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Mescladis e còps de gula
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  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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4 mars 2012

Les lettres du front du félibre Louis Bonfils

Carte d'Azéma à Bonfils recto

Carte postale de Pierre Azéma à Louis Bonfils publiée par Guy Barral

 

Les lettres du front du félibre Louis Bonfils

 

E parle pas de las reflessiouns granadas, que cremavoun au lum, en prouvençau, en lengadoucian, en niçard : quau poudrà hou escriéure couma se dèu ?

(« Et je ne parle pas des réflexions épicées, qui crépitaient sous la lampe, en provençal, en languedocien, en nissart : qui pourra l’écrire comme il faudrait » ?) L. Bonfils à P. Azéma, 12 décembre 1915.

 

            Sur la page d’un blog fort intéressant, Le bibliophile languedocien, je viens de découvrir un texte occitan inédit, qui m’est apparu, à première lecture, à la fois comme un document magnifique et une chef d’œuvre d’écriture, le type de pièce de littérature dont on parcourt les lignes avec une sorte de frisson sacré.

            Il s’agit d’un ensemble de lettres de guerre écrites par l’officier Louis Bonfils, de Montpellier, tué sur le front à Mélicocq, le 11 juin 1918, dans sa vingt-sixième année. Ces lettres disent avec une force inouïe la réalité de la guerre, vécue par un jeune félibre, au patriotisme (français évidemment) que l’on jugera peut-être aujourd’hui exacerbé mais qui n’est pourtant pas dénué d’autocritique. Leur auteur, surtout, est engagé corps et âme dans une lutte exaspérée pour sauver l’honneur bafoué des soldats méridionaux, accusés de lâcheté et méprisés pour leur « patois ».

             Avec Bonfils, ce n'est pas quelques mots de « patois » graphiés à la diable dans des missives en français, comme Ives Rauzier les a collecté dans son petit ouvrage, mais de longues, parfois très longues lettres, toutes écrites entièrement en ce que Bonfils appelle « lenga d'oc », dans une graphie régulière, généralement limpide. Nous avons affaire à un lettré conscient de la dignité littéraire de la langue qu'il utilise et de la conviction qu'elle peut exprimer tout ce qu'il a à cœur de dire aussi bien et même mieux que le français dès lors que son premier souci est justement de rendre compte de la guerre vécue par les méridionaux occitanophones.

            Comme l’indique Guy Barral, dans les notes et la postface qui accompagnent son édition en ligne (il s’agit d’une véritable édition critique très bien faite qui sera suivie, j’espère, d’une édition papier – du reste je dépends ici très largement de ce travail), le document sur lequel le texte est établi n’est pas la liasse des lettres de Bonfils lui-même, aujourd’hui perdue, mais une copie de la main de leur destinataire, Pierre Azéma, en vue d’une édition annoncée[1], mais qui ne vit jamais le jour. Cette copie n’est pas intégrale : les lettres s’arrêtent en mars 1917, elles sont le plus souvent privées des formules de salutation, des lignes de points indiquent des coupures de passages délicats, censure obéissant sans doute parfois à des raisons « politiques » (la franchise et l’audace critique de Bonfils sont étonnantes et devaient être plus fortes encore), parfois à des raisons privées. En particulier, on n’y trouve presque aucune référence un tant soit peu développée au destinataire, sur le front pourtant lui aussi, jusqu’en juillet 1915, où il est gravement blessé, trépané puis réformé. Une fois rentré à Montpellier, Azéma se consacre à la rédaction du journal Lou Gal, dont la vocation est essentiellement de supporter dans leur langue le moral des soldats méridionaux. Lou Gal publie un grand nombre de textes écrits par les félibres « clapassièrs » qui, comme Bonfils, sont au combat. C’est ainsi que l’on trouve dans Lou Gal, dont j’ai parcouru la collection très lacunaire de la Bibliothèque Nationale (je remercie Occitanica qui, à ma demande, numérisera dans les mois qui viennent la collection de Montpellier), une série de textes, signés Filhou, pseudonyme de Bonfils, dans une rubrique intitulée « Tablèus de guerra » (tableaux de guerre). Le style de ces articles, est vraiment très remarquable (Philippe Martel a signalé la force de sa diatribe contre L’embuscat – « L’embusqué », n° 46 mai 1917), même si le bellicisme y est parfois assez terrible (en particulier lorsque Bonfils règle son compte au pacifisme des anarchistes dans une sorte d’apologue intitulé Lou càscou dau pichot, 19 janvier 1917).

