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Mescladis e còps de gula
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  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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5 janvier 2021

Hervé Di Rosa et Claude Sicre : Leur Occitanie

dirosa012

 L'une des sérigraphie de Hervé Di Rosa contenues dans l'ouvrage en pleine page: L'Hérault

 

A propos de Hervé Di Rosa, Claude Sicre, Notre Occitanie, Montpellier, Éditions Anagraphis, 2020

 

Sicre / Di Rosa ou Le triomphe de l'Occitanie modeste

 

Je viens de lire le petit bouquin grand format qui réunit le chantre des arts modestes et « l’ingénieur en folklore », qui nous fait souvent ici l’honneur de ses commentaires. J’avoue que je redoutais un peu que ce Notre Occitanie dont la première page est signée par la présidente Carole Delga, avec ses deux séries d’œuvres sérigraphiques di rosiennes illustrées de textes sicréens, l’une intitulée « nos richesses » et l’autre « nos départements », ne soit essentiellement dévolu à faire de la réclame pour l’ex Nouvelle Grande Région Occitanie. Mais ce n’est pas du tout le cas, même si la réclame est bien présente (voir infra). Mais la réclame il est vrai, à l’ère de l’arrogante publicité, possède un charme désuet, que les arts modestes chers à Di Rosa savent bien réhabiliter.

 

Bric-à-brac : Di Rosa, Rimbaud et le Félibrige

D’abord Sicre, dans son texte, parle très bien de Di Rosa et de tout le « bric-à-brac » du MIAM, créé à Sète en « alternative à l’arrogance culturelle » parigote, pour « revaloriser des cultures humbles et questionner les frontières de l’art contemporain » (Di Rosa dixit, p. 15). Sicre associe en effet les arts modestes aux « jeux-sports modestes » (pétanque etc.), aux « musiques modestes », à « la philosophie modeste et tout le reste modeste », et il y a là un champ qui s’ouvre à la réflexion en matière d’art et de politique : la « modestie » des petits semble conforter la suffisance des grands (de ceux qui se croient tels), mais ceux-ci, en détournant leurs yeux pleins de mépris des vaines et ridicules activités des subalternes, leur abandonnent sans le vouloir un espace de création et de subversion qui leur sera un jour fatal. Telle est du moins la modeste élucubration que je propose, assez loin je pense de l’approche sicréenne.

Mais Sicre va plus loin, en établissant un parallèle osé, mais juste, entre les mille objets pop du MIAM (figurines publicitaires, boites à soupe, BD…), et la réhabilitation rimbaldienne des genres culturels les plus méprisés par les élites de son temps. On connaît le merveilleux passage d’Une Saison en Enfer : « j’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de Saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d’église, libres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l’enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs ». Sicre tente même un rapprochement un peu funambulesque entre d'une part ce Rimbaud des refrains niais… et, d’autre part, son contemporain Frédéric Mistral et le grand mouvement du Félibrige qu’il initie (l’année de naissance de Rimbaud : 1854 !) et accompagne : « recherche, étude, re-publication de tout ce qu’on trouvait en langue provençale. Et renaissance de l’écrit dans cette langue. Recherche de toutes les histoires orales, des contes, des chants et des chansons, des danses, des poésies, des dictons, des expressions, des mots oubliées » : « ce sera le particularisme et le folklore face à l’universalisme uniformisateur » (p. 19). Entre ce particulier assumé et cet universel prétendu le contraste est pour le moins violent, et la victoire du second n’est et ne peut être jamais entièrement consommée. Soit ce passage à la fois ironique et très sérieux : « la France républicaine a décidé, généreusement mais avec poigne, de tirer ses populations de ses ghettos ethniques (je traduis), de ses ‘superstitions’ en patois locaux, de son latin d’église, de ses contes de fées, de ses refrains niais, de son théâtre paysan, pour offrir à tous (tous dans l’idéal du projet) cet accès aux lumières de la raison critique, du progrès scientifique et technique, de sa philosophie et de sa littérature émancipatrice » (p. 8). Ironique est très sérieux, parce que, résolument, Sicre comme avant lui Castan, est des deux côtés à la fois, comme si les deux versants étaient constitutifs d’une culture nationale à laquelle nous ne saurions échapper. Comme on le voit, on est ici assez loin de la réclame !

 

Le Gâchis

Car, quand même, je ne peux m’en empêcher d’y revenir, ce titre-réclame, Notre Occitanie, m’étrangle. Parce que cette Occitanie soit-disant « notre » se confond de fait avec la région qui en a piqué le nom. Sicre ne fait qu’évoquer, en passant très vite, dans l’une de ses mille parenthèses (on y reviendra), « ce trouble que constitue la confusion possible entre Occitanie désignant tous les pays d’oc et l’Occitanie région, trouble qui [assure-t-il] apporte une saveur particulière à notre propos » (p. 5). Cette saveur, pour nous, est bien amère et la confusion avérée, puisqu’elle n’est pas même affrontée : l’ Occitanie, dans ce livre, est bien d’abord et seulement la région de ce nom, se nourrissant certes de pas mal d’éléments culturels occitans non identifiables à la région nouvelle stricto-sensus, de Guillaume d’Aquitaine à Mistral, par exemple... Mais, quand même, c’est dur à avaler, et ça me reste bien là, en travers de la gorge, car le « gâchis » centraliste dénoncé dans le livre – j’y viens car ce ton dénonciateur, de la part de Sicre, est pour moi une très bonne surprise – , c’est aussi ça : la fabrication par le centre, en une nuit et sans aucune forme de vote ou quoi que ce soit, de grandes-régions baudruches. Et aussi ça : trouver acceptable d’en nommer une "Occitanie", en s’appuyant sur un simulacre de consultation populaire par la presse et internet (voir ici Occitanie : du projet occitan à la nouvelle "grande région"), qui laisse ce goût si amer, ce sentiment d’un tel gâchis, chez tous ceux qui, comme moi, hors de ladite région, considèrent que l’Occitanie, c’est partout où l’on parle (enfin, où l’on parlait...) occitan, tous ceux auxquels, bien sûr, on n’a bien demandé.

Mais, justement, Sicre nous parle de façon insistante et bien peu protocolaire du gâchis centraliste dans ce livre, certes en refusant d’en assumer explicitement la dimension politique et administrative : sinon il eût fallu bien sûr qu’il soulignât, comme je le fais ici, le gâchis de ces régions décrétées sans l’ombre d’un débat dans les coulisses du pouvoir hollandesque. Mais au moins ose-t-il répéter, enfoncer le clou, déplorant «  l’énorme gâchis (d’idées, de rêves, de talents, d’énergie, d’argent, de petits et de grands bonheurs) qui a plombé la culture française pendant longtemps », appelant à « mettre bas un système de gâchis nuisible à tous... », déplorant qu’il y ait « en France tellement d’idées toutes faites et de préjugés ridicules sur la langue d’oc et les langues régionales (et du coup sur les langues en général) (d’où le gâchis qu’on sait) qu’il faudrait une encyclopédie de 1000 pages pour les recenser », etc. J’ai même commencé à compter : au bout de 10 occurrences du mot « gâchis », je me suis arrêté, cela commençait à me gâcher le plaisir de lecture.

Comment ne pas être d’accord, en effet, avec les critiques sicréennes du centralisme culturel ? « L’hyperconcentration de toute la machinerie essentielle de production, de diffusion, d’évaluation, de critique de promotion, de valorisation, de médiatisation, de célébration, d’internationalisation et de commémoration des œuvres laisse ces politiques [les politiques culturelles] aux mains d’un tout petit milieu, dans lequel les pires adversaires se réconcilient sans état d’âme quand péril décentraliste il y a en leur demeure commune » (p. 16). Et il invoque à ce propos les témoignages recueillis de « retraités » et « d’exclus » du système.

 

La Province

Dans un « entracte » trilingue (tout français, une partie en catalan roussillonnais, et un peu en « occitan du Rouergue » : perque pasn? Mais la langue est quand même assez peu présente dans ce livre, qui en parle tant), « pour aller au fond des choses », le centralisme culturel est appréhendé à travers la production et reproduction du clivage Paris / province : ces deux P (pets?) n’existent « que dans leurs rapports : [...] c’est l’axe idéologique central et commun, le plus souvent à l’insu des auteurs, de tous les romans, toute la poésie, tout le courriérisme littéraire, social et politique, toute l’histoire et la géographie, toutes les sciences humaines et sociales naissantes... » etc. « Relisez maintenant et vous allez voir ça PARTOUT ! ». Et, en effet, en ces quelques jours, je n’ai pas arrêté de buter sur « ça », trouvant par exemple dans l’autobiographie de la philosophe académicienne Barbara Cassin des expressions incroyables et dénuées de sens, telles que « chambres de province » (ah, nous avons donc en province des chambres de province ?), et même de « gâteau provincial » (bien sûr délicieux, mais qu’est-ce qui fait qu’un gâteau est provincial ?) (Aïe ! me voilà contaminé par la parenthésite ! voir infra). J’ai aussi entendu Cassin associer sur France Culture le fait que feu son mari, Étienne Legendre, était un « provincial » et le fait qu’il n’était pas, comme elle, un grand intellectuel… J’ai aussi entendu sur la même chaîne, deux jours après, une savante de l’INSEE, parler de l’attractivité des « régions de province », ce qui semble un pur pléonasme, s’il est vrai que la formule « en région » est désormais mise pour « en province », mais qui ne l’est pas, car il s’agit de distinguer, une région de toutes les autres, l’Île-de-France, qui ne saurait être en Province, puisqu’elle contient Paris ! J’ai vu depuis que l’expression « régions de province » est bien ancrée sur google… Et tout cela donne évidemment raison à Sicre qui, « pour aller plus loin sur la province », dit entre parenthèses (le plus important est toujours chez lui entre parenthèses, oui, je vais y venir!) : « ne pas oublier que le ‘statut’ du provincial a servi de modèle à la pensée française de l’étranger, et de l’indigène colonisé ». Proposition un peu étonnante de la part de Sicre, qui sera le premier sans doute à rappeler, contre ceux qui parlaient de « colonialisme intérieur » (Jean Larzac, pour ne citer que lui), que la pleine citoyenneté du provincial devant la loi en fait tout autre chose qu’un « indigène » colonisé. Mais la déclaration vaut quand même, car c’est bien la projection dans la relation de la métropole aux colonies de celle qui oppose la capitale à la province qui donne l’une de ses spécificités – mais non certes la seule – au colonialisme français (14). Et Sicre de souligner la construction sur ce schéma d’une série de « clichés binaires » : de Paris / Province on glisse à langue / patois, mais aussi à civilisé / sauvage, intelligence / sensibilité, etc. et pour finir à savant / populaire (ibid).

 

Ça craque...

Mais Sicre est d’un increvable optimisme : les choses changent, fût-ce bien lentement ! « ça craque » et là je veux le citer, intégralement et exactement, car la chose est trop belle :

« CRAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaCCC !

(ça met longtemps.)

(Faut être patient !) ».

Le style de Sicre, on le voit, ne manque pas de fantaisie, et j’ouvre enfin moi-même une grande parenthèse virtuelle pour parler de ses multiples parenthèses : elles se suivent à la queue-leu-leu en de longues phrases sinueuses dont le maître des conversations socratiques a le secret. Par exemple, p. 10, j’en ai compté onze dans une seule (et interminable) phrase. Une critique bien sentie de Guy Debord, qui usait lui aussi avec un parfait naturel centraliste de la notion de province, est enchâssée dans trois parenthèses successives (p. 17), etc. La parenthèse devient, du coup, un véritable effet de style, permettant de passer d’une idée à l’autre sans faire trop de notes et en retombant plus ou moins sur ses pieds, au risque d’y perdre quelques uns de ses petits.

Voilà, la mienne, je la referme, pour citer encore l'auteur sur ce sujet : « on dirait aujourd’hui que les soldats du maintien de l’ordre centraliste ne voient plus, pour garder leurs pouvoirs, qu’une seule alternative à nous vendre : soit la soumission active au modèle nord-américain, souvent fascinée par ce qu’il a de pire, soit l’aspiration au retour à un passé bien ‘français’ idéalisé » (p. 16). C’est vrai, là encore je suis d’accord. Et, en « concurrence aux modèles venus d’en haut, ou de loin (par l’État ou par l’argent) (ou par les deux alliés, caractéristique française), et qui sait profiter de ce qu’elle a appris de ces modèles, et conserver les acquis », il en appelle à la « connaissance approfondie de son propre patrimoine, le désir de participer à sa protection, son enrichissement, son embellissement, ses transformations décidées en commun » (p. 16). Pour ma part, j’avoue que la patrimonialisation accélérée de ce qui reste de langue et de culture occitanes me désolent plutôt, mais c’est sur l’invention et la création que Sicre met l’accent et l’on ne peut qu’être d’accord là aussi avec lui, bien qu’aux « transformations décidées en commun » (par consensus ? et établi selon quels critères ?), je préfère les décisions locales, venues du bas. Mais sans doute, au fond, Sicre veut-il dire la même chose, lorsqu’il lance par exemple l’idée de la création de « centaines de musées z’amusants », à l’égal du MIAM sétois de di Rosa. Et là aussi on comprend qu’il ne s’agit certes pas de s’enfermer dans les musées, mais aussi de jouer aux boules, aux quilles, de pratiquer le rugby et mille autres sports, divertissements, musiques et danses bien vivantes, anciennes et nouvelles.

