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Mescladis e còps de gula
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  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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18 février 2009

Limousin : déchets nucléaires et déchets de langue

 

atomoc

 

Limousin : déchets nucléaires et déchets de langue

 

 Le reportage sur les déchets nucléaires que FR3 a présenté mercredi dernier dans son émission Pièces à convictionLe scandale de la France contaminée », malgré les tentatives d’Areva (ex Cogema), pour en empêcher la diffusion, n’a laissé dans le secteur personne indifférent. Il faut dire qu’ici, nous sommes un peu dans l’œil du cyclone, entre les sites de Fanay, Margnac et Pény, qui furent longtemps parmi les premières zones d’extraction de l’uranium en France, et restent, sans doute, parmi les plus contaminées du pays. Depuis mercredi, les gens ne parlent plus que de ça, comme si enfin, ils étaient autorisés à le faire, comme s’ils pouvaient tout à coup, à haute voix et sans vergogne, en entretenir voisins, amis, collègues, membres de leur famille… et cela parce que, pour la première fois peut-être, un reportage accessible à tous, rapide et discutable sans doute sur bien  des points, a présenté une version des faits qui correspond à ce qu’ils savent (et la conscience d’ignorer presque tout, fait partie de ce qu’ils savent) et vivent au quotidien, sous la chape de plomb du silence imposé. Les politiques locaux eux-mêmes n’ont pas pu ne pas réagir, entraînés malgré eux dans la discussion, comme Alain Rodet défendant la qualité de l’eau de la ville de Limoges (voir vidéo); l’élu d’ailleurs s’est montré d’une étonnante violence contre les auteurs du film, et beaucoup moins enclin – comme c’est étrange –, à critiquer le groupe Areva/Cogema, dont il reconnaît pourtant qu’il ne fut longtemps guère porté (doux euphémisme !) à collaborer. Cette attitude montre en tout cas, avec une évidence qui crève l’écran, que les responsables préféreraient qu’il n’y ait pas de débat public sur cette question « explosive » de santé publique en Limousin. D’ailleurs, les militants antinucléaires qui, dans la région, se sont si longtemps battus pour obtenir de l’information, pour la diffuser, et ont tenté plusieurs fois de traîner Areva en justice, ne sont jamais véritablement parvenus à rendre leur voix audible, c’est-à-dire à susciter une discussion publique, pas plus qu’ils n’ont eu gain de cause devant les tribunaux. La réponse unanime fut en effet et demeure, encore et toujours, « Circulez, y a rien à voir », assortie de la berceuse « Dormez petits pigeons ».  Sur les ondes nationales, et sans jamais aucune contradiction, la pdg d'Areva, Anne Lauvergeon, présente sont livre de propagande, en mettant en avant le principe de transparence absolue du groupe qu'elle dirige. J'ai failli m'étrangler, le 13 décembre dernier, en l'entendant félicitée et même ovationnée pour cela par Monique Canto Sperber dans son émission Questions d'éthique.