            Or certains de ces textes sont tirés, plus ou moins directement, des lettres à Azéma. D’ailleurs, pour l’une d’entre elles, G. Barral choisit de donner le texte publié par le journal. L’usage qu’Azéma fait des lettres de son ami défunt n’a certes rien d’une trahison, car ces lignes sont écrites dans l’objectif de faire savoir, de rendre public le témoignage de ceux qui sont sous le feu, dans une urgence absolue dictée par la proximité de la mort. Il y va, pour Bonfils, de la vérité historique : si ceux qui se battent et côtoient la mort en permanence n’écrivent pas, leur histoire sera écrite par d’autres, à l’arrière du front. Protégés en fait par leur condition sociale, les embusqués ne connaissent pas la condition du poilu dans la tranchée de première ligne, dans la boue et la neige, sous les obus et la mitraille. C’est du reste toute la dimension politique du projet d’écriture de Filhou, en même temps que testimoniale : faire entendre la parole de ceux qui sont exposés, de ceux qui meurent, pendant que d’autres ont le loisir d’écrire.

 

Urgence d’écrire, écriture de l’urgence

            Ainsi naît le projet d’écrire ce qu’il appelle des tableaux de la vie quotidienne (vida vidanta) des soldats ; il a en effet la conviction que c’est seulement ainsi, que « l’istòria justa de la guerra atuala » pourra s’écrire, en ajoutant aussitôt que rien ne pourra être dit des « journadas de chaple » (« journées de massacre »), impossibles à écrire, sinon par ceux qui ne les ont pas vécu et qui feront « de frasas faussas, fantasièirousas e belèu messourguièiras » (« des phrases fausses, fantaisistes et peut-être mensongères », 23 mai 15).

            Je donne ici un long passage de la lettre du 7 juin 1915, que je traduis ensuite, où Filhou déclare ses intentions d’auteur, qui ne sont pas d’abord « littéraires » (même si son texte est aussi d’une grande qualité littéraire). Le ton est très polémique et met en cause les journaux de guerre comme l’Écho des marmites (sans doute le plus connu et le plus diffusé parmi bien d’autres, dont une bonne partie est maintenant numérisée par la BDCI), faits à l’arrière ou du moins à distance de la première ligne.

            « Sabe, e t’hou ai fach remarcà, que l’istòria de la guerra guerrièira, de la vida vidante das souldats, serà escricha soulament pèr lous que l’auran viscuda, couma nautres, e que ié serà estada ditada pèr ce qu’auren vist, en diguent las causas sans ges de pretencious literàrias ou autres.

            Pèr moun comte, te farai chaca cop ma crouniqueta ou moun raconte emé lou mème estile, emé sustout la mèma lenga. Dequé vos ? Lou traval de la terra pot pas se cantà qu’emé la lenga de la terra. Tout ce que t’escrive es be, sièga-n-en soulide, moun cahiè de notas, ounte vendren refrescà nosta mementa se voulèn escrièure, ou discutà emé quauques cigàrrous de journalista. Car prevese d’aici aquelas discussiouns. Las prevese contra aqueles que se disoun lous poilus e que soun liont de las trencadas ; contra aqueles que fan de journals que s’apelloun Echo des marmites ou autres. Sabèn ounte e couma se fan aqueles journals. En arriès, dins las ambulanças ou dins lous estat-majors.

            Soustènoun à toutes e à noutas vouès que soun sus lou front e que fan pas partida de l’arriès. Ebé, nautres, sèn pas sus lou front : sèn sus la ligna, sèn as endrechs ounte on a pas lou tems nimai l’idèia de faire de journals e de lous estampà mèmes à la poulicoupia; e pèr faire una letra de 4 pages, nous i metèn à 10 represas diferentas, car avèn counsciença de noste traval e aquel traval lou fasèn de noste milhou.

            Sabe be que serà pas nautres qu’auren fach la guerra, que serà eles. Car de nautres fossa pourriran jouta sièis pans de terra dau tems qu’eles perfumats, cirats e poudrats auran fach la noça e se seran tirats de l’endrech ounte acò toumbava trop.

            Es pèr acò que duvèn escriéure fossa e que lous que demouraran e que nous legiran rendran justiça a lous que soun toumbats chanudament pèr d’autres qu’avièn l’avantage que soun paire èra nascut avans eles. Un travalhadou se fai tugà perdequ’a pas agut una autò à oufri à un general, à coundicioun de ié la menà pour la durée de la guerre. »

            « Je sais, et je te l’ai fait remarquer, que l’histoire de la guerre effective, de la vie quotidienne des soldats, sera uniquement écrite par ceux qui l’auront vécue, comme nous autres, et qu’elle sera dictée par ce qu’ils auront vu, en disant les choses sans aucune prétention littéraire ou autre.

            En ce qui me concerne, je te ferai chaque fois ma petite chronique ou ma narration avec le même style et surtout avec la même langue. Que veux-tu ? Le travail de la terre ne peut se chanter qu’avec la langue de la terre. Tout ce que je t’écris est bien, sois-en sûr, mon cahier de notes, où nous viendront rafraîchir notre mémoire si nous voulons écrire, ou discuter avec quelque journaliste à cigare. Car je vois d’ici ces discussions. Je les prévois contre ceux qui se disent les poilus et qui sont loin des tranchées ; contre ceux qui font des journaux qui s’appellent l’Écho des marmitesouautres. Nous savons où et comment se font ces journaux. A l’arrière, dans les ambulances ou dans les états-majors.