Comme Sicre cite le champion de boules Bernard Champey, il m’a fait penser au bouliste Bepi Donal (Joseph Donadello), lui aussi occitalien, et à son incroyable jardin de statues peintes à Saiguède, et à son copain Calogero Gantitano de Fontenilles, qui travaille un peu comme lui… Et au « village occitan » de Henry de la Costète à Lunas, etc. etc. Certes, avec tous ces artistes « modestes » que l’on trouve présentés dans Le Gazouillis des éléphants de Bruno Montpied (2017), et d’autres qui restent à découvrir, il y aurait de quoi organiser de petits et grands circuits dans toute la région. Òc tot aquò es fòrça plan.

 

L’autonomie du centralisme culturel en question

Là où je tique par contre, c’est d’abord devant l’idée récurrente selon laquelle « l’énorme gâchis » qui plombe la culture française, fut historiquement un mal nécessaire, « un prix à payer pour de moins grands malheurs, politiques et sociaux ceux-là ». Mais quels sont ces terribles malheurs dont le centralisme politique, administratif, économique et culturel nous a épargné ? Si le centralisme à la française est unique, c’est bien que les choses auraient pu se passer autrement et que bien d’autres scénarios de construction d’un État-nation moderne étaient possibles. D’ailleurs, la forme État-nation et même la forme État tout court n’est pas elle-même une fatalité que nous ayons à subir pour l’éternité (voir par exemple les remarquables réflexions de James Scott aujourd’hui comme celles de Pierre Clastres dans les années 70).

La nécessité en histoire ne s’impose jamais qu’a posteriori, et l’invoquer pour expliquer, voire légitimer un état de fait présent, est toujours selon moi une entreprise biaisée et surtout une faute de logique, le refus du principe de contingence selon lequel les choses, à tout moment, peuvent toujours se passer d’une façon ou d’une autre.

Quoi qu’il en soit, le plus gênant, d’un point de vue là encore de méthode, est de considérer que l’on puisse parler du centralisme culturel séparément : « La centralisation politique (administrative, économique, etc.) à la française, je n’en discuterai pas ici les bienfaits et les méfaits, ce n’est pas mon sujet, l’histoire en est connue. Le centralisme intellectuel et culturel, maladie de la centralisation, lui, reste inconnu au bataillon ». Cela veut-il dire que le centralisme culturel est une pathologie (inévitable mais que l’on pourrait soigner pour elle-même et en elle-même ?) du centralisme politique, administratif, etc. dont il faudrait reconnaître aussi les bienfaits et qui, en substance, malgré ses mauvais côtés, ne saurait aucunement être mis en question ? Mais comment donc traiter du centralisme culturel sans en même temps parler de tous les autres ? Comment questionner et critiquer le premier, sans engager les autres et bien sûr le centralisme politique au premier chef ? J’avoue ma perplexité, plus même mon étonnement, que me suscitaient déjà les textes de celui que Sicre nomme « le sage de Mount Alban », Félix Castan, dûment cité au même endroit (p. 13).

Je lis encore : « le centralisme est depuis longtemps autonome de ses conditions de productions passées, […] il est devenu en profondeur ‘l’idéologie française’, [...] son influence, au-delà de son domaine est considérable sur toute la vie politique et sociale et […] aucune réforme politique ne peut l’atteindre » (p. 13). Mais qui a dit que ces conditions de production appartiennent à un passé révolu ? Les régions françaises, agrandies à coup de hache, n’ont toujours aucune autonomie politique, administrative, fiscale ; aucun droit ne leur est reconnu de lever l’impôt, et elles sont ainsi toujours trop pauvres et dépendantes pour pouvoir être d’un quelconque poids dans le concert des grandes régions d’Europe ; cette évidence est sous les yeux de tous, partout ailleurs et même en France, où cependant il ne faut surtout pas l’énoncer, car tout le monde serait alors obligé de voir et de dire que le roi est nu et la décentralisation une foutaise. Il est bien sûr impossible de traiter de centralisme culturel sans prendre en compte les dimensions politiques, sociales, économiques du problème. Cela est d’une telle évidence, que je m’excuse même d’avoir à énoncer de pareilles trivialités. L’une des conclusions que j’en tire est qu’évidemment, si le problème culturel est toujours en même temps politique, je ne vois pas pourquoi nous devrions agir au nom d’hypothétiques « devoirs » que nous aurions envers « nos régions » (et donc envers notre pays), en dehors de toute tentation revendicative sur le plan culturel. Sicre félicite les peintres Soulages et Di Rosa de ne rien « revendiquer » (p. 9). Lui-même répète à l’envie que sur son terrain, celui de la culture, il ne revendique rien ; ses revendications, il les formule par ailleurs dit-il, comme « citoyen ». Cela veut-il dire que la culture n’est pas… citoyenne ? Cela veut-il dire que les droits que nous réclamons en matières culturelle et linguistique, ne sont pas légitimes ? Car s’ils le sont, je ne vois pas pourquoi nous devrions mettre un point d’honneur, comme citoyens, artistes ou boulistes, à ne rien revendiquer !1

Bref lisez ce dernier opus de Sicre, tournez les pages multicolores de Di Rosa et faites-vous votre idée

Jean-Pierre Cavaillé

Voir également ici de et sur Claude Sicre du plus récent au plus ancien:

Claude Sicre - Universitat Occitana d'Estiu - Une nouvelle conception du stage musique, chant et danse

Claude Sicre : Identité et civilité. 42 thèses sur le jeu de l’Occitanie

Retour vers le futur : Sicre, Identité et Civilité

Ce que la « population » attend de l’occitanisme

L’occitan « langue ethnique » selon Claude Sicre

discussion d'un texte de Claude Sicre : Identité et civilité. 42 thèses sur le jeu de l’Occitanie

La Linha Imaginòt una bona revista occitanista… sens occitan

sans compter ses multiples interventions ici à la suite de divers posts...

1 C’est un thème sur lequel Claude Sicre revient souvent. J’ai par exemple trouvé ce bout d’interview (non référencé) dans un coin du web (un forum de parapentistes!) : « N’est-il pas difficile de revendiquer l’Occitanie sans passer pour un pro-régionaliste ?
Premièrement, je ne revendique pas l’Occitanie. Je ne suis pas un revendicateur, je ne revendique rien, je propose des choses. Je ne revendique même pas contre Le Pen car par mon discours et ma théorie, je casse les fondements de sa pensée. Par mes manifestations et par mes actions de tous les jours dans mon quartier, je démonte la théorie sur laquelle repose son idéologie.
Donc en fait, je ne parle pas de l’Occitanie, je parle de culture et de littérature occitane. Deuxièmement, je suis anti-régionaliste, dans mes discours, mes chansons et mon action, car le régionalisme, c’est toujours un petit nationalisme. Comme l’universalisme, qui est en fait, toujours, l’expansion d’un nationalisme à l’étranger. ». Je me souviens aussi du tract que Sicre distribuait lors de la manif de Béziers en 2007 et qui s’intitulait « Nous ne revendiquons rien ». Je lui avais consacré déjà alors ici même un petit post : Una lectura del tract : Reivindicam pas res

 

