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Mescladis e còps de gula
Mescladis e còps de gula
  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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6 août 2020

Domingos Raposo, le mirandais en mirandais

mirandacas

 

lhuç de Miranda ; lhuç de Pertual !

 

Afin de compléter le compte-rendu du livre de la Talvera sur le pays mirandais (Miranda do Douro dans la région de Trás-os-Montes), il ne m’a pas paru inutile de donner un exemple de la langue qui s’y trouve parlée, distincte du portugais et du castillan et appartenant au groupe astur-léonais (voir ici le post où je l’ai déjà présentée en 2012). Je ferai d’une pierre deux coups en reproduisant ici, et en traduisant en français, le texte à propos du mirandais en mirandais qui figure dans le livret de la Talvera. Il a été rédigé par l’un des acteurs majeurs de la promotion de la langue, Domingo Raposo, chargé alors des cours de mirandais au collège (en fait l’Ecole Préparatoire) de Miranda do Douro à partir de 1985, et il a longtemps été l’unique professeur de mirandais, élaborant à lui seul des programmes et une méthode, réunissant les matériaux écrits et oraux disponibles, etc. Raposo est aussi l’une des personnes les plus impliquées dans l’établissement d’une graphie officielle normalisée du mirandais.

Ce texte est certes maintenant ancien, puisque daté de 1995, année de la première parution du travail de la Talvera1. Il ne reflète donc pas la situation et l’état d’esprit d’aujourdhui, mais d’un moment de conquête et d’acquisition d’une dignité linguistique qui, quelques années auparavant, aurait paru utopique. Son ton et son contenu paraîtront sans doute très consensuels et reflètent une idéologie linguistique particulière (à ce titre intéressante à analyser) où l’affirmation nationale portugaise et la revendication culturelle minoritaire ne font qu’un. Autrement dit, il n’est certes pas à prendre pour argent comptant et, de tout façon, en matière de présentation et de représentation des langues, la neutralité axiologique et l’objectivité pure ne sont pas possibles et en vérité à peine concevables.

En deux mots, il faut au moins signaler l’événement le plus marquant pour le statut de la langue qui a eu lieu depuis l’écriture de ce texte. C’est l’adoption, par le parlement portugais, à l’unanimité (230 députés), d’une Loi de reconnaissance des droits linguistiques de la communauté mirandaise en septembre 1998, et promulguée l’année suivante (loi n° 7/99). Mais la constitution du Portugal continue à considérer le pays comme monolingue et le Portugal, comme la France, se refuse toujours à ratifier la Charte Européenne des Langues Minoritaires. Comme le montrent deux excellent livres sortis la même année 2009, l’un en français de Michel Cahen, l’autre en espagnol d’Aurelia Merlan2, cette belle unanimité prouve que la reconnaissance du mirandais est absolument distincte de toute visée d’autonomie nationale et même régionale. Par contre, elle apporte une bonne image de diversité culturelle au pays de Comões et de Pessoa, en même temps que cette loi répond bien à un exigence d’égalité culturelle de la part d’une population jusque là méprisée pour sa situation sociale et, indissociablement, pour une langue identifiée souvent (encore aujourd’hui) à une très mauvaise forme de portugais, ou au mieux, à une variante de galicien.

A cela il faut ajouter l'adoption en 1999 l'adoption d'une Convention orthographique de la langue mirandaise, rédigée en portugais (Convenção Ortográfica da Língua Mirandesa), fixant un standard d'écriture pour le mirandais. Cette Convention fut discutée et amendée car certaines variantes s'y intégraient mal. Ainsi a-t-elle été l'objet de conflits apparemment apaisés, la plupart des écrivants aujourd'hui s'exprimant dans ce standard, largement basé sur le code graphique du portugais et donc éloigné de la graphie astur-léonaise, que quelques uns utilisent (voir par exemple le blog de Tiégui signalé infra).

