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Mescladis e còps de gula
Mescladis e còps de gula
  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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19 mars 2012

Pourquoi manifesterons-nous le 31 mars 2012 ?

kemper_manif1

 

Pourquoi manifesterons-nous le 31 mars 2012 ?

 

            Nous irons donc manifester à Toulouse le 31 mars prochain, à l’appel d’Anem òc, qui rassemble une partie conséquente des associations dont la raison d’être est la défense et la transmission de l’occitan. Nous irons, comme nous l’avons déjà fait, une fois à Béziers (2007) et deux fois à Carcassonne (2005 et 2009), pour exiger des politiques publiques en faveur de l’occitan et réclamer une loi de tutelle pour les langues régionales. Vu la situation catastrophique de la langue, le peu, sinon l’absence d’engagement des élus, les multiples entraves mises au développement de l’enseignement et de la présence médiatique de l’occitan, vu le silence assourdissant et même le tabou qui entoure en France la question du droit des citoyens au bilinguisme et au plurilinguisme, manifester est vraiment le minimum que nous puissions faire.

            Pour ma part, j’ai tout de même, pour cette quatrième grande manifestation bis ou trisannuelle dans une ville languedocienne, comme un sentiment fâcheux de routine.

            En effet, j’ai bien du mal à oublier que les fois précédentes, nos déambulations, malgré le nombre de manifestants, n’avaient donné lieu à aucune couverture médiatique conséquente et à aucun moment ne permirent le début du commencement du moindre débat public sur la question de l’avenir de nos langues. Au-delà des villes concernées (et bien sûr du petit monde de l’occitanisme), je ne cessais de rencontrer des gens, y compris dans les zones occitanophones, qui n’avaient absolument pas entendu parler de nos efforts pour faire entendre nos revendications, voire qui ne connaissaient pas même l’existence de quelque chose comme de langues régionales parlées aujourd’hui en France (hormis une vague notion, dans un passé lointain, de « patois » indéterminés parlés par des populations rurales), dont la pratique de fait, est devenue quasi clandestine, malgré nos efforts. C’est le sinistre constat que chacun peut faire en parlant un peu largement autour de lui.

            C’est pourquoi j’avais appelé de mes vœux une manifestation unitaire avec les autres langues de France à Paris, et y compris, bien sûr, les langues non territorialisées (j’y reviendrai).

 

Un cap décisif ?

            Il y a cette année une différence de taille, sur laquelle il faut s’arrêter. Le même samedi 31 mars d’autres manifestations auront lieu, un peu partout où les langues historiques de France luttent pour leur survie. La coordination de toutes ses initiatives semble très défaillante. Ce n’est pas sur le site d’Anem òc que vous trouverez la moindre référence. La Setmana (n° 857), qui y consacre deux pages, ne fait état que d’une partie seulement de ces manifestations, de forme et d’ambition très variables. Mais j’ai pu voir que c’était la même chose chez les Bretons (voir le site Deomp de’i – « Allons », manifestement inspiré de Anem òc – qui signale, sans plus, les manifestations de « Tolosa, Baiona, Kemper, Perpinyà, Aiacciu, Strassburg »). Quant aux autres, ils se montrent plus encore évasifs…

            Le seul site, à ma connaissance, qui présente l’ensemble des initiatives prévues pour ce jour est celui de langues régionales.org, qu’il faut saluer, car il est vraiment devenu indispensable. Il y aura en fait des manifestations de types variés à Ajaccio, Bayonne, Poitiers, Strasbourg, Lille, Metz, Perpignan, Annecy et… Maussane-les-Alpilles.

            Eh oui (commençons par le dernier lieu que j’ai cité), vous l’avez déjà deviné ! le Collectif Prouvènço profite de l’occasion pour organiser des Assises de la langues et de la culture provençale et lancer une campagne pour l’inscription de la « langue » provençale au patrimoine mondial de l’humanité. Je constate seulement que le Collectif a bien besoin de nous, ceux qu’ils appellent avec mépris les « occitans » (rappelons que notre crime est d’oser considérer que le provençal appartient à la même langue que les autres dialectes d’oc), pour leur suggérer des idées et leur fixer des dates.

