Le Centre Régional d'Enseignement de l'Occitan (CREO) de la Talvera prend en charge l'enseignement de l'occitan en dehors des académies de l'aire linguistique d'oc. En particulier, il assure la préparation et la validation des épreuves d'occitan du baccalauréat pour la région Île-de-France. En outre l'un de ses membres, Patrice Roques délivre depuis trente ans un enseignement de la langue dans un établissement situé en zone sensible: le lycée Flora-Tristan de Noisy-le-Grand. Sur cette expérience pédagogique et humaine exceptionnelle, d'un enseignement de l'occitan à des jeunes issus de toutes les cultures, il faut lire ce qu'en a écrit l'enseignant, sur ce blog, il y a quelques mois. Or cet enseignement est désormais menacé : les candidats se sont vus refuser cette année par l'académie d'Arcueil l'inscription aux épreuves. Grâce à la forte mobilisation et détermination des membres du CREO, cette inscription a pu finalement se faire et les épreuves auront lieu cette années encore. Mais on peut aisément déduire des propos du directeur du SIEC (Service Interacadémique des Examens et Concours) d'Arcueil rencontré récemment par deux membres du CREO que les jours de cet enseignement sont désormais comptés. C'est ce que nous apprend un communiqué de presse qui mérite une lecture attentive. Voir également ma tentative d'analyse des propos du directeur du SIEC et de la situation.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Vers
la mi-octobre 2006, l’inscription des candidats de l'Île de France aux divers
examens occitans du secondaire avait été refusée. Grâce à la mobilisation, ce
refus a été "provisoirement" levé depuis.
Il
nous paraît important de revenir sur les motifs invoqués pour justifier ce
refus. Selon le Directeur du Service Interacadémique des Examens et Concours
d'Arcueil, il convenait :
-
d’appliquer, d’une part, les directives de la récente loi N°2005-380 du 23
avril 2005 d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école, dite loi
Fillon ;
-
de se conformer, d’autre part, au cadre européen de référence dont la priorité
serait de former les élèves au monde contemporain.
Il
nous paraît important de revenir sur tous les points qui ont été invoqués pour
justifier ce refus d’inscription.
-
La région parisienne n’est pas dans la zone française de « langue d’oc » et ne
peut donc pas être considérée comme une région où « cette langue est en usage
». Aucun texte officiel n’autorise cette interprétation.
-
La note de service N°2003-115 du 17/7/2003 précise que « les candidats à des
épreuves de langues régionales ne peuvent subir ces épreuves... que dans la
zone d’influence où ces langues sont en usage ». Or cette note est abrogée.
-
La compétence des examinateurs n’est pas acquise. Or, les listes
d’examinateurs potentiels sont établies en liaison avec le corps d’inspection
et, parfois, avec le président du jury du CAPES d’occitan - langue d’oc.
L’Inspection Générale a toujours été consultée ou informée.
-
Il n’y a pas d’examinateurs nommément désignés dans les différentes variantes
de la langue. Les candidats font choix d’une variante mais les examinateurs
ont une compétence interdialectale.
-
Le service public a pour mission de valider gratuitement les enseignements «
contemporains » (référence au cadre européen) et « utiles » (référence à la loi
Fillon) ce qui exclut les langues régionales. Cette "logique"
implacable aurait pour double conséquence si elle n'était pas stoppée
d'interdire aux candidats libres (qui ont pour la plupart commencé à préparer
l'examen "au pays") de se présenter aux épreuves dans la nouvelle
région de résidence de leurs parents et de remettre en cause l’existence du
cours de Noisy-le-Grand - qui existe depuis plus de trente ans -.
Comme
la loi Fillon fait obligation de signer une « Convention État-Région », nous
avons, en tant que CREO de la Talvera, sollicité une telle Convention. Ce fut
l’occasion pour nous de « prendre date » car l’incertitude sur la possibilité
d’autoriser l’inscription des candidats du secondaire à la rentrée prochaine
risquait de compromettre le maintien à la carte scolaire du seul cours public
d’occitan en Île de France, la décision étant arrêtée en début d'année civile.
En réponse à notre initiative, le Directeur du Service des Examens a souhaité
nous rencontrer. Il envisage de faire inscrire dans la Convention que le
financement de la validation des épreuves d’occitan incombe aux parents et à la
Région. Étant donné que le lycée de Noisy-le-Grand se situe en zone sensible, il est
évident que les parents n’accepteront pas une inscription à un cours
"payant". Une telle approche, exclusivement financière et utilitaire,
passe par pertes et profits la notion de Service Public mais encore bafoue le
principe de l’égalité pour tous devant le droit à l’éducation et à la culture.
Si
l’État persistait dans cette voie, ce serait la fin objective du cours et, si
l’on garde en mémoire les différentes oppositions formulées plus haut, on peut
penser que c’est sûrement l’objectif visé.
Pour
survivre dans la Talvera, puisque nous sommes en présence d’un problème
éminemment culturel, faudra-t-il faire appel au mécénat?
Claude
Assémat, Secrétaire du CREO de la Talvera
CREO de la Talvera - e-mail : cm.assemat@wanadoo.fr