Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mescladis e còps de gula
Mescladis e còps de gula
  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 617 584
Newsletter
2 avril 2013

Documentaires en Limousin

 

André Mounier Lu doien de Sent Aforian 2

 

Documentaires en Limousin

 

Pour une fois (que l’on veuille bien me le pardonner), je vais faire la promotion d’une entreprise à laquelle je participe, non certes pour me mettre en avant (je ne joue désormais qu’un rôle secondaire dans ce travail), mais parce qu’il me semble qu’elle le mérite, et surtout, qu’elle donne à voir et à penser.

La chaîne locale 7A Limoges, diffuse depuis quelques temps une série de documentaires intitulés En Lemosin, réalisés par un petit groupe d’amis et membres de l’Institut d’Études Occitanes dau Lemosin. Cinq courts métrages, que je vous invite à visionner sur le site de 7A Limoges, ont été à ce jour diffusés, au rythme d’un par mois. Six au moins le seront encore. Ils rejoindront ensuite les fonds sonores et audiovisuels de l’IEO du limousin, dont une partie importante est déjà mise en ligne, dans la Biaça, sur le site de l’association.

 

 

L’idée

 

Du reste, l’idée nous est venue de passer au documentaire lors de la réalisation d’un collectage linguistique et ethnographique. Jean-Paul Faure, un caméraman professionnel qui nous prêtait amicalement son assistance, nous fit comprendre l’intérêt qu’il y avait à saisir des images en mouvement dans le but de les monter, afin de réaliser de véritables films et non simplement de capter des entretiens de manière statique, l’image n’ajoutant finalement que très peu à la parole. Depuis, J.-P. Faure est devenu le principal maître d’œuvre de ces réalisations, assisté de l'équipe de l'IEO Lemosin et de quelques autres personnes, dont moi-même.

Ces documentaires ont pour but d’explorer des lieux et des situations et surtout de côtoyer des personnes qui parlent la langue – et éventuellement leurs proches qui ne la parlent pas –, saisies dans leurs activités quotidiennes. Sans fioritures, sans musique ni voix off, sans un discours extérieur donc, qui serait plaqué sur les images et en donnerait le sens, et en prenant le parti de montrer la relation entre celui d’entre nous qui conduit les entretiens (Jean-François Vignaud) et ceux avec lesquels il échange.

Nous ne voulons rien démontrer, nous n’avons pas de message a priori à faire passer, hors du geste de monstration et de démonstration – de preuve – que les locuteurs, que l’on dit tous morts depuis longtemps, sont encore bien vivants. Le plus jeune que nous ayons trouvé, au moment où nous l’avons filmé, il y a deux ans, avait 27 ans. Cela ne veut pas dire pour autant que la langue se porte bien ; notre constat est plutôt qu’elle est au plus mal, c’est-à-dire qu’elle n’est presque plus parlée, alors que les locuteurs sont encore très nombreux. Je reviendrai sur ce paradoxe.

Je veux simplement souligner ici une partie de la tâche que nous nous assignons : témoigner et produire la preuve qu’en 2013, en Limousin, une langue différente du français était encore parlée. « Était » ? Oui, car je me situe déjà dans un futur indéterminé, mais très proche, où les traces de la langue seront devenues imperceptibles, réduites à des bribes de toponymie. Je me situe dans cet avenir, parce que nous savons désormais que la preuve que nous apportons avec nos films n’est pas aujourd’hui, en Limousin, recevable (hé oui, il faut qu’il existe dans le public une disposition à la recevoir, pour qu’une preuve fasse preuve ![1]) ; mais dans l’avenir, nous aurons produit en effet la preuve qui nous permettra de l’emporter enfin, dans cette désolante confrontation avec l’ensemble des productions culturelles qui nient la réalité linguistique, négation parfois, mais rarement, explicite, le plus souvent par une conspiration du silence, en faisant comme si cette réalité n’existait pas. Piètre consolation, certes, mais quand le présent ne veut pas de vos preuves, force est de travailler pour l’avenir.