Concrètement, les résultats obtenus, s’ils sont importants sur le plan symbolique et sur celui d'un réel renouveau culturel, semblent cependant maigres d’un point de vue institutionnel, puisque l’enseignement de la langue, qui était déjà initiée, reste optionnelle et sa présence dans les médias est extrêmement limitée. Je ne trouve plus trace, par exemple, du supplément de deux pages en mirandais du Jornal Nordeste, « La fuolha mirandesa: Un jornal an mirandés » semble s’être éteint en 2009. Les publications de livres se sont accrues, cela est sûr, mais restent modestes (traduction de Camões, d’Astérix et du Petit-Prince et d’une grosse poignée d’oeuvres originales). Aussi, sur ce tout petit territoire de 550 km², dans une population de moins de 10 000 locuteurs (7 000 ? 6 000, 3 000 ?), la transmission et la pérennité de la langue ne sont pas évidentes, même si celle-ci semble encore bien présente. Il est souvent dit que sa présence sur internet est remarquable. En effet on trouve d’excellentes vidéo d’introduction, déjà anciennes (voir mon post de 2012, j’ai repéré aussi Conhece o Mirandés? A segunda língua oficial de Portugal, montage vivifiant et drôle de bouts de collectages auprès de personnes âgées de la campagne avec sous-titres en anglais, mis en ligne en 2018 ; Paradela, Miranda do Douro, porté sur le web en 2010 ; une présentation plus sérieuse de la langue, Língua mirandesa, par questions écrites et réponses orales non soustitrées mais on se fait l’oreille, et tel est le but !), des vidéos très bricolées aussi destinées aux enfants… Le mirandais a également désormais son Wikipedia, qui compte aujourd’hui dans les 3 800 articles.

Dans un article en ligne de 2007, le linguiste et écrivain Amadeu Ferreira, aujourd’hui disparu, renvoyait à quelques liens d’une « blogosphère » mirandaise, dont Froles mirandesas, aujourd’hui toujours actif, un blog où interviennent plusieurs personnes, très riche de contenu capitalisé, qui donne aussi de très nombreux liens renvoyant à d’autres sites et blogs en et sur le mirandais, mais la plupart, une grande majorité en vérité, sont désormais brisés. C’est une chose que j’ai notée sur plusieurs des quelques sites et blogs que j’ai pu consulter, presque tous les liens sont brisés, et cela bien sûr n’est pas de bonne augure. C’est avec plaisir en tout cas que j’ai pu voir que l’ami Tiégui (Tiégui Manuel Pires Albes), qui écrit en graphie astur-léonaise, est toujours en piste (Gambuzinu que ya te'l diç !). Quant à la situation actuelle des pratiques linguistiques en pays mirandais, je n’en peux rien dire, faute d’informations fiables pour cette dernière décennie, hors de la thèse de Alberto Gómez Bautista – une thèse sur la formation des mots en mirandais soutenue à Madrid en 2013 et accessible en ligne – qui se veut, malgré tout, optimiste. J’invite évidemment les personnes informées, mirandaises ou non, à me corriger et à en dire plus.

J. P. C.

 

La Lhengua mirandesa

An tiêrra de mui bônas i ricas tradiçones, nua squinica de l nordeste Pertuês, fala-se ua lhenga cun côrpo gramatical purfeito (fonética, fonologie, morfologie i sintaxe própias) que, sien ser pertuesa, ben de l tiêmpo de la formaçon de Pertual (séclo XII) : yê l mirandês ou lhenga mirandesa. De raiç lhatina (lhatin falado no Norte de la Península eibérica) i fazendo parte de l grupo de ls dialectos lioneses, mantubo-se, anté hoije, por tener bibido a la marge d’aquel grupo lhinguístico i de l paiç a que pertence (acausos de la stória i antrabes geográficos).

An finales de l séclo XIX, zcrebie-la José Leite de Vasconcelos cumo « la lhengua de l campo, de l trabalho, de l lhar, e de l amor antre ls mirandeses. »

Hoije, yê usada no die a die por 15 000 pessonas de las aldies de l cunceilho de Miranda de l Douro i de três de l cuncielho de Bomioso, num spácio de 484 km², al mesmo tiêmpo que alharga la sue anfluência a outras aldies de ls cunceilhos de Bomioso, Mogadouro, Macedo de Cabalheiros i Bergancia.

Spácio pequeinho mas de grande riqueza lhinguística. Nel podemos ancuntrar alguas defréncias quier fonéticas, quier bocabulares de tiêrra pra tiêrra (Mirandês Central ou Normal, Mirandês Setentrional ou Raiano, Mirandês Meridional ou Sendinês) i ber que las pessonas son bilíngues i trilíngues, pus fálan l mirandês, l pertuês i l castelhano.

