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Mescladis e còps de gula
Mescladis e còps de gula
  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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16 février 2012

La protestation du poilu félibre Elie Vianès

 

pinterditparlerbreton

 

La protestation du poilu félibre Elie Vianès

 

            En lisant à la Bibliothèque Nationale un numéro du passionnant journal de guerre félibréen Lo Gal de Montpellier (bimestriel), daté de janvier 1917 (n. 37), je suis tombé sur la reproduction d’une lettre d’un félibre provençal alors sur le front, protestant contre l’instituteur de son village de Mouriès, près d’Arles, qui avait affiché dans son école : « Il est interdit de s’exprimer en langue provençale – le français seul sera parlé dans la cour comme dans la classe ».

            La lettre est signée du nom d’Alàri Sivanet, pseudonyme d’Èlie Vianès, qui fut très actif avant, pendant et au sortir de la grande guerre, à laquelle il participa de bout en bout. Il fut l’un des membres fondateurs de la revue mistralienne mythique Lou Secret (1918-1919 voir son dépouillement par Yves Gourgaud dans le Lugarn, n° 72, 2000) et correspondant de la Gazeto Loubetenco de Joseph Loubet, qui joua aussi un rôle important durant la grande guerre (comme le signale Philippe Martel dans l’un de ses commentaires à mon post sur les lettres des poilus « en lenga nòstra ». Il est aussi le père de Jean Calendal.

            Cette lettre est évidemment un document très intéressant, qui revendique, dans la guerre, le respect dû à la langue des soldats méridionaux qui meurent sur le front pour la France. La présence du syntagme « langue provençale », dans l’affiche mise en cause, est quelque peu étonnante (même si le prix Nobel décerné à Mistral en 1904 avait fait beaucoup pour sa reconnaissance), car pour interdire ce que l’on appelle langues régionales aujourd’hui, on utilisait alors à peu près exclusivement le mot de patois. Mais n’était-ce pas justement le cas sur cette affiche, et le félibre n’a-t-il pas corrigé spontanément ? C’est ce qu’autorise à penser la première phrase sibylline du texte : « Vérifiez s’ils sont exacts ces termes de votre affiche ».

            Je conserve également, dans sa graphie originale, la présentation de la lettre par les rédacteurs du journal.

 

Una Proutestacioun

 

Noste car e valhent amic lou felibre Alàri Sivanet, marechal-da-lougis, sus lou front dempioi lou coumençament de la guerra, vèn de mandà au mèstre d’escola de soun vilage (Mouriès, dins las Boucas-dau-Rose) aquesta letra, que se passa – per lou moment – de tout comentàri :

 

Aux Armées, le 6 décembre 1916

Monsieur,

 

« Il est interdit de s’exprimer en langue provençale – le français seul sera parlé dans la cour comme dans la classe ».

            Vérifiez s’ils sont exacts ces termes de votre affiche.

            Les règlements vous confèrent peut-être un droit que je n’ai pas à discuter. Mais croyez-vous vraiment que l’heure soit bien choisie pour froisser en quoi que ce soit les sentiments de ceux qui se battent ?

            En ces temps d’union sacrée, quand la France a besoin de toutes ses forces vives, il m’est pénible de constater que l’Ecole essaye de peser sur l’esprit de nos enfants.

            Nous défendons, face aux boches, les nobles libertés des peuples : à ce titre, l’usage d’une langue, partie intégrante de notre patrimoine. Ne nous obligez pas à détourner vers les dangers de l’arrière des regards inquiets. Vous risqueriez de paralyser notre élan.

            Amenez plutôt (si je dois vous conseiller le moyen) les frêles imaginations dont vous avez la charge à mieux comprendre la beauté de l’effort et la grandeur de l’œuvre.

            Un souffle de patriotisme passe qui anime toutes les volontés et fait taire les discordes.

            Mettant à profit l’enseignement qui s’en dégage, ne poussez point les fils à rougir de leur pays et de leur sang.

            Réservez pour l’après-guerre les manifestations de votre initiative. Vous tranquilliserez les pères !

            Ne supposez ni haine, ni rancune de ma part : autant que je m’estime bon soldat, je vous sais bon fonctionnaire.