            Au-delà de ce stupide conflit, que nous traînerons encore comme un boulet lorsque plus personne ne parlera plus ni provençal, ni languedocien, ni limousin (etc.), il faut souligner toutes les autres initiatives, qui concernent une grande partie des langues historiques de la France métropolitaine (Corse comprise évidemment ; par contre je n’ai trouvé aucune proposition pour les DOM-TOM), mêmes si elles sont parfois bien modestes. On aurait pu attendre des Corses, par exemple, un peu plus que l’organisation d’une chaîne humaine autour de la préfecture d’Aiacciu, et des Catalans un peu plus qu’un LipDub – en catalan dans le texte – autour de la chanson Parlem català (ce n’est évidemment pas ici le lieu de répandre mon fiel sur ces affligeantes vidéos de séance de karaoké collectif). Je note en tout cas avec grand plaisir et intérêt les initiatives pour le poitevin-saintongeais à Poitiers (voir le site Défense et promotion des langues d’oïl) et pour le franco-provençal à Annecy Bonlieu – « Acouet pè nutra lengua ! ». A Metz, on se réunira sur le parvis de la gare en faveur « du lothringer Platt /Hochdeutsch, du luxembourgeois et du lorrain roman» (formulation et liste peu claire d'ailleurs) et une manifestation aura lieu à Lille pour l’enseignement du flamand de France. Des manifestations plus importantes sont attendues à Quimper, Bayonne et Strasbourg.

            Même si la coordination de l’ensemble, du moins dans sa visibilité, laisse pour le moins à désirer, cette concentration d’événements sur une même journée est une grande nouveauté, peut-être, je l’espère, s’agit-il d’un cap décisif pour les luttes à venir.

 

Paris vaut bien une masse

 

            Pour ma part, je n’en démords pas. Évidemment, il faut se monter et s’affirmer chez soi – à quand d’ailleurs une manifestation, une action, quelque chose en Limousin ? – et le faire de manière concertée est une excellente chose. Mais nous devrions, nous devons, absolument, aller à Paris, et mai d’un còp, pas qu’une fois !

            La revisitation de la saga du Larzac, à l’occasion du film de Christian Rouaud, a achevé de m’en convaincre. Le voyage à Paris de janvier 1973 a en effet joué un rôle décisif pour la publicité et l’efficacité du mouvement. Nous voulons combattre le centralisme culturel et linguistique ? Il faut évidemment se faire entendre aussi au centre lui-même, sinon nous continuerons à ne rien représenter, à ne pas exister au niveau national. Du reste, nous ne pouvons certes pas prétendre que nous nous détournons volontairement du national et de la capitale, puisque, justement, c’est de là que nous continuons à tout attendre. Ne réclamons-nous pas à cor et à cri une « loi » ? Dans la mesure où nous ne contestons pas la légitimité du parlement national et de sa situation géographique (à vrai dire, nous ne pouvons même pas penser qu’il puisse en aller autrement), c’est évidemment à Paris, devant la chambre des députés qu’il faut faire entendre nos voix.

            Ce n’est pas seulement une question de stratégie, mais aussi d’idéologie, au sens le plus large, au sens où les choix que nous faisons engagent la représentation que nous nous donnons du statut et de la vocation de nos langues. Or en manifestant chacun dans son coin, cadun dins son canton, sur son propre territoire historique et pas au-delà, nous acceptons de fait la relégation des questions linguistiques aux espaces régionaux, telle que l’envisage la très symbolique et très inutile reconnaissance constitutionnelle (art. 75-1 au titre des collectivités territoriales) et en acceptant de fait – ce qui est le pire – l’assignation de nos revendications au régionalisme et au localisme, sinon au communautarisme honni.

 

Deux oublis majeurs

            La question majeure, pour ces manifestations du 31 mars, est bien sûr celle des revendications et celles-ci sont étroitement liées, à mon sens, à l’option choisie de manifester chacun chez soi. La plupart de ces appels présentent comme revendication première l'adoption d’une « loi » (à l’exception notable de celui du Collectif Prouvènço), d’ailleurs de manière assez floue et incantatoire. Soit la déclaration de Anem òc, qui figure sur tous les tracts : « Nous voulons une loi qui donne un véritable statut juridique aux langues régionales. Une loi qui permette la mise en place effective, pour l’occitan, d’une politique linguistique publique cohérente et volontariste pour son développement sur l’ensemble de l’espace occitan. Il faut donc, sur le territoire où se parle l’occitan, créer un environnement favorable à l’enseignement de et dans cette langue. ». Très bien, on ne peut qu’être globalement d’accord, mais je note, dans cette formulation, deux manques évidemment volontaires qui me semblent des plus inquiétants :