Ce propos pourra sembler exagéré car, au présent, ces films sont montrés et diffusés et rencontrent un très modeste succès en Limousin. S’il en est ainsi, me semble-t-il, c’est essentiellement pour leur valeur sentimentale et leur intérêt documentaire, le partage et peut-être la transmission discrète d’une culture commune. Mais ce bien commun reste privé de reconnaissance, c’est-à-dire qu’il lui manque ce discours qui lui donnerait publiquement une existence, qui produirait la reconnaissance collective de son importance vitale pour la région. Un tel discours, en effet, tout simplement, n’existe pas. Il n’existe pas, non pas au sens où il ne serait pas formulé ou formulable – nous nous entêtons pour notre part à tenter de le faire entendre – mais au sens où il n’est pas relayé, au sens où il est privé de toute légitimation, où il est inaudible – un peu comme dans ces rêves, où l’on cherche en vain d’appeler ou de crier, sans parvenir à émettre le moindre son.

 

Les sujets

Concernant leur valeur documentaire, les sujets abordés dans ces films courts (entre 10 et 25 mn) sont très différents ; d’une certaine façon, ils sont portés, apportés par les locuteurs eux-mêmes. Nous avons d’abord tourné surtout dans le nord Limousin, autour de Saint-Symphorien sur Couze, non loin autrement dit de la frontière linguistique avec le pays marchois, mais nous étendons désormais notre activité à l’ensemble de la région.

Dans le bourg, Marcel, nous fait visiter son potager, auquel il apporte tous ses soins quotidiens et il nous raconte quelques bribes de sa vie d’ex-agriculteur fumeur de gris.

Raymond, maçon à la retraite, nous montre comment il confectionne ses « palissons » (prononcez « palissou » ; ce sont les corbeilles que l’on utilisait pour faire lever la pâte à pain), un savoir faire acquis dans son enfance et dont il s’est souvenu tardivement, non sans peine et tâtonnements.

Raymonde perpétue le rituel de « mettre de part » ou de « tirer les saints » ; elle nous introduit, avec la plus grande simplicité et un sens didactique aigu, aux pratiques « dévotionnelles » (en réalité magiques et thérapeutiques) des Bonnes fontaines, encore vives en Limousin.

Le domaine de Salesse est une propriété d’élevage bovin qui a conservé sa structure sociale ancienne avec le propriétaire, son homme de confiance faisant l’office de régisseur, un ouvrier agricole (celui que l’on nommait autrefois métayer) – et sa femme occupée ailleurs qui l’aide pour les travaux importants – un valet de ferme enfin à l’ancienne mode. Ce monde, qui survit à lui-même, éloigné de tout profit agricole consistant, où la source de revenu principale n’est pas l’élevage, mais une chasse privée et les coupes de bois, a pourtant parfaitement sa raison d’être : l’entretien paysager d’un espace bâti, agricole et boisé magnifique.

La propriété du Moulin de Courieux est bien différente, même si l’on y élève aussi des vaches ; il s’agit d’une petite propriété familiale, qui fut aussi, jusqu’à la deuxième guerre, un moulin en activité, et c’est l’histoire de cette famille qui est relatée par ses membres à travers la double question du travail de paysan, de son évolution et transmission, et de la langue, du déclin et de l’abandon de sa transmission.

Voilà, en deux mots, les thématiques des sujets mis en ligne à ce jour.

Dans l’un des films achevés en attente de diffusion, nous traitons de questions semblables à celles qui se sont imposée dans la ferme du moulin, en nous intéressant aux activités d’un Gaec (Groupement agricole d’exploitation en commun) familial. Dans leurs entretiens, les membres – deux frères et le fils de l’un des deux – évoquent la place centrale, dans la mémoire familiale, de la figure d’un patriarche qui fut à la fois un pionnier du machinisme et un défenseur intransigeant de la pratique de la langue au sein de la famille. Nous observons alors la force, le poids et les limites de cet héritage : l’usage résolu des machines les plus modernes se conjugue à la nostalgie du temps de la batteuse – cultivée lors de la grande fête annuelle de la batteuse qui se déroule dans le bourg le plus proche de Saint-Symphorien sur Couze –, mais aussi à la présence obstinée et désormais finissante de la langue, le plus jeune des membre du Gaeg, ayant moins de trente ans se révélant par exemple un bon locuteur, mais sans aucun espoir de transmission ni d’ailleurs de pratique personnelle.

