Genèse historique de l’autisme francophone
Godolin déclamant devant Molière, toile d'Edouard Debat-Ponsan
Genèse historique de l’autisme francophone
A propos de : Jean-François Courouau, Et non autrement. Marginalisation et résistance des langues de France (XVIe-XVIIe siècle), Genève, Droz, 2012.
J’avais déjà rendu compte du précédent livre de Jean-François Courouau, Moun Lengatge bèl, consacré aux « choix linguistiques minoritaires en France » entre 1490 et 1660 (voir ici même). L’auteur revient avec un nouveau livre portant sur la même période, mais il centre cette fois son attention sur la description du processus de marginalisation de toutes les langues autres en france, suivi de l’étude de deux des formes majeures de leur fragile mais obstinée persistance : l’édification religieuse et la poésie. En fait l’ouvrage s’emploie à faire la genèse de la raison pour laquelle, en régime français, « la place accordée à la variation linguistique, sous quelque forme que ce soit, est impensable » (p. 264), tout en constatant que dans un contexte aussi défavorable, les langues minoritaires ont pu malgré tout gagner, dans le royaume de la langue unique, une place, pour modeste qu’elle soit, dans l’expression écrite imprimée.
« Non autrement »
Courouau revient d’abord à l’interprétation du fameux article 111 de l’ordonnance de Villers-Cotterêts, en partant de son contexte général, marqué par une promotion tous azimuts du français, désormais largement dominant dans le monde de l’écrit (et donc de l’imprimé en plein développement), servi par la première génération des grammairiens. Dans ce contexte, les autres langues, en dehors du latin, ne constituent déjà plus, d’aucune façon, une concurrence sérieuse ; ce qui permet de comprendre pourquoi l’édit de 1539 les ignore, ou plutôt fait comme s’il les ignorait en adoptant la formule « en langaige maternel françois et non autrement ». En ceci le législateur se montre d’une « grande habileté », car « nommer serait revenu à faire exister ». La seule langue qui est encore utilisée de manière résiduelle dans le domaine juridique étant, comme on le sait bien, l’occitan (qui d’ailleurs, s’il avait été nommé ne l’aurait pas été ainsi, mais seulement par quelque terme générique et flou comme le « vulgaire » ou le « langage du pays » des contrées de droit écrit[1]), mais il n’y a aucune raison de laisser, une porte ne serait-ce qu’entrouverte, « à une langue sans prestige, sans écrivains reconnus, sans notables pour la défendre, sans pouvoir politique pour la promouvoir » (p. 64). Ainsi Courouau dit-il adhérer à l’interprétation défendue par Auguste Brun, qui pourtant tendait à accorder une importance exagérée à l’Ordonnance dans le processus de substitution[2]. Il me semble surtout parvenir à une position proche de celle développée par Gilles Boulard (cité par l’auteur)[3] et de celle défendue par Philippe Martel, plus tranchée, pour lequel l’occitan était bien tacitement visé par l’édit[4]. Pour ma part, j’avais essayé de montrer, ici même (Villers-Cotterêts et la langue qui n’avait pas de nom), que le génie de la formulation était de permettre une interprétation libérale (attestée à l’époque) incluant dans la formule « langage maternel français » la tolérance possible de scripta occitans, tout en laissant entendre que ceux-ci n’étaient plus souhaités ; la « langue du roi » s’imposant désormais en droit dans toutes les expressions du droit.
Partie gagnée
De toute façon la partie est déjà gagnée et les contemporains en ont parfaitement conscience. Dès 1530, comme le rappelle Courouau, l’anglais John Palsgrave, fait l’observation suivante : « There is no man of what parte of Fraunce so ever he be borne if he desyre that his writynges shulde be had in any estymacion but he writeth in suche language as they speke within the boundes that I have before rehersed. Nor there is no man that is a minister of their common wealth outher as a capitayne or in office of Iudicatoure[5] or as a famous preachour but where soever his abiding be he speketh the parfyte frenche »[6]. Trois décennies plus tard, un Ronsard, pourtant si élogieux envers les dialectes, ne se fait pas faute de rappeler à quel point le choix de la langue d’écriture est politiquement déterminé : « [je] ne fais point de doute que s’il y avoit encore en France des Ducs de Bourgongne, de Picardie, de Normandie, de Bretaigne, de Gascogne, qu’ilz ne desirassent pour l’honneur de leur altesse, que leurs subjetz escrivissent en la langue de leur païs natuel : car les Princes ne doivent estre moins curieux d’agrandir les bornes de leur empire, que d’estendre leur langage par toutes les nations : mais aujourd’huy pour ce que nostre France n’obeist qu’à un seul Roy, nous sommes contraincts si nous voulons parvenir à quelque honneur, de parler son langage, autrement nostre labeur, tant fust-il honorable & parfaict, seroit estimé peu de chose, ou (peult estre) totalement méprisé », Abrégé de l’art poétique (1565).