1- D’abord la disparition de ce qui avait été par le passé l’une de nos revendications majeures : la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Pourquoi ? Aucune raison n’est donnée, dans les documents d’Anem òc ni - à ma connaissance - de la part des organisations qui le constituent. Les militants de base, dont je fais partie, s’interrogent… Pourquoi ce renoncement ? Parce que l’Europe ne fait plus recette ? Parce que nous nous résignons à ne plus nous battre pour nos langues que dans le carcan national ? C’est étonnant, tout de même, à l’heure où le candidat le mieux disposé pour remporter les élections présidentielles a justement placé cette ratification à son programme… On nous dira, comme l’a fait récemment le constitutionnaliste Guy Carcassonne, que l’initiative sera retoquée par le Conseil constitutionnel, mais cela n’est évidemment pas une raison pour cesser de revendiquer une adhésion qui nous paraissait, hier encore, entièrement justifiée et même minimale. Il est vrai aussi que d’aucuns, le Front de Gauche pour ne pas le nommer, déclarent vouloir carrément imposer, en même temps qu’une révision de la Constitution (en effet nécessaire pour débloquer la situation), une révision de la Charte, que presque tous les autres pays de la communauté européenne ont pourtant adopté. Cette exigence est tout à fait ridicule et signifie en réalité que l’on veut envoyer promener le projet européen de reconnaissance des langues et cultures minoritaires pour se replier sur la forteresse hexagonale d’où le concept de minorité est banni par décret. Sur ce point, malgré ses progrès électoraux fulgurants (j’ai du mal à ne pas rire) sur la question des langues régionales, Mélenchon reste inflexible.

            Mais je m'adresse ici aux militants culturels, non aux comités de soutien des candidats à la présidence : pourquoi et comment avons-nous renoncé à la revendication à travers laquelle nous nous reconnaissions dans une action européenne, un projet d’ouverture et de collaboration internationales et interrégionales, par delà des frontières réelles et symboliques de la nation ?

             D'ailleurs, à propos de frontières et d'Europe, je note une autre chose très dommageable : le fait que rien, dans l'appel, ne puisse concerner les occitans d'Italie et de Val d'Aran (voir à ce sujet le juste dépit exprimé par Ines Cavalcanti de Chambra d'Oc, dans la Setmana, n° 2011).

2- L’autre absence concerne la question déjà abordée de la prise en considération de la question des langues historiques de France au niveau national, au-delà des territoires dans lesquels on a décidé – il y a donc désormais une sorte de consensus à ce sujet – de les confiner, alors que les locuteurs, eux, depuis maintenant longtemps, n’ont cessé de changer en grand nombre de lieux de vie. Il n’est donc pas question de prendre cette donnée essentielle de la mobilité des citoyens en compte, étant désormais manifestement accepté par la plupart des organisations que l’usage de leur langue n’est légitime que dans son bassin historique.

            Qui plus est, certaines de ces langues « historiques » de France, n’ont jamais été territorialisées. Je pense en particulier à la langue rom, présente dans ses variantes depuis des siècles en France et parlée par des locuteurs dont la plupart sont des citoyens français depuis plus longtemps que la plupart d’entre nous. Pour moi la chose est claire. Le fait que la plate-forme des langues de France ne les intègre pas, que nous n’en parlions jamais dans nos projets de manifestation, entérine l’ostracisme et, disons-le, le racisme dont les Roms sont victimes.

            Cette question en appelle une autre, qui est celle de l’articulation des revendications des langues historiques avec celles des langues de l’immigration (dont un certain nombre figurent dans la liste officielle des « langues de France »), qui de fait, avec le temps, deviennent elle-même « historiques » (terme en vérité maladroit pour signifier qu’une langue est présente depuis longtemps sur un territoire, mais à partir de combien de temps peut-on dire « longtemps »). Là aussi, la question est taboue ; presque tous les responsables jurent leurs grands dieux (le pire étant qu’ils sont souvent de bonne foi) qu’il s’agit de maintenir la distinction la plus nette, la plus tranchée, la plus définitive entre les langues d’ici et les langues d’ailleurs, les idiomes indigènes et les parlers exogènes. Bien sûr que la distinction s’impose, car nos langues dites régionales pour la plupart ne sont parlées, de manière un tant soit peu étendue, nulle part ailleurs qu’en France. Mais cette insistance à tenir ce partage est pleine de sous-entendus peu reluisants. C’est comme s’il fallait éviter de prêter le flanc au moindre soupçon d’islamophilie et autres tares xénophiles rédhibitoires ! Nous sommes pourtant nombreux à penser que, quelle que soit la spécificité des langues historiques ou indigènes de France, la question du plurilinguisme englobe nécessairement les langues de l’immigration et pour notre part, nous n’aurions certainement pas honte, nous ne serions pas gênés, nous serions même fiers de manifester avec les arabophones, les berbérophones, les Roms et les autres.

