon dernier post pour l’occitan parlé en Val Maira

Arguments contre l’enseignement des dialetti

Les arguments fournis dans la presse et sur le net pour récuser ou tourner en dérision la proposition de la Lega d’enseigner les dialetti sont désespérément répétitifs et, en fait, nous autres français les connaissons déjà pour la plupart, même si chez nous certains ont désormais perdu dans l’opinion une bonne partie de leur crédibilité et de leur pertinence (le fossé qui s’est créé me semble sur ce point évident, et il devient abyssal par rapport à l’Espagne). Il n’est pas moins important de les recenser et de les analyser si l’on veut en produire une critique cohérente et efficace. Je les passe d’abord rapidement en revue : les dialetti sont des handicaps sociaux et culturels pour ceux qui les parlent ; ils n’ont pas de littérature ; ils n’ont pas de graphie fixée ; ils ne cessent de changer (et donc ne sont pas enseignables !) ; ils sont beaucoup trop nombreux (leur nombre rend impensable une quelconque transmission par l’école) ; leur enseignement conduirait à une mauvaise maîtrise de la langue nationale, voire même au morcellement et à l’éclatement du pays ; il n’existe pas de maîtres pour les enseigner ; et enfin (argument qui résume en fait tous les autres) ils ne sont pas des « langues » à part entière et ne sauraient s’enseigner, du fait de l’étroitesse supposée de leurs fonction, et de leur dépendance affirmée de l’italien. L’ensemble de ces arguments peuvent se ramener en fait à deux énoncés généraux qui se renforcent l’un l’autre, le premier à prétention descriptive, le second proprement prescriptif : 1- les dialetti ne peuvent être enseignés (ils ne sont pas enseignables) 2 – les dialetti ne doivent pas être enseignés. Soit dans les termes propres du célèbre intellectuel marxiste Alberto Asor Rosa, dans un article paru dans l’Unità du 17 août en réponse au ministre léghiste Zaia qui l’avait traité de « réactionnaire », pour ses positions sur la question : « porter les dialectes dans les écoles comme matière d’enseignement ne se peut faire, ni ne doit se faire »[9].

Les dialetti ne sont pas des lingue

Allons à l’argument premier, déterminant, essentiel : les dialetti ne doivent pas et ne peuvent être enseignés, car ils ne sont pas des « langues ». L’historien de la langue italienne Vittorio Coletti, auteur d’un important dictionnaire en collaboration avec le non moins célèbre Francesco Sabatini (voir à son sujet sur ce blog Dialectophones, femmes et nègres, même combat ! et L’histoire au secours du plurilinguisme), l’affirme par exemple, après et avec beaucoup d’autres, dans l’article qu’il publie sur la Repubblica du 31 juillet. Pour lui, ce n’est qu’au prix d’une équivoque dommageable, que « le » dialetto (le singulier est évidemment ici, comme ailleurs, en lui-même on ne peut plus problématique) est nommé « langue ». Il est une langue du point de vue « grammatical », mais non d’un point de vue « fonctionnel » et Coletti d’expliquer doctement qu’ « une langue est telle lorsque l’on peut faire en elle tous les discours de la culture d’un pays. Demandez à un étudiant d’utiliser le dialecte pour répondre à des questions d’algèbre ou demandez à un médecin qu’il vous fasse un diagnostic en dialecte »[10]. Hé bien, c’est exactement ce que l’on fait dans les écoles bilingues chez nous, en (ex)patois, ce qui prouve qu’une langue (au sens grammatical) est toujours ouverte à toutes les fonctions, même si socialement, toutes ne lui sont pas accessibles. C’est vrai d’ailleurs dans l’autre sens, la langue noble ne s’abaisse pas à certaines fonctions, laissées au dialetto (certaines chansons et histoires obscènes par exemple) : il n’est donc pas vrai que la langue officielle dans ce cas serve à tenir tous les discours de ce qui constitue la culture (même si elle en a bien sûr la capacité). Cela est d’ailleurs désormais vrai, dans l’autre sens : Coletti lui-même reconnaît que l’italien, comme le français, ne peut plus être employé pour les publications de nombreuses disciplines scientifiques (ce fut longtemps le cas pour les domaines de culture réservés au latin) où l’anglais tend à devenir exclusif : il doit alors admettre, selon son propre critère, que la langue dans laquelle il écrit est en train de devenir un dialetto, ce qui devrait le rendre plus bienveillant d’ailleurs à l’égard des autres…[11] Ce devenir dialecte de l’italien n’est du reste pas chose nouvelle, s’il est vrai que Francesco Alberoni l’affirmait déjà en 1978…[12]

Plusieurs journaux, à commencer par la Repubblica (cf. article de Bianchin du 31 juillet) et blogs ont rapporté les propos de Pierfranco Bruni, président d’un certain Centro Studi e Ricerche à Carosino dans les Pouilles. Celui-ci a affirmé que « l’Italie est une nation, qui se caractérise en effet culturellement par la variété des formes dialectales qu’il ne faut pas confondre avec les « autres langues » définies comme minoritaires »[13]. C’est plus ou moins l’esprit de la loi 482, réactualisation de la vieille partition, complètement erronée, entre idiomes allogènes, langues étrangères nichées dans la péninsule, et idiomes indigènes (parmi lesquels seul l’italien standard est « langue »). Pourtant Bruni appelle de toute urgence à une refonte de la loi, apparemment (il n’est pas très clair sur ce point) parce qu’il considère que certaines langues reconnues comme telles par la loi ne devraient pas l’être, comme le frioulan (voir la réponse des frioulans du Comitât 482), et aussi parce qu’il réclame un statut de tutelle spécifique pour les dialectes (mais exactement de quel type ? Cela n’est pas clair non plus). En outre, il est gêné par le syntagme de « minorités », et voudrait le voir remplacé par celui de « présences minoritaires » (je ne vois cependant pas la raison de cette « subtilité »…). Evidemment, l’affirmation selon laquelle la variation dialectale serait une spécificité de la « nation » italienne est fausse et archi-fausse : elle est une donnée universelle. Il se trouve seulement que l’Italie est parmi les pays européens où cette variation est aujourd’hui encore la plus vive, nonobstant l’imposition d’un standard national.

Mais surtout, selon le même Bruni, « les dialectes ne sont pas des « structures » linguistiques minoritaires. Elles sont le vrai tissu d’appartenance à un territoire au sein d’un processus qui vise rigoureusement à la défense de la culture italienne. Les dialectes ne sont pas des langues autres par rapport à la langue italienne et renforcent l’identité de la langue d’une nation »[14]. On comprend tout de suite quel est l’objectif idéologique : s’opposer à la Lega Nord et à son instrumentalisation sécessionniste des dialectes (et sans doute à d’autres groupes autonomistes éventuels), mais cela est opéré au prix de contorsions sémantiques qui font apparaître les dialetti comme solidaires, inséparables et bien sûr étroitement dépendants de l’italien, dans la mesure où justement ils ne font pas langue par eux-mêmes, et qu’il leur est attribué une fonction patriotique  d’unité culturelle et linguistique… dans la diversité ! Tout cela ne sont que des mots et ne correspond absolument pas à l’histoire (les dialectes, dans leur relation avec ce qui était depuis fort longtemps la langue standard, existaient bien avant que l’Italie existât comme nation), ni surtout à la réalité linguistique, extrêmement variable en effet, et où l’on trouve tous les degrés de proximité et d’éloignement par rapport à l’italien standard. L’on peut sans doute proposer un ensemble dialectal cohérent qui constituerait la langue italienne, avec et à côté de la langue standard, mais cela ne change rien au fait que les dialectes sont des langues en ce sens premier et essentiel de leurs capacités multifonctionnelles, déniées par Coletti (voir supra), et prouvées pourtant par l’existence d’une très riche littérature « dialectale », sur laquelle peu ont le courage d’insister. Dès lors que l’on reconnaît cette capacité, évidemment, leur relation avec la langue nationale s’en trouve foncièrement modifiée, du moins pour les locuteurs qui en prennent conscience, mais notons que cela n’implique absolument pas l’introduction d’une relation de concurrence conflictuelle avec la langue nationale, comme en effet la Lega a tendance à vouloir présenter les choses (au nom des racines, de l’identité, etc.), mais tout au plus d’émulation réciproque dans le cadre d’un bilinguisme désormais étendu à tous les locuteurs « dialectaux ».