            Ils soutiennent devant tous et à haute voix qu’ils sont sur le front et qu’ils ne font pas partie de l’arrière. Hé bien, nous autres, nous ne sommes pas sur le front : nous sommes sur la ligne, nous sommes en des lieux où l’on n’a pas le temps ni l’idée de faire des journaux et de les imprimer, mêmes à la polycopieuse, et pour faire une lettre de 4 pages, nous nous y mettons à 10 reprises différentes, car nous avons conscience de notre travail et ce travail, nous le faisons de notre mieux.

            Je sais bien que ce ne sera pas nous autres qui aurons fait la guerre, mais eux. Car des nôtres un grand nombre pourrira sous quatre pieds de terre, pendant qu’eux, parfumés, cirés et poudrés, auront fait la noce et se seront échappés de là où ça tombait trop.

            C’est pour cela que nous devons beaucoup écrire et que ceux qui resteront et qui nous liront rendront justice à ceux qui sont tombés en beauté pour d’autres qui avaient l’avantage d’avoir un père né avant eux. Un travailleur se fait tuer parce qu’il n’a pas eu une automobile à offrir à un général, à condition de pouvoir la conduire pour la durée de la guerre. ».

 

Critique de la hiérarchie et œuvre félibréenne

            Guy Barral nous avertit que cette citation, dans la copie d’Azéma, est suivie d’une ligne de points, indiquant une coupure. Peut-être Filhou donnait-il d’autres exemples d’embuscats de tous grades. Dans ce qui nous reste de texte, pourtant, les récriminations violentes contre les officiers incompétents (et donc criminels, dans les conditions de la guerre) ne manquent pas. Dès le 22 août 14, il évoque les « fautas ourriblas qu’un elèva-capoural auriè pas fachas mès que de 3, 4 ou 5 galouns faguèroun » (« fautes horribles qu’un élève-caporal n’aurait pas faites, mais que firent trois, quatre ou cinq galons ») ; « foutoun general lou prumiè escoubilhaire vengut ! » (« ils te foutent général le premier ramasseur de poubelles venu », 3 octobre 14). Mais il n’épargne pas non plus les petits officiers : « L’ajudant abrutit pèr 15 ans de caserna a bèu passà jouta-lioctenent, es e demora toujour la vièlha bruta qu’èra ièr en caserna » (« L’adjudant abruti par 15 ans de caserne a beau passer sous-lieutenant, il est et reste toujours la vieille brute qu’il était hier à la caserne », 10 juillet 15). Quant à lui, sa plus grande sastisfaction, comme il ne cesse de le dire, est d’être aimé de ses soldats : « soui mai que ben vist de lous que soun jouta mous ordres : e emm…, em’aquela oupinioun, lous que soun en dessus de ièu » (« je suis plus que bien vu par ceux qui sont sous mes ordres et, fort de cette opinion, j’emm… ceux qui sont au-dessus de moi », 7 juillet 15).

            Dès le début de la guerre, l’une de ses lettres est d’ailleurs détruite : « me destripèroun ma letra au burèu dau coulounèl, amor qu’èra pas escricha en francès e que n’en disiè trop » (« ils m’ont étripé ma lettre au bureau du colonel, parce qu’elle était écrite en français et que j’en disais trop », 22 août 14).

            Cette témérité le conduira jusque devant le conseil de guerre, en juin 1916, pour avoir pris à partie son supérieur, un commandant de compagnie qui insultait les méridionaux en rappelant la fameuse affaire du XVe corps, composé de Provençaux, accusé par Joffre et des hommes politiques (en particulier le sénateur Gervais) d’être responsable de la défaite d’automne 1914 (voir le livre récent de Maurice Mistre, La légende noire du XVe corps, C’est-à-dire éditions, 2009). Filhou fut néanmoins acquitté. Il raconte tout cela, non sans fierté, à son destinataire.

            C’est là en effet son deuxième combat, sa guerre dans la guerre : lutter pour la cause des méridionaux humiliés et défendre la dignité de leur langue, partout où il le peut. Cela veut dire d’abord qu’il s’adresse à ses hommes dans la langue, lorsqu’il est dans un régiment de méridionaux.

