Marchois et Patois de Paris, un rapprochement pertinent ?
Jean-Christophe Dourdet, spécialiste en linguistique occitane et poitevine-saintongeaise, également sociolinguiste réagit ici à un article récemment paru de J. -M. Monnet-Quelet « Le marchois : quelques traits linguistiques communs avec le "patois" parisien présents dans la littérature du XVIIe siècle » publié Mémoires de la Société des Sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse, t. 57, 2011-2012. pp. 267-278. Outre la thèse très discutable défendue par l’auteur de l’article, à contre-courant de toutes les données linguistiques un tant soit peu sérieuses (le marchois n’aurait rien à voir avec l’occitan), ce travail pose des problèmes de méthode mis en évidence par Dourdet. Évidemment, comme à l’accoutumée, la discussion est ouverte. Je me permets également de renvoyer au compte rendu que l'on avait proposé ici d'un ouvrage de grande diffusion paru l'année dernière sur le marchois.
JP C
Carte postale ancienne "Au pays marchois"
Lou Chasseur :"Nio qué de las liébrès par eici ?" (Y a-t-il des lièvre spar ici ?). [Réponse des jeunes paysannes] "Au y en o per lous peisans, màs pas per lous bourgès" (Il y en a pour les paysans, mais pas pour les bourgeois.
Marchois et Patois de Paris, un rapprochement pertinent ?
La linguistique qui a pour objet l'étude du langage à travers ses manifestations que sont les langues peut difficilement se passer de prendre aussi en compte des facteurs d'ordre social, c'est pourquoi s'est développée une approche du langage et des langues dite sociolinguistique, créant ainsi une nouvelle branche de la linguistique. La sociolinguistique s'occupe plus précisément des représentations que se font les locuteurs de leurs propres usages et pratiques linguistiques. Elle analyse ces représentations à travers le discours émis par les locuteurs dans une langue donnée.
Ainsi, aucun idiome, n'existant que dans la parole de chacun de ses locuteurs, n'échappe-t-il à ces représentations. En France, où la langue a souvent valeur d'identification à la nation, le français a servi et sert encore parfois de référent pour l'étude des idiomes présents sur le territoire national. C'est comme si en procédant de cette manière l'on exprimait sa loyauté à l'égard de la langue nationale et son attachement à la patrie en manifestant sa volonté sincère de ne surtout pas la trahir.
Pourtant, l'étude des langues de France ne peut, ni même ne doit systématiquement passer par le filtre du français. C'est l'évidence pour les langues non-romanes du territoire comme le breton ou le basque mais cela devrait l'être aussi pour ce vaste ensemble gallo-roman reconnu comme continuum, certes, mais subdivisé en deux ensembles bien caractérisés, au nord d'oïl, au sud d'oc. La Marche, comme son nom l'indique en matière géographique, se situe également, en matière linguistique, à la croisée de ces deux ensembles, incarnant deux langues, elles-mêmes sujettes à variation, c'est-à-dire parlées selon diverses variantes dialectales, ce qui est le lot de toutes les langues d'autant plus lorsqu'elles n'ont pas connu d'académie normalisatrice ou d'opération d'uniformisation par l'enseignement ou la diffusion médiatique.
La langue est également un vecteur d'identité fort. Il n'est pas étonnant de voir tel ou tel groupe revendiquer sa différence sur des bases langagières même lorsque l'idiome qu'il parle relève sur le plan linguistique de la même langue que celle du voisin. Il en est ainsi du cas du Pays Valencien en Espagne, qui, parlant une variante de catalan, revendique une altérité linguistique porteuse d'une identité nettement différenciée de celle de la Catalogne voisine. Le nom de la langue est bien entendu un enjeu majeur. C'est pourquoi à propos du catalan avait été proposée la dénomination de langue bacava (premières syllabes de Baléares, Catalogne et [Pays] Valencien) pour désigner le catalan dans toute sa diversité dans une tentative d'apaiser les tensions et de créer un consensus, tentative qui n'a manifestement pas rencontré le succès escompté. Il n'est donc pas non plus surprenant de voir, en Creuse, s'élever une voix contre l'entreprise linguistique de caractériser le "marchois" comme de l'occitan, du limousin ou de l'auvergnat, ces deux derniers étant parts intégrantes de la langue occitane ou ensemble d'oc.
La Marche n'est pourtant pas clairement identifiée à la Creuse en ceci que ses limites ont largement varié dans le temps. La Haute-Vienne comprend en outre dans sa partie nord la Basse-Marche qui déborde sur la Creuse. Quant à la Haute-Marche, si elle couvre la majeure partie du département, elle ne comprend pas les Combrailles par exemple. Parler de "marchois" pour désigner l'ensemble des parlers de la Creuse est malgré tout toujours possible moyennant quelques libertés avec les données linguistiques. Cela dit, on peut toujours trouver des points communs lexicaux ou même phonétiques entre tous les parlers de la Creuse. On peut néanmoins qualifier une telle démarche de démarche "marchiste" en ce sens qu'il s'agit de se différencier des régions voisines, limousine et auvergnate, essentiellement à travers la langue.