 

Es sur la Talvera qu’es la vertat

            Ces deux manquements majeurs ont été relevés à juste titre dans la proposition du CREO (Centre Régional pour l’Enseignement de l’Occitan) de la Talvera d’Île-de-France, auquel je suis très fier d’appartenir (certes, un peu de loin, résidant en Limousin, mais travaillant à Paris) et à laquelle, manifestement, Anem òc n’a pas donné suite. Je me permets de citer les propositions de modifications apportée à l’appel car, sans avoir participé à leur rédaction je m’y reconnais tout à fait : « Nous voulons une modification de l’article 2 de la Constitution qui reconnaisse la place légitime des Langues de France aux côtés de la langue française, et qui permette la ratification par l’État français de la Charte Européenne des Langues Régionales ou Minoritaires. Nous voulons également l’adoption d’une loi qui confère aux langues de France un véritable statut juridique. Une loi qui permette la mise en place effective, pour toutes les langues régionales, d’une politique linguistique publique cohérente et volontariste pour leur développement sur l’ensemble du territoire français, incluant, notamment, la prise en compte de cette réalité multilingue pour l’enseignement du français ».

            La proposition reprend ensuite l’exigence d’Anem òc d’un effort conséquent pour le développement de la langue sur le territoire historique où la langue est parlée. Je le précise, pour insister sur le fait que l’on est loin ici du projet de Claude Sicre de nationalisation des langues de France qui se traduit, à mon sens de manière irréaliste et tout à fait insatisfaisante, par la « généralisation à tous les Français d’une éducation à toutes les langues indigènes de France ».

            J’en profite pour signaler que le CREO de la Talvera se bat toujours pour le maintien du seul cours d’occitan existant dans un lycée de la région parisienne (le lycée Flora Tristan de Noisy-le-Grand), depuis 1976 , plus que jamais menacé de disparition et qui ne bénéficie pas de toutes les solidarités qu’il serait en droit d’attendre du mitan occitaniste (voir cependant la lettre que Philippe Martel pour la Felco a faite parvenir au ministre sur le sujet).   Face à l’adversité, le CREO ne s’avoue pas vaincu et fait une série de propositions pour le maintien de cet enseignement, mais aussi en vue de la création d’un établissement secondaire en Île-de-France où l’enseignement de l’occitan pourrait avoir une place à part entière et ne plus être sur le strapontin (éjectable) qu’il occupe actuellement. Cet établissement pourrait prendre la forme d’un « lycée des langues régionales » mais, tout aussi bien, d’un « lycée des langues de France », autrement dit, langues de l’immigration comprises (fort de l’expérience du lycée Flora Tristan où de nombreux inscrits de la classe d’occitan sont issus de l’immigration et choisissent ainsi l’apprentissage d’une seconde « langue de France » en sus du français), ou encore, un « Lycée des Langues Romanes d’Europe », en relation avec les programmes d’intercompréhension développés ces dernières années.

            Ces idées nous rappellent que si nous ne voulons pas disparaître, dans nos régions comme en Île-de-France, il nous faut nous montrer capables de propositions novatrices, qui associent la pratique de la langue minorée à d’autres pratiques linguistiques (et en intégrant bien sûr l’anglais), car nous vivons désormais dans un monde pluriel et le bouclage des frontières, que d’aucuns nous promettent, n’y changerait rien.