Or voici que le reportage de la chaîne nationale FR3, à une heure de grande écoute (il semble avoir été vu par 3 millions de personnes), parvient à briser le silence, au moins temporairement, en prenant à contre-pied le discours de propagande, en ayant ainsi en une fois, plus d'impact et d'influence que des années de lutte au niveau local. Cela est étrange et terrible, et montre à quel point l’offre par des membres de la société civile (les associations), par des habitants citoyens, d’une discussion argumentée démocratique est méprisée et rejetée, d’abord par ceux qui ont intérêt a ce qu’elle n’ait pas lieu, mais aussi par le plus grand nombre, résigné et finalement complice de cet état des choses. Cela montre comment seule l’inversion d’un rapport de force dans la communication, l’inversion en l’occurrence qu’a pu, au moins provisoirement, réussir une chaîne de télévision nationale, en ne ménageant pas les effets à sensation, est susceptible de mettre en question le statu quo. Le plus grand nombre évidemment est aussi en cause, puisque, sur ce sujet qu’ils réputent eux-mêmes plus ou moins tabou, les gens acceptent de fait l’imposition d’une version rassurante à laquelle ils ne croient pas, sans pour autant se ranger aux côtés d’une dissidence militante. Parlez avec eux. Ils vous dirons qu’on ne la leur fait pas et rigolent en vous montrant le dépliant d’Areva chantant les louanges de la décontamination des lacs de Saint-Pardoux et de la Crouzille (il faudrait d’ailleurs être le dernier des idiots pour se laisser prendre par cette publicité diffusée il y a deux ans, qui vous disait qu’il n’y a jamais eu le moindre problème, que donc l’enlèvement des boues est inutile, mais qu’elles seraient enlevées quand même pour que les citoyens puissent être encore plus sûrs que lorsqu’ils pouvaient être déjà tout à fait sûrs !). Ils ont tous vus ou entendus des choses effarantes : la noria des camions de nuit à Pény ou à la mine de Margnac avant qu’elle ne soit murée, enfermant tous ses engins contaminés et tous ses autres secrets, certains ont entendu dans les entrailles de la terre rouler des fûts. D’autres tombent en se promenant (comme ce cycliste dans le film) sur des boues contaminées enlevées des lacs et entassées un plus loin sur le bord du chemin. Tous comptent les anciens mineurs malades et morts de divers cancers avant la soixantaine (on en voit un, très malade, dans le reportage, mais ici tout le monde en connaît ou en a connu…)… Ces bribes d’informations, « polluées » par les rumeurs (mais rien de tel bien sûr que l’absence de discussion publique pour alimenter les rumeurs), trahissent bien sûr aussi l’ignorance, car la vie quotidienne est sans arrêt confrontée à la méconnaissance de tous les éléments potentiels de danger : la plupart des lieux d’extraction et des « stériles » (qui comme on sait ne le sont pas du tout) ne sont pas clôturés, le plus souvent ils ne sont pas visibles, pas signalés, aucune cartographie précise n’est accessible à la population, aucune information officielle n’est disponible sur le danger éventuel des activités de loisir (près de chez moi il y a un moto-cross improvisé sur des stériles), des cueillettes, des baignades, de la potabilité de l’eau non traitée, etc. Il n’existe aucune information publique affichée, aucun vade mecum disponible, les bulletins municipaux sont muets sur la question… Un nouvel arrivant – je parle par expérience – met un sacré bout de temps avant de comprendre vraiment où il a fini par atterrir, car il n’est informé qu’à travers les conversations privées. Les gens en effet n’abordent le sujet qu’en petit comité, sur le ton de la confidence, et rares sont ceux qui iraient jusqu’à militer, ou ne serait-ce qu’à adhérer aux discours alternatifs des « écolos », le plus souvent critiqués en termes vagues, assortis de concession déroutantes (« remarquez qu’il y a beaucoup de vrai dans ce qu’ils disent, même s’ils ont tort »…).

 Pour expliquer ces ambiguïtés et cette ambivalence, on invoquera sans doute les liens que beaucoup ont eu avec la Cogema, pourvoyeuse de travail, manne inespérée pour ces communes pauvres du nord Limousin. Mais, il y a autre chose, me semble-t-il : le fait précisément que les gens savent que toutes les voix faisant autorité dans l’espace public – la presse locale (d’une infinie lâcheté sur la question du nucléaire), les syndicats, la plupart des élus, les notables –, se taisent, ou alors tiennent ce discours de justification a posteriori des hautes et basse œuvres de la Cogema, ou du moins de l’innocuité de leurs effets, abreuvant le vulgus pecus de pseudo assertions techniques et scientifiques. Non que les gens soient vraiment dupes, non qu’ils soient vraiment rassurés, mais ils prennent acte d’une situation de fait, le fait du monopole du discours public, auquel ils pensent qu’il est inutile et mal vu de s’opposer, puisque aucune opinion alternative n’est prise en considération, c’est-à-dire ne reçoit de reconnaissance publique. Bon gré mal gré, ils acceptent ainsi une situation de sujétion envers un discours de pouvoir auxquels ils n’adhérent pas, ou pas vraiment, mais qu’ils savent dominant et exclusif. C’est pour cela que le reportage de FR3 est un événement, car il donne un visibilité publique à la critique, et ce faisant la rend en quelque sorte légitime. Et voilà que, pour un temps au moins, les langues se délient.

 Telle est en tout cas, pour l’instant, mon analyse, très partielle, appuyée sur l’observation empirique, par laquelle je ne cherche pas à faire entendre une voix militante, mais simplement exprimer la manière dont il m’apparaît, à moi, habitant de ces contrées, que la question du nucléaire est vécue ici.