            Cela n’allait certes pas de soi : autant celle-ci était employée par les soldats, autant son usage dans les relations avec les officiers était proscrit : « Poudrièn mountà une coumpaniè res que de Clapassiès. Lous engule toutes car se cresoun oublijats de me parlà francimand quand ié parle en lenga d’oc. Un m’a mèma dich : Je ne comprends pas le patois. I ai respoundut Lèva-te d’aqui, me fas veni lou bòmi ! » (« Nous pourrions monter une compagnie rien que de gens du Clapas. Je les engeule tous, car ils se croient obligés de me parler français. L’un m’a même dit : Je ne comprends pas le patois. Je lui ai répondu : Fous-moi le camp, tu me donnes envie de gerber !», 7 juillet 15). Lorsque, au repos, il rencontre des soldats du 408e, il écrit : « ai vist quauques aveirouneses, dous ou tres prouvençaus, un aspirant qu’es de Loudeva, e pos creire qu’à chacun i ai parlat couma ié parloun pas sous ouficiès » («  j’ai vu quelques Aveyronnais, deux ou trois Provençaux, un aspirant qui est de Lodève, et tu peux croire que j’ai parlé à chacun comme ne leur parlent pas les officiers », 3 mai 16).

            Affecté plus tard dans un régiment de Normands (319e), il y trouve trois ressortissants égarés de l’Héraut : « I ai parlat en lenga et tout lou mounde seguèt estoumaca de m’ausi. Lou patois pèr aquel mounde, acò’s quicon de talament ourdinàri, vulgaire - couma disiè l’autra pèpia - qu’on auriè jamais cresegut qu’un lioctenent ausèsse lou parlà. Mès ièu ausère… » (« J’ai parlé dans la langue et tout le monde fut estomaqué de m’entendre. Le patois, pour ces gens, est quelque chose de tellement ordinaire, vulgaire – comme disait l’autre idiot – que l’on n’aurait jamais cru qu’un lieutenant osât le parler. Mais moi, j’ai osé… » 24 novembre 15). Il trouve aussi dans sa compagnie une quinzaine de volontaires provençaux ayant explicitement demandé à ne pas faire partie du XVe corps. Il ne leur mâche pas ses mots : « Se ce que m’an dich es vrai, qu’avès vergougna d’éstre miejournaus, sès pas que de bastards, e acò vous pourtarà pas chança. » (« Si ce que l’on m’a dit est vrai, que vous avez honte d’être méridionaux, vous n’êtes que des bâtards et cela ne vous portera pas chance ») et il ajoute à leur intention, selon ce qu’il rapporte, « Serès toujour de malurouses ; sès toumbats dins un regiment ounte noste bèu païs es mau vist, ounte vous defendran de parlà vosta lenga, e es pas en francimand que pourrès vous rapelà das bords dau Rose ou das serres de las Cevenas. Vous counselhe pas qu’una causa : es de vous ben senti toutes, de marchà de coutria, e se que quaucun parla mau de noste païs, se disoun que nostes fraires an pas fach soun debé, arrapàs un barrot e tustàs. Emé lous coulhouns, on fai pas de rasounaments » (« Vous serez toujours des malheureux ; vous êtes tombés dans un régiment où votre beau pays est mal vu, où on vous interdira de parler votre langue, et ce n’est pas en français que vous pourrez vous souvenir des bords du Rhone ou des collines des Cévennes. Je ne vous conseille qu’une chose, c’est de bien vous entendre tous, de vous épauler, et si quelqu’un parle mal de votre pays, s’ils disent que nos frères n’ont pas fait leur devoir, prenez une barre et frappez. Avec les cons, inutile de raisonner », 3 mai 16).

            Personne, en lisant Filhou, ne peut plus soutenir que le Félibrige n’a jamais été rien d’autre qu’un doux passe-temps de notables. Il est chez lui un engagement de tous les instants, qui va bien au-delà de la défense de la langue. Lorsqu’il publie dans l’Éclat de Montpellier le récit de la prise héroïque d’une tranchée à Lombaertzyde en Belgique, durant la bataille de l’Yser, il se dit fier, « sustout pèr la proupaganda felibrenca » (« surtout pour la propagande félibréenne », 1er février 15) qu’il a pu faire par sa lettre. Amené plus tard à commander des Normands, il écrit : « Coumandant una coumpaniè de miejournaus, farièi una obra felibrenca : la que penses. Coumandant una coumpaniè de nourmands, farai mous esfors lous pus grands pèr i aprene ce que sèn e ce que valèn » (« Commandant une compagnie de méridionaux, je ferais une œuvre félibréenne, celle que tu sais. Commandant une compagnie de normands, je ferai mes plus grands efforts pour leur apprendre ce que nous sommes et ce que nous valons », 3 décembre 1915). A la fin du même mois de décembre, Filhou est fier de s’être attiré la considération et l’amitié de ses soldats, et fier surtout d’être félibre : « perdequé ère segu que soul lou felibrige poudiè nous bailà aquela força, aquel caratèra. Es una obra nouvella pèr ièu, qu’aquel felibrige sans la lenga » (« parce que j’étais sûr que seul le Félibrige pouvait nous donner cette force, ce caractère. C’est une œuvre nouvelle pour moi, que ce Félibrige sans la langue », 6 décembre 15).