Mais cette situation d’instabilité créée nécessairement par la revalorisation des dialetti, à travers la manipulation de la Lega, est souvent interprétée comme le signe annonciateur de la fin de l’unité italienne. C’est ainsi que, dans l’Unità du 14 août, Giulio Ferroni, excellent spécialiste de l’histoire du théâtre, s’opposant au slogan de la page de La Padania en vénitien que j’ai déjà cité (« langues et dialectes sont le futur des jeunes »), affirme qu’à travers cette promotion concurrentielle des dialetti, l’on achemine à grand pas l’Italie vers « une fragmentation territoriale et mentale qui l’éloignera définitivement de l’Europe, qui jettera aux orties toute la grande tradition internationale de notre culture et de notre économie »[15], alors que lui-même rappelle que les « dialectes (et une grande littérature dialectale) ont justement œuvré à travers un échange avec l’identité nationale »[16]. Asor Rosa, parle dans le même esprit du « jeu d’intégrations et renvois, non seulement entre dialectes et langue italienne, mais entre cultures et identités locales et identités nationales », qu’il considère « non comme une limite, mais comme une richesse, une particularité italienne dans le champ européen ». Cela est vrai pour une bonne part, et le professeur rappele les « vers délicieux en frioulan du jeune Pasolini, fondateur de l’Accademia furlàn (…) ; ou le très savant usage de divers dialectes italiens chez un grand auteur comme Emilio Gadda » et d’ajouter enfin, dans une parenthèse : « parmi les plus récents, comment ne pas citer un poète exceptionnellement veneto comme Zanzotto ? »[17].

Mais alors, une fois encore, si l’on estime que les dialetti ont leur place dans l’économie linguistique et culturelle nationale, si l’on considère que la relation d’échange avec l’italien est vitale (ce qui peut parfaitement se soutenir), il ne faut pas les abandonner à la Lega, comme on le fait. On me dira que cet équilibre et cet échange impliquaient une relation de subordination et d’inégalité entre les dialetti multiples et muables et la langue une et (soi disant) immuable, que la Lega et tous ceux qui comme moi affirment que les dialetti sont des langues (pour des raisons cependant foncièrement différentes), refusent. En effet, l’équilibre est rompu, l’échange est compromis, tout simplement parce que les dialetti sont menacés de disparition, et l’on ne saurait espérer les sauver qu’en leur accordant la dignité culturelle qu’on leur a toujours refusé jusqu’à présent : autrement dit la relation entre la langue nationale et les dialetti ne pourra jamais plus être ce qu’elle était au bon vieux temps (un temps évidemment complètement mythifié d’harmonie et d’échange entre dialetti et italien). Le simple geste de faire du dialetto une parole capable d’exprimer la totalité de la condition humaine et d’une situation sociale et politique, comme le fait Garrone par exemple dans Gomorra, que des millions de gens ont vu, même si cette langue apparaît liée dans ce film avec ce que la société péninsulaire produit de pire, hé bien, le regard sur le dialetto, et la relation que ceux qui le parlent entretiennent avec lui, ne peut pas ne pas changer (voir ici, Gomorra. Le néoréalisme « dialectal » à l’épreuve des préjugés). C’est cette nouvelle réalité culturelle qu’il s’agit d’affronter, fondée sur l’égale dignité des langues et des cultures, alors que la vision dominante parmi les intervenants cités ici qui veulent faire pièce à la Lega, se réfère en fait à une situation désormais révolue ; comme si les représentations, le vocabulaire, les cadres d’appréhension de la réalité linguistique étaient restés bloqués dans le passé : quand ils dénoncent le passéisme des dialetti, c’est en fait leur propre archaïsme qu’ils trahissent. 

Il faut bien sûr commencer par affirmer, avant toute discussion ultérieure, que les dialetti sont des langues, font langue, même si c’est justement sur ce terrain que campent les partisans de la Lega (je renverrai d’ailleurs ici à la critique qu’un journaliste de la Lega, Gioann March Pòlli, a faite de ces déclarations de Pierfranco Bruni). Affirmer l’inverse, parce que c’est là un cheval de bataille (plétorique et rhétorique) de la Lega, est le signe d’une grande faiblesse politique, l’incapacité d’aller chercher justement les leghistes sur leur propre terrain. Il règne à ce sujet, tout au contraire, une cacophonie ridicule, où ceux qui s’expriment trahissent d’abord leur ignorance : Asor Rosa, par exemple, dans l’article déjà cité, ne va-t-il pas jusqu’à affirmer doctement, comme un fait de science, que le sarde est le seul des idiomes vernaculaires qui ne soit pas un “dialecte”, mais une “langue”?[18] On le voit, c’est tout au plus dans une île, un territoire bien séparé de la botte, que l’on peut imaginer l’existence d’une langue, sans que cette reconnaissance ne vienne menacer l’unité symbolique de la nation !

Mais en effet, soutenir que la notion de dialetto telle qu’elle est communément utilisée est trompeuse, est très difficile en Italie, sans verser dans l’anti-intellectualisme primaire de la Lega, et d’abord du fait de l’autorité de cette science que l’on nomme « dialectologie »[19], présente dans la plupart des universités transalpines, partie de la linguistique dont l’objet d’étude est les « dialectes » en tant que distincts des « langues » (en l’occurrence surtout la langue italienne standardisée et officielle, car cette science, comme elle est pratiquée en Italie, est très péninsulaire), disons les idiomes variables et non standardisés ; un champ de savoir qui serait parfaitement légitime s’il ne faisait fond sur une distinction erronée entre « dialecte » et « langue », et qui se sent menacé outre-Alpes par le rejet qu’une partie minoritaire mais non négligeable de l’opinion fait de la notion même de dialetto, comme elle est au moins entendue spontanément en Italie, dans une relation de privation et de négation par rapport à La langue (standardisée et officielle). Or, c’est bien ce sens là qui reçoit une élaboration linguistique ou prétendue telle ; l’usage que la dialectologie fait du terme dialecte et celui qu’en fait le langage commun, se recoupent et même, pour l’essentiel, sont congruents. Il se passe ainsi exactement ce qui se passe chez nous pour les quelques linguistes qui restent attachés à la notion de « patois », malgré leurs palinodies embarrassées à ce sujet (voir sur ce blog, Le patois des linguistes). Cela, évidemment, n’empêche nullement que, d’un point de vue linguistique, il soit opportun et même nécessaire de conserver la notion de dialecte (à la différence de celle de « patois » dont on peut très bien faire l’économie, comme le font d’ailleurs les dialectologues italiens !), pour désigner les variétés constitutives des langues, mais ce sens alors devient radicalement équivoque par rapport au sens usuel italien. Cette définition du dialecte, que l’on trouve dans tous les dictionnaires (mais hélas souvent confondue avec l’autre) n’empêche nullement, mais implique plutôt d’affirmer l’égale dignité linguistique de tous les dialetti au même titre que les « langues » reconnues par la loi 482/ 1999. Tant que les linguistes, dialectologues en l’occurrence, n’auront pas débarrassé leur science des plus visibles préjugés sociaux et culturels que celle-ci traîne avec elle, la critique qu’en font tous ceux qui récusent le statut de locuteurs de second rang (car c’est bien de cela qu’il s’agit, et qui est insupportable, et toutes les palinodies dialectologiques, finissent par réaffirmer la hiérarchie qu’elles veulent contester, voir en particulier, ici même, le texte d’Amedeo Messina à ce sujet) est légitime du point de vue de la linguistique elle-même, sans avoir besoin d’entrer dans le moindre discours idéologique.