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Commentaires
A
Une lettre sur Notre Occitanie et mes réponses ( datant d'il y a quelques mois )<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Cher Claude,<br /> <br /> Tu t’es donné plusieurs fois le temps de faire des réponses circonstanciées à des questions que j’ai posées. J’ai donc pris le temps pour essayer de faire un commentaire à peu près argumenté de ton livre. Comme il s'agit d'une commande de la Région, voici d'abord comment comment celle-ci le commente:<br /> <br /> <br /> <br /> Il s’agit d’un « tableau tendre, populaire et complet de l’Occitanie. »<br /> <br /> https://www.laregion.fr/notre-occitanie<br /> <br /> « Objectif de l’exposition : « faire région ». Il s’agit de rapprocher les habitants de notre vaste territoire et faire connaître aux nombreux nouveaux venus les éléments historiques et culturels qui fondent l’esprit de l’Occitanie. » <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : Je trouve muette l’expression « faire région » et elle n’est pas de moi . C’est le tic d’une mode ( faire nation, faire France etc),qui prend une figure de style pour de la pensée .<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre : <br /> <br /> LE JOURNAL DE MA REGION n° 25 Octobre 2020, p.28 <br /> <br /> S’agit-il donc avec un tel livre de renforcer la fierté des citoyens d’Occitanie pour leur région et/ou leur département ? Ou s’agit-il d’attirer l'installation de nouveaux habitants ou des visites de touristes ?<br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : Les deux, mon Capitaine ! L'autre procédant de l’un, le second du premier . . <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre : <br /> <br /> Tu as ainsi eu carte blanche pour rédiger ta contribution. <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : Oui, entièrement ! Exercice difficile – faire autre chose que le Guide Baedeker, Lonely Planet ou Le Guide du Routard, .mon but n’est pas de faire original, le suis déjà assez, mais de dire au mieux ce que j’ai à dire moi ( en faisant comme ça, on est toujours original sans le chercher )<br /> <br /> <br /> <br /> Ce livre est du coup assez étrange et rencontre certainement d'autres commentaires sans complaisance que les miens. Il est intéressant, original et a le mérite d'exister, mais je pense que si une réédition est envisagée, la nouvelle version gagnerait à être ajustée, avec des précisions sur un certain nombre de points.<br /> <br /> <br /> <br /> D'une manière générale, c'est très bien écrit, mais ai-je besoin de te faire des compliments sur ce sujet? Seulement, cela me paraît trop bien écrit, au détriment de la lisibilité. Des phrases beaucoup trop longues. Comment veux-tu qu'on ne craque pas entre "Et pour en venir aux jeux.. très bons papiers)." en p.22, ou bien "Voulais dire un mot...et j'en passe." en p. 48. Au prix de quels efforts est on censé dégager le sens précis de ta phrase? Autre tracas, la multiplication des successions de parenthèses contigües. Exemples : 2 en p.8, 3 en p.9, 4 en p.10, 5 en p.16, et de surcroît parfois très longues (6 lignes en p.16). Qui ne perdrait pas le fil? <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : Je comprends bien, mais je ne suis pas un prof, ni un communicant, ni un homme politique présentant un programme, ni un journaliste au service de la Région ou d'un journal, ni un candidat à une mission régionale de conseiller, ni un chercheur universitaire, ni rien de ce genre . Il faut me prendre tel que je me présente dans et pour ce livre, un chercheur entièrement libre de tout encadrement et de toute contrainte, un « ingénieur en folklore «, un artiste « picassétian et facteurchevalesque « ( comme les artistes arts modestiens prédécesseurs de Di Rosa et Di Rosa lui-même ), un trouveur de mille pistes d’analyse de la pensée française qui présente ses intuitions et ses trouvailles DANS L’ORDRE ET LA MANIÈRE DONT ELLES SE PRÉSENTENT À SA CONSCIENCE, SANS RÉORGANISATION POSTÈRIEURE, je suis obligé, sans pédantiser, de te citer ici James Joyce ( quelle prétention ! ) , le Céline d’Au bout de la nuit ( que je n’aime pas), il y en a d’autres, poètes, romanciers, le seul qui m’a marqué vraiment, un peu influencé, c’est le Kérouac des Souterrains …..<br /> <br /> C’est un livre d’artiste ( ici je fais l’artiste en changeant de couleur ), à la fois contemporain et art modestian, mélangés, et c’est ce qui colle avec le sujet, et avec Di Rosa + Soulages . Et en plus complètement décalé, je fais ça non pas dans une oeuvre ATTENTION OEUVRE DE PROSE contemporaine vous allez voir ce que vous allez voir, c’est de l’art ! mais dans un ouvrage de commande où on s’attend à autre chose . Plein d’artistes on fait ça, (je suis pas pionnier, même si je détourne encore plus la fonction première du livre) , avec leurs meilleurs écrits, leurs meilleurs dessins etc dans d’obscurs livrets de circonstances ou revues locales ou avertissements ou critiques ( ce qui rend dingues les chercheurs et les documentalistes ) .. Je fais passer une vraie recherche d’écriture dans un livre pour tous, pour des gens non prévenus on leur dit pas, ils sont déconcertés, certains dégoûtés ou rebutés ( dont quelques uns eurent été badants avec un dispositif « recherche d’écriture. « présenté par un critique savant ), d’autres étonnés mais piquant des idées par ci par là ils voient bien qu' il y a quelque chose qui tient et ils y reviendront, ils auront peut-être des années de confinement pour ça, et enfin d’autres qui ont vu immédiatement ce qui se passe ( mais hélas- j’aime le risque - parmi ceux-là , des parisiens qui se sentent attaqués et qui me font la gueule ) ( c’est bon signe ! ) . Les idées passent, et passeront . Avec le temps ( moi je l’ai ) . C’est la stratégie du bon ingénieur oeuvrier en folklore . <br /> <br /> ..J’ai toujours tout fait comme ça . Quand j’ai lancé mon style fabulous ( avant même Fabulous ) la plupart des gens ont dit « c’est quoi, ça, ça ressemble à rien ! « puis quelques années après le rap est arrivé et les critiques ont dit « ah oui, ce sont des pionniers du rap, les rappeurs d’avant le rap ! «, on figure comme ça dans plein de livres sur le rap, puis je suis allé plus loin et ils ne suivaient plus et je continue toujours plus loin et quand ça marche ça ne m’intéresse plus je laisse ça à d’autres, je cherche encore . <br /> <br /> <br /> <br /> Puisque tu as bossé avec moi pour la création Laguépie, tu as vu : je fais passer des recherches de musique contemporaine, et de danse, dans un spectacle de danse folklorique et dans un bal trad, et en plus je mets de la poésie là où elle n’est jamais, au milieu, fonctionnelle, personne ne fait ça, mais je sais que c’est une piste en or massif pour les générations futures, le SEUL VECTEUR PÉDAGOGIQUE ( sans pédagogisme ) de ce que les politiques nomment bien à tort « démocratisation culturelle « ( du haut vers le bas ) alors que c’est la rencontre systématique et créative du haut et du bas jusqu’à ce qu’on ne sache plus d’où vient quoi . Di Rosa le dit, sans savoir qu’il le dit d’ailleurs, il est trop occupé à le faire . <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> J’aurais pu écrire autrement, tout bien ordonné, je sais faire . L’Éditeur, Di Rosa et la Région ont été surpris, c’est pas la télé, où il faut que le message passe immédiatement ( mais quand il est passé il est déjà obsolète et faut en trouver un autre ), ils l’ont compris même si ce n’est pas leur domaine de réflexion habituel . <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre : <br /> <br /> "Ai-je assez embrouillé ce qu'il faut débrouiller?", écris-tu. Oui, qui ne se sent pas complètement embrouillé? <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Les têtes sont embrouillées sur les sujets que j’aborde, TOUTES, je me fais l’écho de cette embrouillamini en le portant à l’èxcès, et en le décalant, pour dire : Attention ! Ce que vous pensez maintenant sur ces sujets est un sac d’embrouilles, je vous le montre et je vous prends avec moi pour chercher le fil d’Ariane pouvant nous tirer de ce labyrinthe . C’ était la seule chose à faire . Je suis absolument sûr que ce foisonnement va donner des tas d’idées à des gens QUI LES RÉINVENTERONT À LEUR MANIÈRE, je ne suis pas l’auteur d’une notice IKÉA ( ceci sans référence à tes origines ), <br /> <br /> La clarté du message que tu veux faire passer passe donc largement à la trappe, tout comme les mots et expressions astucieux, amusants et innovants dont tu saupoudres les textes : facteur chevalesque, picassiétan, artmodestien, rimbaldenc, amerlocks, hypo-thésique, Fôtes d'Ortografe, amusiques, plein-de-trucsphobies, table-rasée, cuistral, fabulousement, étudieur, sans qui pas de, bla bla bla parlons d'autre chose, grand espectacle, medieval stories, nordestine.<br /> <br /> <br /> <br /> Lettre : <br /> <br /> J'évoquerai d'abord les images de Di Rosa et les textes qui les accompagnent. Je croyais que j'allais chaque fois apprendre quelque chose sur l'Occitanie et les départements. Cela n'a pas été le cas. Au contraire, il s'agit pour beaucoup des pensées et du vécu de Claude Sicre. Il y a des clins d'oeil personnels sympathiques, mais à Lille, à Bourges, Morlaix ou Chambéry on ne connaît pas forcément Claude Sicre ou les Fabulous Troubadours, ce qui relativise l’intérêt des évocations du vécu personnel de l’auteur.<br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Dans cette partie illustrée, je fais un bref commentaire sur chaque image d’abord puis sur le texte accompagnant.<br /> <br /> Les planches de Di Rosa abordent deux registres<br /> <br /> <br /> <br /> Lettre :<br /> <br /> 1- D'abord des caractéristiques générales de l'Occitanie. Toutefois ces caractéristiques se laisseraient difficilement identifier si devaient manquer les titres. <br /> <br /> - Langue d’Oc = rébus à découvrir. Une citation concernant l’occitan aurait été plus percutante<br /> <br /> - Cuisine – on peut reconnaître quoi ?<br /> <br /> - Faune camarguaise – Camargue n’a pas le monopole du taurin ou du bétail bovin (landes, limousin…). Le nom Maïdou semble mettre mis en avant comme un descriptif de la Camargue <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Ben oui, par l’anecdote personnelle qui est très signifiante . <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre:<br /> <br /> - Sports – armes de chasse ? au loup et aux oiseaux ?<br /> <br /> - Sciences – qui associe directement à la grande période de Montpellier ? Drôle : « bla bla bla parlons d’autre chose <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Ce commentaire était un peu plus long, je le mettrai dans le second livre<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre:<br /> <br /> <br /> <br /> - Vignes- OK pour les raisins, mais pourquoi parler des Chinois ? Pourquoi pas un hommage occitan ? <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Je mets un poème chinois pour montrer aux chinois qu’on connait leur poésie, en Occitanie, donc pour les y attirer et pour qu’ils viennent en milliers de charters nous visiter et que les industriels du tourisme de masse s’en mettent plein les poches en construisant des hôtels dénaturant les sites, ( je suis un agent secret du capitalisme mondialisé ) <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre : <br /> <br /> <br /> <br /> - Pic du Midi : pourquoi du chinois ? Et puis le texte est un peu plat, on aurait attendu quelque chose de plus fulgurant<br /> <br /> <br /> <br /> 2- Ensuite chacun des départements <br /> <br /> - Ariège – on comprend le motif – un peu d’évocation du paysage<br /> <br /> - Aude – s'agit-il d'un bûcher de Cathares? - phrase longue insupportable<br /> <br /> - Aveyron – Qui peut comprendre l’image ? Le poème ne nous apprend rien sur l’Aveyron <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> <br /> <br /> Ce n’est pas un guide touristique illustré, si tu veux apprendre sur l’Aveyron, demande à Mr Google il te donnera des bases . Réflexion valable pour quelques un de tes commentaires . Tu vas pas chez le quincailler acheter de l’épicerie . Là il s’agit d’emblématique . Les Aveyronnais connaissent leur département, les habitants d’occitane plus ou moins un peu, et les touristes ont les brochures des syndicats d’initiative ? Ce qu’il MANQUE À TOUS, CE SONT DES IMAGES, je disais des emblèmes, et des slogans <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre <br /> <br /> - Gard – Que montre l’image ? Le texte ne fournit pas d’explication<br /> <br /> - Haute-Garonne – illustration bien explicite – que veut dire la dernière phrase ?