 

Hommes du nord et du sud

            Dans ce contact avec des hommes du nord, Filhou évite de reproduire les ethnotypes ; quand il se lance dans une analyse un tant peu approfondie, il évite le recours si fréquent à l’époque à la notion de « race » et à l’explication climatologique classique (toujours en vigueur) au profit d’une réflexion proprement sociologique, qui ne manque pas d’intérêt :

            « Pèr el-mèma, lou miejournau jouïs d’una prou granda libertat, pèr la bona rasou qu’es en granda partida soun mèstre. Dins noste païs soun noumbrouses lous qu’an soun floc de vigna que lous fai viéure, eles emé lou siéunes. Soun encara noumbrouses lous qu’an un atalhè de pati-pata-parés ounte l’ome gagna prou pèr faire bouli lou toupi de toutes. Aquel noumbre es toujour pus grand que lou das emplegats ou de las oubriès d’usina.

            Au countrari, dins lou Nord, l’endustria fai flòri. Cau que lou carbou fague lou traval dau sourel e lous emplegats soun de fossa mai noumbrouses que lous patrouns. Lous pichots atalhès esistoun pas, podoun pas esistà procha de las grandas usinasses e un soul ome coumanda à mila, dous mila, dèch mila emplegats. Ce ques de l’endustria dau Nord l’es tamben de las campagnas de Nourmandia ounte un soul prouprietàri es riche pèr tout un vilage. Aiçò pausat, dequ’es qu’arriba? la causa la pus naturala : lou miejournau travalha pèr soun plesi, ausarièi dire, l’ome dau Nord travalha pèr força. Abituat à sa libertat, lou miejournau vòu èstre toujour libre ; abituat au coumandament, l’ome dau Nord se troba pas tant despaïsat davans la disciplina militària »

            « Par lui-même, le méridional jouit d’une assez grande liberté, pour la bonne raison qu’il est en grande partie son propre maître. Dans notre pays, nombreux sont ceux qui ont un pan de vigne qui les fait vivre, eux et leurs familles. Nombreux sont aussi ceux qui ont un atelier d’un peu de ci, d’un peu de mi et de pas grand-chose où l’homme gagne assez pour faire bouillir la marmite des siens. Ce nombre est toujours plus grand que celui des employés ou des ouvriers d’usine.

            Au contraire, dans le Nord, l’industrie est florissante. Il faut que le charbon fasse le travail du soleil et les employés sont beaucoup plus nombreux que les patrons. Les petits ateliers n’existent pas, ils ne peuvent pas exister à côté des grandes et grosses usines, et un seul homme commande mille, deux mille, dix mille employés. Il en est des campagnes de Normandie comme de l’industrie du Nord ; un seul propriétaire est riche pour tout le village. Ceci étant posé, qu’arrive-t-il ? La chose la plus naturelle : le méridional travaille pour son plaisir, oserais-je dire, l’homme du nord travaille par force. Habitué à sa liberté, le méridional veut toujours être libre ; habitué à être commandé, l’homme du nord ne se trouve pas tant dépaysé devant la discipline militaire » (3 décembre 1915).

 

L’Ennemi

            Filhou a beaucoup plus de mal à adopter une position de recul réflexif devant l’ennemi, « le boche », dont la barbarie est plus d’une fois dénoncée. Pourtant, dans le conflit, son opinion évolue vite. Par exemple, ayant fait partie des troupes rentrées à Raon après le départ des Allemands durant l’automne 14, il conteste fortement un article de Barrès sur les horreurs allemandes : « Ai vist ièu-mème l’espitau e èra pas de tout vrai la saloupariè pintrada pèr Barrès qu’a agut el lou gros avantage de pas hou veire. Au moument ounte iè soui estat, majors e infirmiès franceses e tudescs rivalisavoun d’ardou et de zèla pèr sougnà tout lou mounde » (« J’ai vu moi-même l’hôpital et la saloperie dépeinte par Barrès, qui a eu, lui, le gros avantage de ne rien voir, n’est pas du tout vraie. Lorsque j’y suis allé, les médecins et infirmiers français et allemands rivalisaient d’ardeur et de zèle pour soigner tout le monde », 4 novembre 1914). Le 15 septembre de la même année, devant l’arrangement des tombes dans l’immense cimetière du col de la Chipotte (le Trou de l’enfer), il note que les Allemands ont le culte des morts et il est touché par une tombe portant l’inscription « Hier Ruhen 3 Franzosen von deutschen Kameraden Begraben. 3 7bre 14, Acò vòu dire, ajoute-t-il,  Ci-gît 3 soldats français enterrés par 3 camarades allemands » (il dit ne rien comprendre à l’allemand d’où sans doute la légère erreur de traduction). Cela pour conclure : « Cau creire que pertout i a de brave mounde » (« Il faut croire qu’il y a partout de braves gens »).