L’italien en péril, l’Italie menacée

On en revient toujours au même point : le dialecte, confiné à son statut de sous-langue, s’il peut faire l’objet d’une science particulière, s’il est jugé intéressant de l’étudier, n’est évidemment pas digne d’être enseigné. Tous les critiques des propositions de la Lega le répètent en chœur : quelle idée que de vouloir enseigner les dialetti à l’heure où il vaudrait mieux enseigner les grandes langues étrangères (c’est-à-dire principalement, sinon exclusivement l’anglais) et surtout l’italien, qui serait actuellement frappé d’une dégénérescence fatale (d’ailleurs surtout du fait de l’introduction de vocables du même anglais !) ! Bianchin dans son article fourre-tout de la Repubblica, cite le metteur en scène Maurizio Scaparro, théoricien de la « confusion des langages », lequel, après avoir dit que le « dialecte reste une force entière » (l’intérêt des gens de théâtre pour les dialetti, en Italie, n’est pas à démontrer, on l’a souvent constaté ici, avec Franco Scaldati, Emma Dante, etc.), ajoute que ce qui l’inquiète le plus est que « de plus en plus de gens le parlent mal [l’italien] et sont en train de lui substituer un semi-anglais de comptable »[20]. Asor Rosa renchérit : « Si un Gouvernement voulait justement se décider à s’occuper de questions linguistiques, il y aurait un problème de filtrage, de renforcement et d’enrichissement de la langue italienne communément parlée, souvent abâtardie par l’usage et peu corrigée par l’école. En un temps d’immigration de masse – et donc, comme on dit, d’intégration –, il serait opportun que quelqu’un s’en occupât ; et au contraire personne n’en parle »[21]. Preuve que Asor Rosa ne lit pas ses confrères, qui répètent tous la même chose ! Je ne me risquerai pas à aller fouiller dans ce que peut bien sous-entendre l’idée suivant laquelle une langue plus pure, moins abâtardie, permettrait une meilleure intégration.

On entend à peu près la même chose au sujet du français (voir les analyses de P. Encrevé, dans le livre coécrit avec M. Braudeau, voir sur ce blog Pour une critique de la religion de la langue)… Ce n’est pas ici le lieu de discuter de la terreur d’une contamination mortelle de l’anglais et des considérations sociales auxquelles le motif donne lieu (chez Scaparro la figure du ragionere, du comptable, qui ne saurait évidemment parler anglais correctement), sinon pour constater qu’elle ne concerne jamais les dialetti dans ces diatribes, c’est-à-dire le fait que les cosidetti dialetti eux-mêmes (cf. surtout un dialetto urbain comme le napolitain) sont pénétrés de mots dérivés de l’anglais. Mais l’argument est bien : on ne peut pas s’occuper d’enseigner les dialetti, à l’heure où toutes les forces doivent être mobilisées contre l’anglicisation de la langue nationale.

Tout aussi nombreux sont cependant ceux qui continuent d’affirmer que l’une des causes principales de la soi-disant mauvaise qualité de l’italien ce sont les dialetti eux-mêmes ! Comme l’acteur vénitien Lino Toffolo, cité dans le centon de Bianchin déclarant que le problème majeur est « que pour nous l’italien est la première langue étrangère »[22]. Raffaele Simone, linguiste de renommée internationale, interrogé par la même Repubblica du 30 juillet comme « expert » du dossier, estime que « malheureusement le pourcentage de gens qui parlent et écrivent un italien correct est encore terriblement bas » (on voudrait bien voir les chiffres, et surtout les critères de cette terrible bassesse), et la persistance des dialetti n’y serait pas pour rien. Pourtant, et heureusement selon lui, le processus de déclin des dialetti est irréversible : « l’affaiblissement du dialecte remonte aux années 70 et c’est un parcours inévitable dans une société en voie de modernisation. Disons bien qu’il faudrait bien autre chose que la Lega pour faire changer les choses ». Et à la question de savoir qu’est-ce qui a contribué à son « extinction quasi définitive » (la journaliste, Irene Maria Scalise n’y va pas par quatre chemins !) ? Simone répond : « la vie réelle. Outre l’école, il y a les voyages, Internet et le cinéma »… Il n’imagine pas un seul instant donc, sérieusement, que l’école puisse prendre en charge les langues locales, que Internet puisse véhiculer des textes et des chansons en dialetti, qu’il existe des forums dans ces langues et que le cinéma italien, depuis quelques années, multiplie les films tournés en dialetto (on a eu l’occasion d’évoquer ici des réalisateurs comme Garrone, Diritti, Crialese, Mereu). Mais s’il en est ainsi, si le dialetto est mourant, quasi définitivement éteint (voir pourtant l’enquête Istat supra) pourquoi s’alarmer ? Par crainte d’un terrible retour aux ténèbres de l’ignorance : « Notre pays est dans une phase d’italianisation qui dure depuis désormais trente ans et retourner en arrière serait absurde ». Pour Simone en effet, l’enseignement des dialectes ne saurait être un gain en matière de bilinguisme ou de plurilinguisme, mais seulement un retour en arrière, une involution. Pour Asor Rosa l’enseignement des dialectes ne manquerait pas d’introduire une opposition entre idiomes locaux et langue nationale, et serait carrément susceptible d’entraîner « la dissolution de l’assemblage national et un retour en arrière vers une situation bestiale, tribale, qui d’ailleurs, en Italie n’a jamais existée »[23].

Et à la question – à mon avis parfaitement crétine – de savoir comment peut se concilier l’enseignement des dialetti et celle des langues étrangères, le grand « expert » Simone répond sans hésiter : « sans aucun doute un dialectophone ne peut qu’être pénalisé. Ceci parce qu’il aura besoin d’un troisième passage mental dans la traduction »[24]. On se demande comment un linguiste de profession et de renommée comme lui, peut sur ce point être à ce point aveuglé par ses préjugés sociaux, pour asséner une telle ânerie, contredite absolument par toutes les études de psycholinguistique acquisitionnelle (voir par exemple l’étude de Jasone Cenoz sur l’acquisition de l’anglais par les bilingues basque-espagnol) : le dialectophone serait selon Simone contraint d’abord de traduire mentalement ce qu’il veut dire en italien avant de pouvoir le traduire en une autre langue ; il ne saurait passer directement de son dialetto à une langue étrangère digne de ce nom ! Cela est absurde et ridicule : comme si la connaissance d’un dialetto était un écran ou obstacle s’interposant entre la langue nationale et les autres, comme si parler un dialetto était une tare linguistique, une sorte de pathologie de la parole inhibant l’apprentissage des langues étrangères ! Et puis, les faits sont là : les centaines de milliers d’italiens qui ont émigré dans le vaste monde, et qui souvent ne parlaient pas ou peu l’italien, n’en ont pas moins appris les langues étrangères, tout en continuant à pratiquer le vénitien, le napolitain ou le calabrais en famille et entre amis ! Tout au contraire de Simone, Gian Antonio Stella, spécialiste des courants migratoires italiens, cite sur le Corriere della Sera du 30 juillet, le grand Luigi Meneghello, qui enseignait la littérature à l’université de Reading : « qui maîtrise son propre dialecte apprend ensuite mieux l’italien, l’anglais et même l’allemand ».