<br /> <br /> - Hérault – image incompréhensible – texte déconnecté de l’image<br /> <br /> - Lot – Montgolfières à Rocamadour ? –<br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Le texte nomme des lieux du département DES PETITS LIEUX QU’IL NE FAUT PAS QUE LES GRANDS CACHENT . C’est un objectif général de mon texte, valable pour d’autre départements . Là ça tombait bien : le dessin présente un évènement touristique grand public, je lui colle une énumération de lieux mal connus, ça s’appelle un contrepoint, un contre-pied au foot, un contre-champ au cinéma, une réaction contre-pouvoiresque en politique, <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre :<br /> <br /> – la bête de Gévaudan comme emblème…<br /> <br /> - Hautes-Pyrénées – quel est ce motif ? – quelques références pertinentes<br /> <br /> - Pyrénées Orientales – quel est ce motif ? – beaucoup de noms d’artistes, rien sur le pays<br /> <br /> - Tarn – mines de Carmaux - texte hors sujet. <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> <br /> <br /> Mais le texte n’est pas là pour forcément commenter les images, fait ce que ça lui évoque, je ne suis pas contre l’Ecole Nationale d’Administration et sa rigueur dans la grammaire administrative, moi, mais l’administration est au service du politique, pas le contraire, et au service de la culture dans la politique culturelle, et la grammaire au service de l’esprit, et la règle des trois unités au service de la pluralité, si tu vois ce que je veux dire …. La centralisation doit et peu être au service de la la fantaisie et de l‘invention pluraliste, pas au service d’une idéologie centraliste, c’est tout le thème de mes propos . Ce qu’il faut que comprennent les élus régionaux, c’est que la mission de la Région est de casser les réflexes centralistes et de les remplacer par des réflexes décentralisés, pas de rêver à des autonomies gestionnantes sur tous les sujets ( ce dont rêvent beaucoup d’occitanistes ). En cassant ces réflexes centralistes, qui sont un mode de penser, une culture ( c’est pourquoi la culture est le fer de lance de la politique, ici, ) , les nouveaux réflexes se mettent en place et ONT UNE INFLUENCE DANS TOUS LES AUTRES DOMAINES ( ÉCONOMIE, SOCIAL, ÉCOLOGIE ETC ) PUISQU’ILS NOUS FORCENT À PENSER AUTREMENT EN GÉNÉRAL, et par la suite, dans l’action, le tri se fait entre ce qu’il faut laisser centralisé et ce que la Région doit prendre en charge . <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> lettre:<br /> <br /> <br /> <br /> - Tarn-et-Garonne – Image incompréhensible, quel lien avec le Département ? Un mot au sujet de ces légumes aurait été à sa place. Dessin et texte déconnectés idem ! <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> <br /> <br /> Ça fait découvrir autre chose à ceux qui flashent sur les légumes , et voir les légumes à ceux qui ...<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre : <br /> <br /> <br /> <br /> J'aborde ensuite tes réflexions sur l'uniformisme. De chacun des 15 "chapitres", j'ai extrait ce qui me semble se raccrocher d'un fil conducteur. Cela demande quand même un effort exaspérant. Je crains d'être plusieurs fois passé à côté de ce que tu as voulu dire, des incompréhensions à la mesure de la difficulté de te lire. <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> <br /> <br /> Tout à fait normal ! Ce n’est pas un livre jetable ! C’est un livre durable, en ce sens qu’on ne voit pas tout la première fois, qu’il te faudra le reprendre et le reprendre encore pour saisir toutes les pistes qu’il ouvre . Chaque fois que tu le reliras, tu y découvriras des intuitions nouvelles . C’est un livre inusable . Inobsolescence programmée . Ou plutôt anti-obsolescence programmée, comme je dis en intro: la Région doit être une contre-Province Le livre écologique par excellence ( y en a beaucoup d’autres dans le genre , quand même ) . La présidente l’a intuité d’emblée : " c’est un livre à picorer ‘« . Exactement ! Picoti, Picota . <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre :`<br /> <br /> - Mignonne allons voir si di Rosa<br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Faire découvrir un inconscient majeur de la pensée française c’est ça !<br /> <br /> <br /> <br /> Lettre <br /> <br /> - Géopolitique d’une Occitanie invisible <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> oui ! <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre : <br /> <br /> La PROVINCE est une Atlantide Rép : tout juste ! <br /> <br /> Occitanie devra devenir une CONTRE-PROVINCE. Rep : : Exactamente ! <br /> <br /> - Arthur et le MIAM. Rep: Répertoire d’art modeste<br /> <br /> - D’Arthur à Robert<br /> <br /> Rep: Les tendances de mode de vie commencent en milieu populaire et sont ensuite adoptées dans les classes supérieures<br /> <br /> <br /> <br /> - De Sergio à Léone<br /> <br /> Créateurs culture pop ont été influencés par cultures régionales. Oui, mais insuffisant . <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Je parle des classes aussi et je dis qu’en FRANCE, LA QUESTION DES CLASSES EST SANS CESSE TRAVERSÉE PAR LA QUESTION DES RAPPORTS Paris-Province . <br /> <br /> <br /> <br /> - L’Occitanie comme un labyrinthe<br /> <br /> Souhaite création de Musée d’Illustrés à Laguépie<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Ce sont les femmes de milieu populaire qui tiennent des discours et propos de hauteur et profonds<br /> <br /> Lettre :<br /> <br /> Importance d’inventer et entretenir un folklore de la raison critique <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> oui, c’est le plus important de tout, mais c’est aussi le plus difficile à comprendre et donc à mettre en place . C’est pourquoi je m’y suis attaqué . <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre. : <br /> <br /> Veut création musée de Fôtes d’ortografe et Musée des Idées mortes et Musée des Accents<br /> <br /> Attend la disparition de la France périphérique qui devra devenir la France pluricentrale et naissance d’une imagination nouvelle déprovincialisée – AMLAMATIMMA<br /> <br /> <br /> <br /> - Per anar al fons de les coses !!<br /> <br /> <br /> <br /> - Avant il y avait des provinces, maintenant il y a la PROVINCE. <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> <br /> <br /> OUI, TRÈS IMPORTANT pour comprendre la spécificité française . Certains auteurs l’ont plus ou moins vu, mais n’en ont rien tiré d’intéressant . C’est aux occitanistes de le faire, et aux bretonnantes, etc-istes, mais sont bloqués dans leurs modèles tiers-mondistes ( indépendance ) ou nationalitaires européens ( Catalogne ) . Et leurs rêveries européanistes ( L’Europe des régions contre les nations ) .Sur ce dernier point en phase avec les écolos ( certains ) de EELV, qui gâchent l’écologisme depuis vingt ans . Alors qu’il y a tant de trucs bien à y faire . <br /> <br /> L’axe central de la nation est la centralisation<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre : <br /> <br /> <br /> <br /> Ce n’est pas de mot qu’il faut changer mais de représentation (Province- Région – territoires)<br /> <br /> Certains pensent que la langue d’oc ne peut pas tout dire. <br /> <br /> <br /> <br /> - Pour aller plus loin sur la Province<br /> <br /> Tout à fait intéressant et sans doute judicieux, mais comme le raisonnement se fonde sur des affirmations qui ne sont pas étayées ou exemplifiées on ne peut pas être convaincu de sa justesse, de la pertinence pour le lecteur de le faire sien. <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Je pouvais pas écrire un livre de deux cent pages . De toutes façons, pour analyser le rapport Paris- Province, il faudra des centaines d’ouvrage . Je donne une petite biblio à la fin .<br /> <br /> <br /> <br /> Lettre : <br /> <br /> - Réflexions politiques en passant<br /> <br /> Deux modèles culturels sont offerts : l’américanisme et le passé français idéalisé<br /> <br /> La découverte d’autres mondes et l’uniformisation planétaire créent un besoin d’initiatives locales… À exemplifier.<br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Ben tu en as déjà sous les yeux, ce que tu fais avec nous, le Forom, les Conversations socratiques, l’Université de Laguépie, la création musique-danse-poésie de cette été, vas-y, exemplifie ! <br /> <br /> Lettre :<br /> <br /> Les pires adversaires se réconcilient quand ils craignent qu’il y ait un péril de décentralisation ? <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Ça, c’est du vécu ! <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre : <br /> <br /> - De Gustave à Guilhem<br /> <br /> CS voit partout de la province à déprovincialiser. <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Ben oui, j’en deviens maniaque . Mais quand d’autres gens y verront clair, je le serai beaucoup moins . <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre : <br /> <br /> - De Frédéric à Jaurès<br /> <br /> Le mythe de la Provence éternelle s’oppose au mythe de la Province<br /> <br /> Particularisme et folklore contre universalisme uniformisateur<br /> <br /> Il y a une impuissance de France à soigner ses lendemains. Ce serait le rôle de l’Occitanie de comprendre et soigner cette impuissance<br /> <br /> <br /> <br /> - Où la critique théorique<br /> <br /> <br /> <br /> - De l’art du joueurs de boules occitanien<br /> <br /> La grande région doit s’abaisser devant les petits pays, se mettre à leur service pour les gagner<br /> <br /> Quand les grands abaissent les petits ce sont eux qui deviennent petits<br /> <br /> « Le royaume en s’abaissant…capitales foraines. » Affirmation non étayée, non exemplifiée <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> PLEIN D’EXEMPLES DANS L’HISTOIRE, FAUT COMMENCER PAR LA chine, puisque je m’appuie sur Lao-Tseu .<br /> <br /> <br /> <br /> Lettre : <br /> <br /> - Le fardeau de Rosa<br /> <br /> Il y aurait un provincialisme à Sète et il y aurait un provincialisme à Paris ??? <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse : <br /> <br /> Ah ah, mais oui, excellente question, junome, je t’expliquerai ça ….<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Lettre :<br /> <br /> - Pour qui veut aller plus loin<br /> <br /> On parle savamment de la culture dans le monde mais ne voit pas les cultures de France<br /> <br /> La pensée oc est dans la littérature et surtout chez les troubadours<br /> <br /> Grandes aventures intellectuelles et artistiques s’offrent à nous<br /> <br /> Il faut faire notre devoir d’habitants d’une même région? <br /> <br /> Un peu sévèrement mais bien amicalement. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Réponse :<br /> <br /> <br /> <br /> C’est très bien, tes questions me forcent à réfléchir, et je suis si content de mes explications que je te demande la permission d’envoyer ce pensum à d’autres, en sortant ton nom et mail .
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A
" ...Je lis encore : « le centralisme est depuis longtemps autonome de ses conditions de productions passées, […] il est devenu en profondeur ‘l’idéologie française’, [...] son influence, au-delà de son domaine est considérable sur toute la vie politique et sociale et […] aucune réforme politique ne peut l’atteindre » (p. 13). Mais qui a dit que ces conditions de production appartiennent à un passé révolu ? Les régions françaises, agrandies à coup de hache, n’ont toujours aucune autonomie politique, administrative, fiscale ; aucun droit ne leur est reconnu de lever l’impôt, et elles sont ainsi toujours trop pauvres et dépendantes pour pouvoir être d’un quelconque poids dans le concert des grandes régions d’Europe ; cette évidence est sous les yeux de tous, partout ailleurs et même en France, où cependant il ne faut surtout pas l’énoncer, car tout le monde serait alors obligé de voir et de dire que le roi est nu et la décentralisation une foutaise. Il est bien sûr impossible de traiter de centralisme culturel sans prendre en compte les dimensions politiques, sociales, économiques du problème. Cela est d’une telle évidence, que je m’excuse même d’avoir à énoncer de pareilles trivialités. ..."(TAVAN, dans sa présentation, paragraphe final ) . <br /> <br /> <br /> <br /> Il n'arrive pas que des idéologies s'incrustent à tel point dans l'inconscient d'une population, cad dans sa culture quand elle est avant tout " ce qui reste quand on a tout oublié ", qu'elle continue à organiser sa vision de la société et d'elle-même, sa philosophie de la vie, ses sentiments, sa morale, ses désirs, ses modèles, ses notions du bien ou du mal, etc alors que les conditions économiques, politiques et sociales qui ont présidé à la lente installation de ces " mentalités " ont changé ? C'est nier tout ce qu"étudient l'anthropologie, l'ethnologie, l'histoire des idées et des comportements, la psychologie, la psychanalyse, les sciences politiques, celles de la littérature, de l'art, du folklore, et j'en passe... <br /> <br /> <br /> <br /> On voit bien, tout au contraire, tout ce qui résiste aux injonctions, lancées en permanence aux peuples par les pouvoirs, de mettre leurs idées au goût du jour <br /> <br /> <br /> <br /> La persistance des vieilles religions, nées dans des époques lointaines, dans un monde dont les conditions de vie, à tous points de vue, se sont complètement transformées, est un bon exemple . La "philosophie" chrétienne est encore présente partout où la pratique religieuse s'est fait rare . <br /> <br /> <br /> <br /> La " religiosité " des Nord-Américains, au pays de l'idéalisme pratique et du roi argent, a longtemps étonné les français, à mon grand étonnement . <br /> <br /> <br /> <br /> Je les ai entendu s'étonner encore, ces dernières années, du système fédéralisé de leurs élections présidentielles . Certains - et même des experts en politique - allant plus loin que l'étonnement et jugeant du caractère anti-démocratique de ce système, du haut de la supériorité " morale " qu'ils tirent du système français (un électeur=une voix ) . Ignorant tout de ce qui est à l'origine de la naissance des ETATS-UNIS, oublieux de ce que fût naguère encore le système français, et pensant naïvement que la démocratie n'a qu'un seul visage . L'unitarisme centralisme en pleine action . Les conditions économiques et sociales de la nation nord-américaine auront changé 10 fois que le système fédéral n'aura pas bougé . <br /> <br /> <br /> <br /> J'ai même entendu un occitaniste tenir ce discours, lui qui milite pour une nation occitane fédérée, c'est quand même étrange ( le sort de la Lozère réglée par les voix des néo-gringos et autres yankees de Montpelier ? ) . <br /> <br /> <br /> <br /> Pourquoi les tchèques veulent-ils continuer à parler tchèque et ne passent pas à l'allemand, ce qui serait bien plus pratique pour la communication ? se demandait ( à peu près ) Mr Marx . <br /> <br /> <br /> <br /> OUI, Mr Tavan, la décentralisation est une foutaise : et on a bien vu que les pouvoirs régionaux nouveaux finançaient des films pensés écrits à Paris avec des acteurs et techniciens de Paris du moment qu'ils se tournaient " en région " avec des figurants régionaux . Que feraient-ils s'ils levaient l'impôt ? ils pourraient les financer 10 fois plus ( mais ils financeraient aussi 10 fois plus - ce qui ne leur coûterait pas cher - quelques documentaires régionaux bien de chez nous, ce serait une brave consolation ). <br /> <br /> <br /> <br /> Une décentralisation politique et économique comme tu la rêves ne changerait RIEN à l'idéologie française unitariste ( née du centralisme ) .
