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Mescladis e còps de gula
Mescladis e còps de gula
  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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8 septembre 2007

Ours et démocratie locale

Une fois n’est pas coutume, voici un texte qui n’est pas d’abord consacré à des questions de langue, mais au problème, absolument indissociable des débats sur les langues et les cultures minorées, de l’extrême difficulté d’envisager dans notre France toute centralisatrice le règlement de conflits à l’échelle locale et régionale. Le conflit exacerbé autour de l’ours dans les Pyrénées en est sans nul doute un révélateur particulièrement frappant. C’est ce que s’attache à montrer David Grosclaude dans un article paru en Occitan dans la Setmana (n° 623 du 2.08 au 8.08.2007). Je le traduis ici pour les non occitanophones.

J-P C.

ours_pyrenees

L’Ours est un révélateur d’irresponsabilité

La question de l’ours porte de l’eau au moulin du centralisme. Elle prouve aussi que nous n’appliquons pas le principe selon lequel la diversité biologique dépend de notre capacité à préserver la diversité culturelle. Ce qui vaut en Amazonie ne vaut dans les Pyrénées.

La ministre de l’Ecologie était à Toulouse la semaine passée pour essayer de débloquer la situation de l’ours. Les attaques de Franska contre les troupeaux en Bigorre ont relancé la polémique sur la présence de l’ours dans les Pyrénées et sur la politique de réintroduction de l’animal.

 Les bergers des Pyrénées bénéficient du soutien d’une grande partie des élus des départements concernés. Certainement, toutes les opinions ne sont pas aussi tranchées que celles de ceux qui demandent la capture de la bête ou de certains bergers qui parlent de son élimination. Mais, une fois de plus, nous voyons arriver un arbitre, l’État, pour trancher une question qui devrait être réglée au niveau régional.

 C’est une facilité qui semble contenter tout le monde. Certains élus régionaux et locaux sont les premiers satisfaits, qui n’ont pas ainsi à prendre en charge une affaire que l’on peut comparer à une patate chaude, ce qui veut dire, que par quelque bout qu’on la prenne, on est sûr de se brûler les doigts.

 D’un autre côté le pouvoir d’État conserve l’illusion de maîtriser tout ce qui est important sur le territoire et d’apporter partout des paroles d’apaisement et des solutions raisonnables. Finalement, l’affaire de l’ours montre une fois de plus le retard démocratique dont nous souffrons. L’incapacité des gens des Pyrénées à régler seuls la question de l’ours est anormale. Certainement, ils n’en ont pas actuellement le pouvoir. C’est une affaire qui, légalement, concerne le ministère. Mais je n’ai entendu aucun élu local réclamer la tenue d’une table ronde avec tous les acteurs politiques de la région, y compris ceux de l’autre côté de la montagne, pour essayer de trouver une solution.

Diversité biologique

 De toute façon, quelle que soit la solution proposée par le ministère, elle ne saurait d’aucune façon être durable. Ceux qui seront mécontents de la décision auront toujours la possibilité de dénoncer une décision de Paris prise de loin, pendant que les autres pourront se couvrir confortablement derrière une décision de l’État. Et l’affaire de l’ours reviendra s’imposer plus tard. C’est la logique qui le veut.

 Le fait de ne pas appliquer à nos régions les principes qui s’appliquent ailleurs, nous condamne à la polémique permanente. Ces principes sont au nombre de deux. Le premier est celui de la responsabilité. Les Pyrénéens sont responsables de la préservation et de la disparition de l’ours et doivent avoir la capacité politique de régler l’affaire. Le second est le principe du respect de la diversité culturelle afin de pouvoir conserver la diversité biologique. Nous chantons les vertus de ce principe quand il s’agit de l’Amazonie, mais nous l’ignorons quand nous parlons de nos régions. Si la diversité biologique est autant menacée chez nous, c’est aussi du fait de l’uniformisation des méthodes de gestion des espaces. Et il y a derrière tout cela des questions culturelles. Le fait d’avoir enseigné aux occitans à renier leur culture (et leur langue) ne peut que provoquer une incapacité à trouver une solution appropriée à la préservation de la diversité biologique locale.