Nous avons consacré un autre sujet, dans les mêmes lieux, à la culture légumière et en particulier à celle de la pomme de terre, en accompagnant l’activité d’un cultivateur émérite du tubercule de Parmentier, de la semence à la récolte. Par le biais de la pomme de terre, si importante dans l’économie vivrière et la culture culinaire limousine, c’est le récit de toute une vie passée, sans interruption aucune, au village, en contact continu avec la langue.

Un autre de ces films à paraître est d’ailleurs consacré à la confection et à la consommation du pâté de pommes de terre, plat mythique et rituel de la famille limousine, celui que l’on consommait pour carnaval.

Nous avons aussi rencontré un vieil agriculteur, le doyen du bourg de Saint-Symphorien, qui nous a raconté, dans une très belle langue, tout son temps d’armée et de guerre entre 1936 et 1945 ; un récit construit, une sorte d’épopée privée d’une remarquable précision historique, qui nous a saisi. Cet homme récitait aussi une « niorle » de Lingamiau (Édouard Cholet), La bourrico dau paï Cassou, composée de plusieurs centaines de vers, offrant ainsi un exemple, l’un des derniers sans doute, de culture littéraire (dite) populaire mémorisée.

D’autres réalisations sont en cours ou en projets, pêle-mêle, sur le communisme rural ; sur les Bonnes fontaines, encore (sujet précieux s’il en fut) ; sur la fabrication et le rôle de l’accordéon ; sur la culture du châtaignier ; sur une tournée de boulanger creusois ; sur les enfants de l’assistance publique dans les milieux ruraux, etc.

Ainsi, espérons-nous que ces films, pièce après pièce, reconstitueront à terme une sorte de cartographie, certes incomplète, mais assez indicative, tout à la fois de la culture (entendue au sens le plus large) populaire limousine encore vive et de l’éventail des usages de la langue, telle qu’elle est impliquée dans la diversité des pratiques de ses locuteurs.

 

Silence on tourne

            Des locuteurs, c’est-à-dire des gens capables de s’exprimer dans la langue (qu’ils nomment invariablement « patois ») sur tous les sujets, comme je l’ai dit, il n’en manque pas, même si, dans les jeunes générations (moins de 40 ans), il devient très rare d’en rencontrer. Mais nous avons pu faire la constatation de ce que l’on pourrait appeler un effondrement des pratiques. Les plus anciens, s’ils ont des interlocuteurs, parlent très facilement, mais – justement – les interlocuteurs se raréfient ; souvent, même les vieux n’ont plus personne à qui parler, en dehors d’occasions spéciales : une rencontre au supermarché, à la foire, quand il y en a encore, et surtout aux funérailles, bien souvent d’un ou d’une qui parlait... Mais plus on descend la pyramide des âges et plus on trouve de locuteurs muets, oui muets, car ils n’utilisent généralement pas la langue avec les gens de leur âge et jamais avec plus jeune qu’eux (autrement dit toute transmission directe est abolie), et il est bien rare que les anciens s’adressent à eux en autre chose qu’en français. C’est dans une relation familiale ou de voisinage avec un ancien, souvent un grand-père ou une grand-mère, qu’ils ont appris à parler en leur enfance et lorsque cette relation est rompue, souvent par le décès de l’ancien, hé bien, ils n’ont tout simplement plus aucune occasion de parler. On trouve également des fratries divisées linguistiquement : entre deux naissances les parents ont cessé de communiquer dans la langue avec les plus jeunes enfants ; ceux-ci néanmoins, par imprégnation, la connaissent le plus souvent, mais n’imagineraient pas la parler avec leurs parents et leurs frères et sœurs. Quant aux plus jeunes, hé bien, généralement, ils possèdent au mieux une connaissance passive (ils comprennent mais ne parlent pas), mais de plus en plus souvent ne comprennent même plus, hors de quelques expressions et de quelques vocables.