Fausses fenêtres
Le processus de marginalisation des langues est ainsi une « évolution socio-culturelle » ; pour comprendre celle-ci, nous dit Courouau, il convient de se libérer d’une série de fausses oppositions : d’abord d’un supposé antagonisme nord-sud, alors que la diversité linguistique est partout présente (jusqu’à Paris compris, n’oublions pas), et d’un clivage centre-périphérie, car le centre est partout « là où on adhère à l’acrolecte que forme le français standard ». Il n’empêche, bien sûr, que ce centre partout présent possède une référence centrale, à la fois politique (langue du roi) et géographique, car pour les grammairiens, les humanistes et plus généralement les élites du royaume, il existe une langue de référence « située entre Seine et Loire, entre Paris et la Tourraine » (p. 144), ce qui, remarque l’auteur, distingue le cas français du cas italien, où le « vulgaire illustre », ne se rattache que de façon très lâche à la Toscane (soit, la métaphore chez Dante de la panthère introuvable qui parcourt les forêts d’Italie).
De même, il faut se garder d’opposer des grammairiens et humanistes qui seraient « favorables », à d’autres, « hostiles » aux « dialectes ». Lorsqu’ils semblent en effet témoigner d’une ouverture linguistique, comme Peletier ou Ronsard, c’est généralement, dans le sillage du grammairien Tory, avec la volonté d’appliquer au français le modèle grec, suivant lequel la langue grecque se serait enrichie de la pluralité dialectale, en opposition à la fixité supposée du latin. Mais dans cette perspective, l’apparente valorisation des « dialectes » est d’abord un faux semblant, puisque leur intérêt n’est relatif qu’au service que ceux-ci sont susceptibles d’apporter à la triomphante langue du roi.
Du reste, Courouau rappelle que des études récentes (Chambon et Carles) ont montré que les emprunts du français aux « dialectes » furent des plus faibles, et déjà au XVIe siècle : c’est au niveau des formes régionales de français, considérées comme des basilectes, que la rencontre se fait et non, ou fort peu, au niveau de l’acrolecte littéraire.
Il ne faut pas non plus opposer un XVIe siècle réputé ouvert à la polyglossie dialectale et un XVIIe siècle monolingue acharné, à l’image de l’unité glorifiée de la souveraineté incarnée dans le monarque absolu. En particulier, Courouau montre que le mythe de la polyglossie rabelaisienne accueillante aux langues ne résiste pas à une analyse serrée de l’œuvre ; s’appuyant sur un article de Guy Demerson, il constate au contraire que « la parole allophone » qui se fait parfois entendre, tant qu’elle n’est pas glosée, « reste extérieure au flot porté par la langue du texte » (p. 140). De même, les jurons ou exclamations gasconnes forment-elles dans l’œuvre de Rabelais tout au plus un « bruit de fond », mais « le sens du texte, exactement comme dans le cas du discours direct allophone, est français » (p. 141).
Acrolecte et basilecte
En réalité l’opposition la plus tranchée et la plus déterminante est celle qui oppose la langue noble du roi et des élites à tout ce que parle le menu peuple, qu’il s’agisse de français régionalisé ou de « patois » (le même terme étant d’ailleurs susceptible de s’appliquer à toutes les formes déviantes de la norme) : « la grammaire, telle que la conçoit Ramus et avec lui les grammairiens de la seconde moitié du XVIe siècle, est destinée à maintenir l’écart social entre les « hommes plus notables » et la ‘populasse’. Peu importe ce que celle-ci parle dialecte ou français régional, ce ne sera qu’une forme dépréciée de langue » (p. 110). Même chez Henri Estienne, qui fait l’éloge du parler de la place Maubert, le français de référence est celui que parle les grands magistrats de la capitale : « l’identification du modèle acrolectal parlementaire s’accompagne de l’exclusion du dialecte parisien perçu comme un basilecte » (p. 118).