  Finalement l’ours est un bon révélateur d’une forme de colonialisme culturel. L’incapacité d’imaginer une solution efficace, à la négocier, réduit les pyrénéens à rester dans la position de petits enfants incapables de régler un problème par eux-mêmes. D’autres alors arrivent avec de mauvaises solutions, inadaptées aux réalités et aux mentalités. De cette façon le conflit ne peut que se poursuive. Mais que dire de l’enfant, finalement heureux d’être infantilisé ?

 Le pouvoir d’État se justifie dans cette affaire seulement parce que des gens parviennent à nous faire croire qu’elle se résume d’une part à une bande d’allumés qui ne rêvent que de sortir les fusils et de l’autres à des protecteurs de la nature qui n’ont aucune idée de ce qu’est la réalité pyrénéenne. Si j’étais un élu de la région, j’aurais honte de donner à voir cette image de mon pays.

David Gosclaude

(trad. J P C)

ours

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Commentaires
T
la montanha apartèn pas mai aus omes qu'a las orsas... mas l'ome es mai fort que l'orsa (subretot emb un fusilh)e l'orsa es mai fort que las oalhas...l'orsa tua de oalhas (e rarament per minjar!), l'ome tua d'orsas...'qu'es la natura... es-que nostr'ostau nos aparten mai qu'a las ranhas o aus mostics? pertant lu Begon se vend ben... (responsa volontarament provocatriça)
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M
E los òmes, an d'enguera lor plaça dins las montanhas ? Las montannhas lor apartenen pas mai qu'a las orsas ?<br /> Question volontariament provocatriça.
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T
"Le fait d’avoir enseigné aux Occitans à renier leur culture (et leur langue) ne peut que provoquer une incapacité à trouver une solution appropriée à la préservation de la diversité biologique locale."<br /> <br /> Sur ce point du discours très intéressant de D. Grosclaude...le lien entre la perte de la langue et de la culture occitane et le probleme de l'ours...je ne vois pas bien j'avoue...<br /> Quand les gens parlaient tous occitan dans les Pyrénées ils chassaient déjà l'ours... la gestion était simple: il y avait beaucoup d'ours, beaucoup de bergers en face protégeant leurs brebis et moutons: donc on tuait des ours, régulièrement, ou bien on possédait des patous qui les effrayaient... puis les ours ont disparu, petit à petit, comme les loups...donc on est devenus moins vigileant, plus besoin de monter la garde pendant près d'un siècle! Le vrai problème c'est que les bergers ne sont plus là à protéger leurs troupeaux dans les montagnes et ils ont perdu l'habitude de les rentrer à la bergerie... donc la solution est la suivante (si l'on veut vraiment imposer cette réintroduction aux bergers, ça c'est un autre débat), c'est de les reformer... Peut-être est-ce d'ailleurs le sens des propos de D. Grosclaude: la vie avec (ou contre) l'ours faisait partie intégrante de la culture occitane pyrénéenne, et avec cette culture est partie l'attitude à adopter face à l'ours...<br /> Dans les Alpes (françaises et italiennes) les militants pro-loups moins cons que les autres se proposent, et c'est en général très bien accueilli par les bergers, de vivre pendant quelques semaines avec les éleveurs et de leur réapprendre à vivre avec le prédateur (remonter des enclos, se servir de chiens dressés pour parer aux attaques lupines etc.)... <br /> Par contre, quand Franska et ses copines se retrouvent à 150 bornes de là où elles ont été lachées, en banlieue toulousaine à gratter dans les poubelles devant les pavillons, c'est qu'il y a un gros problème de réadaptation... donc question: les ours ont-ils encore leur place dans les montagnes pyrénéennes?
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J