Malgré tout ce qu’ils peuvent avoir, à mes yeux au moins, d’intellectuellement indécents et malhonnêtes, les propos de Simone sont invoqués par le syndicat enseignant ANIEF, qui réagit lui-même à la proposition de la Lega, en disant qu’il faut « surtout enseigner un parfait italien, plutôt que d’imposer par la loi des ghettos régionaux »[25]. Tâche noble et valeureuse que d’enseigner l’italien « parfait », d’autant plus qu’aucun critère ne saurait exister pour juger de la perfection en matière de maîtrise d’une langue…

Malédiction sociale et dépravation culturelle

Ce qui reste profondément ancré dans les esprits, c’est l’idée que l’école est faite pour enseigner l’italien, préalable de toute réussite sociale, autrement dit non pas pour conforter la dialectophonie, identifiée à la fois à la pauvreté et à l’ignorance, mais au contraire pour lutter contre elle. Mais dès lors que l’on cesse de considérer les dialetti comme la sentine de toutes les ignorances et superstitions, mais  qu'on les envisage comme des langues chargées de mémoire, de culture et donc de savoir (oui de savoir), alors évidemment que les choses peuvent changer. On le voit avec l’apprentissage précoce du bilinguisme langue « régionale » / langue « nationale », par exemple au pays basque espagnol, dans les réseaux bilingues privés et publics en France, au Pays de Galles, etc. Si l’écrivaine Lidia Ravera, qui est intervenue dans l’Unità le 30 juillet, avait une vision un tant soit peu européenne, elle trouverait moins « bizarre » que l’on puisse enseigner le dialetto, ce qu’elle appelle une « magnifique régression », vantant l’heureuse époque où la télévision libérait « la lower class [en italien dans le texte !] de la condamnation au dialecte »[26]. Le dialetto a pu être, comme ce que l’on appelait le « patois » chez nous, une malédiction sociale pour qui ne parlait pas la langue nationale, cela est certain, mais refuser – du même coup – quand on se dit attaché à la classe ouvrière, quand on écrit dans l’Unità (journal de gauche s’il en fut), de considérer, en dépit de cette sélection imposée par la langue des signori, la valeur culturelle, émotive, civilisationnelle de ce qui se disait, chantait, etc. en dialetto, est tout aussi, selon moi, « bizarre ». Quant à l’œuvre civilisatrice de la télévision, il y aurait bien des choses à en dire…

Vittorio Coletti évoque lui aussi cette tare sociale, comme une chose heureusement révolue avec la diffusion de l’italien : « Je ne crois pas qu’il y ait encore des familles en Italie exclusivement dialectophones et s’il y en avait, je proposerais de les confier à l’assistance publique parce qu’elles les élèvent dans un milieu culturellement démuni »[27]. La proposition, même s’il s’agit d’un raisonnement hypothétique, me semble tout à fait révélatrice et ne laisse pas de rappeler les dispositions par lesquelles, en certains pays de colonisation (Canada, Australie, etc.), on arrachait des enfants à leurs familles pour les éduquer et les sauver d’un « milieu culturellement démuni ». Et Coletti d’ajouter : « Je ne veux pas dire, avec Pavese[28], que le dialecte est désormais sous-histoire. Mais sans aucun doute aujourd’hui, le dialecte ne coïncide pas avec l’histoire ; c’est un refuge sympathique dans l’album de famille, tout à fait inadéquat à affronter la vie civile moderne »[29]. Pour ma part, je pense que si la vie civile moderne consiste à envoyer à l’assistance publique les enfants des citoyens qui ne se soumettent pas impérativement aux normes culturelles en vigueur (pourquoi d’ailleurs, tant qu’on y est, ne pas ajouter une obligation de consommation télévisuelle civilisatrice ?), alors, en effet, il est temps d’inventer une forme de vie civile nouvelle, plus tolérante et plus accueillante aux différences, où la mémoire familiale ne serait plus seulement un « sympathique refuge », mais aussi une source d’enrichissement culturel et souvent, oui, de civisme. Certes, pour cela, ce n’est pas du côté de la Lega, alors, que l’on se tournera.

Un pays de 6000 langues

Comme je l’ai dit, le précepte selon lequel en aucun cas il ne faut enseigner les dialetti, s’accompagne de l’affirmation suivant laquelle il est de toute façon impossible de le faire.

« Un pays de 6000 langues » : C’est le titre que la Repubblica a choisi pour son dossier sur les dialetti, le 31 juillet dernier. Il est illustré par une carte ridicule où figurent 100 façons de désigner la chauve-souris dans la péninsule, une illustration spectaculaire, mais fallacieuse, car tout le monde sait, ou devrait savoir, que la variabilité du vocabulaire n’a rien à voir avec la diversité des « langues », pas même avec celle des dialectes (plusieurs mots peuvent désigner la même chose dans un même ensemble dialectal). En fait la liste de ses innombrables façons de dire « chauve-souris » est probablement dérivée (indirectement, sans aucun doute) du vénérable atlas linguistique Sprach-und Sachatlas Italiens und der Sudschweiz - Atlas linguistique et ethnographique de l'Italie et de la Suisse méridionale, 1928-1940. Or, comme Francesco Granetiero le spécifie sur son blog, sur la base du même atlas, à la différence des mots les plus usuels qui ont une distribution bien définie (« capo » et « testa » par exemple), il n’en va pas du tout de même de « pipistrello » (chauve-souris), diversifiée de manière très largement anarchique[30]. Autrement dit, la carte est certes spectaculaire, mais ne donne aucune indication sur les réelles différenciations linguistiques de la péninsule italienne ; mais l’important est de convaincre le lecteur de la prolifération anarchique et babélienne des « langues » (c’est pour le coup le terme utilisé en dépit de tout espèce de bon sens et de sérieux) en Italie : pas moins de 6000, c’est-à-dire à peu près le même nombre que l’on compte habituellement pour la planète entière ! L’article de Bianchin à ce sujet est un tissu de confusions et d’âneries manifestes, qu’aucun élève de première année de linguistique (et a fortiori de dialectologie) n’oserait faire, même s’il rejoint les lieux communs populaires sur le sujet : « En Italie, il n’y a pas de région, de ville, et même de village qui n’ait son dialecte » (vu le nombre de villages italiens, il lui faudrait alors ajouter au moins un ou deux zéro !), et pour distinguer un dialetto d’un autre, tout et n’importe quoi sert de critère, jusqu’à l’accentuation et même l’inflexion[31]. Asor Rosa, pour prouver que l’« on ne peut pas » enseigner les dialectes, déclare qu’« il n’existe aucun dialecte de Padanie (il ne manquerait plus que ça !) ni de lombard, ni de vénitien, etc. etc., mais, pour le peu qu’il en reste, le milanais, le varésien, le pavésien, le trévisan, le padouan, le vénitien, jusqu’à l’infinie pulvérisation de chaque bourg et de chaque village »[32]. Vittorio Coletti, dans l’article déjà cité, dit en fait la même chose : « le dialecte est par principe fragmenté et différent d’une localité à l’autre »[33]. Littéralement, cela est bien sûr faux, tout élément de variation ne suffit pas à identifier un dialecte (ni a fortiori une langue) en linguistique, sinon il faudrait dire en réalité que les dialetti sont proprement innombrables, impossibles à nombrer, puisque la variation, d’autant plus qu’elle est considérée à tous les niveaux (phonétique, morphologique, syntaxique), est virtuellement infinie. Des critères de différenciation existent, évidemment, mais on évite dans ces articles d’y avoir recours, pour montrer qu’étant innombrables, les dialetti sont inenseignables.