Cette contradiction d’ailleurs mériterait en soi d’être étudiée dans le long terme : seule l’invocation de l’usage populaire parisien (place Maubert, Port-au-Foin, les Halles, etc.) semble être en mesure de donner sa pleine légitimité à la langue noble (non du fait de profondes convictions démocratiques, mais par essentialisme, volonté de mettre au jour, et d’inventer de toute pièce s’il le faut, un français « naturel » de Paris, que l’on nommera plus tard Francien (voir mon compte rendu du livre de Cerquiglini : La langue opheline). Pourtant, on s’accorde à reconnaître que rien n’est plus éloigné du bon et beau langage que ce que parle effectivement le peuple de Paris : parler « vicié », « patois », « argot »...
Ad majorem Dei gloriam
Cependant, malgré cette dévalorisation de toute langue vulgaire, les altérités linguistiques de l’intérieur, entre XVIe et XVIIe siècle, ne sont pas dénuées d’expression publique.
Courouau, à travers une intéressante comparaison entre les cas occitan et basque, analyse l’attitude contrastée de l’Église catholique pour répondre principalement aux nécessités pastorales. Côté occitan (l'auteur suit ici le très riche ouvrage de Jean Eyghun, Au risque de Babel. Le texte occitan de 1600 à 1850, 2002), les initiatives sont impulsées par quelques membres du haut-clergé relayées sur le terrain par des prêtres, à travers tout un ensemble d’initiatives : traductions, publications, diffusion de cantiques, prêches dans la langue locale, etc.
Pierre Dupont, auteur de la Doutrinou cristiano 1641 a noté ce que disent les paroissiens pour justifier le fait qu’ils se dispensent du sermon français : « é que y anirôn hé ? é que n’au entenén ? » (p. 180). Et en effet pourquoi y aller si l’on n’y entend rien ou presque ? Par contre « nou y a lengatge que doune may dins le cor ; é que toque may al biu, que le maternal : permoque coumo natural à l’auditou, nou porto amb el cap de sutjet per pensa soulomen à so que ly es perpausat »: « il n’y a pas de langue qui porte plus au cœur et qui touche plus profondément que le langage maternel : car, étant naturel à l’auditeur, il ne véhicule avec lui aucun sujet de divertissement et laisse toute la force de l’attention libre de ne penser qu’à ce qui lui est proposé » (cité p. 178). L'usage de la langue maternelle permet une communication optimale du message chrétien.
Mais ces actions, en zones occitanes, sont limitées dans le temps et dans l’espace et se heurtent à de fortes oppositions de certains curés (pourtant très certainement occitanophones).
Au pays basque les choses se déroulent de manière très différente ; on observe une meilleure coordination des efforts et surtout l’affirmation d’une « conscience linguistique aiguë », partagée apparemment par toutes les couches de la société : la vocation pastorale est inséparable de la volonté d’exhausser la langue et rejoint ainsi les fortes affirmations de Dechepare (Linguae vasconum primitiae) qui, dès 1545, affirmait la très haute « qualité » de la langue basque, désormais dignifiée par l’écriture imprimée.
Conformité et détournement
Chez les occitans, Courouau s’attache à montrer que la conscience linguistique est portée par les poètes, qui oscillent entre une adhésion pleine et entière au modèle pétrarquiste et son traitement parodique et burlesque, entre une conformité prédominante (Tronc, Larade) ou totale (Ruffi) et l’usage majoritaire du détournement (Bellaud, Paul, Gaillard). On peut ainsi parler à la fois d’un « adossement » au français et d’une « démarcation » et dans ce double mouvement la création d’un espace que Courouau préfère appeler d’ « illustration » que de « liberté ». Dans l’adhésion au modèle, en effet, « il s’agit d’illustrer les capacités de la langue et, en se conformant le plus strictement possible, aux canons, de lui faire prendre le train de la modernité poétique. Imiter le français et Ronsard pour les valoir ou les dépasser ou comment respecter au maximum les règles de la poésie et de la diglossie pour, en un sens, les ‘inverser’ » (p.250).
