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Mescladis e còps de gula
Mescladis e còps de gula
  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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10 décembre 2009

A Paris

paris_la_nuit

A Paris !

 A la suite de la manifestation de Carcassonne en faveur de la langue occitane, qui a rassemblé environ 25000 personnes, le journal La Setmana, dont on ne vantera jamais assez les mérites, avait demandé à ses lecteurs comment ils envisageaient la poursuite du mouvement. J’avais envoyé un billet, que j’ai ensuite republié sur ce blog, en faveur du choix de Paris comme lieu du prochain rassemblement, mais surtout d’une manifestation qui associerait aux occitans tous les locuteurs de langues minorées qui, comme nous, réclament des droits et exigent une tutelle publique. Toutes les réactions à cette proposition exprimées sur le blog sont à ce jour positives, parfois mêmes enthousiastes.

 Je viens d’apprendre pourtant que lors de la dernière réunion d’Anèm òc (la coordination ayant organisé les manifestations de Carcassonne et de Béziers), qui s’est tenue il y a deux semaines (mercredi 25 novembre), la proposition d’une manifestation à Paris a été discutée et rejetée, pour un double motif : 1- le manque d’une équipe capable d’organiser la manifestation sur place et 2- la crainte que les autres langues n’accompagnent pas l’initiative.

Il se peut que la teneur des discussions, évidemment, me soit parvenue déformée, simplifiée etc. (les intéressés rectifieront s’ils le souhaitent), et il n’est bien sûr nullement mon intention de faire le moindre procès d’intention à l’équipe qui a tant travaillé, et de manière si efficace, pour assurer la réussite des manifestations précédentes. Le compte rendu de la réunion publié dans le n° 742 de la Setmana, fait état de l’importance désormais retenue de travailler avec les autres langues, mais parle du maintien d’une manifestation panoccitane dont le lieu ne serait pas encore arrêté sans évoquer la proposition parisienne.

Il est vrai que le double projet d’un déplacement parisien et d’une collaboration active avec les associations culturelles des autres langues représente des difficultés évidentes, mais je voudrais cependant contester les deux raisons invoquées dans le compte rendu informel qui m’a été fait et reprendre les arguments que j’avais pointés dans mon papier en occitan.

1- Il n’est pas vrai que l’on ne puisse constituer à Paris une équipe pour l’organisation de la manifestation. Tout le monde sait qu’il existe une structure en Île de France, Le CREO (Centre Régional d’Enseignement de l’Occitan) de la Talvera, modeste, mais très active et qui serait très certainement disponible pour une telle initiative, à laquelle il faut ajouter la Société des Félibres de Paris et quelques autres associations occitanes. Mais surtout, les relais parisiens pour les autres langues sont nombreux; la présence de Diwan et d’autres associations bretonnes, de la Fédération des Associations Corses de Paris, etc. Tout cela demande évidemment un gros travail de coordination, mais la tâche n’a rien a priori d’impossible ; j’ai surtout la conviction que nous sommes arrivés à une étape cruciale où toutes les associations culturelles de promotion des langues minorées en France ont le désir de travailler ensemble pour faire avancer les choses. Le colloque qui s’est tenu à la Sorbonne les 3 et 4 décembre derniers (Langues et cultures régionales de France. Dix ans après : cadre légal, politiques, médias), auquel j’ai assisté, n’a fait que me conforter dans cette opinion.