Ls textos reculhidos, por eisemplo, mostran la ambolhência de traços fonéticos, sintácticos ou bocabulares de las defrentes lhengas i que l pertuês yê mais cantado porque cunsidrado, puls mirandeses, cumo lhenga culta, fidalga, grabe.

Tenendo la Lhenga Mirandesa ua fôrte tradiçon oral, passando de pais para filhos al lhongo de ls tiêmpos, solo en 1882, cun José Leite de Vasconcelos, eilhustre filólogo, arqueólogo i etnógrafo pertês, ampeçou a ser screbida i ambestigada. (E abre la stória lhiterária mirandesa publicando ua mano chena de poesias sues i de Camões nun lhibrico antitulado Flores Mirandesas ; traduç muitas piêças de Camões ; recuelhe nas aldies de Miranda bárias cuntas, lhonas, lhiêndas, fábulas, refranes, adebinas, cantigas d’amor, graciosas, debotas, etc. ; scribe inda l ansaio O Dialecto Mirandês, cun que ganhou l galhardon de las Sociedades de las Lhenguas Românicas de Montpellier, i ls Studos de Filologie Mirandesa I i II, 1901.

Manuel Sardinha (Traduç poesias de Antero de Quental.) ; Bernardo Fernandes Monteiro (Traduç ls quatro Abangeilhos : San Lhucas, San Marcos, San Mateus i San Joan, quaije totalment einéditos, tenendo Trindade Coelho publicados cachos no Jornal O Repórter, em 1896, i Gonçalves Viana outros na Revista de Educação e Ensino cun texto rebisto por el ; sribe inda textos bários que publica no Jornal O Mirandez. António Maria Mourinho (publica un lhibro de poesias de sue autorie : Nôssa Alma i nôssa Tiêra, 1961 ; i Scoba Frolida An agosto / Lhiênda de Nôssa Sehnora de l Monte de Dues Eigreijas, 1979 ; Ditos Dezideiros, 1955 ; Manuel Preto, Versos Mirandeses, 1993 ; Moisés Pires, Eilementos de Gramática Mirandesa, 1995 ; l Pequeinho Bocabulário Mirandês-Pertuês, 1995), antre outros, seguiran-le ls passos, stando agora la scrita a florecer. Fui drento deste spirito qu’este anhose fizo una Cumbençon Ortografica, anteiramente patrocinada pula Câmera Municipal de Miranda de l Douro i lhebada i ansinar mirandês bien cumo stablecer ua scrita l mais unitária possible i cunsagrar l mirandês cumo lhenga minoritária de Pertual.

L desambolbimento, la bida moderna, la T.V. i las pressones de l pertuês e de l castelhano son peligros que amenáçan l Mirandês nos die d’hoije. Por isso, an sue defesa, se ténen tomado alguas medidas :

- L Ansino Ouficial nas Scolas Preparatorias de l cunceilho de Miranda de l Douro, cumo opçon, zde l anho de 1986-1987, grácias a ua outorizaçon menisterial de 9 de setembro de 1985.

- La publicaçon pula Câmera Municipal de Miranda de l Douro, de bários lhibros subre i an Mirandês.

- La realizaçon,pula Câmera Municipal, d’une festibal de la Cançon i d’un Cuncurso Lhiterário anuales.

- L ou uso an Fiêstas i Celebraçones de la Cidade (Descursos, missa, etc.) i de beç an quando, na amprensa, rádio i tlebison.

- L sou studo por Centros d’ambestigaçon pertueses cumo l Centro de Lhinguistica de la Unibersidade de Lisboa cul projecto Atlas Linguístico de Portugal, i la Unibersidade de Coimbra, que lhebou a cabo o Inquérito Linguistico Boléo.

- Dibulgaçon de meios de comenicaçon.

- Cunfrências, etc.

Ambora inda sin un statuo juidico i sendo scassas las medidas de porteçon i promoçon oufeciales de la Lhenga Mirandesa, l cièrto yê que fruito deste trabalho stá, nos últimos tiêmpos a ser muito badalhada i studada, a rebitalisa-se i a ganhar un statuto d’afirmaçon drento i fôra de la sue region, permetindo mirar cun firmeza un probenir agradable, pus hai bônos andicadores.

