Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mescladis e còps de gula
Mescladis e còps de gula
  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 616 029
Newsletter
30 janvier 2012

Le Larzac sans l’occitan


J’ai publié le 21 décembre dernier un post en occitan consacré à la question occitane dans la lutte des paysans du Larzac, après avoir visionné le beau film de Christian Rouaud, Tous au Larzac. Je le reprends ici en français, des non occitanophones ayant souhaité le lire. J’en ai profité pour ajouter quelques considérations, en particulier suggérées par la lecture du livre récent de Pierre-Marie Terral, Larzac : de la lutte paysanne à l’altermondialisme (2011), dont Marie-Jeanne Verny m’a appris l’existence dans l’un de ses commentaires à mon texte occitan.


 

 Larzac


Le Larzac sans l’occitan

 

            Avez-vous vu Tous au Larzac, le film documentaire de Christian Rouaud sur l’aventure humaine des paysans en « guerre » contre l’extension du camp militaire du Larzac, entre 1970 et 1981 ? Si ce n’est pas le cas, courrez-y au plus vite, car il est très bien fait, très bien construit, en particulier sur le plan narratif, à travers la parole chorale des témoins, un usage réfléchi des archives audiovisuelles et de magnifiques images du causse. J’aurais bien des choses à dire sur cette histoire, vue par le tout petit bout de la lorgnette d’un adolescent, membre du Comité Larzac d’Albi, pour qui le rassemblement de 74 fut une initiation à la fête et à la politique…

            Mais nous sommes ici sur un blog dédié au langues minorées et je me limiterai donc à évoquer la place de la revendication occitane dans cette lutte, et du fait que de le film laisse presque complètement de côté cette donnée de l’histoire. Non qu’il s’agisse d’une dimension oubliée ou sans importance pour les témoins, mais, probablement le réalisateur enquêteur n’a-t-il pas posé tout simplement de questions à ce sujet. On peut en effet remarquer l’absence de toute référence directe à l’occitan et à la culture occitane ; ce n’est que, en passant, que tel ou tel des témoins évoque spontanément « les occitans ». Cela ne manque pas de décevoir de la part d’un réalisateur qui est l’auteur d’un documentaire court-métrage en breton – sous-titré en français – Son ur yezh (La musique de la langue – je n’ai pu encore le voir) consacré en 2010 au sonneur de bombarde André Le Meut (il en existe une version française de 52 mn : Le Grand Dédé). Cela d’ailleurs doit avoir un rapport avec le fait que Rouaud ait choisi de la musique bretonne pour illustrer le film sur le Larzac.


Le « pittoresque patoisant »

            Mais je voudrais évoquer d’abord l’article du Monde, paru le 22 novembre et l’échange qui s’ensuivit entre l’occitaniste Pierre Escudé et le journaliste Jacques Mandelbaum. Celui-ci avait écrit dans son article que le film commémore « ce sanctuaire de l’utopie réalisée, qu’on eut vite fait de réduire au pittoresque patoisant du slogan Gardarem lo Larzac ». Escudé fit parvenir une lettre ouverte au journal déclarant : « Sur ce point, il me semble que vous n’avez rien compris ». En effet « Si ce slogan a synthétisé le Larzac, c’est qu’il disait la désaliénation du lieu. Le territoire (comprendre : la communauté paysanne du Larzac, mais aussi tout ce qu’elle va cristalliser autour d’elle) parle dans sa langue (même si cette langue, l’occitan, n’est pas la langue de la plupart des gens qui viennent sur le Larzac!) ». Il est très important de se rappeler, ajoutait Escudé, que ces années de la lutte du Larzac furent aussi celles de constantes revendications linguistiques et régionalistes (« évènements » d’Aleria en 1975, de Montredon dans les Corbières en 76, création des écoles Diwan en 77, des Calandretas en 79…).

            Escudé reçut une très courte réponse du journaliste qui disait : « votre réaction repose toutefois sur un malentendu (mal exprimé ou mal lu...). Quand j’écris qu’on a "réduit" le Larzac à l’expression que vous relevez, cela ne signifie pas que je fais mienne cette caricature, bien au contraire. La connotation du verbe "réduire" (mais est-ce à vous que je dois l’expliquer?) me semblait à cet égard suffisamment claire ». Peire Escudé, avec cette leçon de commentaire de texte, était quasiment obligé de s’excuser ; dans sa réponse, il se contenta de faire remarquer que la mention du terme « patois » était malencontreuse, là où le mot « langue » aurait été capital.