2- C’est déjà avoir répondu à la deuxième objection. Les contacts informels pris ici et là sont très positifs pour l’organisation d’une manifestation parisienne sur la base très large de revendications communes : ratification de la charte européenne des langues régionales et minoritaires, obtention d’une loi permettant de développer une présence dans les médias – aujourd’hui plus que jamais menacée – et d’en développer l’enseignement. Mais surtout, cette manifestation, festive, musicale, costumée serait le moyen, à mon avis irremplaçable, de donner à voir et à entendre le plus largement possible la diversité linguistique et culturelle du pays (une sorte de Linguistic and Cultural Pride !) au moment où l’on veut nous assigner à une définition monolithique, monolingue, monoculturelle et donc exclusive et excluante de l’identité française. Ce serait aussi un biais pour refuser de laisser enfermer les questions linguistiques dans les compartiments séparés des régions qui, du reste, n’offrent souvent même pas un cadre territorial satisfaisant. Le cadre régional, même s’il est nécessaire, voire essentiel, et s'il faut tout faire à travers lui pour développer les initiatives de soutien à nos langues, car il serait bien sûr absurde de nier que celles-ci doivent être promues là où elles sont traditionnellement parlées, reste en effet insuffisant. La nation aussi, me dira-t-on avec raison, tant il est vrai que les langues ne connaissent pas les frontières, et je ne veux certes pas défendre ici une conception nationale, voire nationaliste de la question linguistique (la proposition d’une « nationalisation des langues de France », de Claude Sicre, n’a d’intérêt que par son caractère provocateur). Mais nous montrer capable de nous déplacer, pour nous rencontrer en ce lieu, que nous le voulions ou non, central et capital, ce serait aussi donner à voir et à désirer, et non à redouter, la diversité, fluidité et mixité des identités culturelles et linguistiques, et de rendre enfin évident que les langues, avec leurs locuteurs ne se laissent pas enfermer, justement, dans des territoires délimités, compartimentés, séparés en régions, départements et nations.

Car manifester à Paris, c’est aussi la possibilité de réunir, plus facilement qu’ailleurs dans le pays, les locuteurs des langues historiques à territoires, y compris évidemment celles des territoires d’Outre-mer, dont de nombreux ressortissants habitent en Île-de-France, et les langues minorées dites non territorialisées, tant celles qui sont présentes à travers l’Europe depuis des siècles (Yddish, Romani...) que des langues sans États de l’immigration (en retenant donc sur ce point le critère tout à fait pertinent des promoteurs de la notion de langues de France). Je sais que beaucoup de militants en faveur des langues historiques de France tiennent absolument à faire valoir la différence entre leurs langues et celles des migrants, parlées ailleurs dans le monde, mais cette distinction est toute relative et contestable, car chacun sait que nos langues historiques aussi se sont parfois maintenues dans les lieux de migration les plus lointains. Mais surtout, si notre projet est la reconnaissance de la diversité linguistique dans le cadre d’une démocratie culturelle réelle, il est inimaginable, je dis bien inimaginable, que nous n’associons pas à nos revendications tous les groupes de citoyens ayant des revendications linguistiques, dans le respect et la reconnaissance mutuelle des autres langues. Si nous ne le faisions pas, nous nous laisserions enfermer dans les plus répugnantes oppositions entre les français (ou occitans, bretons etc.) de souche et les autres, c’est-à-dire dans la rhétorique identitaire contre laquelle, précisément la plupart d’entre nous agissons, quelles que soient nos convictions idéologiques. C’est d’ailleurs contre elle que nous avons manifesté à Béziers et à Carcassonne en signifiant par exemple de la manière la plus ferme que nous nous situons à l’exact opposé de toutes les pseudo-valeurs du sang et de la terre mises en avant par les funestes éléments du bloc identitaire.

 Paris serait évidemment le lieu idéal pour montrer en action cette conception de la diversité linguistique et culturelle plurielle et ouverte, parce que la région parisienne, plus qu’aucune autre, est le territoire justement de cette diversité, si rarement reconnue, partout audible (il suffit pourtant de tendre l’oreille dans le RER, les trains de banlieue etc.) et pourtant clandestine. Elle ne demande qu’à se montrer au grand jour et à se déclarer comme un enrichissement inestimable du patrimoine commun, une revendication légitime, sans aucune velléité revancharde et concurrentielle à l'égard du français.

 Il va de soi enfin, et c’est le point crucial, sur le plan stratégique, qu’une manifestation à Paris donnerait ipso facto à notre mouvement une visibilité nationale – car rien de ce qui se passe à Paris, comme on ne le sait que trop, pour peu qu’il ait quelque ampleur, ne passe inaperçu des médias nationaux – et du même coup régionale, puisque le critère d’importance et de pertinence de l’information, dans les régions, reste le relais parisien. On peut, on doit le regretter, mais il en est ainsi. J’ai hélas la conviction qu’à Carcassonne même on aurait plus parlé des 25000 manifestants du 24 octobre si les télévisions nationales en avaient réellement rendu compte. Par contre, aucun de mes collègues et aucune de mes connaissances parisiennes n’a entendu parlé de cette manifestation pas plus que des précédentes ; aussi pour eux, nous n’existons même pas et de toute bonne foi, beaucoup croient, y compris à l’université, que l’occitan s’est éteint sous le règne de François Ier. Mais plutôt que de nous lamenter sur les difficultés que nous rencontrons pour nous rendre audibles et visibles, il nous faut plutôt nous employer à retourner ce système national parisianocentré contre lui-même en s’imposant… au centre.