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A
Voici le lien de l'émission de Frédéric Taddei avec son invité Hervé DI ROSA : https://francais.rt.com/magazines/interdit-d-interdire/88404-culture-numero-223
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T
Il faudrait une version avec les accents correctement rendus...
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A
ENVOI de Bernard Férré : Libres propos à partir de la lecture de Notre Occitanie comme occasion <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Occitanie: Terre de fraternit ́es ouvertes<br /> <br /> B. Ferr ́e<br /> <br /> Table des mati`eres<br /> <br /> 1 Paroles po ́etique d’amiti ́e en langue d’Oc.. 1<br /> <br /> 2 Dans les Labyrinthes du ”Minotauritaire”... 3<br /> <br /> 3 En Occitan par le ”dire” on veut ”parler d’Occitanie”... 5<br /> <br /> 4 le rythme : je sculpte en langue d’Oc(Bourdelle) 7<br /> <br /> 5 F ́elix Castan prince occitan du vouloir Baroque d’une ville : ”Montalban” 9<br /> <br /> 6 Deltheillerie : Art Vivant d’Occitanie 11<br /> <br /> 7 Punctum remotum, punctum proximum :<br /> <br /> sur le fil du ”rien”, de l’Occitan au Fran ̧cais. 12<br /> <br /> 8 Salut aux Damn ́es du Silence Occitan 14<br /> <br /> 1 Paroles po ́etique d’amiti ́e en langue d’Oc..<br /> <br /> E qu’`etz ”Occitan”?..santat d’espaouris ?..o lenga viva !<br /> <br /> Occitanie : salut `a Claude Sicre, et Herv ́e Dirosa !<br /> <br /> C’est au ”d ́ebott ́e”, sul pic.. !, que l’impromptu donne du temp ́erament aux ”cris exil ́es” en ”langues minoritaires”, avec tous les charmes et beaut ́es per- dus sous le monolinguisme radical du Fran ̧cais de la R ́epublique. Entre deux langues(Occitan/Fran ̧cais), le temps sert de creuset, s’em Aqu`ı.. ! Sud-Terran ́eens.. ! et depuis le sud de Toulouse, rive gauche de la Garonne,..Salut! du fond de l’Ari`ege, des vall ́ees du Salat, avec ce qu’inclut aussi le cˆot ́e espagnol(”la Pu- jada” de Salau` !) jusqu’au val d’Aran. Le long fleuve ”impassible” que traversent les Rimbaud ”pr ́edicateurs des marges” d’une histoire mondiale de la vraie vie. Po ́etique de fraternit ́e ouverte, d`es les Troubadours jusqu’`a cette ”courtoisie”<br /> <br /> 1<br /> <br /> po ́etique plurinationale, qui a fait de Toulouse le nombril d’un printemps mon- dial des langues.<br /> <br /> Que l’Apollinaire, en ce gasconisme flaneur d’invisible, redonne `a cette ”Pro- vince” son visage, et que l’authentique transcende la geopo ́etique d’Occitanie, ”Renadiu” du meilleur usage de toutes les d ́erives. Il n’est de trouble que dans le mauvais esprit, ou peut-ˆetre le ”deep-fake” des ́epigones, pour penser les rapports avec les fr`eres de langue, maˆıtres en imaginaire occitaniste, pour insufler l’en- gagement d’un d ́ecentrement culturel, saluons ici une fois de plus F ́elix Castan, initiateur s’il en fuˆt de luttes contre-capitales de la culture .. ! les arts modestes ne trouvent leurs grandeurs que dans la qualit ́e de leurs emplois :” joyeux appels du peuple...qui n’aurait pas subi dans sa langue une d ́ech ́eance historique et qui aurait gard ́e, sur le fronton de ses ́edifices, comme `a la devanture de ses plus modestes boutiques, aux plus glorieuses comme aux plus humbles enseignes ces mots d’autrefois populaires et royaux.(J.Jaur`es -D ́epˆeche 1911). Idiomes popu- laires refoul ́es, avec l’immixion d’ ́el ́ements rapport ́es du fond des ”campagnes r ́epublicaines” pour rafraˆıchir cette langue de r ́efus, nullement folklorique ou marginale, car le peuple n’a jamais cess ́e de la parler mˆeme lorsqu’elle n’ ́etait plus d’usage courant.<br /> <br /> Le Rimbaud des saisons en enfer, le Rimbaud’Oc–warior... !, n’a rien `a voir avec le Zoo des bric-`a-brac politiques de retours culturels par retomb ́ee `a la mode d’une vieille langue de troubadours... Dante d ́ej`a en son temps, admiratif d’Arnaut Daniel h ́esita longtemps pour ne pas ́ecrire sa ”Divine Com ́edie” en langude d’Oc, car si l’on est ”estabousis” encore aujourd’hui, c’est que le Pass ́e Occitan prend toujours langue par ses racines d’Advenir. Quand H.Meschonnic explique qu’il n’y a pas de ”g ́enie”(cette grande patience !) de la langue fran ̧caise, il donne raison de la grande impatience !.. occitane, langue sans cesse refoul ́ee, colonis ́ee par des civilisateurs eux-mˆemes non-civilis ́es. Combat f ́eroce, jusque sur les bancs de l’enfance, `a l’ ́ecole(per qu ́e m’am pas dit a l’escola.. ? Mart`ı), ou dans les journaux, du m ́epris citadin `a l’ ́egard du monde paysan, souvent ridicu- lis ́e, ́egalement par l’opposition ville/campagne des luttes de classes...Gambetta abandonna plus que son village languedocien, lorsqu’il sera accus ́e de choisir la R ́epublique contre la ”vieille” France, mais le western occitan s’ ́etablit dans les modalit ́es de l’exil, face aux difficult ́es `a pouvoir vivre sur la terre des anciens ; dans les hautes vall ́ees de l’Ari`ege, exode cap a l’America..! et en l’an 2000 encore, `a Central Park `a New-York, autour du rocher des ari`egeois on pouvait entendre planer lo parla ”oussailh`es.. !”, ́e lo biroul`et a tot’s los b ́ents !...dabans !. Les phylact`eres du rˆeve occitan sont les fruits maudits de l’exode, que toum- b`ec tan bas, que l’Europe sap pas m ́es..imposible, qu ́e demorems `a ploura de- jus de tot aqu`o..lh`eue-te, France dou Mijourn!.. Rev Oc-culte d’Oc-citanien pop !..mainatge !..<br /> <br /> Aux sources d’origines diverses e de tan de segles de glori, langue non-parfaite de devanciers, amours de clochers et de vies paysannes fleuries sans propagandes, aux ́ecarts de l’ailleurs, pays du coeur `a l’ ́eveil des r ́egions, avec l’accent de Pro-<br /> <br /> 2<br /> <br /> <br /> <br /> vence, du B ́earn, des Landes, des fleuves et des montagnes,...`a la surprise de Jules C ́esar qui distinguait dans la ”guerre des Gaules”, ce ”chez nous” du gau- lois qui, `a s’y vouloir frotter, devait nuancer la r ́esistance des gascons ou des aquitains...ou encore, citons Castan dans le texte, ”on n’est pas le produit d’un sol mais de l’action qu’on y m`ene”. Pas un r ́egionalisme electoraliste contempo- rain, mais les r ́egions ex-touristiques d’une langue aux fronti`eres vivantes, de la vraie ”sanqueta de p ́epi !” et non du sang d’encriers administratifs. Langue spon- tan ́ee, non mus ́efi ́ee, pas non plus langue d’inventaire ethnique oubli ́ee dans le pointillisme archa ̈ıque standard d’un ”fake-folkich”. Los parlas d’a nostes, abou- tissement plus radical et sans pass ́eisme se d ́egagent de l’ ́etouffement linguistique exerc ́e sous pr ́etexte de d ́efendre la langue fran ̧caise, et contre toute pr ́etendue atteinte `a son unit ́e.<br /> <br /> 2 Dans les Labyrinthes du ”Minotauritaire”...<br /> <br /> Labyrinthes r ́epublicains du pouvoir qui ne peuvent plus dissimuler le canni- balisme Minotauritaire, mˆeme en radoucissant toute rivalt ́e en mythique app ́etit linguistique, partage muet des mamelles nationales de la Marianne... L’Occitanie comme r ́egion est charg ́ee d’histoire oubli ́ee,.. a noste pople desembrembat, ra ̧co ded Mieidio, hilhs de Faidits !.. Terroir id ́eal pour la ”renaissance” de cette langue de ”pays hors fronti`eres officielles”, et non-paysage pittoresque de carte postale, supposant toujours une compr ́ehension de l’int ́erieur et un minimum d’affinit ́e de proximit ́e v ́ecue. L’Occitan `a s’affirmer dans l’ ́emergence g ́eolinguistique d’un espace d’activit ́es intenses peut alors prendre ses dimensions individuelles et col- lectives : d’estes estats m`estes no v`olem pas acaba bailets !...<br /> <br /> du Mus ́ee entre 4 planches !.. et autres ”Fˆotes” en langue de bois<br /> <br /> A se d ́emarquer d’un ”existentialisme champˆetre”, Mus ́ee entre 4 planches<br /> <br /> d’engagements invisibles du ”vivre au pays !..”, Quand la vraie vie met en ques-<br /> <br /> tion l’existence, et d ́epartit l’invention d’un ”folklore de la raison critique” de<br /> <br /> toutes sortes de fragilit ́es provisoires, le vivant, ”volem viure al pa ̈ıs... !”, s’op-<br /> <br /> ˆ<br /> <br /> pose aux frissons d’Etre, et `a toutes formes d’existences rel`egu ́ees en tribulations<br /> <br /> m ́etaphysiques d’abstractions essentialistes. Par plaisanterie on peut rengainer<br /> <br /> ˆ<br /> <br /> le r ́evolver `a majuscule pour ”conjurer” le verbe Etre pris au pi`ege du ”je suis”<br /> <br /> tintinabulant de suite en suite en ”je fuis”, saluons H.Meschonnic qui sut attirer notre attention sur cette opposition r ́ealisme logique/nominalisme dans ”Hei- degger ou le national-essentialisme”.<br /> <br /> Oc-thographe/Orthographe et Fake-lenga/Fˆote<br /> <br /> L’Oc-tographe ne se d ́efinit pas par ses ”fˆotes”(le ”parler du pa ̈ıs” n’est pas une ”fˆote” ou fake-langue), car le peuple occitan existe, archipelisation d’ap- proches politiques, artistiques, po ́etiques, et cons ́equences ́ethiques de diff ́erences qui consid`erent, individus/sujets ou fragmentations de communaut ́es locales.<br /> <br /> 3<br /> <br /> <br /> <br /> Ici, quand le nominalisme traditionnel rend possible l’ ́ethique du ”pa ̈ıs”, le r ́ea- lisme logique d’une majorit ́e linguistique peut l’inter-dire(il est enter-dit d’inter- dire !..vieux truc de 68). Les notions de fˆotes et d’Oc-tographe et leurs origines, peuvent paraˆıtre encore d’actualit ́e dans un ”radicalement correct” qui d ́esigne le ”parler dit minoritaire” comme droit de soumission r ́epublicain : mais parler l’occitan n’est pas blasph`emer la R ́epublique, et mˆeme si sans libert ́e de blas- ph`emer en parlant cette langue sans pouvoir, langue-minoritaire, qui ne serait ”qu’ ́eloge de servitude” et profit de service d’un Fran ̧cais officiel ”divinement Minotauritaire”.<br /> <br /> Les conflits et les crise du ”F ́elibrige”, avec l’adoption du proven ̧cal comme langue litt ́eraire et la routine autoritariste du ”Majoralat”, ont pu renforcer les malentendus jacobins d’id ́eologues d ́eracin ́es s’opposant `a une orthographe res- titu ́ee et inspir ́ee des troubadours, pourtant conforme `a la logique phon ́etique employ ́ee jusqu’alors, et pour faire pr ́evaloir une querelle de minimes diff ́erences de prononciations, contre une vision unitaire de l’Occitan voulu par Perbosc et Estieu. Apr`es tous les d ́eboires de maintenances provinciales et les ruissele- ments officiels des langages administratifs-experts, le ”provincialisme” revˆet les habits veufs de la Capitale, taill ́es aux mesures des pompes fun`ebres du d ́esohon- neur ethno-linguistique. Cependant qu’au service de collectivit ́es la promotion de l’occitan et de la culture, r ́enovation ou` plusieurs genres convergent par mise en relation pass ́e-futur, dans un parall ́elisme d’anciens troubadours et de nou- veaux trouba ̈ıres. L’imagination retrouve l’accent de voix des rues et des bois, l’air du quartier ou de la campagne, ici peut ˆetre l’envergure d’un ”Mus ́ee des Accents” qui d ́epasserait le p ́eriph ́erique de la grande couronne, permetant de d ́e-provincialiser les pleurnichards de la pens ́ee Paris-”gouˆtti`ere”?...<br /> <br /> Oc-Warrior : Quel printemps fleurir ?...<br /> <br /> D’este ambient!.. gaireben completament occitanof`on, ensajam de veire de quina mesura, dells referents de la lenga emplegada qu ́e permetri`a de bastir so- lidament las activitas culturalas, e pr’aqu`o es subretot a partir del imaginatiu de la lenga d’Oc. Dobrir camin cap a la gu`erra de lengas dins lo mond dels remembres, s’assabenta e s’estuta,.. e coma se p`ot veire que digun agu`esse pas criticat aquela actitud de mespr`etz... (abans, e cal pas doblidar tanpauc, a casa dins l’Ariegeo, (dins la familhia), se tr`oba sul territ`ori simbolic, acqui pla l’ima- ginari, devi`am ́esser ”occitan” per dire : parlam frances !.. son(s) estranger(s) !..).