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Mescladis e còps de gula
Mescladis e còps de gula
  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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21 janvier 2007

L'enseignement de l'occitan en Île-de-France menacé

Le Centre Régional d'Enseignement de l'Occitan (CREO) de la Talvera prend en charge l'enseignement de l'occitan en dehors des académies de l'aire linguistique d'oc. En particulier, il assure la préparation et la validation des épreuves d'occitan du baccalauréat pour la région Île-de-France. En outre l'un de ses membres, Patrice Roques délivre depuis trente ans un enseignement de la langue dans un établissement situé en zone sensible: le lycée Flora-Tristan de Noisy-le-Grand. Sur cette expérience pédagogique et humaine exceptionnelle, d'un enseignement de l'occitan à des jeunes issus de toutes les cultures, il faut lire ce qu'en a écrit l'enseignant, sur ce blog, il y a quelques mois. Or cet enseignement est désormais menacé : les candidats se sont vus refuser cette année par l'académie d'Arcueil l'inscription aux épreuves. Grâce à la forte mobilisation et détermination des membres du CREO, cette inscription a pu finalement se faire et les épreuves auront lieu cette années encore. Mais on peut aisément déduire des propos du directeur du SIEC (Service Interacadémique des Examens et Concours) d'Arcueil rencontré récemment par deux membres du CREO que les jours de cet enseignement sont désormais comptés. C'est ce que nous apprend un communiqué de presse qui mérite une lecture attentive. Voir également ma tentative d'analyse des propos du directeur du SIEC et de la situation.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

 

 

Vers la mi-octobre 2006, l’inscription des candidats de l'Île de France aux divers examens occitans du secondaire avait été refusée. Grâce à la mobilisation, ce refus a été "provisoirement" levé depuis.

Il nous paraît important de revenir sur les motifs invoqués pour justifier ce refus. Selon le Directeur du Service Interacadémique des Examens et Concours d'Arcueil, il convenait :

- d’appliquer, d’une part, les directives de la récente loi N°2005-380 du 23 avril 2005 d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école, dite loi Fillon ;

- de se conformer, d’autre part, au cadre européen de référence dont la priorité serait de former les élèves au monde contemporain.

Il nous paraît important de revenir sur tous les points qui ont été invoqués pour justifier ce refus d’inscription.

- La région parisienne n’est pas dans la zone française de « langue d’oc » et ne peut donc pas être considérée comme une région où « cette langue est en usage ». Aucun texte officiel n’autorise cette interprétation.

- La note de service N°2003-115 du 17/7/2003 précise que « les candidats à des épreuves de langues régionales ne peuvent subir ces épreuves... que dans la zone d’influence où ces langues sont en usage ». Or cette note est abrogée.

- La compétence des examinateurs n’est pas acquise. Or, les listes d’examinateurs potentiels sont établies en liaison avec le corps d’inspection et, parfois, avec le président du jury du CAPES d’occitan - langue d’oc. L’Inspection Générale a toujours été consultée ou informée.

- Il n’y a pas d’examinateurs nommément désignés dans les différentes variantes de la langue. Les candidats font choix d’une variante mais les examinateurs ont une compétence interdialectale.

- Le service public a pour mission de valider gratuitement les enseignements « contemporains » (référence au cadre européen) et « utiles » (référence à la loi Fillon) ce qui exclut les langues régionales. Cette "logique" implacable aurait pour double conséquence si elle n'était pas stoppée d'interdire aux candidats libres (qui ont pour la plupart commencé à préparer l'examen "au pays") de se présenter aux épreuves dans la nouvelle région de résidence de leurs parents et de remettre en cause l’existence du cours de Noisy-le-Grand - qui existe depuis plus de trente ans -.

Comme la loi Fillon fait obligation de signer une « Convention État-Région », nous avons, en tant que CREO de la Talvera, sollicité une telle Convention. Ce fut l’occasion pour nous de « prendre date » car l’incertitude sur la possibilité d’autoriser l’inscription des candidats du secondaire à la rentrée prochaine risquait de compromettre le maintien à la carte scolaire du seul cours public d’occitan en Île de France, la décision étant arrêtée en début d'année civile. En réponse à notre initiative, le Directeur du Service des Examens a souhaité nous rencontrer. Il envisage de faire inscrire dans la Convention que le financement de la validation des épreuves d’occitan incombe aux parents et à la Région. Étant donné que le lycée de Noisy-le-Grand se situe en zone sensible, il est évident que les parents n’accepteront pas une inscription à un cours "payant". Une telle approche, exclusivement financière et utilitaire, passe par pertes et profits la notion de Service Public mais encore bafoue le principe de l’égalité pour tous devant le droit à l’éducation et à la culture.

Si l’État persistait dans cette voie, ce serait la fin objective du cours et, si l’on garde en mémoire les différentes oppositions formulées plus haut, on peut penser que c’est sûrement l’objectif visé.

Pour survivre dans la Talvera, puisque nous sommes en présence d’un problème éminemment culturel, faudra-t-il faire appel au mécénat?

Claude Assémat, Secrétaire du CREO de la Talvera

CREO de la Talvera - e-mail : cm.assemat@wanadoo.fr

 

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