Quant à l’impact politique, il pourrait aussi être considérable : le groupe de députés qui compose le groupe de travail parlementaire compte plus de soixante membres, les verts, qui nous soutiennent, sont très implantés à Paris, etc. Nous pourrions ainsi nous imposer véritablement dans les discussions et donner quelques raisons au ministre de daigner s’intéresser à la question, qu’il semble mépriser souverainement. Car nous le savons bien, c’est à Paris que se décide le sort de nos langues, y compris leur régionalisation, dans le cadre d’une décentralisation pensée et contrôlée par le centre et depuis le centre.

Une autre dimension est enfin à prendre en compte ; celle des nombreux chercheurs, linguistes, anthropologues, philologues, dont le travail est consacré aux langues minorées en France et de par le monde, qui pourraient être mobilisés pour des débats et des conférences, en un lieu qui est aussi, de fait, central pour la recherche.

Ce passage par Paris est de toute façon nécessaire et même inévitable. Ce qui ne cesse de m’étonner est la crainte sacrée qui, jusqu’à présent, nous a arrêté au seuil du temple. Avons-nous à ce point intégré la vénération du centre, sous toutes nos détestations, au point de penser spontanément que ce lieu, à nous qui sommes citoyens français (et du monde), n’est donc pas aussi le nôtre ?

Cependant je reconnais pleinement toutes les difficultés que représentent une telle organisation et ce que cela suppose en terme d’établissement d’un réseau de relations entre tous les protagonistes, que je n’énumère pas, parce que, justement, je craindrais d’en omettre. Et cela même, tisser des liens et les renforcer avec les amis locuteurs des autres langues minorées, ne peut que nous enrichir et nous rendre plus fort. Ce post, du reste, ne s’adresse pas seulement ni d’abord aux occitanophes (c’est du reste pourquoi je l’ai rédigé en français, qui reste une langue de communication bien utile !) mais aussi à tous les autres, dont j’espère et attends les avis, les critiques et les propositions.