            En effet… A mon avis, Escudé avait d’emblée très bien lu, au moins sur le fond. J’ai montré ailleurs sur ce blog, que les journaliste du Monde n’aiment guère utiliser l’expression « langues régionales ». Ils préfèrent – allez savoir pourquoi – utiliser le mot de « patois ». Nous en avons ici un exemple très intéressant. Il s’agit d’une mise en scène de la manière de s’adresser à un lecteur de connivence, ou disons à une figure idéale de lecteur : Gardarèm lo Larzac est évidement, pour tout ce petit monde (je veux dire le monde vu depuis le fenestron du Monde) une expression patoise pittoresque, et il ne faut pas y réduire l’histoire du Larzac, qui est l’histoire d’une lutte sociale originale, sérieuse, cruciale... Il me semble évident que si, pour le journaliste, Gardarèm lo Larzac vu comme une chose pittoresque était une caricature, comme il l’affirme à Escudé, il se serait donné la peine de dire dans son article (ou au moins à Escudé) qu’il s’agissait de quelque chose de plus que cela et d’envisager ce qu’était ce quelque chose de plus.

            Mais il ne s’agissait évidemment pas (sinon, une fois encore, le journaliste l’aurait fait) de reconnaître que, dans cette histoire, la revendication pour la dignité de la langue et une forte conscience régionale eurent leur place ; cela – pauvre de lui – lui arracherait les mâchoires. L’ironie sur le slogan Gardarèm lo Larzac est un clin d’œil au lecteur (idéal) du Monde, qui se fait sur le dos, encore et toujours, des gens qui parlent un patois si pittoresque et si sympathique. Cette ironie performe une double, ou triple exclusion (hé oui !) du « patoisant » : celui-ci est, de fait, écarté du lectorat du journal (le clin d’œil se fait derrière son dos), écarté de la culture (le patois, bien sûr, est inculture) et de la politique (vu que tout contenu « sérieusement » politique peut seulement être en dehors ou au-dessus de l’expression patoise).

 

De Gardarem lo Larzac à Gardarem la Tèrra

            Bon, voilà, il nous faut quand même le répéter, puisque personne d’autre que nous ne le dira : Gardarèm lo Larzac, le slogan des paysans, apparu en janvier 1973 lors de leur fameuse montée sur Paris en tracteur et à pied, représenta, pour la première fois, une large appropriation sociale de la graphie classique parmi les agriculteurs, les ouvriers, l’ensemble des militants. Ce fut une façon d’imposer publiquement l’idée que cette lutte était associée au combat pour la reconnaissance de la langue et de la culture occitane (je veux dire appelée et pensée comme occitane) et pour une plus forte autonomie politique et économique du territoire que l’on appela, de fait, à ce moment là, Occitanie. On ne peut pas oublier que les paysans du Larzac prirent leur slogan comme titre de leur journal (n° 1, juin 1975, mais il existe encore aujourd’hui) et qu’il devint la devise du mouvement dans toute la France (ce fut aussi le titre du film militant de Peire Haudiquet, de 1974). Le numero du journal de juin 1981, au lendemain de la victoire de Mitterrand aux présidencielles, titrait : Avèm gardat lo Larzac.