<br /> <br /> Relacion amb lo temps dins l’activisme occitanista : Felix Castan amb Ber- nat Manciet dins la trajectoria liter`aria en ”lengo nostro”, que devi`a culminar amb div`ersas `obras. Pr’aqu`o es malaisit poder situar un temps d’aparicion mai precisament explicit als espectacles publics, ”per anar als fons de les coses amb aquesta nocio de ”Province”. Se torno presenta mas d’un c`op aquesta imatge de ”Province”, e en oposicion al pa ̈ıs nostre..! L’influencia del frances es plan vesedoria tanben, sas qualitats de vu`ei per anar quere trop de ”francimande- jadas”, t`ot mesclat a la bouno lengo. Cal esperar que veirem respelir totes las<br /> <br /> 4<br /> <br /> <br /> <br /> paraulas doblidadas dells segles passats.. ! per afirmar une perpectiva m ́es radi- cal, encorarjat e estimulat dins la transmission de l’occitan fins a l’actualitat. La perspectiva ”localista” sembla mai une mena de testim`oni qu’un inter`es prigond, e pusl`eu embarrat al moment que l’Oc-warior contemporan`eu espelit !..<br /> <br /> qu ́e ?...es dehenut parlar gascon..<br /> <br /> Qu’`em un poble liure, ”Occitanie”...e non pas ”Patois-land” pels que cer- can a se’n desfar, per se departir del frances coma despartirsse del mod`el de lenga...tanben troba ̈ıres e trobaritz, portaires de desirs dob`erts per los legeires d’ara. Cada c`op paraulas recampadas d’una poetica que meta al centre l’occitan e l’Occitania, pa ̈ıs de s`omi qu’integra `obras en occitan, e pres ́encia del bar`oc, raz`o d’un temps qu’encara se p`ot comprene de los jovents. De u`eilhs, peu`s, e de labras se va transmuda la beutat doble de ̧c`o que se vei, e remembre del pa ̈ıs, marcat de tot ̧c`o que toca los jovents. L’abs ́encia es l’amic ”occitan” sempre fum de vida, tornat a su usan ̧ca propria e campestre, senhals que los ”parigots, cap que la bir`o !”, qu ́e passant gausan pas agachar, ”rebirat” en franc`es-vedel :”pari- gots, tˆete de veau...”coma disem.<br /> <br /> 3 En Occitan par le ”dire” on veut ”parler d’Oc- citanie”...<br /> <br /> Dans son ouvrage ”Ce que parler veut dire”(ed. Fayard), Pierre Bourdieu envisage les conditions du bilinguismes avec les param`etres sociologiques d’une production et reproduction de la langue l ́egitime. Fa ̧cons de penser `a travers les techniques de communication d ́eterminantes de l’optimisation des rapports humains et ”d’habitus”propag ́es dans les soci ́et ́es post-modernes. Leurs effets de domination et d’exploitation, caract ́erisent ici le cadre d’un march ́e linguistique soumis aux luttes concurentielles du ”capital symbolique” livr ́e aux rivalit ́es et pol ́emiques des pouvoirs politiques. La brocante des fausses id ́ees hante les m ́e- taphores d’ ́echanges, ”tr ́esors d ́epos ́es par la pratique de la parole dans les sujets appartenant `a la mˆeme communaut ́e”, il ne s’agit pas d’une ”zoonose phon ́etique” contract ́ee dans le livre de la jungle sauvage du ”Provincialisme”. Entre carte et territoires d’Occitanie, la carte ne repr ́esentant jamais le territoire(Korzybsky), mais d ́elimite un terroir de langue dont la situation de parole d ́eborde le sang d’encriers officiels. Des ruines de Monts ́egur, jusqu’aux forteresses taill ́ees dans le roc, Peyre-Perthuse, Lastours, Qu ́eribus, Aguilar, barricades myst ́erieuses et chˆateaux occitans veilleurs secrets de citadelles, les mots du pa ̈ıs planent dans l’ombre des Troubadours, ranimant l’ ́echo transfigur ́e du silence des sentinelles d’ ́eternit ́es oubli ́ees. Dialectes qu’ajuste une absence l ́egitime de codification, ”off”, initialis ́es en s ́eparation hors sol du fran ̧cais devant prendre ”l’accent v ́ecu” des racines.<br /> <br /> L’appel de ”l’Occitanie”, est bien le pass ́e d’une ”langue maternelle” qui prend<br /> <br /> 5<br /> <br /> <br /> <br /> racine dans le futur ”int ́erieur” des terroirs, ”pa ̈ıs” d’un royaume sans provinces... Incipit au po`eme, Farai un vers de dreit nien... de Guillaume IX, jusqu’aubou- tisme ?.. et mˆeme faux-d ́esir esth ́etique de Flaubert Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien, un livre sans attache ext ́erieure, qui se tiendrait de lui-mˆeme par la force de son style ..., ou encore bruit blanc d’ ́ecran vide des films de G.Debord. Le passage culturel par transfert du ”provincialisme” d’une langue au ”vol`em viure al pa ̈ıs”, n’est pas m ́etaphore mal ”disante” d’un trou de m ́emoire, ni tactiques de singeries ou pens ́ees officieuses d’un ”burn out” anti- ́elitiste!.. Les formules de G.Debord concernent la d ́efinition d’une domi- nation ”formelle” dans ”la soci ́et ́e du spectacle” comme vivre du s ́epar ́e : ”rap- ports entre des personnes m ́ediatis ́es par des images”, pointait l’inauthenticit ́e des survies dans la capitulation f ́etichiste du marketing des march ́es noirs cultu- rels, repr ́esentations g ́en ́eralis ́ees d’exp ́eriences du ”n ́eant” promues en soci ́et ́e de consommation. Mais la domination ”r ́eelle” du spectacle dans le v ́ecu s’exprime aujourd’hui et d ́esormais par une relation entre ”images de langages” m ́edia- tis ́es cyber-plan ́etairement, esclavagisme d’outils manipulables(nudging!..) par une artificielle pr ́etention d’intellgence mondiale : eschatologies num ́eriques par avatars et pseudos, diffract ́es sur les r ́eseaux d’internet. Spontan ́eit ́e authentique de la vie, provocation radicale de paroles officiant dans l’explosion cr ́eatrice, de- puis ”Dada” et le mouvement de Tzara, que peut aussi ridiculiser le mode du ”Spontaner !...” ́evitant ce ”rap-d ́egouˆt”(ratas de champs urbains !..), gestes pri- mates ”Ga-Ga”, pauvres caricatures des baladins ”jongla ̈ıres” d’antan. La langue d’Occitanie proc`ede d’une prolif ́eration de dialectes, gascon, limousin, proven- ̧cal,..., ́etymplogie invisible d’insoumissions du sens v ́ecu et mots ins ́eparables des moments ou` l’usage pr ́evaut sur l’abstraction des ”images”, coh ́erence cri- tique et humour de la tchache malgr ́e la profusion de chats cybern ́etiques et du ”trumpolino” jargonneux de textos...<br /> <br /> Le salut de l’Occitanie reste sa langue-avenir : critique de toute boursouflure vide, et du ”rigolo” provincialisme d’abuseurs de l’ ́evidence, laquelle tombe d’un faux r ́ealisme public de trublions qui n’en sont pas dignes. Le destin et la re- naissance sont le temps d’ ́epreuves de pens ́ees traduites en r ́eactions v ́eritables, ni extase passive, ni haines d ́eclar ́ees, mais radicalit ́es pratiques. Ce que cherche l’occitan n’est pas la rage qui s’ ́egare dans la facilit ́e exag ́er ́ee, ni les formules pr ́e-dg ́er ́ees de langue ́equivoque du touche-`a-tout universel. Clandestinit ́e d’ins- tants, ”bavasseries” h ́erit ́ees des parties de p ́etanques, ou accoucheurs de caquets contemplatifs des bavardages collectifs de places anciennes, ou de vieux bistrots de villages...contrairement `a la pression d’isolement privatif des mas-m ́edia et `a toute prolif ́eration d’irrationel des discussions de caf ́e du commerce, le rˆeve pla- n ́etaire du village port ́e par McLuhan pourrait retrouver l’ ́elan et l’ ́eveil d’une ́emergence de multiples libert ́es, hors des conformismes de dominations m ́edia- tiques : village plan ́etaire du printemps des langues. Face in ́edite du sens d’un usage perdu ou` le d ́esir de vivre habite les paroles du temps,... en Occitanie la critique de la s ́eparation est une d ́eclaration de fraternit ́e ouverte, (”fraire du monosylabic”!..), fraternit ́e de diff ́erents ”parlers”(critique de l’esclavage du si- gnifiant sous la f ́erule de langues de pouvoirs Minotauritaires),... mais dialectes<br /> <br /> 6<br /> <br /> <br /> <br /> s ́epar ́es dans l’union du vivant qui rencontre son pass ́e-futur de langue, pour vivre l’ ́echo Universifiant( ́eco-linguisme d’univers-signifiant!) et langue-monde en Occitan.<br /> <br /> 4 le rythme : je sculpte en langue d’Oc(Bourdelle)<br /> <br /> Dans son livre sur Rodin, Bourdelle s’adresse aux jeunes sculpteurs avec cette d ́ef ́erence du futur envers le pass ́e : ”La pens ́ee actuelle, quand elle est haute, a vu de son sommet venir vers elle, de tous les coins du monde, tous les myst`eres, elle a vu surgir de tous les sols l’antiquit ́e immortellement jeune. La science est en travail et le fr ́emissement d’une v ́erit ́e se r ́epand rapidement sur le globe entier...l’art et la science et Dieu ne font qu’un. L’esprit sous toutes formes est un. Socrate, Phidias, Beethoven sont des mondes ́egaux. Boudha, Orph ́ee, J ́esus sont des constructeurs d’unit ́e... Qu’avec Beethoven, nous ́ecoutions la terrible et ineffable harmonie de l’entre-croisement des valeurs et des nombres ; qu’avec Phidias, nous regardions se construire la v ́erit ́e ; qu’avec Socrate et Platon, nous assistions `a la marche de la raison, c’est toujours l’incorporation du multiple dans l’un qui cr ́ee la beaut ́e, c’est toujours l’unit ́e des forces qui r ́ev`ele la pr ́e- sence de Dieu.” (Bourdelle Art Eternel p93-94).<br /> <br /> Ainsi s’entrecroisent et se recoupent art et savoir, et la sculpture fascine en ce lieu, parfois, unit ́e ́equivoque r ́ealis ́ee. La sculpture implique de se tenir ”re- ́enonciation” dans l’ ́enonciation du monde ; F.Castan en 1951, le soulignait : ”Bourdelle ensenh`et ai ̧c`o : ”Le dos courb ́e d’une statue n’est pas seulement le dos courb ́e d’une statue, c’est le monde entier. La reproduction harmonieuse de tout le corps doit contenir en principe l’ ́equilibre du monde” (Bourdelle).Sos disc`ıpols, los cal cercar f`ora de fran ̧ca : los franceses an seguit un vam que re- vir`et la luiciditat sus los mecanismes subjectius... Als que somi`eron de proferir un mond dins un mot o una ti`era de mots, el opausava un retrach dinamic del mond vertadi`er”. Castan indique ce point de d ́epart, c’est `a dire le point ou` on revient et d’ou` on repart sans cesse, le statut de la subjectivit ́e dans le langage ; l’univers de la parole est d’abord celui de la subjectivit ́e, qui suppose une mo- tivation du discours distincte de la motivation par l’origine qui est r ́ef ́er ́ee `a la langue. Et F.Castan cite la lettre que Bourdelle adresse `a son ami Perbosc : ”Le rhapsode ́el`eve le sculpteur. Sous votre chant il se construit une ˆame... Lo<br /> <br /> `<br /> <br /> leit-motiv” de la lenga d’Oc t`orna a tengut : qu’on le veuille ou non, si j’ ́ecris et<br /> <br /> si je parle un fran ̧cais hasardeux d’autodidacte, je sculpte en langue d’`oc”.<br /> <br /> Du corps nous vient le rythme. Le rythme a un rˆole majeur, car, il est le faire `a l’int ́erieur du dire pour le po`ete, mais il est le dire `a l’int ́erieur du faire pour le sculpteur.<br /> <br /> le parler suscite les sons avec ce qui galvanise la parole ; ́el ́ements phoniques originels se combinant en une sorte de matrice, qui constitue cette trame secr`ete d’univers sensible, terre maternelle des sources v ́eritables, principe de nature et lieu d’origine, parmi les bˆetes, les arbres et les plantes, jusqu’`a l’ ́eveil rem ́e-<br /> <br /> 7<br /> <br /> <br /> <br /> mor ́e d’un po`eme en quelques vers d’autrefois. Une tension relie les ́el ́ements du langage aux ́el ́ements du monde, sorte d’ ́etymologie dont la vocalisation forme un mot avec le son ́elu d’un dire d ́evoilant le cach ́e sous la v ́erit ́e des choses et des ˆetres, rapprochant dans l’ordre des lettres les mots, `a travers l’ ́ecoute et la vision des choses. Le sens est un jeu d’ ́el ́ements entrecroisant les racines, v ́erit ́e sous les mots d’un mode de signifier, et limite aux formes cr ́e ́ees `a travers ce commencement, articulation du langage, non simple articulation de mots mais articulation de phon`emes, ou` la v ́erit ́e ́el ́ementaire est plus radicale que dans le sens des mots. G ́en ́eralisation puissante, plus transformation des mots que formation, ou` le son n’imite pas la chose qu’il signifie, mais sa propre v ́erit ́e entendue comme ”autre” du mot.<br /> <br /> L’all ́egorie g ́en ́eralis ́ee `a l’ensemble des parlers, traduit l’ ́etymologisme ra- dical qui porte cette all ́egorie par la langue mˆeme; il semble qu’il n’y ait plus de distinction entre philologie et herm ́eneutique. Les mots sont pris dans un<br /> <br /> ` sch`ema consonantique sans tenir compte des variations vocaliques, ainsi ”Oc”,<br /> <br /> oui, devient un mot entre les mots, transcendance qui sucite les limites r ́egis-<br /> <br /> `<br /> <br /> sant l’univers occitan. ”Oc” multiple des parlers dont la force attractive rend<br /> <br /> les distances d’une pluralit ́e `a leur simultan ́eit ́e universifiante; parabole d’une diversit ́e r ́ev`elant le rapprochement ́etymologique des parlers dans le parler. S ́e- mantique de la racine et de la lettre dans l’ ́ecriture fragment ́ee transformant les mots, mobilisant le parler et la langue, par les ́el ́ements subtantialis ́es du langage, ou` l’union des mots et des choses, dit la v ́erit ́e des ˆetres sous l’effet naturel des mots, pl ́enitude d’une parole d ́ebordant l’interstice des mots d’une langue et dont l’Occitanie demeure preuve d’une raison irr ́efutable.