Joan-Peire Cavalièr 

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Commentaires
T
Je reçois ce jour un très court message d'Anem òc, extrêmement désagréable, dans le genre "circulez y a rien à voir". <br /> juger plutôt :<br /> "Per infò... <br /> Anem Òc òbra en contacte ambé leis autrei lengas de França despuei d'annadas e sei representants se rescòntran quand ne'n fa mestier... <br /> una dei produccion ne's la plata-fòrma co-signada lo 20 de mai de 2009 (cf pèça joncha)." :<br /> je traduis :<br /> "Pour info...<br /> Anèm òc oeuvre en contact avec les autres langues de France depuis des années et ses représentants se rencontrent quand ils en ont besoin...<br /> une des productions en est la plate-forme co-signée du 20 mai 2009 (voir pièce jointe)."<br /> <br /> Je ne connais pas les initiales de la personne qui m'écrit ce mail, et je ne les donne pas, comme il s'agit d'un message envoyé de manière privée.<br /> Mais que veut dire cette information ? Que les signataires de la plate-formes sont les seuls légitimes pour débattre du projet d'une manif unitaire à Paris ? c'est en tout cas l'impression que donne cette réponse lapidaire...<br /> Ce que je vois en tout cas, c'est que ne sont concernées que les langues territorialisées, sans que la question des autres ne soit discutée... Or c'est aussi de cette question dont nous voulons ici nous saisir... autrement dit la discussion n'est pas close, mais plus que jamais ouverte !<br /> <br /> voici la plate-forme du 20 mai 2009 (pour info !), que l'on trouve par ailleurs sur le web en 2 ou trois lieux...<br /> <br /> Pour un statut légal des Langues Régionales ou Territoriales de France<br /> <br /> Déclaration de principes<br /> <br /> Préambule<br /> <br /> La préservation de la diversité linguistique et culturelle est un enjeu majeur pour l’humanité. Du fait de l’absence de politique publique, et faute d’un statut légal, nos langues sont particulièrement menacées dans leur transmission et leur développement. <br /> Depuis plus de trente ans les organismes internationaux et européens (Parlement européen, Conseil de l’Europe, Conférences sur la sécurité et la coopération en Europe, Nations unies, UNESCO) n’ont cessé de rappeler l’importance des langues dans le patrimoine de l’humanité et d’inciter les Etats à prendre des mesures efficaces pour assurer la défense et le développement des langues, spécialement des langues régionales ou minoritaires. <br /> En adoptant dans sa Constitution l’article 75-1, qui reconnaît que les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France, celle-ci a fait un premier pas important. Cet article appelle un nouveau dispositif législatif pour nos langues dans le droit français débouchant sur des politiques linguistiques volontaristes et efficaces sur nos territoires.<br /> <br /> Principes de droit<br /> <br /> - La libre communication: tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement (article 11 de la Déclaration de 1789)<br /> - Le respect de la diversité linguistique et culturelle est un des principes fondamentaux de l'Union Européenne reconnu par l'article 22 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne (Résolution du Parlement européen du 4 septembre 2003). <br /> - La prise en compte du droit linguistique international et notamment de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires (1992), de l'article 27 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi que du Pacte sur les droits économiques, sociaux et culturels (ONU, 1966), des Résolutions du Parlement Européen (Arfé 1981, Kuijpers 1987, Kililea 1994), de la Déclaration (2001) et de la Convention (2005) universelles de l'UNESCO sur la diversité culturelle.<br /> - L'égale valeur des langues et l'égale dignité des locuteurs: en pleine conformité avec les textes internationaux et européens nous pensons que dès lors qu’elles servent de moyen d’expression à des êtres humains, les langues sont égales. Elles ont toutes, en soi, les mêmes capacités de développement. La valeur de toutes les langues est identique de même que la dignité des personnes qui les parlent. Tous les locuteurs doivent être traités à égalité, avec le droit de recevoir et de transmettre, d’utiliser et de développer leur langue tant dans le domaine privé que dans le domaine public.<br /> <br /> Une nouvelle loi linguistique<br /> <br /> La loi sur les langues annoncée par le gouvernement sera une nouvelle étape dans la cadre d'une politique en faveur de la diversité des langues à laquelle la France ne peut pas échapper.<br /> Cette loi doit être avant tout la reconnaissance officielle des langues et des droits de leurs locuteurs. L'objectif est la vie de nos langues, donc l'urgence est de rétablir les conditions d’une transmission naturelle qui assurera leur avenir.