            Salutations,

 

A. Sivanet

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Commentaires
G
Désolé de prendre très en retard le fil de cette discussion: c'est bien de commencer les discussions sur la Grande Guerre dès maintenant.<br /> <br /> Je n'ai pas grand chose à ajouter à vos textes et commentaires (sauf un grand bravo à Philippe Martel qui a une patience infinie pour répondre au "républicain" de service (en Allemagne le ¨Parti Républicain" c'est le nom des néo-nazis, non?)<br /> <br /> Très concrètement: je possède tous les numéros de Lou Secrèt et quelques numéros (entre 1916 et 18 je crois) de LOU GAL, ainsi qu'une collection assez complète du journal félibréen L'ECHO DU BOQUETEAU. Donc si vous avez besoin précisément de tel ou tel document, n'hésitez pas à me solliciter, une photo numérique c'est vite fait et je vous fais passer le truc.<br /> <br /> En échange (oh le mec intéressé!) je suis preneur de tout renseignement et surtout TEXTES de Stehlé alias Delpont-Delascabras. Merci d'avance.<br /> <br /> <br /> <br /> Je crois bien avoir des textes inédits (enfin, parus dans l'Echo du Boqueteau) du grand Francis POUZOL qui lui (et je n'en connais pas d'autres) a su dénoncer l'atrocité et l'absurdité de cette guerre DES 2 COTES. Là aussi, si vous êtes intéressés, je peux vous fournir des documents.
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A
Je suis tombé sur les répones à mes questions !<br /> <br /> <br /> <br /> Extrait de l’émission "Cuntrastu" de France 3 Corse avec Jean-Luc Mélenchon, diffusée le 26 février 2012 et enregistrée le jeudi 23.<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.languesregionales.org/J-L-Melenchon-Cuntrastu-extrait<br /> <br /> <br /> <br /> Jean-Luc Mélenchon : <br /> <br /> - Pour l’enseignement des langues régionales, mais contre l’enseignement immersif ; <br /> <br /> (mon commentaire : on se passera de son avis !)<br /> <br /> <br /> <br /> - Contre la charte des langues minoritaires ; ("parce que je ne considère pas qu’il y ait en France de minorités nationales") <br /> <br /> (mon commentaire : il y a des minorités linguistiques - la charte doit être impérativement signée)<br /> <br /> <br /> <br /> - Pour la co-officialisation de la langue Corse mais sans que cela ne créé de "statut" ; <br /> <br /> ( on fait dans la décoration au pdg! Il faut un statut pour toutes les langues minoritaires, et la co-officialisation : c'est aussi une revandication aussi en Bretagne)<br /> <br /> <br /> <br /> - Pour la pratique des langues régionales, mais pas en présence de non-locuteurs.<br /> <br /> (mon commentaire : ?????????? )<br /> <br /> <br /> <br /> Bref, c'est zéro. Comme de toute façon mélanchon est un jacobin de la pire espèce ! et un au moins aussi "pov tip" que Guaino. <br /> <br /> <br /> <br /> Je ne m'explique pas que Dominique Bucchini, qui a des positions sur la question tout à fait "progressistes", pour parler comme vivelarépublisque, voire ambitieuses, l'ait reçu avec affabilité en Corse. Quelque chose m'échappe.<br /> <br /> <br /> <br /> Paco Ibanez, lui, a tout compris : <br /> <br /> http://www.languesregionales.org/Paco-Ibanez-sur-les-langues<br /> <br /> <br /> <br /> Une femme lance :<br /> <br /> « Et pourquoi tu le crois plus que nous ? On lui demandera ! C’est un copain, si c’est vrai, il devra s’en expliquer auprès de nous ! »<br /> <br /> <br /> <br /> Ce à quoi le chanteur leur répond :<br /> <br /> « Avec un coup de pied dans les couilles, oui ! Pour qui il se prend, celui-là »<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis aussi tombé la dessus :<br /> <br /> <br /> <br /> «Tout ça est une queue de comète de l’exaltation des années 68-70 qui mélange de vrais naïfs et des obstinés qui viennent de loin, il n’y a rien de pire que de céder au terrorisme intellectuel qui permet à des gens de préempter la représentation de toute une région. Faire sombrer la Bretagne dans la caricature de Diwan est odieux.»<br /> <br /> mélenchon 2002. Libération.<br /> <br /> <br /> <br /> Et, hier : <br /> <br /> <br /> <br /> Jean-Yves Le Drian était à Carhaix cet après-midi pour inaugurer le nouveau centre d’hébergement de Kérampuil. Le président du conseil régional en a profité pour dire son souhait de voir le site de "Kérampuil devenir la vitrine de la langue bretonne".<br /> <br /> <br /> <br /> Le lieu accueille déjà le lycée Diwan et le centre d’hébergement où dorment les internes du lycée. Il y aura bientôt l’office de la langue bretonne. L’institution s’installera dans le château de Kérampuil où les travaux de réhabiliation ont débuté. "Nous souhaitons que Kérampuil devienne le lieu de référence de la langue bretonne et lui donner une connotation nationale, voire internationale", a insisté Jean-Yves Le Drian.<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.languesregionales.org/Le-Drian-Faire-de-Kerampuil-la<br /> <br /> <br /> <br /> Pov melanchon, qu'il continu comme ça ! En Bretagne il sert de repoussoir et c'est très bien ainsi.