Ainsi « la conformité absolue aux modèles dominants, le joyeux détournement et la parodie appuyée participent de la même démarche démonstrative en faveur de la langue ». Car « l’espace est ténu qui sépare la mise en question parodique des modèles hérités et la recréation de sens dans une intention comique, érotique, poétique, à partir de la tradition sans que celle-ci ne s’en trouve dépréciée. C’est sur ce fil particulièrement fin qu’évolue Godolin » (p. 245).
On ne peut qu’adhérer à ces analyses qui toutes ramènent au mystère de l’entêtement de certains auteurs à développer une œuvre partiellement ou entièrement en occitan, qui s’accompagne de l’affirmation de la dignité de leur langue, comme Dechepare le faisait pour le basque.
L’occitan a besoin des subalterns studies
Il me semble en effet que l’on est bien contraint de recourir à la très insatisfaisante notion de mystère, dès lors que l’on affirme, comme le fait Courouau après tant d’autres, que c’est « sans états d’âme particuliers que les élites méridionales abandonnent leur langue » (p. 255), ou que « l’imposition du français [comme langue du parlement de Béarn en 1620] ne semble pas avoir suscité le moindre émoi chez les Béarnais », dont les « élites adhèrent au projet royal » comme un seul homme (p. 67- 68). Pourtant Courouau cite et commente dans son ouvrage les propos nostalgiques d’Arnaud de Bordenave, tenus 20 ans plus tard, sur la langue gasconne qu’il avait connu au Conseil souverain de Béarn : « L’usage qui en estoit si universel, l’avoit tellement polie & cultivée sur tout dans le Palais, que j’ose dire avec liberté qu’apres la langue purement Françoise, il n'y a pas aucun d’entre tous les Idiomes du Royaume, qui luy fut comparable en la propriété de ses termes tres-significatifs, en la briefveté de la phrase, en la bonté de l’accent, & en plusieurs autres agréements qui peuvent donner de l’estime à un langage. Nous l’estimions aussi fort religieusement, nous y estions mesmes si fort attachés par affection, que la seule pensée de l’abolir ou changer en estoit odieuse ».
Cette seule citation suffit à mon avis à mettre en cause ce qui est donné comme une constatation sans appel. Car que savons-nous des « états d’âmes », et de la présence ou non d’ « émois » dans la substitution du français à l’occitan comme langue écrite du palais, chez les élites béarnaises, et face à la déconsidération culturelle de leur propre idiome natif ? Certes, elles ont rapidement intégré le fait que si l’« on peut être notable et continuer à parler la langue du lieu, on ne le devient pas en ne parlant que patois ». Et en effet, le bilinguisme semble se répandre très tôt dans le royaume, en même temps que s’impose un usage généralisé du français dans l’écriture, comme l’atteste le témoignage de Palsgrave cité plus haut : dans la France d’avant même l’édit de Villers-Cotterêts, le français s’impose partout à qui veut accéder aux offices publics et à qui recherche quelque renommée dans l’écriture ou par ses prêches. Telle est la situation objective, parfaitement intégrée par les intéressés.
Mais si ces élites, confrontées à une opération radicale de substitution touchant la langue écrite officielle étaient indubitablement clivées sur le plan linguistique (car chacun ou presque connaissait un ou plusieurs des autres parlers), on ne saurait exclure qu’elles ne fussent aussi clivées dans leurs représentations sociales de la langue autre, et alors même que ces tensions n’auraient reçues aucune traduction dans les actes ou – qui ne voit et ne comprend pourquoi ? – dans la langue même à la faveur de laquelle s’opérait la substitution. C’est ici une prudence méthodologique que je ne me lasserai pas de répéter encore et encore : l’absence ou à la rareté des témoignages écrits ne permet nullement de déduire l’inexistence d’un phénomène, surtout lorsqu’il concerne l’expression de dissensions, désaccord, murmures discordants et dissonants à l’égard des lois d’airain d’un ordre, nouvel ou ancien, explicitement imposé par le pouvoir établi et légitime.