<br /> Se pose aussi la question de savoir qui aura la compétence pour appliquer la politique linguistique et de savoir qui assurera le financement de cette politique. Voter une loi sans savoir qui l'appliquera et sans mettre les moyens nécessaires à son application aurait un effet contraire à celui escompté. <br /> <br /> Parmi les objectifs indispensables au développement linguistique nous soulignons les dispositifs et les mesures qui suivent :<br /> 1. Les instances compétentes pour la politique linguistique<br /> L'Etat et les Collectivités territoriales sont garants de la pérennité des langues régionales ou territoriales car elles font partie du patrimoine de la France. Des mesures sont mises en place pour assurer leur sauvegarde et leur transmission qui passe, dans les territoires où elles sont en usage, par l'utilisation de ces langues par chaque habitant d'origine ou d'accueil qui le souhaite: apprendre, parler et lire en langue territoriale. <br /> 2. L'organisme de prise en charge et ses ressources <br /> Sans préjudice des missions assurées par l'Etat, les Collectivités territoriales obtiendront les dispositifs et les moyens nécessaires pour assurer leur part de la gestion des Politiques linguistiques en faveur des langues propres à leurs territoires.<br /> 3. La reconnaissance officielle des langues et des cultures<br /> Reconnaissance officielle par les Collectivités territoriales, au côté de la langue française, des langues régionales ou territoriales comme langues propres aux territoires concernés. Références: Conseil Général des Pyrénées-Orientales, délibération 132, 10 décembre 2007, Conseil Régional de Bretagne, direction de la culture, décembre 2004.<br /> 4. La transmission naturelle, scolaire et sociale par l'éducation bilingue généralisée <br /> Offre généralisée, dans les territoires concernées, de la maternelle à l’université, d'un enseignement en immersion, d'un enseignement bilingue à parité horaire et d’un enseignement optionnel de la langue, dans tous les établissements scolaires ou par filières distinctes. Il faut offrir systématiquement à chacun la possibilité de recevoir l’enseignement de son choix de la langue régionale ou territoriale. A cet effet, des dispositions spécifiques seront prises pour financer dès le départ le fonctionnement et les locaux des écoles associatives pratiquant l'immersion linguistique. <br /> Intégration des apports de nos langues et cultures au socle commun de connaissances. Utilisation de la langue dans les activités périscolaires, la petite enfance, les crèches, les loisirs, le sport...<br /> 5. La formation professionnelle et l'enseignement universitaire <br /> Les universités offriront, en plus des cours de langues et littératures territoriales, des certifications pédagogiques, des recherches en éducation bilingue et en aménagement linguistique. Des cours en langues territoriales seront proposés dans toutes les facultés. Dans le cadre du cursus universitaire, les modules de formation en langues territoriales feront l'objet d'une certification reposant sur le cadre commun européen de référence. Création d'une agrégation par langue territoriale (ARF). <br /> 6. L'enseignement des langues régionales ou territoriales aux adultes<br /> Développement d'une politique d'offre généralisée au niveau de la formation permanente: offrir à tout adulte la possibilité d'apprentissage et de perfectionnement en langues régionales ou territoriales dans de bonnes conditions a une importance stratégique car il y va de la formation professionnelle, de la communication sociale, de l'éducation des enfants, de l'épanouissement culturel, de l’intégration des nouveaux arrivants. <br /> 7. L'usage social des langues régionales ou territoriales: administrations, services, loisirs<br /> La présence des langues territoriales sera assurée dans les divers secteurs de la vie publique et sociale des territoires concernés grâce au développement du bilinguisme. Instauration du bilinguisme dans les services publics à direction nationale et territoriale: la Poste, SNCF, pôle emploi, administration régionale, départementale, municipale.<br /> 8. L'usage social des langues territoriales dans la vie économique <br /> L'utilisation des langues territoriales sera assurée dans les lieux publics, dans la vie sociale et professionnelle: monde du travail, documents et formulaires, information des consommateurs et usagers de services, commerces, banques, étiquetage des produits, modes d’emploi. Campagne de sensibilisation à destination du grand public.<br /> <br /> 9. Les médias d'information et de communication<br /> A côté de ce qui existe déjà sur France 3 et le réseau France Bleu, création d’un service public complet de radio et de télévision émettant dans chacune de nos langues. Octroi d’une aide spécifique accrue pour les autres opérateurs qui œuvrent à la diffusion de nos langues (grands médias à capitaux privés, radios associatives, télévisions, presse, nouveaux médias). <br /> Possibilité légale et technique de recevoir les télévisions étrangères (en particulier numériques), s'exprimant dans nos langues.<br /> Tout en respectant l'autonomie des médias, des dispositions seront prises (cahier des charges, subventions, formations) afin que les diffuseurs publics et associatifs programment des émissions en langues régionales ou territoriales de façon régulière et que les médias écrits assurent la publication d'articles dans ces langues.