            Une autre fois (16 janvier 15), il raconte comment il est amené à tuer un officier allemand, qui venait de lui tirer dessus, lequel lui demanda en mourant la photographie de sa fiancée au dos de laquelle était écrit, en bon français : « A mon bien-aimé Karl, que ce témoignage de mon amour lui porte bonheur et me le ramène victorieux ». Lui-même laisse un mot sur la veste, pour rendre hommage au soldat mort en faisant son devoir : « Pos creire que, quoura pense à-m-acò, soui encara boulegat » (« Tu peux croire que, lorsque je pense à cela, j’en suis encore bouleversé »).

 

L’horrible beauté de la guerre

            Filhou, je l’ai dit, est tout sauf pacifiste. Il est animé d’un patriotisme sans faille (reflétant là encore la position des félibres) et, plus encore, il y a chez lui une exaltation de la guerre, la « vraie », celle de l’attaque, non celle, « abrutissante, pénible », des tranchées ! « Vida boulegadissa, dangèirousa, mès sublima » : « vie en mouvement, dangereuse, mais sublime ». Sentencieux, il déclare : « Lou qu’aurà viscut longtems aquela lucha, qu’aurà counougut aquela vida, pourrà pas dire qu’es nascut pèr pas res » (« Celui qui aura vécu lontemps cette lutte, qui aura connu cette vie, ne pourra pas dire qu’il est né pour rien »). Une autre fois, il renchérit : « sèn pas à l’oura das plous ou de la pietat, mès ben à la lucha, la lucha sans treva, sans misericorda » (« nous ne sommes pas à l’heure des pleurs et de la pitié, mais à l’heure de la lutte, la lutte sans trêve, sans miséricorde »).

            Il évoque même la beauté plastique, scénographique des combats sous l’orage : « Lou bruch sour das canous s’ausis couma un ressoun dau tron que roundina, la flamba de fioc que giscla après l’oubus s’aparia emé l’ilhau. Es triste, mès terriblament bèu ! » (« Le bruit sourd des canons résonne comme un écho du tonnerre qui gronde, la flamme de feu qui fuse après l’obus ressemble à l’éclair »12 décembre 15) ; « Pioi la ploja se metèt de la fèsta ; entre lous rachs d’aiga celesta, lous ilhaus das trons e lous das canous, las fusadas esclairantas e las fusadas-signals passavoun, e fasièn lusi lous degouts de ploja. Era terriblament bèu. (« Puis la pluie s’est invitée à la fête ; entre les raies d’eau céleste, les éclairs du tonnerre et ceux des canons, les fusées éclairantes et les fusées-signaux qui passaient, et faisaient luire les dégouts de la pluie. C’était terriblement beau », 26 décembre 15).

            Cette sublimité n’est pas séparable de l’horreur, et s’efface d’ailleurs complètement devant elle : « es pertout un mescladis sans noum de vièlhas capotas, de bralhas espelhadas, de souliès escrancats; dos brancas tourdudas fan de crouses à chaca pas. Aqui n’i a un qu’es mort e pas entarrat, pus liont las cambas d’un autre sourtissoun ; alai es un bos tout negre, au sòu de càscous, de fusils, de kepis, de baïounetas, d’equipaments. Caudriè qu’agèsse davam ièu una oura pèr pintrà ce que l’iol vei sus aquesta terra fouchada pèr lous foutraus e ounte la mort grelha à chaca pas » (« C’est partout un mélange sans nom de vieilles capotes, de pantalons déchiquetés, de chaussures dessemelées ; des branches tordues font des croix à chaque pas. Ici, un mort non enterré, plus loin sortent les jambes d’un autre ; là-bas, un bois tout noir, au sol des casques, des fusils, des képis, des baïonnettes, des équipements. Il me faudrait une heure devant moi pour peindre ce que l’œil voit sur cette terre fauchée par les rustauds et où la mort germe à chaque pas ») ; « Pertout de morts ; aici un bras pencha, aici una camba sourtis, alai marches sus una tèsta. Acò’s triste, acò’s terriblament triste » (« Partout des morts ; ici un bras plié, là une jambe qui sort, et là tu marches sur une tête. C’est triste, c’est terriblement triste »).

 

Tuer, être tué

            Filhou note les journées où il a « lo bonur ou lou malur de n’en davalà quauques-uns » (« le bonheur ou le malheur d’en descendre quelques uns »), ce qui dit assez la satisfaction amère de la besogne de guerre. Il va d’ailleurs jusqu’à se demander« dequ’es lou pus malurous : tugà ou se faire tugà ? » (« qu’est-ce qui est le plus malheureux : tuer ou se faire tuer ? ».