 

 Cette réflexion en rencontre une autre ; celle que je poursuis sur la situation de la langue limousine, sur sa mort annoncée, l’intérêt qu’elle pourrait et devrait susciter, ses chances de survie, et le fait que cette question culturelle, précisément, ne parvienne pas et, dans l’état actuel des choses, ne saurait, elle non plus, accéder à une réelle visibilité. Je ne confonds ni n’assimile bien sûr pas les deux phénomènes qui, en tant que tels, n’ont rien à voir l’un avec l’autre – cela n’a pas à être démontré (même s’il va de soi que l’on peut être irradié et occitanophone !) – mais je constate seulement de frappantes analogies dans la manière dont, en l’un et l’autre cas, la parole publique et les médias « autorisés » oscillent entre silence radio et langue de bois alors que la parole alternative est négligée et discréditée du seul fait qu’elle n'est justement ni relayée, ni reconnue, pas même discutée au niveau « supérieur ».

 Ce n’est pas que la question de la langue, de l’ « autre » langue, de ce que les gens appellent ici « patois » soit tabouée ; elle ne traîne certes pas avec elle le poids de terreur sous-jacent du nucléaire. Les gens qui connaissent la langue, ou ont été en contact avec elle, en parlent librement et souvent avec autant de plaisir que de nostalgie et de résignation. Ce n’est d’ailleurs pas une question qui leur apparaît spontanément comme chargée de présupposés politiques, même si tout ce qu’ils en disent est pris dans des considérations critiques, mais fatalistes, sur le caractère inéluctable du « progrès » et habité par le regret que cela – pensent-ils – « n’intéresse plus personne ». Mais, c’est que l’on est justement confronté, comme pour le nucléaire, à un clivage de la communication : il n’existe quasiment aucun relais entre ce que l’on peut dire en privé à ce sujet et le mutisme public. Sur la question du patrimoine culturel et linguistique, en effet, les élus et administrateurs limousins, ne disent jamais rien, ou presque. Il ne leur paraît pas nécessaire ni souhaitable de communiquer sur le sujet, redoutant sans doute, non tant de risquer d’être accusé de communautarisme que d’être taxé de passéisme. On l’a vu lors des assises pour l'occitan en Limousin, il y a trois ans : les élus se comptaient sur les doigts de la main, l’éducation nationale était absente, les médias on ne peut plus discrets, etc. Les médias, parlons-en, sont très en deçà de ce que l’on pourrait attendre d’eux, oscillant entre la répercussion d’informations folkloriques ou folklorisantes et, pour ce qui est de la presse locale, quelques articles plus substantiels sur l’occitan, à propos d’initiatives locales, mais qui ne cherchent jamais véritablement à établir de lien avec ce que les gens disent et parlent encore un peu partout dans la région. Ce lien, d’ailleurs, ne pourrait se faire que si les journaux acceptaient de publier des rubriques dans la langue elle-même, comme cela fut le cas dans le passé (mais n’est plus du tout à l’ordre du jour), que si la télévision (FR3 justement) et la radio la donnaient à entendre. La langue est ainsi devenue, dans l’image qui en est donnée par la presse, une chose secrète, ou même deux choses distinctes (ce qui est vraiment désastreux) : un « occitan » réservé à un petite élite et un « patois » en déshérence dans les campagnes. Aucune démarche didactique pour affirmer l’identité des deux, n’a jamais été véritablement entrepris. Ce n’est donc pas que l’on ne parle pas du tout de la langue, dans les médias, mais personne n’a plus le courage ici de la faire entendre et de la donner à lire. Sur cette base, l’évocation occasionnelle de son existence, en consacre en fait l’exclusion de l’espace public.