<br /> <br /> S’il y a une ˆame du monde, qui est dans chaque chose, elle est aussi dans les<br /> <br /> ́el ́ements du langage. Panth ́eisme qu’ ́evoquent les gloires pass ́ees d’une langue, et<br /> <br /> qui dicte sa future destin ́ee, ce culte de la terre d’ou` revient toute beaut ́e, femmes<br /> <br /> et force rude du travailleur, ombilic d’une voix qui tire les fils de l’enfance vers<br /> <br /> le sein maternel, langue maternelle, et dont chaque homme digne de ce nom,<br /> <br /> retient les fibres d’un temps, rest ́e attach ́e par une sorte de v ́erit ́e-origine permise<br /> <br /> directement par une parole occitane et l’ ́energie de la langue : ”Sab`em que ̧c`o `<br /> <br /> ”Il n’y a pas seulement des probl`emes de langue dominant/domin ́e, tenant aux rapports de domination sociale, politique, ou ́economique, et si ces rapports se produisent `a l’int ́erieur d’une mˆeme langue, par diff ́erenciation du parler. Toutes ces choses sont importantes, et du domaine de la sociolinguistique. Mais ce n’est pas suffisant. Ce qu’une sociolinguistique ne peut pas faire, et qui est `a faire, est une th ́eorie politique des rapports entre langage et l’individu, le social, l’Etat.”(H.Meschonnic).<br /> <br /> Tout pouvoir est in ́evitablement une th ́eorie instrumentaliste du langage, ce qui sert `a communiquer renvoie au statut du sujet, du social et suppose d’op ́erer une analyse intrins`eque, historique et id ́eologique de la question. Les probl`emes<br /> <br /> 8<br /> <br /> que nos acampa es pas benl`eu un ”engenh d’Oc”, mas pusl`eu una contininuitat culturala, fondada sul fach lingu ̈istic”(Castan)<br /> <br /> <br /> <br /> du langage sont souvent r ́eduits `a une vision simplificatrice des rapports entre langage et politique; se mettre virtuellement `a l’int ́erieur d’une revendication occitaniste(positionnement ant ́erieur et virtuel) c’est y m ́econnaˆıtre le d ́evelop- pement historique d’une accumulation d’ ́ev`enements advenus dans les ”parlers” occitans. L’aggiornamento des dialectes provinciaux sous l’ ́egide d’une langue nationale, implique un retour `a la notion de ”langue” et de ”peuple” dont le ”Fran ̧cais” veut rester le paradigme. Ce faux dialogue amorc ́e entre les ”parlers” positionne le rapport dialecte/langue dans une compr ́ehension r ́eduite, rendant les locuteurs des ”parlers”, ́etrangers les uns aux autres ; dialectique d’exclusion, sans d ́esir de reconnaˆıtre les diff ́erences, voire induisant des coupures irr ́em ́e- diables.<br /> <br /> La th ́eorie s ́emiotico-m ́etaphysique du signe(Sa/S ́e) est tout `a fait h ́et ́erog`ene `a la question du passage des ”parlers” `a ”l’occitan”; les ”parlers”(gascons, lan- guedociens, limousins, proven ̧caux ...) jouent le rˆole de ”signifiant”’ tandis que ”l’occitan” joue le rˆole de signifi ́es non-homologu ́es. L’occitan-standard ne donne sens au signifiant(th ́eorie de la pr ́efiguration), que dans la mesure ou` il pr ́epare un nouveau parler-standard, qui donne, lui, le sens. La th ́eorie du langage s’av`ere alors homologue `a une th ́eorie de l’histoire, et `a partir de cette th ́eorie du signe les ph ́enom ́enologues font leur coupure entre ”Geschichte” et ”Historie”. Toute historicit ́e, tant pour le langage que pour l’histoire, affirme sa radicalit ́e dans le rapport entre discours(merci Benveniste!..) et langue(le discours occitan `a un sujet et un sens, mais la ”langue” n’a que ceux qui la parlent pour donner du sens !...), aussi une approche radicalement mat ́erialiste implique, que seules les actions aient un sens (les cultures, les civilisations,...), autrement dit, tout sens de l’histoire ne peut rester qu’id ́ealiste. Les probl`emes du langage sont toujours politiques ; `a maintenir une tension entre langue/discours et histoire/action, les ”parlers” traduisent un rythme populaire prenant valeur de combat id ́eologique en confrontant po ́etique, ́ethique, et politique.<br /> <br /> ”Ce qui revient `a essayer de penser le continu interne d’une relation entre une langue et une culture, une langue et une litt ́erature. Comme historicit ́e g ́en ́eralis ́ee. Un tout autre continu que le continu-nature entre les mots et les choses.”(H.Meschonnic - Le LH p277).<br /> <br /> 5 F ́elix Castan prince occitan du vouloir Ba- roque d’une ville : ”Montalban”<br /> <br /> L’occitan n’est pas un palliatif aux contradictions de langages v ́ecus par les communaut ́es villageoises ou les bastides d’antan, mais d ́esigne une solidarit ́e qui permet d’agir sur la r ́ealit ́e, et sait s’affirmer comme miroir d’unit ́e des mots dans les choses. Mots concrets ou` pivote en chacun un logos de ”place vide” ouvert `a la rencontre de ”l’autre”, avec une grande diversit ́e phon ́etique d’ac- cents : issues ethnographiques qu’inscrit le relief du terroir donnant son gouˆt<br /> <br /> 9<br /> <br /> <br /> <br /> de langue du ”pa ̈ıs”. Le baroque, mode de penser et de construire ces opposi- tions dialectiques, ́etablit les m ́etamorphoses et les tensions dialogiques d’une sensibilit ́e individuelle et collective donnant toute son amplitude au choc de la R ́eforme et aux schismes religieux(catholiques/protestants). Ces Pouss ́ees histo- riques aux saveurs populaires(subconscient de l’ ́epoque), confronte les hommes pour d ́efendre une ́ebauche du concept politique d’ ́equilibre, que la force exprime par les passions religieuses : la contre-offensive de l’Eglise est en train de reculer sur le terrain politique et tente de reconqu ́erir ses positions perdues. Le ”Si`ege de Montauban” fait cette chronique de guerriers et d’armes, avec une concomi- tance de parole occitane d ́evoilant la prise de parti du peuple dans le conflit, ou` F.Castan recentre les formes du syst`eme ouvert, bien que d ́ej`a contestataire, du mode de cohabitation et une certaine vision baroque de la soci ́et ́e ”occitane”.<br /> <br /> Ainsi la pens ́ee du baroque va sous-tendre une r ́eflexion fondatrice : Tel est le d ́epart de la d ́emarche inaugur ́ee `a Montauban en 1963, le sens d’un ques- tionnement illimit ́e dans la dur ́ee, visant `a d ́ecrire par approches diff ́erentielles et `a contrˆoler les articulations d’une connaissance active, ́evitant les archa ̈ısmes et les syst`emes clos.(F.Castan). Nulle tradition intellectuelle, ni les vieilles an- n ́ees du bricolages de mentalit ́es politiques inter-partidaires(manifestation des 400 coups, fˆete du boeuf,..), ne surent asssumer le v ́ecu ”montalbanais” inscrit dans sa dimension d’ˆetre comme synth`ese humaine,...mais le ”Si`ege de Montau- ban”, demeure ce spectacle ́edifiant du refus historique de tout ”provincialisme”, sous-traitance de pr ́efecture ou autres maintenances culturelles. F.Castan et A.Benedetto ont su d ́eborder la Vie des habitants, s ́emantique urbaine mise en acte sur la Place Nationale de la ville, diffraction renaissante de temps an- ciens...Convergences d ́efinies d’un fran ̧cais/occitan, dans la sym ́etrie de langues fraternelles. Car F.Castan reste ce penseur, ”prince occitan”qui interroge impar- tialement le moment de r ́eflexion baroque Point aveugle, sp ́ecifi ́e par contigu ̈ıt ́e chronlogiques avec les concepts de mˆeme niveau fonctionnel et topologique `a sa- voir : ”Renaissance” et ”Classisisme”.. Le vouloir baroque invoque ici la concor- dance et la coh ́erence d’une mouvance de diversit ́es irr ́eductibles au spectacle ou` la ville grandit le r ́eseau d’emprise urbaine, creusant le foss ́e entre pauvres et nantis, diffraction du temps et divergence d’un syst`eme ouvert de diff ́erences : ”non pas du mot `a la chose, mais de l’ensemble du langage `a l’ensemble de la r ́ealit ́e”.<br /> <br /> L’irr ́eversible devient ici un statut privil ́egi ́e d’ ́evaluation langue/culture, postulats d’erreurs impos ́ees aux ” ́emigr ́es de l’int ́erieur” en leur ville, pi`eg ́es en eux-mˆeme, ceux qui en France ”parlent” un r ́egionalisme nationalitaire r ́e- duit souvent aux dimensions ”congrues” d’ ́elections municipales. Aussi Castan fut surtout incompris par ses contemporains, mais le d ́eveloppement de sa pen- s ́ee par les g ́en ́erations suivantes fera cette connaissance baroque d’un nouvel aboutissement : F ́elix Castan depuis soixante ans, s’emploie `a penser la d ́ecen- tralisation culturelle dans le mˆeme but, mais il a lui ́elabor ́e les principes d’une strat ́egie tous azimuts(litt ́erature, arts plastiques, baroque,villes-capitales, festi- vals, cin ́ema, ́edition...), un contr-syst`eme r ́epondant point par point au syst`eme<br /> <br /> 10<br /> <br /> <br /> <br /> centraliste et faisant autant de propositions.(Cl.Sicre - Temps modernes 2000- nˇr608). Ainsi le nouveau syst`eme rompt avec les vieilles traditions mais pour mieux en r ́ev`eler la part de ”myst`ere”, et ouvrir les mentalit ́es pour appr ́ehender les processus et les contraintes inh ́erentes au syst`eme, concevant les mani`eres de ”co-naˆıtre” hors de l’univers d’incompr ́ehension habituel, capacit ́e ”alter-native” et nouvelle signification d’un savoir ancien : Ce n’est qu’en jouant le rˆole de moteurs pour la pluralisation/d ́emocratisation de la culture en France et de la culture fran ̧caise que les autres cultures de France peuvent esp ́erer se trouver elles-mˆemes(Cl.Sicre - T.M. 2000 - id ) .<br /> <br /> 6 Deltheillerie : Art Vivant d’Occitanie<br /> <br /> Par sa personnalit ́e Joseph Delteil incarne le mieux cette ouverture frater- nelle au fran ̧cais langue ́etrang`ere d’Occitanie, et patrimoine culturel, id ́ees, images, ou produits d’usages partag ́es qu’incorporent raison et langue aux mots concrets forg ́es, enracin ́es, par les habitants du terroir occitan. Ainsi ”Ce que tu rˆeves fais-le !..”(Delteil) slogan vivant d’un art de vivre sans complaisance, avec ironie et mˆeme l’insolence ”d’impertinent provincial” qui r ́epondait `a l’enquˆete de Breton sur le rˆeve, ”je ne rˆeve jamais”, suscitant par l`a une cinglante lettre de rupture du pape surr ́ealiste : je me suis assez bien m ́epris sur votre compte mais qu’`a cela ne tienne...la question serait de savoir si vous ˆetes un porc ou un con(ou un porc et un con).Dans l’alternative, je pr ́ef`ere bien entendu ne plus vous voir, ne plus vous avoir `a examiner, voyez Cocteau, `a prendre les mesures n ́ecessaires pour r ́eduire votre activit ́e `a ses justes proportions, ce qui tout de mˆeme, vous n’y songez pas assez, est en mon pouvoir. lettre `a laquelle Delteil r ́epondit avec humour, pr ́ef ́erer ”l’avoir re ̧cue que de l’avoir ́ecrite”. Delteil va exprimer la vraie nature de ses rapports au fran ̧cais dans une pr ́eface `a ”N`ostre S ́enher lo segond” :”Bien suˆr, j’avais toujours soup ̧conn ́e que je n’ ́etais pas dans mes souliers en fran ̧cais. Comme si la gorge faite pour l’oc et le mamouth se sentait toute emberlificot ́ee de miel. Non que je fisse l’effort pour avaler la pi- lule, ni que je me contortionnasse `a souhait. Mais...allons , je n’ai jamais su ́ecrire le fran ̧cais comme un Fran ̧cais de France, avec grˆace et plaisir, comme on respire et comme on chie. La langue fran ̧caise m’est toujours apparue comme un obstacle `a franchir, la chose `a conqu ́erir, comme l’ennemi. A battre par tous les moyens, de ruse ou de force., Jos`ep a l’occitan dans la peau!..C’est que j’ai deux langages, l’un tout natrurel et comme consubstantiel que j’ai port ́e au monde avec moi, dans mes g`enes et dans mes veines,suc ́e sur les l`evres de ma m`ere...c’est l’occitan. Et l’autre tout accidentel que j’ai ́etudi ́e un beau jour par hasard sur les bancs de l’ ́ecole, `a l’insu de ma partie physique `a l’ˆage de cinq ans, et qui s’est superpos ́e et pour ainsi dire greff ́e sur le premier, avec plus ou moins de bonheur, mais qui m’est toujours rest ́e un peu bizarre et comme ́etran- ger : et c’est le fran ̧cais.. passeur de litt ́erature contre l’exotisme r ́egionaliste, grand alchimiste des soleils absents du mot `a mot et des paraboles impossibles `a traduire, sans trahir le ”patois maternel” dans le gros sel national d’une langue ”punitaire” voulant ignorer que l’occitan avait ́et ́e jadis, au XIII`eme si`ecle, une<br /> <br /> 11<br /> <br /> <br /> <br /> des premi`eres langues du monde. Hymne des berges de fleuves indociles, Tarn, Garonne, Aveyron, Ari`ege,.. langue des chansons de Gaston Phoebus ou` plane l’ombre secr`ete des montagnes, Aquelos mountanhos / qu ́e tant naoutos soun... Peuple du Midi attach ́e `a sa terre, au rugby, Sud-terran ́eens au carrefour de l’Orient et de l’occident...<br /> <br /> Delteil proph`etisait sans doute quand face aux d ́ebuts de la construction eu- rop ́eenne, il d ́eclarait la disparition programm ́ee des nations- ́etats au profit de communaut ́es plus larges : ”il faut que les Etats ali`enent au profit d’un Sur ́etat une partie de leur souverainet ́e..” Au carrefour des civilsations et des cultures, l’Occitanie n’est pas un repli diff ́erentialiste dans le r ́egionalisme, ni le triomphe folklorique de gestes barri`eres traditionnels, mais fraternit ́e ouverte de langue portant l’horizon d’une libert ́e qui contient toutes les libert ́es... r ́esistance int ́e- rieure `a l’assaut des caricatures d’un monde ”d ́enatur ́e”, falsifi ́e, et qu’habite un rˆeve occitan fid`ele lui-mˆeme, dans sa ”langue d’instinct”. Ondes ”pal ́eolithiques” et intelligence critique, paroles sans artifices de la Deltheillerie comme h ́edonisme subtil d’une pens ́ee pour sauver l’occitan des m ́efaits d’artifices fran ̧cais. L’hu- manit ́e ́egale ici la vie des hommes d’aujourd’hui aux pr ́ecurseurs hors d’ˆage : Non qu’on veuille na ̈ıvement retourner en arri`ere. Halte-l`a!Primitif, originel n’ont rien de commun avec ces vocables sentimentaux : jadis, nagu`ere, autre- fois. On me dit que certains, au mot de pal ́eolithique, me prennent pour un Pitjantjara...Et l’humour, Messieurs! Simplement je refuse de devenir un ou- til comme un autre, un simple agent de production.