            Tous ces phénomènes sont bien connus des sociolinguistes travaillant sur les langues en voie de disparition ; mais en lire la description dans un article et en faire l’expérience humaine, in situ, à travers l’enregistrement et la prise de vue, est tout autre chose. En réfléchissant sur cette expérience, j’ai proposé (dans un article – justement ! – à paraître dans la revue Lenga) la notion de « langue rémanente » : une langue qui reste, qui survit à elle-même, pour quelques décennies, à travers des locuteurs qui la connaissent parfaitement mais ne l’emploient plus. Aussi avons-nous, vraiment, la sensation d’assister à une catastrophe immense et absolument silencieuse. Silence, parce qu’on ne parle plus, mais surtout silence, parce qu’on n’en parle pas ; le sujet n’est quasiment jamais thématisé, même pas par les locuteurs eux-mêmes, qui voient là, non de gaîté de cœur, mais sans dramatiser non plus, une « évolution » inéluctable. Il faut dire et redire (et nous le dirons et redirons encore) que tout concourt à ce silence et à précipiter la catastrophe, puisqu’il s’agit justement d’un sujet dont on ne parle pas, en aucun des lieux névralgiques où cela serait possible : ni à l’école (absence totale, non seulement de transmission de la langue, mais d’informations sur la culture locale, complètement tabouée), ni dans les médias, ni à travers le discours public des élus (qui pourtant, en privé, sont encore souvent des locuteurs), et encore moins dans celui des institutions culturelles, où alors de façon minimale et à travers un langage entièrement étranger à celui des locuteurs, qui tout au plus, en présence de l’évocation formelle de l’importance de l’occitan en limousin, se demandent bien de quoi on parle. Mais le mot même d’occitan est en fait employé de la manière la plus parcimonieuse ; sa disparition, la disparition d’une « vraie » langue, apparaîtrait en effet infiniment plus problématique et dommageable – à l’heure où l’on ne cesse de nous bassiner les oreilles avec le syntagme de diversité culturelle – que la fin d’un simple patois.

            Dans cette configuration, le militantisme occitaniste, quand il ne se regarde pas le nombril, cultivant la langue avec une condescendance mal dissimulée pour ces locuteurs naturels dont le vocabulaire passe pour francisé à outrance, est réduit ici à une souveraine impuissance. C’est pourquoi, de reculade en reculade, voici où nous en sommes arrivés nous-mêmes : à produire des preuves, des témoignages d’une réalité qui nous file entre les doigts, qui disparaît devant nos yeux à grande vitesse dans une indifférence absolue ; sachant que ces témoignages seront tout ce qui nous restera, et d’abord pour prouver l’existence d’une réalité dépréciée, méprisée, négligée, dont on n’a pas attendu qu’elle disparaisse pour décréter qu’elle appartenait à un passé révolu, qu’elle n’était plus, qu’elle était morte, nulle et non avenue, et depuis si longtemps que la mémoire s’en serait déjà perdue, que l’on pourrait même douter qu’elle ait jamais existé.

 

Jean-Pierre Cavaillé



[1] Cela vaut aussi bien pour les preuves en matière de science (voir la longue marche de l’héliocentrisme par exemple) et les faits historiques (l’extrême difficulté des rescapés de la shoah à se faire entendre après la guerre, le tabou si longtemps infrangible sur la torture en Algérie, etc. etc.) que pour les faits de société et de culture au présent (voir par exemple, le tabou sur les risques du nucléaire en France et particulièrement en Limousin, voir ma réflexion à ce sujet).