 Là aussi, en tout cas, les associations (l’Institut d’Études Occitanes du Limousin, Calandreta, le CREO Limousin…) ont l’impression de parler dans le désert : leur parole, en effet, en l’absence de tout espace public de discussion, ne saurait acquérir aucune espèce de légitimité. Et ils ne peuvent même pas espérer que les médias nationaux – comme c’est le cas pour le nucléaire – viennent perturber cette situation d’étouffement pur et simple, absolument ahurissante, quand on observe l’engagement, modéré mais effectif, des régions avoisinantes en faveur de la langue. Nous ne disposons-nous pas (surtout pas !) d’enquête publique sur sa pratique et sur les désirs éventuels des populations en la matière, pas de plans de développement, ou ne serai-ce que de maintien de l’enseignement de la langue, pas de projets culturels consistants et visibles… Là aussi, le mot d’ordre subreptice semble être « Circulez, il n’y a rien à voir », ou plutôt « rien à entendre et rien à attendre » : pour la culture, on se contentera de la télévision pour le plus grand nombre (si possible débarrassée de programmes trouble-fêtes sur le nucléaire) et des francophonies pour les happy few. Ces considérations assez peu optimistes sur l’état de la démocratie politique et culturelle sont, pour qui écrit, singulièrement aggravées par le fait que l’énorme majorité, voire la presque totalité des acteurs publics en Limousin, sont – ou du moins affirment être – de gauche. Comme quoi, l’invocation des principes d’une démocratie sociale et culturelle ne vaut aucunement comme garantie de leur mise en œuvre.

J.-P. C.

 

 

puydel__ge

carrière à ciel ouvert du Puy-de-l'Âge. cliché de 1993

 