Ce qui apparaît surtout de manière éclatante, dans les réactions aux propositions de la Lega, est l’absence de réflexion sur l’existence de langues polynomiques, et partant de toute idée de constitution de standards (d’ailleurs la notion même de standard semble exclue par celle-là même de dialecte, entendue à l’italienne), qui permettent des formes écrites communes respectueuses des variations dialectales et des enseignements transversaux qui ne soient pas niveleurs. L’une des affirmations qui revient le plus souvent est en effet qu’il est impossible d’enseigner les dialetti en l’absence de modèles référentiels. Elle est accompagnée du corollaire suivant : quand un tel modèle est choisi, comme La Padania, qui opte dans sa fameuse première page (voir supra) le vénitien parlé à Venise, cela ne manque pas de se faire au détriment de toutes les autres variantes. C’est tout le raisonnement de Dario Fo dans le même numéro de la Repubblica : « la demande de la Lega d’imposer aux enseignants l’étude du dialecte est complètement insensée. A quels dialectes fait-elle référence ? Prenons une région comme la Lombardie : il y existe au moins vingt variations différentes, toutes avec une structure différente l’une de l’autre. Le dialecte que l’on parle à Bergame possède son lexique, sa phonétique, son mode de concevoir la pensée, sa rythmique sonore du langage. Mais les formes du dialecte bergamasque sont différentes de celles utilisées par un habitant de la partie de Lombardie qui regarde l’Émilie comme de celles de ceux qui vivent au Nord-Est, près de la Vénétie. Mantoue, Bergame et Brescia sont trois villes qui ont un lexique autonome et différent parce qu’elles ont derrière elles une histoire très différenciée : les bergamasques ont été assujettis par les vénitiens, les autres sont restés libres de cette domination et de tout autre domination. Un raisonnement semblable vaut aussi pour les provinces qui subissent l’influence ligure ou pour ceux qui vivent à la frontière du Piémont, région par rapport à laquelle il existe de grands sauts linguistiques »[34]. Tout cela est vrai dans l’ensemble (on pourrait discuter sur les différences de « structure » et sur pas mal d’autres points), mais Dario Fo découvre l’eau chaude ! Cette variabilité, comme il en est convaincu lui-même, fait toute la richesse de la matière linguistique ; elle est donc un puissant argument en faveur de l’enseignement, car en effet, c’est toute l’histoire locale et donc régionale que l’examen des langues conduit à interroger, et il est pour le moins hâtif et dommage d’en conclure que face à une telle diversité et à une telle richesse, hé bien, du fait des lacunes (au moins prétendues) du savoir, aucun enseignement n’est possible. En écrivant ces lignes je pense évidemment, aux enseignants de langue et de culture catalanes, bretonnes, basques, occitanes, etc. qui font leur travail ! Bien sûr, qui dit enseignement, dit prise en charge, en amont des professeurs du primaire et du secondaire, autrement dit formation universitaire : celle-ci, selon Dario Fo et tous les autres est inenvisageable, impensable, proprement surhumaine – et en sourdine beaucoup ajoutent : fastidieuse et inutile.

D’autres enfin, comme Asor Rosa, affirment que l’enseignement achèverait le « dialecte », car il est « de par sa nature mobile et inconstant, irrégulier et fier de l’être, et le réguler signifierait finir de le tuer »[35]. C’est exactement, vous l’aurez reconnu, l’argument des « patoisants », ce à quoi l’on peut au moins rétorquer que de ne pas les enseigner ne les empêche pas de disparaître. Il est évident que l’enseignement et la diffusion de l’écriture agissent en retour sur la langue parlée, cela est inévitable ; la mutabilité, qui a d’ailleurs ses règles, s’en trouve affectée et le respect polynomique lui-même ne peut empêcher des recentrements dialectaux et donc une certaine standardisation, mais la question est de savoir si l’on estime que ces langues méritent un futur ou bien si on fait le choix de les envoyer aux poubelles de l’histoire.

La question, en l’occurrence, est celle des choix culturels et universitaires de la nation et régions. Elle est aussi le problème de méthode et de pédagogie, que nous connaissons bien, du passage d’un enseignement sur la langue (les disciplines existent, on a évoqué l’importance de la dialectologie et de l’histoire linguistique en Italie) à un enseignement en langue, qui puisse évidemment aussi avoir pour objet la langue elle-même. La manière dont Dario Fo traite la question montre combien la classe intellectuelle italienne est hélas désemparée, démunie, impréparée à relever un tel défi culturel : « A qui revient la tâche d’élaborer un texte technique et scientifique sur ces langues ? Où sont ces professeurs capables de former une classe de nouveaux maîtres enseignant les dialectes ? Le problème de fond n’est pas seulement celui de la connaissance des termes utilisés mais aussi le fait culturel ethnico-historique. […] Ce serait une très belle chose que de récupérer tout ce patrimoine culturel lombard et de l’Italie tout entière : mais comment compte-t-on faire ? La réalité est que pour analyser une telle transformation culturelle qui s’est produite au cours du temps, il faudrait des siècles. Il est ridicule de prétendre qu’un professeur sache comment analyser la progression liée aux dialectes, aussi parce que cela serait inséparable d’une connaissance très profonde de l’histoire et de la tradition de chaque zone. Pour former cette nouvelle classe de maître, ensuite, il faudrait des spécialistes, une masse de chercheurs qui aient accompli une enquête extraordinaire sur les idiomes et qui les aient profondément analysé. […] Personnellement je ne connais pas un seul chercheur qui soit capable d’enseigner un dialecte de manière sérieuse et complète et de rédiger un manuel technico-scientifique-lexical de ce type »[36].

Mais pourquoi Dario Fo exige-t-il des enseignants des dialetti ce qu’il ne songerait jamais à demander aux enseignants d’italien… ou des langues étrangères ? Évidemment, qu’en matière d’enseignement des langues, toutes les connaissances linguistiques et historiques sont bienvenues, mais pourquoi l’enseignement des dialetti nécessite-t-il cet énorme appareil d’érudition ? Pour éviter les dérives et appropriations idéologiques indues comme celles dont la Lega se rend responsable ? Mais on peut dire exactement la même chose pour l’italien et ce que les fascistes ont tenté et tentent toujours d’en faire, maintenant qu’ils sont au gouvernement, aux côtés de la Lega du reste… Certes l’histoire et la linguistique sont des remparts nécessaires contre ces dérives, mais pour que vive une langue, l’urgence est toujours la même, avant toute forme d’élaboration théorique et d’érudition historique : il faut la parler et la transmettre. A la société italienne de décider si les dialetti, toujours vivants mais largement menacés, méritent ou non d’être transmis par l’école. La classe des intellectuels semble répondre fermement par la négative, et l’observateur français que je suis, bien placé pour connaître les ravages du monolinguisme d’État, ne peut que le déplorer.

Je terminerai, une fois n’est pas coutume, par une note d’autosatisfaction : en suivant ces débats italiens, nous voyons en France le chemin parcouru, du simple fait que nous sommes parvenus à imposer le syntagme de « langues régionales » en lieu et place du « patois », y compris dans la bouche des ennemis les plus farouches à leur tutelle et à leur enseignement : il a fallu hélas attendre pour cela qu’elles aient presque disparu, et que naisse une conscience certes encore ténue mais effective de l’ampleur du désastre. En ira-t-il de même en Italie ?

Jean-Pierre Cavaillé

Lega

hé oui la Lega, c'est ça !

(trad. "Ils ont subi l'immigration , maintenant ils sont dans des réserves")

Lega

et la Lega, c'est encore ça...

 

 

lega

Et pour finir cette affiche bien abjecte pour les élections régionales
(trad. Devine qui est le dernier ?
pour les droits au logement, au travail et à la santé)


 

[1] « un test dal quale emerga la loro conoscenza della storia, delle tradizioni e del dialetto della regione in cui intendono insegnare »

[2] « Tra le lingue irragionevolmente escluse compaiono sicuramente la lingua veneta e la lingua piemontese, ad oggi ancora usate da alcuni milioni di parlanti in diversi Stati. In entrambi i casi, si tratta di idiomi che hanno rivestito un’importanza strategica in ambito culturale e che vantano un’autonoma produzione letteraria.

Per questo motivo, il presente disegno di legge intende includere il veneto e il piemontese tra le lingue tutelate dalla Repubblica ai sensi della richiamata  legge n. 482 del 1999 »

[3] « … Umberto Bossi, il quale parlando ad un comizio nel lecchese torna a puntare il dito sulla scuola, convinto più che mai che il dialetto «non è una cosa minore rispetto all’economia o ai decreti per superare la crisi». Il ministro per le Riforme ricorda che nella scuola Bosina, fondata anni fa dalla moglie, tra le lingue insegnate c’è anche il dialetto e ha richiesto «fatica enorme» trovare chi potesse insegnarlo. Cita anche le poesie che lui stesso ha scritto in dialetto e la biblioteca con libri dialettali, a partire dai dizionari, che ha collezionato negli anni. Tutto questo perché secondo il ministro il dialetto è un valore da difendere dal rischio di scomparsa. Le cose però, tuona il senatur, adesso stanno cambiando. «Fino all’anno scorso uno come Van de Sfroos - non avrebbe potuto partecipare al Festival di Sanremo. Ma il sistema o crolla o accetta i cambiamenti».