            C’est qu’il est hanté par l’assaut héroïque de Belgique déjà évoqué, qu’il raconte d’abord avec ces mots : « La trencada nouvella es plena de morts ou de blassats. D’unes soun encara sans e fan mina de se rendre. L’esaltacioun das omes es trop forta ; dins la trencada es encara lou chaple que countinua. Tout regoula de sang; las baïonnetas cremesinas lusissoun pas pus au sourel » (« La nouvelle tranchée est pleine de morts ou de blessés. Certains sont encore sains et saufs et font mine de se rendre. L’exaltation des hommes est trop forte ; dans la tranchée, c’est encore le massacre qui continue. Tout ruisselle de sang ; les baïonnettes cramoisies ne luisent plus au soleil », Noël 1914). A distance, le jour où il se demande s’il ne vaut pas mieux être tué que tuer, il écrit : « Quand me remembre de qu’avèn fach a Lombaertzyde e que vese la bouchariè qu’es estat, i a dequé èstre vergougnous d’avudre sannat aqueles omes trop vièls ou aqueles jouvents trop jouines » (« Quand je me souviens de ce que nous avons fait à Lombaertzyde et que je vois la boucherie que ça a été, on ne peut éviter la honte d’avoir saigné ces hommes trop vieux ou ces jeunes trop jeunes »). Mais il se «reprend » aussitôt : « Pamens, poudèn pas avudre de remords, macarèl ! » (« Pourtant, on ne peut pas avoir de remords, macarel ! » 8 février 15).

            Et pourtant.... « I auriè bèucop à dire sus la guerra que fasèn e qu’es pas la guerra. Es una seguida d’assassinats, una bouchariè ourrible » (« Il y aurait beaucoup à dire sur la guerre que nous faisons et qui n’est pas la guerre. C’est une suite d’assassinats, une boucherie horrible », 2 juin 15).

            L’expérience de l’horreur fait vieillir avant l’heure : « Nous es estat bailat de veire de causas e de causas e es ben vrai de dire qu’aqueles tres ans nous an ben vielhit. Nous an vielhit perdequé nous fan escriéure de souvenis à l’age ounte dèurian vièure pas que d’illusiouns » (« Il nous a été donné de voir des choses et encore des choses et il est bien vrai de dire que ces trois ans nous ont bien vieilli. Ils nous ont vieilli, parce qu’ils nous font écrire des souvenirs à l’âge où nous ne devrions vivre que d’illusions », 1er avril 15, il faut préciser, qu’avant la déclaration de la guerre, Filhou avait été très marqué par son service en Corse).

            Dans cette confrontation permanente avec la mort, Filhou scrute son destin, oscillant entre la certitude de mourir et l’espoir fou de s’en tirer : « la mort es pèr nautres. Ioi à ièu, deman à tus » (« la mort est pour nous. Auourd’hui mon tour, demain le tien » 27 mai 15). Pourtant, non, cela ne peut être : « Sèn de la raça que s’en tira. Poudèn pas mouri jouines » (« Nous sommes de la race qui s’en tire. Nous ne pouvons mourir jeunes », 7 août 15). Il faut s’en tirer, il le faut d’abord, pour dire, pour témoigner, « pèr racà nosta billa, nosta coulèra, nosta ira, sus tout aquel mounde qu’an agut lou merite de noste traval » (« pour vider notre bile, notre colère, notre ire, sur tout ces gens qui ont eu pour tout mérite notre travail », 15 juin 15). Mais l’accablement est parfois le plus fort et un pressentiment tenace : « Ai toujour moun idèia que duve pas m’en tirà. S’acò m’arriba, saupràs qu’hou avièi pressentit » (« J’ai toujours dans l’idée que je  ne dois pas m’en tirer ». Si cela m’arrive, tu sauras que je l’avais pressenti », 8 février 16).

 

Vida vidanta et mort du héros

            Cependant, l’attention de Filhou n’est pas tout entière occupée par ce face à face avec la mort, loin de là ; Filhou est curieux de tout, observe tout, avec acuité ; les paysans au travail, les paysages, pour lesquels il a une grande passion, et enfin, d'abord, tout ce qui fait la « vida vidanta » des soldats, leur capacité à endurer et à se ménager des moments et des lieux de répis et de joie, reconstituant d’éphémères « masets » agrémentés de tonnelles, dotés de devises (Aici biscan pas ; Li sian pas qu’un) et de noms écrits sur des bouts de planche : Lou cabanoun, La Prouvènço flourido, Vila de la Crau, La Cetoria ou encore la très ironique Villa Belle-Vue, placée dans un « cuèu-de-sac escu couma de pega » (« cul de sac noir comme de la poix »).

            Il lui arrive même de faire montre d'une témérité primesautière, lorsqu’il va par exemple attacher nuitamment une ficelle aux grelots fixés sur les fils barbelés de la tranchée ennemie…

            Mais il excelle surtout à relater en quelques phrases des anecdotes frappantes, qui expriment du réel, ce qui n’est pas imaginable. Ainsi, lorsqu’il raconte avoir vu un cuisinier, la première année de guerre, monter à l’assaut un jour de pluie sous un parasol blanc, ou quand il dresse la figure d’un caporal ivre mort, qu’il vit écrire sur les manches de sa vareuse une lettre à sa femme défunte ; quand il parle de ce parisien qui, s’étant déshabillé pour faire la chasse au poux en un endroit dangereux, invoquait le feu ennemi pour le libérer de toute sa vermine ; ou encore l’histoire de ces deux vieilles voisines, dans un village, chacune accusant l’autre d’avoir trouvé du plaisir à s’être fait violer par les Allemands en 1870… Ces petits tableaux politiquement incorrects, qui sont peut-être ceux qui remplissent le mieux, au moins pour nous, le projet de décrire au plus près la vida vidanta des poilus, disparaissent des articles que j’ai pu lire dans Lou Gal