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A
Je m'essaie à qq questions :<br /> <br /> <br /> <br /> Tout d'abord, à propos de la Charte sur les langues minoritaires, on peut trouver ceci :<br /> <br /> <br /> <br /> http://languebretonne.canalblog.com/albums/le_2e_colloque__langues_regionales__de_la_sorbonne/photos/47493675-sorbonne_dec_2009_33.html<br /> <br /> <br /> <br /> Guy Woerhling<br /> <br /> Juriste expert auprès du Conseil de l'Europe<br /> <br /> Faire sans la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires ?<br /> <br /> <br /> <br /> Guy Woerhling décrypte le processus d'élaboration de la Charte. L'approche par les droits de l'homme était inutilisable, de même que par le droit des minorités. La troisième voie qui a été retenue a été de protéger les langues en tant que patrimoine de l'Europe : il ne s'agit pas de protéger les locuteurs, mais les langues en elles-mêmes.<br /> <br /> La France est le pays où il y a eu le plus de débats concernant la Charte. L'interprétation du Conseil Constitutionnel est fantaisiste.<br /> <br /> 24 pays ont ratifié la Charte à ce jour.<br /> <br /> <br /> <br /> Donc : "L'interprétation du Conseil Constitutionnel est fantaisiste."<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Philip Blair<br /> <br /> Ancien Directeur des Institutions démocratiques auprès du Conseil de l'Europe.<br /> <br /> Faire sans la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires ? <br /> <br /> <br /> <br /> Les obligations de la Charte sont de résultat, et non pas un engagement formel. La Charte a prévu des mécanismes de contrôle, pour évaluer les mesures pratiques qui sont mises en œuvre ou non. Beaucoup d'avancées ont été encouragées par les rapports d'évaluation du Comité d'experts. La Charte est un instrument sérieux et performant. Un pays peut beaucoup faire par sa propre législation. Mais s'il ne ratifie pas la Charte, les langues régionales perdent des opportunités réelles.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Donc, le parti de Gauche va-t il signer/ratifier la Charte, en modifiant si nécessaire la constitution, pour eviter que les chiens de garde de l'une-et-indivible ne laisse libre cours à leur fantaisie ? <br /> <br /> <br /> <br /> - Que veut dire co-officialité concrètement, comme évoqué en Corse ? Et qui a droit à cette co-officialité ?<br /> <br /> <br /> <br /> Avec tous ces drapeaux au mur on se serait cru à un meeting du fn ! Moi qui croyait que les Corses avaient leur drapeau !
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P
Bien sûr quil y a des gens de gauche qui peuvent dire le même genre de conneries que notre ami inconnu. Mélenchon par exemple. Je n'ai jamais dit le contraire, même dans le commentaire que vous aviez pris au premier degré il y a quelques semaines. Les propos politiques de Vivelarepublique-sic ne sont pas assez élaborés pour permettre de l'identifier politiquement. Il peut être, au choix, chevènementiste, mais c'est une espèce en voie de disparition ; il peut être mélenchoniste. Il peut être membre de la petite secte lambertiste qui change de nom tous les deux ans (AJS-PCI-OCI-POI-Schivardi et j'en oublie (ça rime, en plus)). Détail amusant, c'est dans cette secte que Mélenchon et un certain nobre d'autres ont appris la politique. Vu la brièveté et le manque de substance des interventions de notre ami inconnu, je ne peux pas décider (et quelque part, je m'en fous). S'il se croit de gauche, à mon avis, il a tort, et j'ai essayé d'expliquer pourquoi dans mon dernier message (en gros, ses conceptions sur les questions de langue et de culture sont surdéterminées par sa soumission naïve à l'idéologie bourgeoise. Il me semble que c'est clair). Ce qu'il dit, Guaino pourrait le dire, référence émue aux ouvriers comprise. ET que Guaino soit fondamentalement un pauvre type (pour ne pas dire un sale con, pour utiliser son vocabulaire)n'est pas une raison suffisante pour que je renonce à l'identifier à notre ami inconnu.
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A
L'énonciation de conneries volontaires et asumées au sujet des langues minoritaires n'est pas le propre de la droite, et la gauche y est tout aussi performante. Vivelarépublique peut être Guaino, il peut tout aussi bien être la pensée profonde d'un mélanchon.<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.languesregionales.org/Melenchon-s-exprime-sur-les
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