(Pr ́efac ”Pour le Mus ́ee des vieux outils du Docteur Michel”). Avec l’oeuvre de J.Delteil la preuve du ”pa- tois” hallucine l’Occitanie, printemps pal ́eolithique d’un ”sacrifice” enfoui pour retrouver l’occitan sur ses terres, Vie qui hante le futur dans sa langue.<br /> <br /> 7 Punctum remotum, punctum proximum : sur le fil du ”rien”, de l’Occitan au Fran ̧cais.<br /> <br /> La po ́esie ́eloigne des vieilles confusions entre les mots et les choses ; Serge Pey, dans ”Nihil et Consolamentum” retrouve le feu h ́er ́esiarque du ”Double et du Divisible” avec toute la pertinence inactuelle et le m ́erite intempestif d’une langue ́eblouie des ”Orients d’Occitanie” et du Monde. Survenue d’autres temps pour aujourd’hui, bˆatons et po`emes cathares, n’ont rien d’un sch ́ematisme mi- litant, car le ”fraile del poema monosilabic” fait vivre le po`eme dans les frissons d’une double-langue ou` l’ˆetre dicte ses v ́erit ́es contrastives pour ́egaler l’histoire `a son destin. Risque po ́etique du langage surprenant et libre, dont l’accent palpite d’un v ́ecu ”anarchronique” de la vie, ou` ”La marque du po`eme reste l’inconnu qui retourne sa langue”. Le po`ete naˆıt du po`eme, non pour ́egarer ou ́econduire, mais pour partager avec l’autre cette appartenance au dire ou` ”La force d’une id ́ee peut exploser tr`es loin dans l’Histoire”(N et C). Ici la libert ́e de dire ne finit pas ou` commence celle de l’autre, mais commence ou` commence l’autre<br /> <br /> 12<br /> <br /> <br /> <br /> d’une libert ́e, contre-dire po ́etique `a la fermeture sur soi et `a l’auto-affirmation captive. Plus qu’esth ́etique d’une propri ́et ́e priv ́e du dire, ́ethique publique d’un partage : ”Dans ce po`eme, Nihil et Consolamentum, que j’ai dit mille fois en Occitan et en Fran ̧cais devant les publics assassin ́es du po`eme, je n’ai pas d ́e- fendu l’esth ́etique d’une langue, mais son ́ethique”(N et C). Loin d’admirations apolog ́etiques et des rh ́etoriques avides de succ`es, ou` l’incapacit ́e critique de sophistes rus ́es produit le vide diffus d’un oubli de l’ˆetre, la po ́esie de S.Pey res- titue le dialogue des sentiers conduisant l’amour vers ”l’Inaccessible Etoile”. Fils de Garonne, et r ́ecusant l’autor ́ep ́etition ́epigonale des suiveurs, un cort`ege de questions ouvertes guide cette pens ́ee, du r ́eel au possible et mˆeme si ”La po ́esie est toujours au prix d’une Eurydice. Nous sommes `a la recherche des gouffres pour trouver ce que nous voulons aimer”. Tel est le d ́efi qui d ́epasse les mots; ́etat de grˆace qu’annule la pens ́ee, ou choix d’une volont ́e de signification, dont le ”Fr`ere Monosilabic” d ́etache le ton d’un pourquoi ́etrange, ”Castan qui pro- ph ́etisait depuis Montauban, me dit un jour, que parler de la Garonne dans l’Oc de ses berges avait une autre saveur qu’en Fran ̧cais”(N et C). Ainsi inclure une langue d’usage dont le rythme discursif atteste d’actes et d’hommes, n’a ”rien” de communicationnel, et ne saurait traduire les termes d’un ́etat de ruines sous les mots, mais le vrai discours du sang qui coule dans le sous-sol des terroirs. Car ce fil du ”Rien” qui tresse l’absence au d ́esir, d ́elimite les contours vides d’une col`ere r ́eparatrice, retour par quoi l’ˆetre advient au monde du po`eme, ”L’occitan fut pour moi une langue de vengeance, une bouche de r ́eparation historique, un claquement d’amygdales de justice, non pas le rapport `a une beaut ́e privil ́egi ́ee. Ou alors cette beaut ́e viendrait de cette geste comme une main pleine de salives. La po ́esie est aussi une pens ́ee.”(N et C).<br /> <br /> Inanit ́e tragique d’une beaut ́e qu’excite la bave absolue des dieux du n ́eant, ant ́eriorit ́e sur la n ́egation pour prˆecher cette soif virtuelle d’absurdit ́e de ”l’amour- guerre des langues” et op ́eration obscure des logiques du rien, quand l’exp ́erience cr ́eatrice doit supprimer toute ́eternit ́e substitutive de l’id ́ee ou` l’intelligence fuit d’un objet `a l’autre, et de l’Occitan au Fran ̧cais. La pr ́ef ́erence de l’Occitan ou du Fran ̧cais s’acquitte d’une absence qu’elle cherche dans une pr ́esence qu’elle trouve et qui remplace les termes :”Pour l’Occitan et le Fran ̧cais c’est la mˆeme lutte dans les postures. Que voulait bien me dire F ́elix sur cette langue qu’il aimait contre le Fran ̧cais. Dans notre amiti ́e, il y eut, durant un moment une bifurcation ou` deux bouches se mirent `a parler avec la langue fourchue du ser- pent”(N et C). Tour du Monde et Babelisation, ou` chaque langue peut supposer par son effacement dans l’autre la disparition consentie d’un ordre de repr ́esenta- tion sous un nouvel ordre d’identification ; place et lieu d’un maintien de l’ordre qu’un esprit ind ́efini po ́etise en discours de ruptures. Ici le sujet est celui qui re- pr ́esente le signifiant pour un autre sujet(autre de l’autre) et non pour un autre signifiant ; abolition de l’esclavage du signifiant par ce ”rien” continu/discontinu, ou` le po`ete doit abandonner toute irr ́esolution vide, pour une r ́evolution cr ́eatrice et non sa po ́etisation, pour une po ́etique politique d’interaction et de traduction en ”pluri-langue occitane”.<br /> <br /> 13<br /> <br /> <br /> <br /> Entends le Rien<br /> <br /> retourne la voix et le voir de l’oeil<br /> <br /> le Rien qui cherche<br /> <br /> sa bouche<br /> <br /> le Rien qui se r ́eveille<br /> <br /> dans le mˆeme corps Entends<br /> <br /> cette lampe allum ́ee<br /> <br /> qui perd la lumi`ere et convertit le visible<br /> <br /> Feuille rouge sur l’automne<br /> <br /> Nous tra ̧cons une main qui habite<br /> <br /> `a l a fi n d e<br /> <br /> l’Alpha et de l’oiseau<br /> <br /> Et la lumi`ere<br /> <br /> luit dans les t ́en`ebres<br /> <br /> Auja lo Res<br /> <br /> revira la votz<br /> <br /> e lo v ́eser de l’hu`elh<br /> <br /> lo Res en c`erca de<br /> <br /> sa boca<br /> <br /> lo Res<br /> <br /> que se desp`erta<br /> <br /> dins lo meteis c`os Auja<br /> <br /> aqueste lum<br /> <br /> alucat<br /> <br /> qu’escampa la luz<br /> <br /> e tresmuda ̧c`o vesent<br /> <br /> Fu`elha roja sus la devalada<br /> <br /> Tiram una man que dem`ora en l’o`me a la perfin<br /> <br /> de l’Alfa` e de l’auc`el<br /> <br /> E la lutz lus`ıs paer la tenebrar<br /> <br /> 8 Salut aux Damn ́es du Silence Occitan<br /> <br /> poder causir son tems per n`aisser Mas tr`op suy vengutz als derriers Coma las femnas nusas d’Acras, coma los Templiers sul lenhier. Un co`p que la m`ortespasada,lodarri`ervalbenlo premi`er...<br /> <br /> (Bodon - l’Eternitat)<br /> <br /> pouvoir choisir son temps pour naˆıtre ! Mais je suis dans les derniers, trop tard arriv ́e<br /> <br /> Comme les femmesnues d’Acre, comme les Templiers sur le bucher. Une fois que<br /> <br /> la mort est pass ́ee, le dernier vaut bien le premier<br /> <br /> La grammaire et l’Oc-tographe font l’objet de codifications et d’arrˆet ́es, in- dispensables `a une langue standard anonyme et impersonnelle, traduisant les ”habitus” pour servir d’usage officiel, langue correcte qui se veut sup ́erieure sou-<br /> <br /> 14<br /> <br /> <br /> <br /> vent, favorisant la d ́evaluation du parler en fabrique de non-sens du sens, par similitudes de ”trahisons” d’une langue vivante locale en langue normalis ́ee de nulle part. Ignorante de toute alt ́erit ́e sp ́ecifique et sans autre qualit ́e que celle assign ́ee `a la communication, au m ́epris des propri ́et ́es contextuelles du terroir propres aux vrais locuteurs. La bureaucratie linguistique efface ainsi la sensibi- lit ́e v ́ecue, tout en rel`eguant le ”jargon” et en quelque sorte, mettant le ”charabia” devant les ”bof-ficiels !”... d’ou` l’exigence du choix dialecte/langue selon le bilin- guisme d’appartenance de l’inter-locuteur, mais aussi violence de l’interdiction politique d’usage public officiel des langues minoritaires issues des provinces. L’arbitraire devient ici l’usage dominant du langage populaire, ou langue des domin ́es en g ́en ́eral, qui ”se” doit de pratiquer les rapports de force symboliques, diff ́erences de confrontations sociolinguistiquement pertinentes.<br /> <br /> L’impudeur du verbalisme transforme cette violence que recueillent les po`etes en rupture avec l’esth ́etisme pr ́esent chez les ennemis des ”parlers”(partisans d’un patois !.. ni moi !...), et souvent propagandistes de l’oubli paisible afin de mieux ”conjurer”la r ́epression active d’une langue ”h ́er ́etique”mise au tombeau. Sur les buˆchers du Non-po`eme ou` chaque voix d’antan affine sans faillir une implacable solitude sarcastique, lucide mise `a feu qui r ́etablit les v ́erit ́es ontologiques, ins- tants du face `a face hors des calomnies historiques. La fin du confinement culturel de l’occitan acc ́el`ere le relais des mots dans un tourbillon fraternel de langues, si le bilinguisme hante l’image d’un monde aboli, ”un pa ̈ıs que mor`ıs”(CL.Marti), la trace du pass ́e ne fera jamais diversion aux d ́efis futurs, printemps d’aubes ou` brille ce rien d’autrefois, m ́emoire de sources et mouvement d’ ́etoiles ́eternelles, m ́etamorphoses de n ́eants accomplis sous les n ́eons d’enseignes ... transubstan- tations de langues fraternelles et v ́ecus profanes en habits neufs d’Occitanie...<br /> <br /> Monts ́egur : mot invisible et montagne du nom<br /> <br /> L’obscur fa ̧conne nos couteaux / bruits d ́eguis ́es en fontaines / plong ́es jus- qu’aux seins de neiges porteuses / et pour servir leur nombre immobile / formes estropi ́ees en ce choc de raideurs poudreuses / `a descendre les pentes du blas- ph`eme / avec l’air somptueux de moulins `a pri`eres / chaque jour porte une esquille de rose / par blocs de paroles bless ́ees / et tandis que la plaine brille d’un cri sans d ́esir / sur les vieux rocs d’enfances ́egratign ́ees / sur nos yeux de broussailles une pesanteur vide l’heure ou` n’existe plus l’autrefois<br /> <br /> Retir ́ees dans son nom / respiration unique qu’efface l’humeur des mon- tagnes / les choses se donnent avec leur poids imminent / d ́eferlant de poumons expiatoires / oppresseurs d’amplitudes et mouvements qu’une bienveillance ran- ̧conne / quand l’ ́elan cordial finit par haleter de joie / ainsi naissent les parent ́es qu’abrite l’abˆıme / et dans ce rien ́etal ́e / le monde ne sait pas encore comment tordre le cou / ni fondre le temps geignard des racines qu’une nuit arrache aux planchers de l’antre / crˆanes d’immeubles et pr ́ecipices d ́ecoup ́es en toute hˆate / de petits meurtres entaill ́es dans le ciel `a la hache<br /> <br /> 15<br /> <br /> <br /> <br /> Nos col`eres n’ont pas suffi pour ́eriger l’obstacle / ni la force pour mesurer la nuit / une pierre prise `a l’instant poursuit sa chute libre / car qui ose parler ne peut trahir / l’ ́echo rend impossible ce silence inoccup ́e / traces v ́en ́er ́ees des sagesses / tout l’inaccompli d ́enonce le faux / usages grandioses du recul face `a l’impr ́evisible / une secousse distingue l’infime qu’agrippent nos mains / trem- blantes en ce rien qui fuit un pr ́esent impavide / telle est cette fiert ́e qu’irrite nos couronnes sauvages / fruit b ́eant greff ́e d’ ́eternit ́e sur la tombe des mots<br /> <br /> L’impensable furie ́etire son profil / m`ere puissante d’obsessions conquises aux sacrifices d’hommes / et ceux-l`a-mˆemes ne survivront plus / r ́eussites inven- tives refermant la blessure des calices / terres dispersant l’ ́etendue de quelques v ́erit ́es honteuses / et succ`es d’avortons disciplin ́es / suspens de minutes / les petits trots d’esclaves rivalisent d’insolences / contents de leurs gazouillis d’ho- monculus / ́etymologies d’hygi`enes compromises sous l’ ́etrange sant ́e que gas- pillent les morts / ainsi leurs l`evres difformes sourient pour inscrire la geste de dieux ressuscit ́es sans paroles<br /> <br /> L’ennemi tient l’amande bleu sous sa tunique d’airain / le fr`ere du roi d ́e- compte les boucles qu’aigrit l’aube sans cheveux / Ingrat conseiller d’apparences terribles / l’informe travaille le rebord vivant des mati`eres / sa pauvret ́e inspire doucement l’ ́ecrin des palaces / une vie s’y engloutit / et lov ́ee dans ses joues / l’ind ́eniable moignon du cristal craint la mort provisoire / l’angoisse accom- pagne nos haltes / sonnant le toccin des poussi`eres en croisant les doigts / bois bruˆl ́e aux lumi`eres affranchies d’insidieux amours / parmi les vieilles torches / cendres d’h ́esitations invisibles ou` papillonne la prison des flammes<br /> <br /> D ́ecoratif et mensonger / un masque veille l’honneur pompeux des futurs / dernier mot laissant au regard naturel ce dessus vague de souffles enrag ́es / souffrance h ́eriss ́ee d’appels solitaires / et plaintes inhabitables dress ́ees sur le seuil / ici nos demeures vident l’espoir bˆatisseur / le cri conscient d’une pluie ne peut convaincre ces piti ́es grotesques / fractures accouch ́ees / ou` l’ ́echec suffit lui-mˆeme au renoncement m ́ecanique d’obstinations assagies / bruit sec pr ́eci- pitant chez nous une souplesse d’ombre / origine n ́ee des cendres et nom mˆel ́e au grain entier qui poss`ede l’homme / Monts ́egur surgit de n ́eants immortels / sable et sang des l ́egendes<br /> <br /> Salut aux Occitanien des temps Avenir !... bernard ferr ́e
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