 

Jean-Pierre Cavaillé

 

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Commentaires
T
Avèz benlèu reçauput, coma ièu, la declaracion de la Coordinacion per la lenga occitana, aprèp la manif de Tolosa. S'intitola "Tolosa Capitada" e nos assabenta que tres candidats presents o representats a la manif (Eva Joly, presenta en prersona, Hollande e Bayrou representats), se son engajats per : 1- modificar la Constitucion, 2- ratificar la Carta Europenca e 3- fargar una lei per las lengas regionalas. Fòrça plan. Es a dire que se son engajats tanben per un punt (lo 2) qu'èra quitament pas present dins lo tèxte de la crida...<br /> <br /> Me pensi que nosautres, qu'avèm manifestat tanben per aquò, avèm bravament dreit a aquesta explicacion... Faire coma de res nos fa evidentament dobtar de la coeréncia e de la fisabilitat del coordinacion.
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M
Òc anirem....A Paris <br /> <br /> Bon d'accord avec Philippe Martel sur toute la ligne. Mais si nous habitons un pays a-democratique e surréaliste dans son universalisme, le second pays du grand mensonge permanent , il faut aussi dire qu'on a rarement à lire sur le sujet et que le constat se rencontre rarement. Qu'on soit de gauche ou de droite , on entend rarement dire que tout compte fait la gauche compte pour des prunes , dans la mythologie nationale. Et qu'elle défend le bilan comme une diablesse. Jaurès ah Jaurès, en tête de défilé, mort assassiné juste avant le début de la grande boucherie. La Commune? Comme il y a une foultitude d'historiens qui écrivent sans cesse sur le rôle irremplaçable de la France du nord au sud , d'est en ouest, comme à Me Cornille qui exporte à l'étranger , il m'a fallu du temps pour reprendre contact avec la réalité, et cette grosse part de vérité élémentaire . D'accord avec P Martel , à partir de là on fait quoi? Honnêtement je ne sais pas, j'en suis encore tout à mon bonheur d'avoir découvert la nudité du roi. Mais il faut bien dénoncer ce mensonge non? En priorité? <br /> <br /> Comme vous j'ai défilé à Toulouse le 31. La veille La Dépêche ne parlait que de la réussite incroyable du carnaval. Le jour même elle annonçait que 30000 manifestant étaient "attendus". Le lendemain elle a enfin dit que l'occitan c'est quelque chose. Elle a fait de la publicité "après". Un nouveau concept! Comme les médias parisiens d'ailleurs, les journaleux d'investigueishion... <br /> <br /> Quand j'ai vu la dépense incroyable d'énergie , de courage pour faire venir tout ce monde... Jeunes et vieux et même très vieux, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à une guerre d'usure...<br /> <br /> Alors selon Mr Giordan , il va falloir penser à monter à Paris , à défendre mordicus les autres langues de l'hexagone , d'accord d'accord .... Mais j'ai observé depuis 7 h00 du mat les efforts des calandretas sur la Place de l'Europe , "qui était divisée en deux par une barrière implacable", et laissait disponible une surface de 100m*150m environ. Et qu'à midi elle était loin d'être pleine, et que le jardin public tout proche était lui aussi grandement vide... Quand on repense à Bézièrs ! J'ai eu peur... Il n'y avait pas assez de bénévoles pour le service d'ordre . Les places des étals avaient été chamboulées au dernier moment . Un vrai merdier. <br /> <br /> Et puis les choses se sont mises en place. Des élus ont fait une apparition timide au tout début . Ils tataient le terrain sauf le maire de Maguelonne... Puis on ne les a plus vu . Puis ils sont ressortis quand le flot a rempli complètement la rue Alsace Lorraine , la bien nommée après le monument aux morts . Enfin les élus ont ressurgi. Cohen n'a fait aucune promesse. Bel a dit que si le Ps passait ils seraient en mesure d'inscrire une loi....Joly en a parlé. Et Malvy. <br /> <br /> Bref une énergie formidable des occitans qui viennent de remettre pour la quatrième fois le couvert????. <br /> <br /> Alors pourquoi ne pas proposer maintenant une délégation commune auprès des députés?, du sénat ? <br /> <br /> Oui maintenant . Pour toutes les langues . Mais par pitié ne demandez pas de monter à Paris pour un cinquième fois , et pour 1 jours et encore) de gloire jetable sous les feux variables des projecteurs parisiens... <br /> <br /> Ne vaut-il pas mieux commencer à dénoncer le miroir aux alouettes de cette Histoire , qui enthousiasme tant la gauche républicaine , citoyenne , perenne, laïque , civile, et j'oublais ah oui ... durablement équitable et....... aveugle ?
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T