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Commentaires
T
"Je ne comprends pas votre rapport avec la langue"<br /> <br /> hé bien relisez simplement le post !
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É
Ma mère est d'origine du limousin, juste a coté d'une ancienne mine peny, elle été enfant quand cette mine a commencer a être exploité (ses parents ont été exproprié pour construire la mine), le problème n'est pas la mine en elle même, le problème est la façon dont a la fin de l'exploitation, le site a été remis en état, les déchet radioactif ou "fûts" on été jeté dans la fine et on a recouvert le tous d'eau. De plus si les mines sont un sujet tabous dans le 87, c'est tous simplement car dans les années 70, la cogema employer beaucoup de mondes.<br /> <br /> PS: Je ne comprend pas votre rapport avec la langue.
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F
I a pas de renegadis de la lenga que pels limosins. <br /> Lo renegadis es de pertot.<br /> Per dire. Se troba qu'a Tolosa lo conse de drècha (antan oc) avia decidit de far de la sinhaletica occitana, per las carrièras e quicom mai.... Lo novèl conse d'esquèrra, de Tolosa o contunhèt dins la rega. Doncas i a un fum d'avengudas e de carrièras, d'andronas qu'an tornat trobar son nom vertadièr. I a de calandretas e d'ensenhament bilenga, e la debuta d'una politica culturala. Osca a Tolosa.<br /> <br /> Aici a Murèth avem demandat al conse de far quicom de parièr, qu'es socialista coma lo de Tolosa.<br /> E ben de que cresètz ? Lo conse de Mureth se'n chauta de l'occitan, , de l'Occitania e del demai. <br /> D'en primièr s'aumentèt lo salari ambe tota los amics del consèlh. <br /> Puèi coma president de la Cam, ven de votar pel TGV quicòm que va costar coma 10 ans de buget d'investiment aquel caluc, ambe la còla de la CAM, e ambe totes los elegits del ròdol.<br /> Raisvan pas que de lecar-cuòls.<br /> E que totas la regions d'Occitania venon de far çò mesme... <br /> Cal montar a Partis en tres oras. Levat que per far dos cents quilomestres, per anar a Milhau o a Rodez , a praici cal quatre oras e que las garas son clavadas pels elegits de drècha coma d'esquerra , e que la França unida va pagar pels RER de l'Iscle de França que se rabalan.... <br /> Es pas bela la vida? Es pas bel lo socialisme; e l'UMPeisme <br /> Tot aquò per montar un còp a Paris a Disneyword... O a las putas pels deputats e consèlhers generals, que son la pratica majoritaria ..<br /> E ganhar una o doas oras sul viatge...<br /> Quna vergonha! <br /> Tot aqela mena de monde lor cal far vergonha.Al mercat o endacòm. Fan pas que de seguir lo vent.<br /> E lo Lemosin es parièr que lo Tolosan . <br /> Se troba condusit per una mena de rats que pensa pas que de s'amonedar. <br /> Alara l'Occitania ? Que volètz? An pas lo temps d'i pensar.<br /> Parlem pas d'uranium que i an pas jamai soscat. Son pas elegits per aquò far mas per demandar de subvencions al companhs de Paris.<br /> Aquò's la politica de la man parada mas la palma virada al cèl ... <br /> O sabi exagèri, tanben me caldriai dire quicòm mai per me desencusar de mon insolençia :<br /> i soi, ai trobat, perdonatz me. Aviai oblidat d'o dire. <br /> Amai son faineants coma colobras...<br /> Espèri coma aquò d'estre perdonat.<br /> Que de tot biais comprenan ges.
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L
Je suis bien d'accord avec votre parallèle entre les questions du nucléaire et de la langue. Le point commun : la docilité, l'angoisse de se révolter, le besoin impérieux de se soumettre, de se taire. Une puissante pulsion de mort, qui mène à trouver que c'est bien normal de se faire embuquer du poison et de se faire couper la langue. La perversité des dirigeants est à la mesure de notre renonciation. Qui fa la cabra, lo lop lo manja.
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L
en réponse à Gascon:<br /> je pense que vous êtes un peu absolutiste. La graphie normalisée occitane n'est pas la cause de la non transmission de la langue. Oui l'Occitanie est bien réelle, et sans l'écrire, les paysans limousins savaient bien reconnaître un "patois" de la même famille que le leur quand il se rendait sur des foires provençales ou quercinoises... J'ai souvent posé la question moi-même à des vieux en Limousin, parfois je leur ai même fait écouter des collectages provençaux et languedociens : ils comprennent tous 80% de ce qui se dit... et un bon 90% de ce que disent les Auvergnats... Par contre, quand ils allaient dans le Berry ou le Poitou, ils ne comprenaient quasiment rien des idiomes rencontrés... Quelle meilleure preuve que celle-ci pour justifier de l'existence d'une langue occitane et donc de l'Occitanie? <br /> Il n'est pas plus difficile d'apprendre la graphie occitane normalisée que l'orthographe française, bien au contraire. Les gens savent bien qu'on prononce Farmacie et pas Parmacie... tout ça s'apprend, et pour l'occitan, les calandrons, par exemple, le font sans difficulté aucune. Je vous rejoins par contre sur le décalage qui a longtemps régné entre le "milieu occitaniste" et le peuple, largement paysan et ouvrier à l'époque des premiers soubressauts occitanistes des années 1930. A qui la faute? Peu importe, le mal est fait. Mais la République française et ses médias n'y sont pas pour rien dans cet échec, c'est une évidence! On ne va pas refaire les vieux débats, voire violentes querelles, qui déchirèrent les partisans de Laffont, ceux de Castan et ceux de Fontan (querelels pas tout à fait éteintes d'ailleurs)... Par contre, on peut s'inspirer du passé et essayer de rompre avec des habitudes nuisibles. Mais cela demande un immense travail de remise en cause de la part des occitanistes eux-mêmes. Si la génération de ceux qui ont aujourd'hui plutôt la soixantaine, qui ont fait le régionalisme et l'occitanisme des années 1970, aura du mal, je crois que les jeunes, les 15-30 ans qui s'intéressent à la langue, changent complètement de direction, et parviennent mieux que leurs aînés à sortir d'un "élitisme" coupé de la réalité sociale occitane. Voyez les forums sur internet que fréquente cette génération : je pense qu'elle est en train d'atteindre justement le parfait équilibre entre respect des racines, inspiration de la tradition, et modernité, rigueur scientifique... Surtout ils comprennent que pour re-populariser la langue, ils ne faut pas se replier sur soi, il faut faire du punk rock ou de la techno en occitan si on en a envie, en se foutant pas mal que ça plaise ou non aux dirigeants de l'IEO, qu'ils faut organiser des soirées branchées en occitan, qu'il faut également s'afficher en occitan dans les manifs populaires, dans les piquets de grève etc... Comme vous le dites, qu'il faut "parler aux tripes" des gens! La nouvelle génération est décomplexée, disons qu'elle ne s'encombre plus de tous ces codes et protocoles qui ont nui, fut un temps, à l'occitanisme.<br /> Pour finir, vous signez Gascon mais avez l'air de drôlement bien connaître le Limousin... Une seule chose : le rattachement du Limousin avec Poitou-Charentes ou avec l'Auvergne, on n'y est pas encore... D'autres affaires mobilisent nos bons politiciens en ce moment! Et puis, quel rapport avec la langue occitane? Les découpages administratifs, de tous temps saugrenus, n'ont à ce jour pas eu la peau de l'occitan!
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