            Ce slogan eut aussi un lien fort avec un autre, porté par les militants occitanistes : Volem viure al païs, fut employé pour la première fois dans un tract le 6 novembre 1971, à l’occasion de l’une des premières manifestations des paysans. Pierre Marie Terral (2011, p. 42), dans son ouvrage très complet, le date cependant de la manif précédente du 9 mai : « plusieurs centaines de militants occitans et d’extrême gauche [...] se sont déplacés. Alors que bouillonne la révolte des vignerons, les chefs de file occitans que sont le professeur Robert Lafont et l’écrivain Yves Rouquette, fondateurs de la revue Viure, sont du défilé. Dans le cortège, L’Internationale se mêle [à] Volem viure al païs... ». Le mouvement d’extrême gauche Lucha occitana (qui prit la suite du Comitat Occitan d’Estudis e d’Accion), qui joua un rôle idéologique et logistique important dans les premières années du conflit, s’était créé la même année 1971. Trois ans après était fondé le mouvement Volem viure al païs, une structure plus souple et ouverte à la participation avec les partis de la gauche. Ce slogan fut lui aussi très présent sur le causse. Per exemple, un article du Figaro Magazine (hé oui !) de décembre 1978, s’achevait ainsi : « quittant la Resse, je me suis tourné. Un panneau écrit en occitan était cloué à l’entrée de la ferme : Volem viure à la Resse. La terra e nostra. Sabes plan » (orthographe donnée par le journaliste qui copia visiblement le panneau en faisant des fautes, l’information se trouve dans le livre de Alland 1995, p. 112). En 2003 encore, alors que les habitants de Saint-Affrique se mobilisèrent pour sauver l’hôpital, on fit des autocollants avec une phrase en occitan qui retraitait et associait les deux slogans mythiques : « Gardarem l’espital, per viure al païs » (« Nous garderons l’hôpital, pour vivre au pays »).

            Personne ne peut nier que l’engagement pour le Larzac joua un grand rôle crucial dans l’occitanisme politique de ces années, qui avait placé au centre du débat la notion de « colonialisme intérieur ». Dès le début, les occitanistes apportèrent un important soutien aux paysans, ils s’identifièrent corps et âme avec cette lutte et en produisirent évidemment l’analyse. Le 9 mai 1971, date de la première manifestation, la croix occitane est bien présente sur les photographies. Durant l’été de la même année, le Teatre de la Carriera (nous avons récemment évoqué son fondateur Glaudi Alranq) donna une pièce itinérante sur le causse : Mort et résurrection de M. Occitania, que mêlait occitan et français.

            Robert Lafont, qui fut le théoricien, l’idéologue et le leader majeur du mouvement, qui participa à la fondation de Lucha occitana, puis de Viure al païs, dans ses Vingt Lettres sur l’histoire à ces cons de français et ces couillons d’occitans, en 2005, revient sur cette expérience : « Du Larzac aussi, nous avons reçu une leçon. Le rassemblement de 1974 était sous le signe d’une moisson pour le tiers-monde. Je vous remercie aussi, amis paysans que j’ai si souvent rencontrés et dont j’ai accompagné la dernière étape de la marche à pied sur Paris [janvier 1973], sous les bombes lacrymogènes. C’est vous qui avez eu l’intelligence de l’histoire : contre le capitalisme international et sa retombée guerrière, vous avez inventé, avant Seattle, l’altermondialisme. Vous avez fait plus : votre slogan, « Gardarem lo Larzac », a fait le tour du monde. Il était en occitan et n’a pas été traduit. » (Lafont 2005, 71-72). Lafont n’oublie pas de rappeler que ce fut pour le trentième anniversaire du Larzac, en août 2003, sur le causse que naquit le mouvement Gardarem la Tèrra, par la lecture de son manifeste, d’ailleurs écrit de la main même de Lafont, toujours actif, toujours présent, jusqu’à son dernier souffle, en 2009.

 

Occitans par accidents ?

            S’il est bien évident que l’occitanisme politique et culturel s’est forgé, au moins en partie, dans la lutte du Larzac, et que celle-ci fut aussi pour lui l’occasion de se faire connaître largement, quelle perception et réception en eurent les paysans du causse ? Sur ce point, les interprétations divergent. Le Bris (1974) parla d’une influence décisive de l’occitanisme dès les représentations du Teatre de la Carrièra (1971). Holohan (1975) et Martin (1987) affirment au contraire que les spectacles furent peu suivis par les paysans qui, au début, ne manifestaient aucun intérêt pour l’occitanisme. Holohan parle « d’indifférence générale de la communauté rurale ».

            Il est évident que les paysans n’étaient pas des militants occitanistes et aucun d’entre eux (à ma connaissance) ne le devint véritablement, même s’ils empruntèrent plus d’une idée à Lucha occitana. Dans le film de Rouaud, nous l’avons vu, il ne s’en dit trop rien, ou de très loin, mais les témoins interrogés racontent comment ils acceptèrent l’aide de tous, maoïstes, non violents, écologistes, « occitans », mais toujours avec une certaine distance (même s’ils optèrent vite pour la stratégie non violente). « Occitans », est invariablement le mot utilisé, et non celui d’« occitanistes ». Cela, évidemment, veut dire quelque chose : pour les paysans, les « occitans » étaient les militants et pas eux, même s’ils parlaient la langue (du moins ceux d’entre eux nés sur le causse) et s’ils l’utilisaient pour leur fameux slogan.