Nous devrions, face à l’ordre diglossique imposé, adopter la même prudence critique qu’à l’égard de l’ordre patriarcal. Nous savons que ce n’est pas parce que les femmes n’accédaient pas à l’écriture, n’avaient aucun moyen ou presque de faire entendre leur voix dans les livres, et parce que leur statut de dépendance était inscrit dans la loi et la coutume, que nous pouvons affirmer qu’elles s’y pliaient volontiers et adhéraient sans reste, « sans état d’âme » et sans mot dire, à la domination masculine. Il serait grand temps, me semble-t-il, que nous nous inspirions pour les questions linguistiques d’éléments de méthodes proposées par les « gender studies » et les « subaltern studies », qui ont tant de mal à s’imposer en France pour des raisons qui ne sont pas étrangères à l’imposition du modèle linguistique exclusif, qui rejette l’altérité et la variante comme le droit constitutionnel français récuse jusqu’à la notion de minorité.
Tout le matériel réuni par Courouau pour la littérature occitane va, me semble-t-il, dans ce sens, car on saurait d’aucune façon imaginer que les poètes qui ont exprimé et illustré une conscience linguistique aussi aiguë fussent complètement isolés et ne représentaient qu’eux-mêmes, puisque ceux-là au moins accédèrent à l’imprimé (et il faut évidemment tenir compte de tous ceux qui n’y accédèrent jamais et eurent pourtant des publics) et furent reçus parfois avec grand succès par leurs lecteurs.
Si l’on ne soutient ce raisonnement, il est difficile de ne pas à son tour être victime du mythe de la « langue de référence absolue », qui rejette dans l’inconsistance d’une marge non représentative tout autre forme d’expression.
Courouau fait remonter au milieu du XVe siècle, dans notre pays, l’apparition de « cette surdité à l’existence de l’autre linguistique » ; on voit alors à quel point les Jacobins de l’époque révolutionnaire et leurs descendants sont héritiers de l’Ancien-Régime. C’est donc à la fin de l’époque médiévale qu’il faut ainsi remonter, pour trouver la genèse de cette « construction autistique […] qui explique bien des attitudes contemporaines, en France, mais aussi en dehors puisque c’est un produit qui a été assez bien exporté en Europe et dans le monde. On comprend mieux, me semble-t-il – conclut Courouau –, quand on a présent à l’esprit la façon dont s’est écrite une partie de l’histoire linguistique de la France pourquoi, dans ce pays, il y a des fonctionnaires qui considèrent comme un signe d’intégration des étrangers l’abandon total de la langue d’origine. Ou pourquoi, depuis bien longtemps, on trouve des Wallons qui se font gloire d’ignorer le flamand ou des Suisses romands l’allemand » (p. 263).
Jean-Pierre Cavaillé
[1] Voir par exemple l’ordonnance de Louis XII de juin 1510 qui, pour les « pays de droit escrit », prévoit que les procès criminels auront lieu « en vulgaire et langage du païs », cité par Courouau, p. 41.
[2] « Pour l’interprétation de l’ordonnance de Villers-Cotterêts », Le Français moderne, 18, 1950, 277-288.
[3] « L’Ordonnance de Villers-Cotterêts : le temps de la clarté et la stratégie du temps (1539-1992) », Revue Historique, CCCI-1, 1999, p. 45-100.
[4] « Autour de Villers-Cotterêts : histoire d’un débat », Lengas, 49, 2001, p. 7-25 ; « Occitan, français et construction de l’État en France », in D. Lacorne et T. Judt, La politique de Babel. Du monolinguisme d’État au plurilinguisme des peuples, Paris, Karthala, 2002, p. 87-116.
[5] Je retiens la leçon de l’édition Guénin, Imprimerie nationale, 1852 (en ligne). L’édition Baddeley (2003), citée par Courouau (mais je n’ai pu la consulter), donne « Indicatoure », qui me semble fort peu probable.
[6] « Il n’y a personne dans quelque partie de la France qu’il soit né, s’il désire que ses écrits soient tenus en quelque estime, qui n’écrive pas la langue qu’on parle dans le territoire que je viens de décrire. Il n’y a pas non plus d’homme qui ait une charge publique, qu’il soit capitaine, ou qu’il occupe un office dans la magistrature, ou qu’il soit prédicateur, qui ne parle le parfait français, quel que soit son lieu de résidence ».