Sur le site de l’école (où domine un discours terrible caractérisé par l’usage incantatoire de l’adjectif possessif à la première personne du pluriel : « notre histoire », « nos traditions », « notre territoire », « notre dialecte » ou « notre langue ») ne figure aucune indication horaire de cet enseignement.

[4] « Mia moglie, che se ne occupa da anni, dice che deve essere legato alla musica, al ritmo, ai modi di dire, a qualcosa che abbia una cadenza quasi musicale »

[5]Non ti preoccupare, uno che parla milanese parla in tutta la Lombardia », Quotidiano.net, 14 di agosto 2009.

[6] Un exemple, cette déclaration du ministre de l’agriculture Luca Zaia : «Le lingue sono ricchezze che appartengono ai popoli e non alle burocrazie. Penso al mio Veneto. È una lingua usata in modo trasversale rispetto alle varie classi della società. Si parla nei consigli di amministrazione, nelle aziende, nelle fabbriche, a tutti i livelli. È il significato di mille anni di storia e non la difesa di una volontà dell’ amarcord. Dietro la difesa identitaria c’ è la difesa di una cultura, di una tradizione, della storia del nostro popolo » (« Les langues sont des richesse qui appartiennent aux peuples et non aux bureaucraties. Je pense à ma Vénétie. C’est une langue utilisée de façon transversale par rapport à toutes les classes de la société. On la parle dans les conseils d’administration, dans les entreprises, dans les usines, à tous les niveaux. C’est la signification de mille ans d’histoire et non la défense d’une volonté d’amarcord [= une nostalgie]. Derrière la défense identitaire, il y a la défense d’une culture, d’une tradition, de l’histoire de notre peuple »). Le « dialecte » est langue du « peuple » versus « bureaucratie », ce qui ne l’empêche pas de dire fièrement qu’en Vénétie il est utilisé dans l’administration ! On notera qu’il parle de défense « identitaire » en des termes tout à fait consonant avec ceux du Bloc identitaire français, parce que l’identité est pensée dans une relation d’exclusion et de minoration, voire de mépris de l’autre (en l’occurrence les immigrés, les terroni du sud et les journalistes et intellectuels feignants - une sorte de pléonasme pour la Lega – de la capitale).

[7] « «La Rai non fa nulla per promuovere la cultura locale e i risultati sono sotto gli occhi di tutti», ha detto Zaia intervistato a Klauscondicio. «Rai 3 doveva occuparsi della valorizzazione della lingua locale, della storia e della cultura delle diverse realtà regionali ed è invece diventata un canale fortemente ideologizzato che ha altri scopi. Non ci sarebbe nulla di male a presentare un programma in dialetto», prosegue il ministro. «In quei programmi dove si presentano proprio la territorialità e i prodotti tipici, per esempio, i piatti spiegati con l’idioma locale avrebbero un altro "gusto" rispetto all’italianizzazione dei nomi di quei prodotti. Noi eravamo impegnati a difendere gli interessi del mondo produttivo e lavorativo del Nord. Loro facevano i concorsi alla Rai e la maggioranza dei telegiornalisti e dei presentatori sono romani» », Corriere della Sera, 13 août 2009 (trad :  « «La Rai ne fait rien pour promouvoir la culture locale et les résultats sont devant les yeux de tous », a dit Zaia interviewé par Klauscondicio. «Rai 3 devait s’occuper de la valorisation des langues locales, de l’histoire et de la culture des diverses réalités régionales et, au lieu de cela, elle est devenu un canal fortement idéologisé poursuivant d’autres fins. Il n’y aurait rien de mal à présenter un programme en dialecte », poursuit le ministre. «  Dans ces programme où l’on présente son propre territoire et ses produits typiques, par exemple, les plats expliqués dans l’idiome local auraient un autre « goût » par rapport à l’italianisation des noms de ces produits. Nous étions occupé à défendre les intérêts du monde productif et travailleur du Nord. Eux passaient leurs concours à la Rai et la majorité des journalistes télé et des présentateurs sont des romains » »). L’absence des langues sur la Rai est en effet criante mais, comme on le voit, le but est encore et toujours de stigmatiser les fannulloni (feignants) de Rome en particulier et du sud en général.

[8] J’arrondis les pourcentages, on se reportera directement à l’enquête, pour plus de précisions.

[9] « portare i dialetti nelle scuole come materia di insegnamento non si può e non si deve ».

[10] « Il primo equivoco è che il dialetto sia chiamato lingua. Una lingua dal punto di vista grammaticale, ma non lo è dal punto di vista funzionale. Una lingua è tale quando in essa si possono fare tutti i discorsi della cultura di un paese. Chiedete a uno studente di usare il dialetto rispondendo a domande di algebra o pretendete dal medico che vi faccia la diagnosi in dialetto. »

[11] Le dialetto est « del tutto inadeguato a fronteggiare la moderna vita civile. Anzi, tra poco non lo sarà neppure più l’ italiano. Già oggi ci sono domini del sapere, come la fisica o l’ informatica, in cui, se non si possiede l’ inglese, non si conosce il linguaggio di quelle scienze. »

[12] Francesco Alberoni « Ormai l'italiano è solo un dialetto europeo, parliamo inglese », Corriere della sera, 23 VII 1978.

[13] « L’Italia è una Nazione, che si caratterizza culturalmente proprio per la varietà delle forme dialettali da non confondersi con le “altre lingue” definite minoritarie. »

[14] « « I dialetti non sono “strutture” linguistiche minoritarie. Sono il vero tessuto di appartenenza ad un territorio all’interno di un processo che punta rigorosamente alla difesa della cultura italiana. I dialetti non sono lingue altre rispetto alla lingua italiana e rafforzano l’identità della lingua di una Nazione. ».

[15] « … affermano in dialetto veneto che «Lengue e dialeti xe el futuro dei zoveni». Ma certo, vista l’incredibile irresponsabilità di certe uscite di questi giorni, si ha l’impressione che i giovani si vogliano portare allo sbaraglio, chiudendo l’Italia futura in una frantumazione territoriale e mentale che l'allontanerà definitivamente dall’Europa, che getterà alle ortiche tutta la grande tradizione internazionale della nostra cultura e della nostra economia. ».

[16] « … i dialetti (e una grande letteratura dialettale) hanno operato proprio in uno scambio con l’identità nazionale… »

[17] nella mia recente Storia europea della letteratura italiana questo gioco d’integrazioni e rimandi non solo fra dialetti e lingua italiana ma fra culture e identità locali e identità e cultura nazionale è tenuto continuamente presente ed è considerato non un limite ma una ricchezza, una peculiarità italiana in campo europeo. Questo gioco arriva fin quasi ai nostri giorni. Basti ricordare i deliziosi versi in friulano del giovane Pasolini, fondatore dell’«Accademia furlàn», o i suoi successivi (meno felici) esperimenti nel romanesco dei Ragazzi di vita; o l’uso sapientissimo di vari dialetti italiani da parte di un grande come Carlo Emilio Gadda (e fra i più recenti, come non citare un poeta eccezionalmente veneto come Zanzotto?)

[18] « … il sardo, che pure, a differenza degli altri idiomi italiani, non è un dialetto ma una lingua (già, chi sa perché di questo nessuno parla) »

[19] Soit sur un forum où interviennent des partisans de la Lega, le recours bien compréhensif à ces arguments d’autorité d’un internautes pour le moins perplexe face à un autre rejetant la notion :

« Mah!
Esiste un corso universitario “Dialettologia italiana” che fa parte della facoltà di Lettere.