            Il existe, sans aucun doute un mythe occitan (occitaniste) du Larzac, tel que le décrit Holohan : le Larzac « serait une résurrection de grande ampleur d’un mouvement de revendication nationalitaire [c’est à dire « quasi-nationale », dit Holohan] vieux de sept siècles » (Holohan, 1976). Ce mythe de la « mort et résurrection d’Occitanie », qui traîne encore dans l’esprit de plus d’un militant, en effet, ne semble guère avoir hanté les paysans. « Les militants, écrit Martin, auraient souhaité que les acteurs se revendiquent paysans et Occitans plutôt que paysans et Français » (Martin, 1987, p. 135).

            Mais Holohan lui-même reconnaît que, « en mettant avant leur identité occitane les leaders paysans liquidaient « la honte » qui pèse encore, pour certains, sur la condition paysanne […]. Certains d’entre eux proclameront leur identité retrouvée à travers leurs discours et l’adoption du slogan Gardarem lo Larzac » (Holohan, 1975, 406). Plutôt qu’un projet politique, la découverte de l’ « occitanité » fut apparemment pour eux un moyen de retrouver une dignité culturelle et sociale. C’est bien pour cette raison que je trouve réductrice l’analyse de Martin, quand il écrit : « On peut donc s’interroger sur la dimension occitane du mouvement du Larzac. Il semble bien que cela soit les militants qui la lui confèrent et que les paysans se contentent de l’intégrer dans leurs slogans, leurs écrits… leur symbolisme. […] L’identité occitane des paysans est une identité d’opposition collective, elle ne préexiste pas au conflit » (Martin, 1987, 134). Cette dernière remarque me semble juste, mais la question importante, qu’il faut se poser, est évidemment de savoir pourquoi les paysans ont intégré la dimension occitane dans leurs slogans, leurs écrits et leur symbolisme ? Par pure stratégie idéologique ? Par imprégnation passive ? Évidemment pas, il y avait quelque chose de plus, et ce quelque chose peut se définir, me semble-t-il, comme acquisition, construction d’une dignité niée. Les paysans étaient traités par les autorités comme des ploucs patoisants (alors même d’ailleurs que nombre d’entre eux venaient de loin et ne parlait pas la langue) et ils trouvèrent dans l’occitanisme de quoi se revendiquer comme paysans, riches d’une langue et d’une culture, héritiers d’une civilisation respectable.

            Sur cette question là, le livre récent de Terral, par ailleurs si informé, m’a tout autant déçu que les précédents. Les références à la question occitanes y sont très rares et dans la seule page un peu étoffée sur la question on lit, après qu’ait été signalée l’importance du Larzac pour l’occitanisme, ces simples lignes : « Alors que peu de bannières sont admises, celle de l’Occitanie flotte dans l’air du Causse. A l’image de Marti dès 1972, les figures de la chanson occitane feront le déplacement. Les théoriciens de l’occitanisme, comme le professeur Robert Lafont, font de même, appuyant leurs analyses de la colonisation de l’espace occitan sur ce cas qu’ils veulent édifiant. [l’auteur renvoie en note à Lafont : Lettre ouverte aux français d’un occitan, 1973]. Les paysans "ont su populariser leur lutte jusqu’à ce qu’elle devienne celle de toutes les forces progressistes de l’Hexagone et le fer de lance des partisans de l’Occitanie libre" note Libération [23 8 1973]. Même si certains parlent "patois", rien n’indique que les paysans aient conscience d’une identité occitane. De l’extérieur, le Larzac est toutefois observé comme ayant une coloration régionaliste. Le Monde peut ainsi dépeindre ces "éléments de la nouvelle gauche extrême qui, de Fos au Larzac, chantent la patrie perdue, promettent que l’Occitanie sera non seulement liura (libre), mais aussi roja (rouge)" [16 9 1973]. La dimension occitane, très présente au départ jusqu’à prêter sa langue au slogan du mouvement, va peu à peu se diluer, avec le développement du mouvement à un niveau national et les nouvelles solidarités qu’il contracte » (Terral, 2011, p.67-68). Cette dernière constatation est indiscutable, mais ce qui précède est pour le moins superficiel et insatisfaisant : c’est seulement de l’extérieur, en particulier pour les yeux des journalistes des quotidiens nationaux, que le mouvement aurait eu une coloration occitane… Mais pourquoi alors, les paysans ont-ils accepté les bannières rouge et or ? Pourquoi Gardarem lo Larzac ? Pourquoi ces liens indiscutables (au moins dans les premières années) avec les militants occitanistes ? Notons que cette lecture de la question, à partir des extraits de journaux, conduit à une alternative interprétative : soit on aurait affaire à une projection des médias sans relation avec la réalité, soit à une manipulation des paysans, ou du moins du mouvement par les occitanistes à leurs propres fins propagandistes. Il faudrait alors, à mon sens, formuler clairement ces hypothèses et ensuite passer à la démonstration historique, avec d’autres sources, évidemment, que la presse nationale.