En effet l'article d'Henri Giordan est à lire absolument.<br /> <br /> http://blogs.mediapart.fr/edition/les-langues-bien-commun-de-l-humanite/article/300312/les-defenseurs-des-langues-de-fran<br /> <br /> <br /> <br /> Ayant peur que son accès ne reste pas ouvert, j'en donne d'ailleurs volontiers copie :<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> La campagne présidentielle actuelle est une occasion pour reposer la question des langues régionales. Le samedi 31 mars, des manifestations sont prévues dans un nombre important de villes, à Ajaccio (langue corse), Annecy-Bonlieu (franco-provençal), Bayonne (basque), Perpignan (catalan), Metz (lothringer platt/hochdeutsch, luxembourgeois et lorrain roman), Poitiers (poitevin-saintongeais), Quimper (breton), Toulouse (occitan) et, pour la toute première fois, à Lille (flamand de France) et à Strasbourg (alsacien).<br /> <br /> <br /> <br /> Il faut rendre hommage à la ténacité et au dévouement des organisateurs et des militants grâce auxquels ces manifestations sont possibles. Depuis des décennies ces militants s’obstinent à apprendre, à utiliser, à se réapproprier, au prix d’efforts souvent considérables, des langues dont ils ne peuvent espérer retirer quelque bénéfice économique que ce soit. Pour la première fois, ils ont réussi à organiser ces manifestations, le même jour, sur l’ensemble de la France. C’est là une avancée importante. Samedi, il faut manifester avec eux.<br /> <br /> <br /> <br /> Cela dit, force est cependant de reconnaître que les organisateurs de ces manifestations ont du mal à se dégager d’un cadre qui caractérise notre époque : l’enfermement dans une logique nationale et le repli sur un espace étroitement régional.<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis, d’emblée, frappé par l’absence d’une manifestation à Paris. Cela est d’autant plus étonnant que ces manifestations ne s’adressent pas uniquement aux Pouvoirs locaux ou régionaux, mais bien aux Pouvoirs de la République : les revendications, une loi-cadre et la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires sont du ressort du Parlement ou de l’État.<br /> <br /> <br /> <br /> On peut imaginer que les forces des défenseurs des langues de France sont faibles dans la Capitale. Mais cette éventuelle faiblesse est très relative et il était possible d’organiser, depuis les différentes Régions, l’envoi de délégations pour une manifestation devant l’Assemble nationale, par exemple. Il faut voir autre chose dans cette étonnante lacune : le symptôme d’un mal plus profond.<br /> <br /> <br /> <br /> * * * <br /> <br /> <br /> <br /> Plusieurs faits attestent de cet horizon limité. Deux d’entre eux sont particulièrement significatifs de l’atmosphère étouffante dans laquelle nous vivons.<br /> <br /> <br /> <br /> L’Appel «Anem Òc ! per la lenga occitana !», par exemple, se borne à réclamer « une loi qui permette la mise en place effective, pour l’occitan, d’une politique linguistique publique cohérente et volontariste pour son développement sur l’ensemble de l’espace occitan ». Cette phrase semble anodine : elle oublie pourtant les Occitans de la région parisienne, qui luttent pour le maintien du seul cours d’occitan existant dans un lycée de la région parisienne, celui du lycée Flora Tristan de Noisy-le-Grand, plus que jamais menacé de disparition. Ce texte accepte sans sourciller la réforme de notre Constitution, votée en 2008, qui relègue les langues régionales dans le titre XII (art. 75-1) relatif aux collectivités territoriales et s’inscrit dans une logique de muséification en déclarant que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». Ce texte oublie aussi d’exiger la ratification de la Charte européenne. Enfin, cet appel ne mentionne même pas les Occitans d’Espagne et d’Italie ! Oubli qui, soit dit en passant, n’empêchera pas les représentants des Vallées occitanes d’Italie d’être présents à Toulouse avec une importante délégation.<br /> <br /> <br /> <br /> Cette attitude est vraiment inquiétante à un moment de crise de l’idée européenne. Il conviendrait, au contraire, d’affirmer avec force que la culture et l’espace et occitan, du Val d’Aran aux Vallées piémontaises, de Bordeaux à Nice, dessinent un espace européen qui pourrait être un laboratoire pour fonder une Europe sur les valeurs de respect de la diversité linguistique et culturelle dans la logique de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.