 

Cun grande ampôrtancia romanística (pula sue rica stória lhinguística, la suie baliosa fonologie, mais cumplicada que la pertuesa i la castelhana, l sou conserbadorismo… Alguns eisemplos a partir de l lhatim : Manutençon de f inicial : FAME = fame ; palatalisaçon de l’ grupo cl i li : APICULA = abeilha, ALIENU = alheno ; Palatalisaçon de la cunsoante einicial L : LINGUA = lhenga ; Manutençon de las cunsoantes l i n an posiçon antrebocálisa : LUNA = lhuna, ANNU = anho, DAMNU = danho ; ditongaçon de la bogal brebe e an posiçon tónica : FERRU = fiêrro, etc.), afectiba i cultural, ls mirandeses ampéçan yá a tener proua de la sue lhenga, hardança que muito ls honra, destingue i eidentefica.

Na berdade, eilha contiará a ser pressiba i ancantadora, melidiosa i poética. Cumo diç l Padre Moisés Pires : La Fala sin Eigual, lhuç de Miranda ; lhuç de Pertual !…

Domingo Raposo

Professor de Mirandês na Escola Preparatória de Miranda do Douro, 1995

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La langue mirandaise

Sur une terre de fort bonnes et riches traditions, dans un petit coin du nord-est du Portugal, se parle une langue nantie d’un corps grammatical complet (phonologie, morphologie et syntaxe propres) qui, sans être portugaise, provient de l’époque de la formation du Portugal (XIIe siècle) : il s’agit du mirandais ou langue mirandaise. Elle est de souche latine (latin parlé dans le nord de la péninsule ibérique) et fait partie du groupe des dialectes astur-léonais (du fait des circonstances historiques et liens géographiques).

À la fin du XIXe siècle, José Leite de Vasconcelos la décrivait comme « la langue des champs, du travail, du foyer et de l’amour entre Mirandais »

Aujourd’hui, elle est utilisée quotidiennement par 15 000 personnes habitant les villages de la municipalité de Miranda do Douro et de trois villages de la municipalité de Bomioso, dans un espace de 484 km², et elle élargit même son influence à d’autres villages des municipalités de Bomioso, Mogadouro, Macedo de Cabalheiros et Bragance.

C’est un espace réduit mais de grande richesse linguistique. Nous pouvons rencontrer, d’un espace à l’autre, certaines différences soit phonétiques, soit lexicales (mirandais central ou « normal », mirandais septentrional ou « raiano », mirandais méridional ou sendinais) et constater que les gens sont bilingues ou trilingues, puisqu’ils parlent le mirandais, le portugais et le castillan.

Les textes recueillis, par exemple, montrent l’association de traits phonétiques, syntaxiques ou lixicaux des différentes langues en contact et que la portugaise est la plus chantée parce que considérée par les Mirandais, comme une langue cultivée, noble et grave.

La langue mirandaise possédant une forte tradition orale se transmettant des parents aux enfants au long des siècles, ce n’est qu’en 1882 que José Leite de Vasconcelos, illustre philologue, archéologue et ethnographe portugais, commença à l’écrire et à l’étudier. Il ouvre d’ailleurs l’histoire littéraire mirandaise publiant une poignée de ses poésies et de Camões dans un petit libre intitulé Fleurs mirandaises ; il traduit de nombreuses pièces de Camões ; recueille dans les villages de Miranda divers contes, histoires drôles, légendes, fables, refrains, devinettes, chansons d’amour, plaisantes, dévotes, etc. Il écrit aussi l’essai Le dialecte mirandais, par lequel il gagna le prix de la Société des langues romanes de Montpellier, et les Etudes de philologie mirandaise I et II, 1901.

Manuel Sardinha traduit des poésies d’Antero de Quental. Bernardo Fernandes Monteiro a traduit les quatre Évangiles : Luc, Marc, Mathieu et Jean, quasi totalement inédites, si ce n’est quelques extraits publiés par Trindade Coelho dans le Journal O Repórter en 1896 et quelques autres par Gonçalves Viana, après révision du texte, dans la Revista de Educação e Ensino (Revue d’éducation et d’enseignement). Fernandes Monteiro écrit aussi des textes en prose qu’il publie dans le journal O Mirandez. António Maria Mourinho publie un recueil de ses propres poésies : Notre âme et notre terre, 1961 ; Genêts fleuris en août / Légende de Notre Dame du Mont de Duas Igrejas, 1979 ; Proverbes, 1955. Suivront ses pas, entre autres, Manuel Preto, Vers mirandais, 1993 ; Moisés Pires, Éléments de grammaire mirandaise, 1995 ; le Petit vocabulaire mirandais-portugais, 1995, l’écriture en mirandais étant désormais florissanteCe fut dans cet esprit que l’on a cette année même, établi une Convention orthographique, entièrement patronnée par la municipalité de Miranda do Douro et menée à terme par un groupe de linguistes avertis, qui vise à établir des règles claire pour écrire, lire et enseigner ainsi que d’établir une graphie la plus unitaire possible et consacrer le mirandais langue minoritaire du Portugal.