            La dernière lettre est datée du 11 décembre 1916, alors que Filhou continue pourtant à publier ces tableaux dans Lou Gal, ce qui indique bien que la correspondance avec Azéma s’est poursuivie sans doute jusqu’à ce jour de juin 1918, où ses mauvais pressentiments, hélas, se vérifièrent…

            J’ai trouvé le récit de sa mort par Pierre Azéma, dans la notice Bonfils de l’Anthologie des écrivains morts à la guerre, 1914-1918 (Amiens, Malfère, 1924-1926, t. II, p. 72-77), des volumes d’ailleurs très intéressants à étudier où figurent des textes en oc (provençal, gascon, languedocien), en catalan, en breton de ces écrivains, souvent très jeunes, qui tout en écrivant en leurs langues natives sont morts pour « la » patrie, ce que ladite patrie reconnaissante leur a reconnue, soit dit en passant à l’intention de ceux qui veulent la mort des « patois » au motif qu'ils détruiraient l'unité nationale.

            Je cite ce texte français d’Azéma : « Il est là, jeune capitaine, aux avancées de Compiègne, en ces jours de juin 1918 où commence l’épilogue du grand drame dont il ne verra pas la fin. Il doit défendre le passage du Matz et protéger le repli de son bataillon. A la tête de sa compagnie, sacrifiée, il lutte trois jours sans répit, l’œil à tout, inlassable, attisant à sa flamme le foyer de la résistance, tonnant des ordres de bataille et des jurons languedociens, et, furieux et beau comme un héros d’Homère, insultant l’ennemi dans la langue de Mistral. Et, en même temps, toujours bon, pitoyable à la souffrance de ses poilus ; à l’un deux, qui n’en peut plus, il prend pour le porter lui-même son fusil-mitrailleur. Comme il venait d’accomplir ce geste de Cyrénéen, il tomba, la gorge trouée d’une balle… ». Cette évocation, dont l’éloquence vise bien sûr à héroïser la figure du mort, à lui sculpter son monument, la sépulture littéraire qu’il mérite, je la trouve, pour ma part remarquable, car elle est fidèle à l’extraordinaire énergie des récits de Filhou.

            Comme l’a dit une intervenante sur ce blog, cette posture de Filhou et de ses amis félibres, tous unis dans la lutte contre le « boche », était peut-être (sans doute) létale et proprement suicidaire pour les langues et les cultures régionales ; du moins c’est ce que l’on peut avoir envie de dire aujourd’hui, mais il apparaît bien que, replacée dans le contexte culturel et politique de la Grande guerre, cette critique, si on l’adresse aux acteurs eux-mêmes, n’a guère de sens. Les pacifistes, certes, comme l’anarchiste décrit par Filhou dans l’un de ses portraits, ont existé à l’époque, un discours alternatif, pour minoritaire qu’il soit, était possible, et parmi ces réfractaires, il y avait évidemment des hommes sensibles à la question linguistique (ce fut le cas par exemple du Limousin déserteur Martial Desmoulins). Mais ceux-là furent minoritaires dans une minorité. Non encore émancipés de la notion de « petite patrie » pensée comme entretenant un lien consubstantiel avec la « grande », les mouvements régionalistes, sans nul doute, étaient plus enclins au bellicisme national qu’à la critique pacifiste, humaniste et internationaliste.

 

Jean-Pierre Cavaillé

 


[1] « Pour paraître : Tableaux de guerre. Lettres du front, avec préface biographique, hommages félibréens et illustrations ». C’est ce qu’annonce Azéma dans sa notice Louis Bonfils, dans l’Anthologie des écrivains morts à la guerre, 1914-1918, Amiens, Malfère, 1924-1926, 4 vol., t. II, p. 76. Mais une souscription est lancée pour la publication des œuvres dès sa mort (Lou Gal n° 86, janvier 1919).

Guy Barral a travaillé sur le texte préparatoire des lettres conservées par la famille Azéma, et désormais déposées à la Médiathèque de Montpellier.

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Commentaires
D
Et on peut trouver ce livre dans la librairie Espaci Occitan dels Aups: https://www.espaci-occitan.com/botiga/fr/histoire-etudes/1930-l-occitan-en-guerre-louis-bonfils-guy-barral-9782367811413.html
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M
Je signale que les lettres de Bonfils, éditées par Guy Barral, ont été publiées aux PULM : https://www.pulm.fr/index.php/9782367811413.html, avec traduction française et appareil critique.
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