Publicité
Publicité
Commentaires
M
@ daupranaut<br /> <br /> <br /> <br /> Bon, je vais passer encore un peu de temps sur ce blog mais c’est pour la bonne cause ! Je répète que ce qui fait que les langues régionales semblent inutiles et sont en danger, c’est la globalisation, rien d’autre. Et tu vas dans ce sens lorsque tu expliques que le problème n’est pas que français mais plus large en Europe. En Limousin, on veut nous faire croire que ce sont les limousins qui sont différents des autres mais ce n’est pas vrai : si le Limousin a un retard, c’est à mon sens dû au fait de cette approche ulta-globalisatrice qui fait par exemple que les gens ne reconnaissent même pas la langue qu’ils parlent dans la graphie des élites, le limousin étant relativement éloigné du référent languedocien (d’où mes interventions à ce sujet). Secondement, je n’ai pas répondu à un hypothétique jeune mais bien à toi qui m’interpellais. Tu dis que depuis 150 ans, on a tout essayé pour sauver la langue d’oc, je dis que non car en 1865 (il y a donc 150 ans), Mistral avait fait une proposition très intelligente qui n’a jamais été suivie, à son grand regret d’ailleurs. En réalité, ce n’était pas possible qu’il soit suivi, car tout le monde voulait croire à la globalisation, mais lui savait déjà que c’était une voie sans issue – et même mortifère – pour nos langues. <br /> <br /> <br /> <br /> Le problème réel est qu’il n’y a pas d’alternative politique (pour parler aux jeunes encore faudrait-il une base théorique construite et connue), ce devrait être le rôle des défenseurs des cultures de proposer une voie différente à la globalisation (style : « on vit ensemble sur la même planète dans le respect de l’autre et de sa culture. ») C’est quand même pas très dur comme concept et slogan, ça semble porteur ; sauf que les défenseurs des langues régionales (au moins les occitanistes pris au sens large) veulent aussi faire dans le global, dans le nationalisme, veulent réduire leur langue régionale à une seule forme standardisée, ce qui crée beaucoup de confusion dans l’esprit des gens : « qu’est-ce que cela nous apporterait en plus de ce que nous connaissons déjà ? » se demandent les gens, « Rien effectivement ! » peut-on leur répondre. <br /> <br /> <br /> <br /> Selon toi, reste pour l’avenir la muséographie, JP Cavaillé dit dans le même ordre d’idées : « mais dans l’avenir, nous aurons produit en effet la preuve qui nous permettra de l’emporter enfin, dans cette désolante confrontation avec l’ensemble des productions culturelles qui nient la réalité linguistique,… » Sauf que dans l’avenir, pour que les langues régionales entrent au musée ou que la preuve de leur existence passée l’emporte enfin, il faudra que les générations futures aient envie de les reconnaître ou aient pris conscience de l’importance qu’elles avaient ou auraient pu avoir. C’est une forme de pari sur l’avenir. Demain, peut-être, comme aujourd’hui, ils s’en moqueront « comme de l’an quarante ». Mais si comme vous l’espérez, comme l’espérait Mistral et comme je l’espère moi-même, dans l’avenir nos langues sont considérées, il faudra donc qu’il y ait eu entre aujourd’hui où elles ne sont pas reconnues et demain où elles pourraient être reconnues un retournement dans la pensée.<br /> <br /> <br /> <br /> Sommes-nous loin dans le temps et dans la pensée de ce « pic globalisation » qui fera que nous basculerons ensuite vers une relocalisation de la pensée ? Sommes-nous arrivés à la fin d'un cycle ? Je ne sais pas, parfois les choses vont très vite et puis il y a tellement de raisons pour que cette inflexion se produise de manière générale : la crise économique, la crise écologique, les mouvement massifs de populations à l’intérieur des pays, des continents ou entre continents, etc.… Des signes sont-ils déjà présents de cette nouvelle ère qui commencerait - on l’espère - sans tarder ? Je ne sais pas. Par exemple, et pour se rapprocher du thème, ces petits films limousins ne sont pas suffisants à eux seuls, l’histoire de Fernand Mourguet est trop récente encore : le seul écrivain limousin qui n’avait pas de vision globaliste a été massacré - il y a seulement quelques années et alors qu’il connaissait un vrai succès populaire - par les occitanistes pris dans la folie globalisatrice. Très intéressante est la proposition de Joan Estève : nous savons que le nationalisme globaliste pousse les occitanistes à standardiser sur le languedocien, cela ne marche bien évidemment pas. Donc Joan Estève propose de se recentrer sur le Languedoc, c’est une forme de relocalisation. C’est un bon début, reste après à avoir une démarche similaire et concertée dans le reste de l’Occitanie ; chacun se recentrant (ce qui ne veut pas dire se repliant) sur son territoire et on sera dans la bonne voie. Peut-être donc que cette inflexion de la pensée se passera avant que les langues ne soient tout à fait mortes, ce qui changera grandement la donne, en plus les gens n’attendent qu’un changement de cap. Enfin du nouveau et du beau !