Le progrès, la vie moderne, la télévision et les pressions du portugais et du castillan sont des menaces qui pèsent sur le mirandais aujourd’hui. C’est pourquoi, un certain nombre de mesures ont été prises pour sa protection :

- L’enseignement officiel dans les écoles (deuxième cycle, 5e-6e année) de la municipalité de Miranda do Douro, en option, depuis l’année 1986-1987, grâce à une autorisation ministérielle de septembre 1985.

- La publication par la municipalité de Miranda do Douro de divers livres sur le mirandais et en mirandais.

- La réalisation par la municipalité d’un festival de la chanson et d’un concours littéraire annuel.

- Son usage lors des fêtes et célébrations de la Ville (discours, messes, etc.) et occasionnellement dans la presse, la radio et la télévision.

- Son étude par les laboratoires de recherche portugais, comme le Centro de lhinguistica (laboratoire de linguistique) de l’université de Lisbonne avec le projet Atlas linguistique du Portugal et l’université de Coimbra qui a mené à bien « L’enquête linguistique Boléo » [grande enquête dialectale par correspondance du nom de son promoteur, le linguiste Manuel de Paiva Boléo, 1904-1992].

- Divulgation dans les médias.

- Conférences, etc.

Bien qu’encore privé de statut juridique et malgré le peu de moyens pour porter et promouvoir la langue mirandaise, les fruits de ce travail sont incontestables ; dans les derniers temps on a beaucoup parlé du mirandais et on l’a beaucoup étudié, il a été réhabilité et a gagné un statut d’affirmation dans sa région et au dehors ; de bons indicateurs permettent d’envisager avec fermeté un avenir positif.

 Le mirandais est d’une grande importance pour les études des langues romanes, du fait de sa riche histoire linguistique et de sa précieuse phonologie, plus complexe que celles du portugais et du castillan, son aspect conservateur : maintien du f initial FAME = fame (faim) ; palatalisation du groupe cl et li : APICULA = abeilha (abeille), ALIENU = alheno (étranger) ; palatalisation de la consonne initiale L : LINGUA = lhenga ; maintien des consonnes l et n en position intervocalique : LUNA = lhuna, MALU = malo ; palatalisation des consonnes doubles ll / nn / mn : CASTELLU = castièlo, ANNU = anho, DAMNU = danho ; diphtongaison de la voyelle

 brève et en position tonique : FERRU = fiêrro, etc. Le mirandais a aussi un grande importance affective et culturelle et les Mirandais commencent déjà à être fiers de leur langue, un héritage qui les honore beaucoup, les distingue et les identifie.

En vérité, elle continuera à être expressive et enchanteresse, mélodieuse et poétique. Comme dit Père Moisés Pires : « La langue sans égale, lumière de Miranda ; lumière du Portugal ! ».

Domingo Raposo

 



Professeur de Mirandais à l’Ecole Préparatoire de Miranda do Douro, 1995.

 

 

Asturllionés_en_Tierra_de_Miranda

 

1 Voir Reis Quarteu, « L Mirandés: Ua Lhéngua Minoritaira an Pertual », in Xavier Frías Conde

et Francesc González i Planas (eds.), De Linguis iberoromanicis (as linguas iberorrománicas perante o século XXI), Romania Minor, 2003.

 

2 Aurelia Merlan, El mirandés: situación sociolingüistica de una lengua minoritaria en la zona fronteriza portugués-española, Uviéu, Academia de la llinga asturiana, 2009 ; Michel Cahen, Le Portugal bilingue. Histoire et droits politiques d’une minorité linguistique : la communauté mirandaise, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009.

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Commentaires
T
Non, et donc il n'y a plus, depuis longtemps, de continuité territoriale entre les locuteurs d'asturo-léonais.
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P
Merci pour l'échantillon de langue (j'en avais un peu, mais guère). La langue survit-elle côté espagnol ?
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