Esiste “l’Istituto di Fonetica e Dialettologia” del CNR

Esiste una rivista “Rivista Italiana di Dialettologia”.

Tutti s’interessano dello studio e della tutela dei dialetti italiani. »

[20] «Io credo che il dialetto rimanga una forza integra - spiega - il fatto è che sta cambiando il mondo, e che ai dialetti di base si stanno aggiungendo nuove lingue. Ma quello che mi preoccupa di più è che sta diminuendo l’ italiano, nel senso che sono sempre di più quelli che lo parlano male, e lo stanno sostituendo con un semi-inglese da ragionieri ».

[21] « Se mai, se proprio un Governo decidesse di occuparsi di questioni linguistiche, ci sarebbe un problema di filtraggio, irrobustimento ed arricchimento della lingua italiana comunemente parlata, spesso imbastardita dall’uso e poco corretta dalla scuola. In tempi d’immigrazione di massa - e dunque, come si dice, d’integrazione - sarebbe opportuno che qualcuno se ne occupasse; e invece nessuno ne parla »

[22] « … per noi l’ italiano è la prima lingua straniera », Bianchin ne cite pas source, ni en ce cas, ni dans les autres, du reste…

[23] C’est ce qui se déduit clairement du le passage suivant : « Voglio dire insomma che nella storia italiana le particolarità locali, anche quelle di natura linguistica, sono sempre state ricondotte nell’alveo di una possente spinta unitaria: le due cose non possono non stare insieme, pena la dissoluzione della compagine nazionale e un ritorno all’indietro verso una situazione ferina, tribale, che peraltro, ripeto, in Italia non c’è mai stata. A questo fine portare i dialetti nelle scuole come materia di insegnamento non si può e non si deve ».

[24] « «Purtroppo è ancora spaventosamente bassa la percentuale di chi parla, e scrive, un italiano corretto» […]. Come si concilia il dialetto con lo studio delle lingue straniere sempre più indispensabili ? « Sicuramente un dialettofono può essere solo penalizzato. Questo perché avrà bisogno di un terzo passaggio mentale nella traduzione. […] Il nostro Paese è in una fase d’ italianizzazione che dura ormai da trent’ anni e tornare indietro sarebbe assurdo. L’indebolimento del dialetto risale agli anni ’70 ed è un percorso inevitabile in una società in via di modernizzazione. Diciamo pure che ci vuole ben altro che la Lega per far cambiare le cose ». Cosa ha contribuito alla sua estinzione quasi definitiva? « La vita reale. Oltre allo studio ci sono i viaggi, Internet e il cinema » ».

[25] « L’ ANIEF  chiede al ministro, insieme a Raffaele Simone, se non è il caso d’insegnare soprattutto un perfetto italiano invece d’imporre per legge ghettizzazione regionale. »

[26] « Anche quell’idea bizzarra di imporre l’uso del dialetto nelle scuole (già smentita, ma questo è lo stile della maggioranza): non è una magnifica regressione? Quand’ero bambina, la nascente televisione, nel suo antico ruolo (poi abbandonato) di servizio pubblico, si faceva un vanto di liberare la “lower class” dalla condanna al dialetto. Insegnò l’italiano agli italiani, la televisione. Alfabettizzò gli analfabeti ».

[27] « Non credo che ci siano ancora famiglie in Italia solo dialettofone e, se ci fossero, proporrei di affidarne i figli ai servizi sociali perché li fanno crescere in ambienti culturalmente deprivati. »

[28] J’ai retrouvé la source grâce à Google books : il s’agit d’une note de journal de Pavese : « L’ideale dialettale è lo stesso in tutti i tempi. Il dialetto è sottostoria. Bisogna invece correre il rischio e scrivere in lingua, cioè entrare nella storia, cioè elaborare e scegliere un gusto, uno stile, una retorica, un pericolo. Nel dialetto non si sceglie – si è immediati, si parla d’istinto. In lingua si crea. Beninteso il dialetto usato con fini letterari è un modo di far storia, è una scelta, un gusto ecc. » : « L’idéal dialectal est le même à toutes les époques. Le dialecte est sous-histoire. Il faut au contraire prendre le risque d’écrire en langue, c’est-à-dire entrer dans l’histoire, c’est-à-dire élaborer et choisir un goût, un style, une rhétorique, un danger. Dans le dialecte, on ne choisit pas – on est dans l’immédiateté, on parle d’instinct. En langue, on crée. Bien entendu le dialecte utilisé avec des fins littéraires est une façon de faire histoire, c’est un choix, un goût ». Il s’agit d’un intéressant concentré de tous les préjugés que l’on pouvait avoir et que l’on a encore en Italie, comme ailleurs, sur des idiomes considérées comme des non langues, ou se qui revient au même des langues sans histoire (ce qui est une absurdité), des langues d’instinct et non de création, etc. Le seul fait de les écrire cependant, et donc de reconnaître qu’elles peuvent aussi bien que les vrais langues servir à la création, exprimer des goûts, développer une rhétorique, etc. sème le trouble dans cette partition et la remet finalement complètement en cause.

[29] « Non voglio dire, con Pavese, che il dialetto è ormai sottostoria. Ma certo oggi il dialetto non coincide con la storia; è un simpatico rifugio nell’ album di famiglia, del tutto inadeguato a fronteggiare la moderna vita civile »

[30] « Diversamente da parole come "capo" e "testa", "rocca" e "conocchia", che come è ben documentato già dall'AIS, hanno una distribuzione ben definita, che permette di ricostruire la storia delle regioni in cui sono diffuse, la carta linguistica relativa al "pipistrello" non sempre presenta isoglosse continue o di facile esplicazione, in quanto i vari tipi lessicali si alternano e sono complicati da apporti paraetimologici di evidente natura fantastica, quanto non proprio di carattere giocoso-onomatopeico, che danno una visione dell'insieme spesso addirittura caotica »

[31] « In Italia non c’ è regione, città, e persino paese, che non abbia il suo dialetto. Da quello di Gizzeria, tipico di alcuni paesi calabresi, al Tabarkino parlato a Carloforte, in Sardegna. Fra galloitalici del Nord, veneti, toscani, centrali, meridionali, siciliani, sardi, se ne contano la bellezza di seimila. Molto diversi uno dall’ altro. Anche all’ interno della stessa regione quando appaiono simili. In alcuni casi solo per accenti e inflessioni, come tra Palermo e Catania, in altri casi anche per le parole. Persino nelle isole della laguna di Venezia si parlano dialetti diversi: quello di Burano non è uguale a quello di Pellestrina. »

[32] « non si può perché non esistono né il dialetto padano (figuriamoci) né quello lombardo né quello veneto, ecc. ecc., ma, per quel tanto che ne resta, il milanese, il varesotto, il pavese, il trevigiano, il padovano, il veneziano, fino alla infinita polverizzazione di ogni borgo e di ogni villaggio »

[33] « … il dialetto è per principio frammentato e differente da una località all’altra »

[34] Quant’ è insensata la richiesta da parte della Lega di imporre agli insegnanti lo studio del dialetto. A quali dialetti fa riferimento? Prendiamo una regione come la Lombardia: ci sono almeno venti variazioni differenti, tutte con una struttura diversa l’ una dall’ altra. Il dialetto che si parla a Bergamo ha un suo lessico, una sua fonetica, un suo modo di concepire il pensiero, una sua ritmica sonora del linguaggio. Ma le forme del dialetto bergamasco sono diverse da quelle che vengono utilizzate da un abitante di quella parte di Lombardia che si affaccia all’ Emilia così come da quelle di chi vive a Nord-Est, vicino al Veneto. Mantova, Bergamo e Brescia sono tre città che hanno un lessico autonomo e differente perché alle loro spalle hanno una storia molto diversificata: i bergamaschi infatti sono stati soggiogati dai veneziani, gli altri sono rimasti liberi da quella e altre dominazioni. Un ragionamento simile vale anche per le province che subiscono l’influenza ligure o per coloro che vivono al confine con il Piemonte, regione con la quale ci sono grossi salti linguistici ».