Répondre
M
@ daupranaut<br /> <br /> <br /> <br /> Je pense qu’effectivement dans les périodes de crise, ce ne sont pas les « pirouettes » de langage qui peuvent convaincre les gens : car de ces « pirouettes », ils en entendent déjà beaucoup trop. Et si une « pirouette » peut intéresser un « bobo », et si elle indique par dérision, ce qu’il ne faut pas dire ou faire, elle n’indique en revanche pas ce qu’il faudrait dire ou faire pour que les choses changent vraiment. Et nous en sommes toujours au même point car la « pirouette » est mère d’inactivité et de non réflexion.<br /> <br /> <br /> <br /> Tu dis : « mais j'ai bien peur que cela fait 150 ans que les défenseurs des langues d'oc cherchent à justifier leur action, sans malheureusement parvenir à sensibiliser le grand public, sans parvenir à sauver la langue !) ». Cela me fait penser à Mitterrand : « contre le chômage, on a tout essayé. » Circulez y’a rien à voir, puisqu’on vous dit que tout a déjà été tenté ! Mais là aussi, c’est une « pirouette » de langage, un leurre, un attrape-bobo. Peut-on y croire ? Doit-on y croire ? Et comme on ne fait rien, et comme on ne change rien, la situation de l’emploi comme celle des langues régionales se détériore. Il n’existe donc vraiment aucune solution ?<br /> <br /> <br /> <br /> Moi je dis que tout ça, c’est la faute à la globalisation qui fait que chacun perd de la prise sur son avenir. La faute à la globalisation qui fait que le plus globalisé méprise le moins globalisé et le moins globalisé cherche à plaire au plus globalisé. On est revenu au temps de la vassalité et des seigneurs. Il en est ainsi de la France qui méprise ses langues régionales et qui vénère l’Europe et le monde. Mais en bas, ce sont les gens et les territoires qui trinquent.<br /> <br /> <br /> <br /> Tiens un petit passage de Mistral de 1865 (reprise de ces « Ecrits politiques »): « … Nous ne sommes pas assez patriotes dans le sens provençal du mot. Roumanille a la fibre profondément populaire, mais le légitimisme stupide lui fait oublier que la Provence a été une nation et que nos principales cités étaient des Républiques. (…) Si le coeur de nos vaillants amis avait battu à l’unisson du mien sur la question provençale, nous aurions accompli peut-être quelque chose… Nous aurions préparé, accéléré le mouvement fédératif, qui est dans l’avenir. Non pas que j’ai l’idée niaise de rêver une séparation de la France. Les temps futurs sont à l’union et non à la séparation. Mais aussi et surtout ils sont à la liberté, à la liberté des races, des cités, des individus, dans l’harmonie. N’est-il pas évident, pour tous ceux qui réfléchissent, que l’Europe - même en conservant ses rois et ducs et empereurs - court à l’union républicaine ? Si, au conseil des amphictyons européens, la France était représentée par 30, la Provence, le Midi, qui forme le tiers ou le quart de ces trente unités, aurait donc 10 voix ou 7 voix au chapitre. Et voilà tout.(…) Mais les félibres se moquent de cela comme de l’an quarante. Seulement comme rien d’inutile ne se produit en ce monde, je suis convaincu qu’à un moment donné, de cette semaille littéraire et linguistique naîtra quelque homme de génie pour en tirer partie. La terre des Mirabeau, des Thiers, des Garibaldi ne jettera pas toujours au service de ses voisins la sève géniale de ses fils. Amen. »<br /> <br /> <br /> <br /> Que comprendre, que lire dans ces mots ? Pourtant, tout y est, le global et le local ; le groupe et l’individu ; texte visionnaire s’il en est. De cette lecture peut naître le meilleur comme le pire (si l’on ne garde qu’une partie de ce qui est dit). N’oublions pas que les félibres de l’époque représentaient les félibres et les occitanistes d’aujourd’hui (je précise). Pourquoi se moquaient-ils de cela ? Ne s’en moquent-ils pas encore aujourd’hui ? N’étaient-ils pas déjà dans l’acceptation de la globalisation qui prenait de l’ampleur ?<br /> <br /> <br /> <br /> Que dire aux jeunes et moins jeunes d’aujourd’hui ? <br /> <br /> Si l’on est globalisateur (et donc à qui la globalisation actuelle ne peut que convenir), il faut alors continuer de s’exprimer en « pirouettes » et essayer de leur faire croire que sans rien changer, demain sera meilleur qu’aujourd’hui ou accepter l’inéluctable destin.<br /> <br /> S’il l’on n’est pas globalisateur, il faut travailler à construire les bases théoriques d’un autre système dans lequel chacun pourra s’y retrouver et au final également la France qui ne va quand même pas bien fort par ces temps troublés.