            Je voudrais enfin terminer par une affirmation de Holohan, qui m’a quelque peu étonnée : selon cet auteur il y eut, dès le début, une méfiance des paysans face aux « occitans » et surtout un désaccord sur les moyens de la lutte : « en revendiquant cette identité, les paysans ne cessaient point pourtant de considérer les militants occitans, étrangers au plateau, comme des violents autonomistes et révolutionnaires, dont seul le soutien était recevable, non la stratégie » (Holohan, 1975, 406). En lisant ces lignes, je suis tout de même un peu surpris, et je me demande si Holohan ne fait pas quelque confusion entre les « maos » et les occitanistes de Lucha Occitana, qui étaient bien moins radicaux dans leurs choix de stratégie politique, il me semble (ou me trompé-je ?). A ce propos, bien sûr, il serait intéressant, décisif même d’avoir l’opinion des paysans eux-mêmes, mais visiblement ce sujet n’intéressait pas Rouaud, ce qui n’empêche que son film soit, je l’ai dit, une grand réussite. Une chose est certaine : l’histoire écrite et filmée du lien entre le conflit du Larzac et de l’occitanisme reste à faire.

Jean-Pierre Cavaillé


Bibliographie utilisée pour ce post

Alland, Alexander, 1995, Le Larzac et après: l’étude d’un mouvement social innovateur, Paris, Editions L’Harmattan.

Holohan, Wanda, 1975, « Jacquerie sur la forteresse », D. Fabre, J. Lacroix, Communautés du sud, 10/18, t. 2, p. 362-427.

Holohan, Wanda, 1976, « Le conflit du Larzac : chronique et essai d’analyse », Sociologie du travail 18 (3), p. 283-301.

Lafont, Robert, 2005, Vingt Lettres sur l’histoire à ces cons de français et ces couillons d’occitans, Valence d’albigeois, Vent Terral.

Le Bris, Michel, 1975, Les Fous du Larzac, Les Presses d’aujourd’hui. Martin, Didier, 1987, Le Larzac. Utopies et réalités, Paris, L’Harmattan.

Terral, Pierre-Marie, 2011, Larzac : de la lutte paysanne à l’altermondialisme, Toulouse, éd. Privat.