[35] « il dialetto, ovviamente, è per sua natura mobile e incostante, sregolato e fiero di esserlo,e regolarlo significherebbe finire di ucciderlo ».

[36] « A chi si rimanda, quindi, il compito di impostare un testo che sia tecnico e scientifico su queste lingue? Dove sono questi professori in grado di formare una classe di nuovi maestri che insegnino i dialetti? Il problema di fondo non è solo la conoscenza dei termini usati ma anche il fatto culturale etnico-storico. […] Sarebbe bellissimo recuperare tutto questo patrimonio culturale lombardo e dell’ Italia tutta: ma come si pensa di farlo? La realtà è che per analizzare una tale trasformazione culturale avvenuta nel corso del tempo ci vorrebbero secoli. È ridicolo pretendere che un professore sappia come analizzare la progressione legata ai dialetti, anche perché sarebbe inscindibile dalla conoscenza molto profonda della storia e della tradizione di ogni zona. Per formare questa nuova classe di maestri, poi, ci vorrebbero degli specialisti, una massa di studiosi che si sono fatti un’ indagine straordinaria sui linguaggi e che li hanno profondamente analizzati. […] Personalmente non conosco neanche uno studioso che sia in grado di insegnare un dialetto in modo serio e completo o di redigere un manuale tecnico-scientifico-lessicale di questo tipo. »

 

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Commentaires
J
Compliments pour votre article qui illustre bien, non seulement la situation des dialectes et langues italiens, mais également la situation générale.<br /> Je parle de ces langues qui sont devenues officielles et de celles qui sont marginalisées.<br /> Bossi nous donne un exemple de ce que une langue peut devenir, suivant que un politicien la protège ou non.<br /> Fervent défenseur du frioulan que j'écris et met en musique (Pour faire comme la femme de Bossi:-)je me trouve cependant désemparé assez souvent entre le choix de la graphie déclarée officielle que j'admets souvent à contrecoeur mais que je dois accepter par la force des choses, et la langue parlée en réalité qui dans le Frioul a beaucoup de variantes phonétiques et graphiques qui, heureusement, ne se plient pas aux instances officielles sauf lors des concours littéraires ou ils sont imposés. <br /> Autre point de vue, la venue d'internet et son évolution qui a permis à beaucoup d'entre-nous de commencer a écrire et à s'exprimer librement dans une langue que l'on avait cru disparue. Connaître des expressions, des adjectifs, des mots que peut-être vous êtes le seuls à vous rappeler et les mettre en ligne donne comme résultant que dès que un internaute écrit un mot similaire il tombe sur vous. A ce propos, il est encore regrettable que les moteurs de recherche ne voient pas l'utilité d'ajouter ces langues qui se perdent pour que l'on puisse les retrouver.<br /> Il m'est cependant arrivé de trouver sur le CD d'une imprimante, que le choix de la langue en frioulan était présent. J'ajoute que pour écrire le frioulan, j'utilise un clavier breton que j'ai trouvé sur internet et qui me va mieux que l'italien ou le français pour les voyelles accentuées.<br /> Bien à vous,<br /> Jaio
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M
Doncas s'ai plan compres, Gascon apara una declinason genetica de la lenga. E Faugier lo 3 d'octòbre nos convida, sonque los provencals, que parlan provençal , d'anar a Belcaire manifestar . S'ai plan comprès los provencals e lo gascon devrian protestar ( d'amassa?) contre los occitanistas e Mistral que s'enganèt de creire que se poguèsse trobar una lenga un pauc comuna . O desencusatz-me gascon e provencal de tota mena que que sia, "vertadièrament " qu'aviai pas comprès lo vòstre "separatisme". E que vesi pas per de que ? consi podriai estre contre? <br /> Fasètz çò que volètz ... Vos dòni l'independéncia... <br /> Aquò's lo messatge de l'Occitania non? <br /> Cadun sa libertat. Mas ensatje de comprener. <br /> Benlèu que s 'agis pas que de renegar lo mestritge ,(un estalinisme d'un biais) pesuc dels occitanistes , lo jo dels occitanistes que mesclan las diferencias per ne congrear l'occitan. Aquela carga es pesuga per vos Gascon. L'obligacion de parlar "occitan" , ambe lo sinhal Gascon, provencal, que reverta una mena de golag .<br /> A A A I avètz cregut ? <br /> Compreni pas. <br /> Alara ièu vos convidi lo 24 d'octobre a Carcassona per aparar las lengas amenaçadas pel sistèm françès e lo respecte d'unas lengas qu'existisson (pas) mas que se parlan encara un pauc.... que siaguessen lo provencal , lo gascon o l'alsacian. <br /> Tot aquò dich sens malvolença. <br /> Que per la memòria de la batesta de Mureth,de 1213, aquel 12 de setembre, e la fin de l'"Occitania" i avia pas que de gascons....<br /> Que vòls?<br /> Nos cal lo caçar de Mureth? Que far?
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L
Aaah, ça y est, on avance !<br /> Notre ami Gascon nous fait retourner dans le rata des théories de Gobineau et autre zozos du XIXe.<br /> Et voilà ce qui arrive quant on mélange la question de la langue et celle de la "race" : on tombe dans le politiquement puant et le scientifiquement n'importe quoi. Retour au sujet !<br /> <br /> NB : Alibert était un couillon.
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P
Si je résume, Gascon, s'il y a intercompréhension entre le gascon et l'alpin, ça prouve qu'il n'y a pas de langue d'oc, et s'il n'y a pas intercompréhension entre le gascon noir et l'alpin, ça prouve que la langue d'oc n'existe pas. <br /> Et que vos interlocuteurs sont incompétents.<br /> <br /> "Epicétou", comme on dit en dialecte d'oïl central moderne.<br /> <br /> Indépendamment des questions linguistiques de fond, à la fois passionnantes et dérisoire - parce qu'enfin, la situation est-elle si différente si on considère qu'il y a une langue d'oc avec des dialectes, ou bien un domaine d'oc avec des langues ayant un niveau d'intercompréhension particulièrement élevé? - ce débat me semble à la fois surréaliste et inquiétant.<br /> <br /> En cette période de rareté budgétaire, et compte tenu de l'extrême difficulté parisienne à prendre en compte les enjeux des langues régionales, il est suicidaire de revendiquer des postes d'enseignants et un statut pour la langue en ordre dispersé...<br /> <br /> Bon courage (et bonne soirée) à tous cependant
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G
C'est me réduire à pas grand chose que d'user de cet argument. Il est évident que les peuples se définissent également par leur patrimoine génétique qui n'est que la résultante de liens matrimoniaux intimes. Bref, un peuple, c'est une famille élargie. Je n'ai aucun problème à assumer l'existence génétique d'un peuple gascon, c'est un facteur parmi d'autres du caractère ibérique des Gascons (caractère qu'ils partagent avec les Catalans et les Languedociens méridionaux) et de leurs liens avec le peuple basque (dont ils sont une ramification latinisée). Je ne vois pas ce que cette constatation emporte pour l'avenir, sauf qu'il s'agit d'une confirmation de plus de la prégnance des entités issues de la glaciation médiévale. <br /> <br /> Si notre ami Laurent est triste de ne pas appartenir à l'Occitanie ethnique dont rêvait Alibert (toute personne un peu au fait de la personnalité du bonhomme sait très bien que sa conception de l'Occitanie relevait également de l'ethnie), je n'ai pas grand chose à lui proposer. Ce n'est pas ma faute si l'Histoire a fait en sorte que les peuples du Limousin relèvent d'une autre sphère ethno-culturelle que les Gascons et les Languedociens, dont le tropisme ibérique ne s'est jamais démenti.<br /> <br /> J'explicite clairement toutes ces thématiques sur mon blog :<br /> <br /> http://anthrofrance.blogspot.com/<br /> <br /> http://anthrofrance.blogspot.com/search/label/Introduction
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