Répondre
M
Chut ethnocide françai .... Ne prononcez pas le mot au moment des journées du patrimoine . Nous sommes dans la patrie des droits de l'homme quand même. La faute aux calandretas , à l'enseignement baclé de certains ensegnants qui pourraient au moins s'inspirer du catalan , qui s'effondre aussi par ailleurs du basque qui ne va pas si bien, du corse qui patine, et même de l'alsacien qui disparaît peu à peu , la faute émane des discours sans fondement de l' IEO , du bulldozer du languedocien central . Il faut chercher le locuteur naturel. Le debusquer là où il se terre. Une aiguille dans une botte de foin. Ici je n'en ai pas rencontré 2 qui le parlent spontanément. Il n'en reste à Toulouse que d' aveyronnais, et dans l'Aveyron ceux du nord. La langue est tué par le français , par le Conseil constitucionnel . elle ne meurt pas sous l'effet d'une distanciation entre les occitans naturels et les occitans artificiels. En Midi Pyrénées Malvy va reconduire le credit pour le patois , 1 euro par habitant et par an... Il faut nationaliser les langues de l'etzagone disent certains toulousains et pourquoi pas Petroplus , Goodyear ou Mollex ou Peugeot Aulnay...<br /> <br /> D'ailleurs toujours selon un article récent , l' estajant del miègjorn aima pas l'idèa d'una lenga comuna, non il est rebelle à cette idée pourtant commune aux félibres... Il veut pouvoir dire : alara va plan sauf que même ça il ne le dit plus . C'est dire comment le mouvement occitan est loin de la plaque quand il s'auto flagelle de l'ethnocide provoqué par la démocratie papale du fromage républicain. <br /> <br /> Et oui messieurs la France pratique depuis très longtemps un ethnocide généralisé et vous pouvez chanter ce que vous voulez , la France ne respecte pas les droits élémentaires ....<br /> <br /> E visca las calandretas.
Répondre
M
@ Me leu<br /> <br /> <br /> <br /> Je n'ai pas parlé de bon sens des gens, j'ai parlé de peur et de manque de confiance. Si on estime que le "millefeuille" est trop épais en France, sans confiance, sa réduction ne pourra pas passer par le vote, il faudra qu'elle passe par la force comme tout ce qui est fait actuellement, c'est à dire hors de l'approbation des gens, donc hors de la démocratie. Je parle plus généralement de global politique et de local culturel et je dis donc qu'en politique et en culture, on ne peut pas travailler sur les mêmes espaces : confondre les deux est une erreur lourde de conséquences. Respecter la culture, c'est obligatoirement respecter les gens et leur parole ; la politique, on le sait, n'est pas obligée de respecter les gens et les cultures (voir les dictatures). Donc, seul la défense du local culturel permettrait de mettre en place avec assurance une vraie démocratie. Encore faut-il que ce local culturel puisse se défendre lui-même dans la sphère de la culture ce qui n'est, par exemple, pas entièrement le cas dans les propositions mêmes de l'occitanisme. Les gens ne s'y trompent d'ailleurs pas et pour cette raison les partis politiques occitans sont incapables de collecter plus de 0,5% des votes. Conclusion : restaurer la confiance passe par un réel respect du local culturel. Les cultures locales et régionales auraient donc un intérêt et une utilité mais cela même les occitanistes ne veulent pas en entendre parler : "les langues régionales, ça ne sert à rien et c'est pour cela que c'est bien !" Voilà ce que l'on entend venant d'eux !<br /> <br /> <br /> <br /> PS : le local politique (hors des micros paradis fiscaux qui servent en réalité aux milliardaires de la globalisation pour planquer leur fric), je ne suis pas certain que cela veuille dire grand chose, et le global culturel (quel que soit le niveau de globalisation)est pour moi une vision bien effroyable, je ne sais pas pour toi ?
Répondre
M
@mp <br /> <br /> Mouaif mouaif mouaif, ta vision du bon sens du peuple n'est-elle quand même pas un peu stéréotypique... ?<br /> <br /> Y a un sujet sur le "millefeuille" territorial français en ce moment dans C'est dans l'air sur F5. On y parle de l'Alsace notamment. <br /> <br /> Il faut croire que le départementalisme est entré dans les moeurs depuis un peu plus de 200 ans maintenant que les départements existe.
Répondre
Publicité