<br /> 10. La création et la diffusion culturelle territoriale <br /> Soutien de la création dans nos langues par une politique spécifique en faveur de l’édition, du théâtre, du spectacle vivant en général, du cinéma et de la musique et aide à la diffusion des oeuvres produites en ces langues pour les locuteurs de ces langues et pour d'autres locuteurs en développant les activités de traduction et de sous-titrage. La population doit pouvoir découvrir des cultures souvent occultées. <br /> 11. L'environnement linguistique <br /> Le paysage linguistique territorial sera valorisé par l'usage de la toponymie d'origine, par l'affichage en langue locale, par la mise en place d’une signalétique bilingue dans l’espace public, le cadastre... <br /> 12. La coopération transfrontalière et l'implication internationale<br /> Promotion de la coopération transfrontalière entre les collectivités où la même langue est pratiquée de façon identique ou similaire.<br /> Mise en place au plan européen d'un fonds d'investissement en faveur des langues régionales ou territoriales dont les crédits seront affectés aux Collectivités territoriales (ARF).<br /> <br /> Application de la loi<br /> <br /> L'existence des langues régionales ne repose aujourd'hui que sur des dispositions éparses et n'est fondée sur aucune législation cohérente. Le traitement réservé aux langues régionales ne dépend actuellement que du bon vouloir de l'Administration et de la pression exercée par les citoyens. Mais nous constatons que quand il existe une volonté politique pour répondre à la demande sociale des progrès sont possibles. Cela montre aussi que l'adoption d'une loi ne sera utile que si elle est accompagnée d'un changement d'attitude de toute la chaîne de décision, de l'Etat aux collectivités territoriales, de l'administration centrale à l'administration locale et d’une volonté de l’Etat et des collectivités territoriales de provoquer un changement des mentalités modelées par des siècles de méconnaissance, voire de mépris. Une politique linguistique doit s'accompagner d'une pédagogie et d'une communication en direction du grand public.<br /> <br /> Toutes ces demandes ont pour seul but de permettre à ces langues de vivre et à ceux qui le désirent de les utiliser et de les transmettre.<br /> <br /> Ces mesures devront être dotées des moyens humains et financiers pour les satisfaire. Elles seront un encouragement à la transmission familiale de nos langues.<br /> <br /> Ces demandes s’adressent à l’Etat et aux collectivités Territoriales (Communes, Communautés de Communes, Départements, Régions). Chaque niveau des institutions doit prendre en charge ce qui relève de ses attributions. <br /> <br /> <br /> Signataires<br /> <br /> <br /> Anem Òc! (Occitan-Langue d’Oc): Collectif regroupant Institut d'Estudis Occitans, Felibrige, Confédération des écoles Calandreta, FELCO,Fédération des Enseignants de Langue et Culture d'Oc, Oc-bi, Conselh de la Joventut d'Oc.<br /> Contact presse: David Grosclaude, IEO : 06 83 01 19 37 <br /> <br /> Conseil Culturel de Bretagne (Breton et gallo) Fédération regroupant les associations culturelles bretonnes)<br /> <br /> Contact presse: Tangi Louarn: 06 60 88 97 78 ; Paul Molac: 06 80 32 81 04<br /> <br /> <br /> Culture et Bilinguisme d'Alsace et de Moselle/René Schickele-Gesellschaft (alsacien), Comité fédéral des associations pour la langue et la culture d'Alsace et de Moselle.<br /> <br /> Euskal Konfederazioa (Pays Basque) Confédération d’associations et fédérations oeuvrant pour la langue basque dans tous les domaines: enseignement (Biga Bai, Euskal Haziak, Seaska), enseignement aux adultes (AEK), médias (Euskal Irratiak), matériel pédagogique en langue basque (Ikas), culture…<br /> Contact presse: Paxkal Indo (président de Seaska fédération des écoles immersives en langue basque) 06 72 95 99 62 ; Sébastien Castet: (permanent de Euskal Konfederazioa): 06 85 40 57 13.<br /> <br /> La Federació (Catalan) fédération des associations de promotion de la langue et de la culture catalane.<br /> <br /> Lofis, Tikouti, Association des Enseignants certifiés de Créole (AECCR) (Créole de la Réunion)<br /> <br /> Parlemu Corsu (Corse) Collectif de personnes et d'association de la société civile corse oeuvrant pour la promotion de la langue corse.<br /> Contact presse: Micheli Leccia: 06 78 65 20 72<br /> <br /> FLAREP, Fédération des Langues Régionales dans l’Enseignement Public: APA (Association des Parents, Catalogne), APLEC (Association d’enseignants, Catalogne), AES (Association des enseignants de savoyards/franco provençal), IKAS-BI (Association de parents, Pays basque), DIV YEZH (association de parents Bretagne), FELCO (Fédération des Enseignants de Langue et Culture d'Oc), OC-BI (Parents d’élèves occitan), Scola Corsa, Tikouti (Réunion), ELTERN (association de parents Alsace), BIPASS (association de parents Moselle), GEREC (Antilles), ABCM.<br /> <br /> ESKOLIM (Fédération des écoles associatives immersives: Seaska (langue basque), Calandreta (Occitan), Diwan (Breton), Bressola (Catalan), ABCM Zweisprachigkeit.<br /> <br /> EBLUL France Bureau européen pour les langues moins répandues : 02 99 63 18 83 et Tangi Louarn : 06 60 88 97 78.