<br /> <br /> <br /> <br /> Le second fait regrettable est l’oubli des langues des communautés qui font partie intégrante de la France, souvent depuis des siècles et parfois depuis moins longtemps, mais qu’importe ! Oubliées le rromani, langue des Roms ou Tsiganes, les créoles de nos concitoyens originaires des Antilles, de la Réunion ou de la Guyane, les langues juives, le yiddish et le judéo-espagnol, l’arménien, le berbère, l’arabe dialectal pour ne citer que les principales langues présentes dans la population française. Cet oubli est particulièrement grave : il conforte l’ostracisme et le racisme dont les locuteurs de ces langues sont trop souvent victimes.<br /> <br /> <br /> <br /> Ces positions d’acteurs en pointe dans le combat pour les langues régionales expliquent, sans la justifier, la tonalité des engagements des candidats à l’élection présidentielle. Les plus favorables, François Bayrou, François Hollande et Éva Joly promettent la ratification de la Charte européenne et une loi. Aucun cependant se s’engage sur la question des langues « non-territoriales ».<br /> <br /> <br /> <br /> Le repli des principaux défenseurs des langues régionales comme des principaux responsables politiques sur des choix étroitement patrimoniaux est particulièrement regrettable. La revendication associative comme l’engagement politique passe ainsi à côté de l’essentiel. On reste entre soi, blotti dans le cocon hexagonal, sans prendre conscience que la France, notre patrie, est ouverte sur le monde, se trouve devant l’impérieuse nécessité de contribuer à construire l’Europe du XXIe siècle.<br /> <br /> <br /> <br /> * * * <br /> <br /> <br /> <br /> Il faut aujourd’hui faire preuve d’imagination. Le devoir des responsables politiques, notre devoir de citoyens est de saisir la portée d’une reconnaissance des droits linguistiques de chaque communauté. Il est de dire quelle contribution à la compréhension de l’Autre et au dialogue entre les cultures ce choix comporte. La valorisation de la diversité linguistique, des langues territoriales comme des langues des communautés anciennes ou formées par les immigrations récentes, n’est pas une fantaisie de linguiste amoureux des langues. Cette valorisation est une contribution majeure à l’édification d’une culture de la paix.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans cette logique, il me paraît important de formuler une revendication qu’aucune association n’a songé à défendre, qu’aucun responsable politique n’a songé à inscrire dans une proposition de loi. Cette revendication est la suivante : pour gagner ce combat en faveur de la reconnaissance de la diversité linguistique, il est essentiel de mobiliser l’opinion publique la plus large. Et, pour réussir cette mobilisation, engager avec force une campagne d’information.<br /> <br /> <br /> <br /> Il faut que chacun puisse prendre conscience de ce que sont ces langues – le basque, le breton, le corse, l’occitan, le berbère, le rromani, le yiddish, etc. – de ce qu’elles ont apporté à la culture de l’humanité, de ce qu’elles apportent toujours et encore. <br /> <br /> <br /> <br /> Il est tout particulièrement urgent que tous les enfants de nos écoles, de la maternelle à l’université, puissent avoir accès à cette connaissance. Avant d’organiser l’enseignement de telle ou telle langue régionale ou minoritaire, il est essentiel que tous reçoivent cette information de base. C’est là le moyen le plus sûr d’en finir avec les préjugés et les stéréotypes qui dévalorisent ces langues.<br /> <br /> <br /> <br /> Une telle action, qui est de la responsabilité de l’Éducation nationale, ne demande pas des budgets considérables. Elle permettrait de faire évoluer les mentalités et de construire sur des bases nouvelles, pour la France et pour l’Europe, la culture de demain.<br /> <br /> <br /> <br /> Henri Giordan
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L
A lire :<br /> <br /> <br /> <br /> http://blogs.mediapart.fr/edition/les-langues-bien-commun-de-l-humanite/article/300312/les-defenseurs-des-langues-de-fran
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M
Melanchon a t-il changé?<br /> <br /> "Initiative inhabituelle, Jean-Luc Mélenchon a publié samedi un communiqué visant spécifiquement François Hollande et dénonçant la volonté du candidat PS de vouloir signer la Charte des langues régionales et de donner un pouvoir réglementaire aux régions. "Après avoir décidé l'inclusion du Concordat dans la Constitution, ces initiatives qui parcellisent l'application du droit dans la République créent une nouvelle division à gauche", écrit M. Mélenchon, alors que M. Hollande n'a pas dit autre chose que ce que son programme mentionne déjà sur la décentralisation".<br /> <br /> http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/03/26/le-camp-melenchon-plus-acerbe-face-a-la-campagne-tres-lisse-de-m-hollande_1675619_1471069.html
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