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Mescladis e còps de gula
Mescladis e còps de gula
  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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8 juin 2014

Jan dau Melhau, Appel du 5 juin

J'ai reçu un texte de Jan dau Melhau par la poste, s'insurgeant contre le sort subi par le Limousin dans le remembrement régional. Il me demande de le diffuser, si je le trouve à mon goût, par les moyens qui sont les miens (Melhau se tient hélas à l'écart d'internet). Je le fais volontiers, même si, bien qu'en accord sur le fond (voir le texte de la Coordination Occitane publié avant-hier), je trouverais à discuter bien des choses dans ces lignes (une certaine vision de l'histoire en particulier). Superbement écrit, comme à l'accoutumée, il mérite en tout cas amplement la lecture et la discussion. JP C

Melhau1

 

APPEL DU 5 JUIN

 

            La Révolution, en créant les départements sur des appellations purement géographiques, avait voulu détruire tout ce qui rappelait l’Ancien régime, que des anciennes provinces ne demeurât pas même le nom, que les peuples de France en perdissent toute identité.

            Il s’agissait de créer l’homme nouveau, le citoyen désincarné, hors toute communauté autre que nationale, tout seul face à l’État.

            Un siècle plus tard, l’école de la République fit la guerre aux langues et cultures des peuples de France, leur fit honte de ce qu’ils étaient, vida les campagnes de ce qu’elle pensait être leurs meilleurs éléments pour en faire les serviteurs zélés de l’État ou du capitalisme national.

            Le Limousin, avec sa langue, mourait tout doucement…

            La régionalisation sous laquelle nous vivions avait créé des monstres tels que Provençalp’côt’d’azur, dont les habitants, à l’évidence, devaient se dire, en toute simplicité Provençalpcôtdazuriens, mais le Limousin, miracle ! était réapparu avec un minimum de conscience de soi.

            La République a réussi à réduire sa langue à la dernière extrémité, elle veut achever aujourd’hui de l’éradiquer en le noyant dans une mer d’incohérence, en mariant la carpe et le lapin, l’éleveur limousin et le céréalier beauceron, la platitude et le plateau.

            Le Limousin, d’aucune façon, en quoi que ce soit, ne peut avoir à faire avec la présente région Centre. Et les liens qu’il a toujours eux avec le Poitou et la Saintonge ne peuvent lui donner l’idée ni l’envie d’être de leur attelage.

            Le Limousin, avant d’être au centre, est au nord, au nord des terres occitanes, statut qu’il partage avec sa sœur – ou sa cousine – l’Auvergne.

            Il est, depuis les Celtes lemovices, un pagus, un pays, il a eté, aux XIème et XIIème siècles, le berceau de la grande poésie lyrique des troubadours, et alors envahissait l’Europe de ses ors émaillés.

            Les Catalans, en cet honneur, au XIXème siècle de leur renaissance, nommèrent leur langue llemosi.

            Qu’il garde au moins mémoire de cette gloire-là !

            Il a toujours été à la fois de la montagne et de l’Aquitaine, il est en fait la partie montagnarde de l’Aquitaine, mais avant tout il doit rester limousin, et de si grandes régions sont des aberrations humaines que bien sûr on nous présente comme des nécessités économiques. Comme si l’économie, depuis belle lune, se préoccupait de l’homme !

            Qu’il reste limousin !

            Au nom de Bernard de Ventadour, de Léonard Limosin, des maçons limousins et de Marcelle Delpastre.

 

            J’accuse le petit monarque de Paris (car nous vivons dans un régime de monarchie élective) de vouloir achever de nous détruire dans ce qui nous fait au plus profond de l’être (et ne pensez pas, Limousins, qu’il suffira de quelques galetous, d’un clafoutis pour sauver votre identité !).

            J’accuse les élus du Limousins, les socialistes en tout premier lieu, de complicité active, de duplicité ou de jobardise.

            Et j’appelle les Limousins à la résistance et à l’insurrection, à des actions non-violentes que je souhaite nombreuses, imaginatives – humour et ironie –, imparables.

 

N’i a pro !

Le préfet du maquis

alias Jan dau Melhau

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Commentaires
G
"le coeur a des raisons que la raison ignore"... Quand un poète prend la parole pour défendre sa vison du monde (qu'il fait de la politique, donc), les intellectuels ont une tendance immédiate à douter de cette parole, porteuse de cette "raison du coeur" dont ils se méfient. C'est ce qui se passe avec cet "appel" de Jan dau Melhau. Bien sûr, l'intellectuel (je me réclame de cette "catégorie") dira toujours que lui aussi il a un coeur, des sentiments: simplement il les fait passer au crible de sa conscience critique. Mais le poète, n'a-t-il pas, de son côté, une raison raisonnante, et n'est-ce pas un abus que de le cantonner à ce rôle de "citoyen du coeur et des bons sentiments"? D'autant plus réducteur ici que Jan dau melhau n'est animé d'aucun "bon sentiment": il pousse un cri de révolte, de "résistance" et d'"insurrection", ce qui est aux antipodes de la cucuterie des bons sentiments. <br /> <br /> Donc on peut discuter (on doit?) ce que nous dit Jan dau Melhau, mais avant tout on doit dire si instinctivement on trouve juste ou non ce qu'il nous dit. Et moi je me sens en accord avec ce sentiment qu'exprime Jan dau Melhau, et s'il veut faire une pétition je la signerai volontiers, pour la défense de la Culture limousine, qui passe ici par le refus du monde technocratisé des élites socialo-umpistes.<br /> <br /> Signé: un intellectuel non-Limousin non-occitaniste
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A
La Bretagne, on y avait déjà touché au moment de la Révoluçion fransssaisssse, comme pour le Limousin, ainsi que le rappelle Jan dau Melhau.<br /> <br /> <br /> <br /> Et en 1941, comme le dit Christian, où la Loire-Atlantique et Nantes en on été séparé pour former une partie des Pèideloir, les PDL.<br /> <br /> <br /> <br /> Et on a été à deux doigts d'être "fusionné" avec ces pèideloir, et on reste sous la menace de l'être. Or ce qu'on veut, c'est la réunification, la Bretagne historique.<br /> <br /> <br /> <br /> Parce qu'une "fusion", outre qu'elle fait disparaître la Bretagne, ce qui est déjà en soi inacceptable, amenera le loup dans la bergerie, des anti-bretons dans une assemblée qui ne sera plus que partiellement bretonne. Et tout deviendra plus difficile, déjà que ça l'est. Notamment la défence de la langue.<br /> <br /> <br /> <br /> Et c'est ce qui attend le limousin dans la nouvelle "configuration territorialle". Des élites encore plus coupées du peuple réel, encore moins soucieuse de préserver la langue, une langue qui paraîtra encore plus étrangère, encore moins à sa place dans cette Hyper-Région qui détache une région occitane de l'ensemble occitan.
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C
Salud deoc'h<br /> <br /> La Bretagne, on y a déjà touché en 1941 en séparant la Loire-Atlantique bretonne du reste de la région, et on n'y revient pas. Le mal est fait. Mais cette "réforme" aurait pu être l'occasion de réparer cet outrage à l'histoire, à la culture et à l'avenir. Pas de réparation. Nantes n'est plus bretonne, disent-ils, mais "ligérienne" (notons que "ligérien" se termine par "rien"). Nous sommes aujourd'hui dans le même type de processus technocratique absurde contre lequel bien des Bretons manifestent et manifesteront. Kenavo. CLM
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F
Eh oui. La Corse ou la Bretagne, on n’y touche pas. Ça pourrait piquer.
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