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J
Joan-Peire, pour ce qui est des habits traditionnels, je voulais simplement dire qu'à mon avis dans l'imaginaire "parisien" (et pas seulement) ces costumes sont liés à des clichés folkloriques réducteurs, ou tout du moins liés à une époque révolue. Il me semble donc que le fait d'associer cette image à nos langues déjà minorisées et folklorisées représente un risque de se faire caricaturer et de perdre en crédibilité. C'est peut-être différent chez vous, je ne sais pas, mais en Bretagne notre hantise est de se faire caricaturer dès qu'on évoque notre identité culturelle, comme c'est souvent le cas. <br /> Pour ce qui est d'autres costumes, de mon point de vue ça représente un risque de faire "rigolo", alors que nos revendications sont extrèmement serieuses. Tout comme de mon point de vue cette manifestation ne devrait pas être "festive". On doit montrer qu'on n'est pas contents, qu'on en a marre que nos droits linguistiques soient bafoués. On fera la fête quand nos réclamations auront été prises en compte.<br /> <br /> Cela dit, que chacun fasse comme il veut, bien évidemment.<br /> <br /> A galon (= cordialement).
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T
Jeudi dernier, 26 décembre, Le Télégramme (Le jeudi ce journal consacre une page au breton) c'est fait l'écho de notre appel :<br /> "Manifester à Paris ?<br /> Fanch Broudic s'en fait l'écho sur son blog. Des occitans relancent l'idée d'une grande manifestation réunissant tous les défenseurs des langues régionales et des langues de l'immigration à Paris. L'initiative est partie du constat que les récentes manifestations d'octobre à Carcassone pour l'occitan et Bayonne pour la langue basque ont eu très peu d'écho hors des régions concernées. Fanch Broudic se demande si les associations de défense des langues sont suffisamment organisées pour monter cette "linguistic pride".<br /> contact. www.langue-bretonne.com<br /> <br /> Merci à Fanch Broudic et au Télégramme
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T
Merci pour ces messages qui montrent que l'envie de faire quelque chose ensemble est au rendez-vous.<br /> Je voudrais d'abord rectifier un petit détail : quand j'ai dit costumé, je voulais pas forcément dire en habits folkloriques; ça c'est à chacun de voir... dans les manifs occitanes, il y a beaucoup de costumes (la majorité) qui ne sont pas des tenues folkloriques. Mais ceux qui veulent, pourquoi pas ? Il faut être souple, très souple, les gens ont le droit de s'approprier leurs soi-disant habits folkloriques, même s'il s'agit d'artifices de fraîche date, je ne vois pas où est le problème. L'antitode au folklorisme est l'intégration de la diversité linguistique territoriale et non territoriale, l'antitode au folklorisme est de prendre aussi en compte, sans renier nos identités respectives, la part de métissage.<br /> Deuxièmement, une action concertée dans les diverses régions, pourquoi pas en effet ? Mais, avez vous pensé à ceux qui ne parlent pas une langue territorialisée ? ou à ceux qui sont bretons et occitans, ailleurs que dans leurs régions respectives ? On évoque les régions de l'hexagone, plus la Corse, mais il faut aussi intégrer, au minimum, les créoles, les langues amérindiennes de Guyane et les langues Kanak... Je continue à penser qu'une fois au moins, il faut jouer la carte du déplacement, de la pluralité et du mélange... et à Paris, parce que Paris, qu'on le veuille ou non, est le centre névralgique politique et culturel du pays, et que Paris, nous appartient aussi, bien sûr, en tant que citoyens, pas moins que Toulouse ou Brest.<br /> coralament,<br /> JPierre Cavaillé
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J
Demat Joan-Peire (Yann-Ber en breton),<br /> Je vous fais part de la remarque que j'ai faite sur le blog de Fañch Broudic par rapport à votre appel à la manifestation : Vous suggérez une manifestation costumée, ce qui ne me semble pas être une très bonne idée, du fait que cela pourrait renvoyer une image folklorique (et passéiste) des langues régionales et minorisées. L'idée de voir le journal de TF1 montrant les bons bretons avec leurs chapeaux ronds réclamer des droits pour leur "patois" ne m'enchante guère. J'affectionne les manifestations cultureles costumées, mais là il s'agit de réclamer pour nos langues des droits pour qu'elles aient leur place dans la vie "moderne". Ne prenons pas un inutile risque de nous voir catalogués commes des réactionnaires ou je ne sais quel autre détestable qualificatif.<br /> <br /> Je vous signale aussi que je suis entièrement d'accord avec l'idée proposée par Reunan qui me semble être très pertinente (voir commentaire ci-dessus).
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