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Je viens de voir sur Arte le documentaire, très bien fait, de Tous au Larzac... Il faut que je sois arrivé à la retraite pour connaître exactement les tenants et aboutissants de cette affaire de lutte, courageuse du monde paysan pour garder en exploitation les terres ancestrales... C'est dire qu'en voyant ce film, j'ai pu constater combien votre mouvement légitime était ignoré en France... Sûr, on a entendu parler des manifestations pour le Larzac, mais j'ai vécu cela comme une simple affaire locale de paysans mécontents, sans connaître la réalité... Il a fallu ce film pour que je connaisse exactement votre combat... Je vais même dire mieux pour vous faire comprendre la méconnaissance exacte des faits et le peu de médiatisation et d'explications de la presse, c'est que, Gendarme à RIEUPEYOUX de 1975 à 1980, cette affaire n'a jamais fait l'objet de discussions entre nous et dans le monde paysan que pourtant je fréquentais largement !!!? Le statu quo général, pas de commentaires, ignorance complète de la situation locale...<br /> <br /> La vue de ce film me fait penser que lutter contre une entité impersonnelle, l'administration, requiert un courage et une obstination dont seuls ceux qui sont touchés dans leur chair et leurs biens légitimes, peuvent avoir... Autre constat, la solidarité, l'entraide peuvent soulever certes des montagnes, mais pour faire bouger ce qui a été décidé dans les hautes sphères du gouvernement et de l'administration (entité impersonnelle je le répète), c'est jamais complètement gagné, preuve en est que votre mouvement perdure... La chaîne des décisionnaires adminstratifs est difficile à casser, voire même parfois impossible, car on aura beau se battre, en faire plier un, un autre prend sa place... L'administration se fout des états d'âme et de la légitimité ou non d'un combat et de l'humain... Elle ne connaît que sa logique et exécute les ordres et missions qu'ont lui a confiés, mais les "acteurs administratifs", sont toujours sûrs de leur "droit" et éventuellement "impunité", puisqu'ils ne sont qu'un maillon de cette chaîne... On a rarement vu un fonctionnaire tourner sa veste envers l'administration et par là l'Etat qui le rémunère... L'adminstration, n'a rien à perdre contrairement aux paysans dans cette affaire... Du courage, toujours du courage et toujours en avant... @+
Répondre
F
Joli article qui résume bien le film sur cette question de l'occitan au sein du Larzac, soit à rien ou presque... <br /> <br /> J'ai été moi même un peu surpris par cet oubli, j'espérai certainement y retrouver un peu plus d'explication sur ce lien entre Larzac et lucha occitana. Mais finalement il faut admettre que ça n'était pas l'objectif premier du film qui montre malgré tout les "bonnes" valeurs de la lucha.
Répondre
M
Merci de l'ajout. Je signale aussi que Pierre-Marie Terral nous a donné un bel article pour la reevue Lengas sur la dimension occitaniste de la lutte du Larzac.<br /> <br /> Voir : http://www.felco-creo.org/mdoc/detail_fr.php?categ=fac&id=1018
Répondre
T
Robert lafont sur le Larzac:<br /> <br /> "Le Dénouement françai"s, Suger, 1985, p. 76-79 <br /> <br /> <br /> <br /> Le Larzac (1973) est aussi présent dans "La Festa"<br /> <br /> Federop, 1983, 1984, 1996. Vol. 2 "Lo Libre de Joan"<br /> <br /> <br /> <br /> Autre document : un 33t, ed. Vent d'Ouest avec des discours, des chanteurs occitans (Marti, Patric): 'Larzac 73'<br /> <br /> <br /> <br /> Comme sympathisants de LutOc, puis militants de Volem Viure Au País, nous avons participé aux manifestations en 73,74 et 75... Le Larzac représentait un combat contre le colonialisme intérieur à relier (pour nous) au combat pour Viure e Decidar au País et contre la déserification du Massif Central... contre le pouvoir autoritaire de Paris... Toujours d'actualité aujourd'hui...<br /> <br /> Au Larzac, les Occitans ont fait connaître leur combat, leur drapeau, leur langue, leur pays à tous ceux qui y sont venus, de France et d'Europe... Avant, on parlait de la Bretagne, du Pays basque, de la Corse. Après 1973, il faut rajouter l'Occitanie.<br /> <br /> Dans le film, on voit bien que c'est ce "réveil d'un peuple dominé" qu'on veut détruire avec cet attentat contre une famille paysanne locale, qui n'était pas dans les plus militantes, mais qui représente "l'èime deu país"...<br /> <br /> <br /> <br /> Miterrand, chahuté au Larzac en 74, n'oubliera pas ces foules solidaires de la cause des 103. Il abandonnera le projet en 81 mais amorcera aussi la décentralisation en 82...<br /> <br /> Une autre conséquence de "Gardarem lo Larzac"...
Répondre
U
Je me pose une question peut-être bête.<br /> <br /> Qui étaient ces militants occitans/occitanistes qui ont soutenu, influencé et ont été acceptés par les paysans du Larzac ? Des paysans, des érudits, des universitaires, des idéologues, des néo-ruraux, des jeunes, des vieux... ?
Répondre
Publicité