La France des langues dans le Grand Atlas Larousse. Ont es passat l'occitan ?
Nous ouvrons ici une nouvelle section du blog, qui pourrait s’intituler « Existissem pas », consacrée à la non existence de l’occitan, ou quel que soit le nom qu’on lui donne, car ici, on ne prend même pas en compte les querelles (essentielles pourtant) de dénomination.
Je possède, comme beaucoup de francophones, je crois, le Grand Atlas Larousse, édition 2002. C’est la reprise (mise à jour ?) d’une édition précédente de 1998, elle-même traduite et adaptée de l’américain chez Hammond Incorporated, parue la même année. L’adaptation française a bénéficié de l’apport d’un géographe français, René Oizon, qui signe une introduction. Figurent également les noms de François Demay (direction éditoriale), François Trémolières (responsable éditorial) et de Nadine Martrès (cartographe).
Il contient une carte des langues du monde et une autre des langues d'Europe (p. 23), proprement calamiteuses (inutile de détailler, cela serait trop fastidieux). Sur la seconde, entre autres choses, le français apparaît comme la seule langue existante dans les territoires du sud de la France (hormis le catalan et le basque présentés graphiquement comme des débordements de la péninsule ibérique) et d’ailleurs aussi dans ceux du nord de la France (à l’exception de la pointe bretonne; autrement dit aucun dialecte d'oïl n'est mentionné, ni l'alsacien, ni le flamand de France, etc.). Les autres pays européens ne sont pas mieux traités, l'Italie par exemple, où l'on parle visiblement uniquement l'italien dans toute la péninsule et même en Sicile, à l'exception de la partie la plus septentrionale déclarée rhéto-romane.
Un arbre des langues indo-européennes est également présenté (p. 22, on ne le reproduit pas ici), où se trouve, sur la branche « latin italique- bas latin », juste après le rameau catalan, au même niveau que celui du castillan et avant donc le français, un rameau « provençal », lequel n'est pas considéré comme une langues morte (soulignées en marron). Mais ce « provençal », qui correspond sans doute à la vieille dénomination de la littérature romane et est donc mis à la place d'occitan, n’existe pas sur la carte.
J’ai montré cette carte autour de moi. Une voisine m’a expliqué, voyant que figuraient le breton, le basque, le catalan et le corse : « Pardi, ils n’ont pas mis les patois ! ». Il y a une raison à tout...
Jean-Pierre Cavaillé
PS) Sur cette question de l'occitan comme "non langue", langue fantôme, "masque de fer", etc, voir ici, entre autres, le compte rendu du n° de Langues et Cité de 2007 consacré à l'occitan.