Fau dire que l'article de Grosclaude pausa plan la question d'un biais mai finassier que d'ordinari, en joslevant lo problema de l'autonomia locala e de l'incapacitat daus regionaus a se pensar e a agir coma daus grands.<br /> Si zo voletz ben, menarai ma pensada pròpa a la discussion sus l'orsa d'un biais autre, queraque pas tant fin : m'es d'avís, faudriá còpsec plantar de menar de las orsas dins los Pireneus tot simplament perque los crestians (los òmes) son incapables, per fauta d'èsser pro savis, de viure emb d'una natura un bocinon tròp sauvatja, pas pro donda.<br /> Ai renonciat de creire que los crestians podràn viure en armonia emb la natura. D'alhors, la lor relacion a la natura es mas espròva de fòrça, rapòrt de dominacion, e son de tròp einnucents per laissar daus espacis mai o mens sauvatges a la natura. Son colonizaires de pertot.<br /> Qu'es a las orsas que pense, mielhs vau per elas viure en securitat en quauqu'un luòc pus avenent que non pas d'èsser tuadas emb d'un còp de fusilh.
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M
Votre article est intérressant, mais il oublie certains points qui ont eu lieu dans le passé, notemment sur la question de l'ours....<br /> Biensure on aimerai tous que ce dossier ne soit pas soumis à polémique et soit gérer comme il faut de manière "responsable" par des acteurs locaux, MAIS:<br /> <br /> Quand vous parlez d'élus loacal qui devrait faire une table ronde avec tous le monde, cela a déja été fait dans une région qui s'appelle le Haut Béarn avec un syndicat mixte qui s'appelle le l'IPHB.<br /> Qu'a t'on vu?<br /> Tout d'abord que des acteurs pourtant anciens et connaisseurs sur le sulet comme le FIEP (fond d'intervention éco pastoral) mené par M.Caussimont n'ont pas été convié à la création de ce syndicat chargé au début des années 90 de gérer ce dossier. <br /> En effet a cette période sous la pression d'élus locaux furent abroger les réserves Lalonde (faites par le ministre du même nom) qui était le dernier refuge des dernières femelles de souches pyrénéenne. En échange "certains" de ces élus locaux devait être chargé de la cohabitation homme /ours et pour cela furent bien doté en argent comme en pouvoir.<br /> SAUF QUE: au final l'ours fut décimé .<br /> Un an après l'abrogation des réserves"lalonde", l'avant dernière femelle de souche pyrénénne fut braconné justement sur un ancien site "lalonde" lors d'une chasse au sanglie, et la derni§re fut aussi tué par l'irresponsablilté d'un petit grouype de chasseurs. Pendant ce temps l'IPHB s'était bien engraissé des sous versé, avait muselé des associations comme le FIEP (en les intègrant mais sans réel pouvoirs) et se servant d'eux comme cuation écologique, n'avat pas utilisé l'argent versé comme il faut et continuer de balafer le territoire de l'ours en piste dont il ne se fatigué pas vraiment à règlementer l'accès.<br /> <br /> Bref si l'état avait laissé faire il n'y aurait aujourd'hui plus que 1 ou 2 ours en pyrénées. Et c'est justement parce que l'état n'a rien fait pendant plus de 12 ans que l'IPHB, a pu faire son affire dans son coin (accompagner la mort de l'ours, toujours trouver des pretextes à la non réintroduction en pyrénées, pourant indispensable vu la consanguinité de cette population, et enin bien servir en argent au passage pour arroser la clientèe politique).<br /> D'ailleurs ce n'est pas un hasard si la situation de l'ours est meilleur en pyrénées central et qu'elle est catastrophique en haut Béarn actuellement.<br /> On voit donc les limites de la démocratie locale, et de la preservation, entre autre, des espèces. Car entre le clanisme et un clientèlisme exacerber d'une minorité d'élus....L'ours aurait aujourd'hui quasiement disparu des pyrénées (come avant lui le bouquetin des pyrénées et peut être demain le grand tétra).
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