Quant aux parlers du nord de la Creuse, ils ont longtemps été assez mal définis, souvent décrits comme ni d'oc ni d'oïl ou encore plutôt d'oc ou plutôt d'oïl. Au cours du XXe siècle, après une période d'hésitation, l'occitanisme d'après-guerre a eu tendance à considérer ces parlers comme appartenant au domaine d'oc, sur le plan morphologique en tous cas, malgré une phonétique plus proche du français. D'autres rattachent ces parlers au domaine d'oïl bien qu'admettant des traits évolutifs vers l'oc, d'autres enfin les décrivent comme absolument originaux éventuellement reliés à une médio-romanie recouvrant l'espace central de la France d'est en ouest dans une large bande, depuis le franco-provençal de la région de Lyon jusqu'au poitevin-saintongeais en passant par l'Allier, le nord de la Creuse et de la Haute-Vienne. On ne peut nier que ces parlers manifestent une certaine originalité et qu'il est parfois difficile de les rattacher absolument à un domaine plutôt qu'à l'autre, encore que sur les marges nord et sud, les traits se fassent plus distincts, car on assiste dans ces parlers à des changements rapides quand on les parcourt du nord au sud. Il est indéniable que le parler de Guéret et ses environs, sur la marge sud, se rattache clairement à de l'oc, même phonétiquement "francisé", alors que le parler de Fresselines[1], sur la marge nord, pourra se révéler parfois plus proche de l'oïl.
Caractériser les parlers de la Creuse n'est donc pas seulement une question purement linguistique. Cela a trait également à l'identité. Si on ne peut que difficilement assimiler les parlers de la moitié sud de la Creuse, et même un peu plus, à autre chose qu'à de l'oc, assimiler les parlers du nord à de l'oïl relève, inconsciemment on non, d'un affirmation identitaire. En m'insérant dans le domaine d'oïl, je ne trahis pas la patrie en somme. Revendiquer un caractère d'oc ne serait-il pas cacher de mauvaises arrière-pensées sinon séparatistes au moins différentialistes. C'est ainsi que rattacher les parlers nord-creusois à l'oïl de cette manière se doit d'être motivé sur le plan linguistique, d'où la recherche de traits communs au mieux avec les parlers d'oïl limitrophes, ce qui en soi, n'est pas absurde, mais au-delà jusqu'au parler de la capitale séculaire de la France. Ce n'est pas par hasard que les regards se tournent alors vers Paris, horizon mythique de la belle langue. On ne saurait se rattacher directement au français tout de même mais au moins au "patois" de sa région qui, comme chacun le sait, est, dans l'imaginaire national républicain, à travers l'invention du francien, l'ancêtre direct du français, mythe toutefois déconstruit[2] depuis mais persistant malgré tout.
En Creuse, d'ailleurs, on ne peut qu'avoir toujours parlé français d'où l'affirmation qu'au XIXe siècle, tout le monde était déjà bilingue (ce qui, peut-être, est vrai, en partie du moins, pour une part de la Creuse) alors que dans le Limousin voisin, et les régions plus au sud, on en était manifestement encore à l'unilinguisme patoisant[3]. Il est vrai qu'en Creuse, on a connu une émigration très forte, notamment à travers l'émigration saisonnière des maçons de la Creuse. Le français a donc pu être ramené au pays plus tôt qu'en d'autres pays de moindre tradition d'émigration. Mais comment le patois de Paris pourrait-il avoir influencé d'une manière quelconque les parlers marchois (?) sauf peut-être de manière extrêmement marginale, quand on sait que les idiomes gallo-romans, et plus largement romans, connaissent tous des phénomènes linguistiques analogues très largement renseignés et décrits sans qu'il y ait besoin de faire appel à des interactions mutuelles, sauf exception, pour les expliquer. Si les parlers de Charente au contact avec le poitevin, tout comme les parlers du nord et la Marche, connaissent la palatalisation de la latérale /l/ en attaque complexe (voir ci-après), il n'est nul besoin de faire appel pour autant au poitevin pour expliquer le phénomène mais simplement de faire mention d'une évolution parallèle.
Quoi qu'il en soit, les idiomes de la Creuse ont par le passé fait l'objet de plusieurs enquêtes linguistiques donnant lieu à des typologies parfois en désaccord (consulter à ce propos Guylaine Brun Trigaud, Les enquêtes dialectologiques sur les parlers du Croissant : corpus et témoins[4]). Les linguistes romanistes[5] s'accordent néanmoins aujourd'hui à présenter les idiomes de la Creuse selon une bi- voire tripartition, à savoir :
– un ensemble de parlers présentant des traits linguistiques caractérisés d'oc au sud d'une ligne Guéret - la Souterraine, eux-mêmes partitionnés en parlers de type auvergnat à l'est et en parlers de type limousin à l'ouest,
– un ensemble de parlers plus ou moins mixtes oc-oïl, dits du "Croissant", au nord de la ligne Guéret-La Souterraine, qui débordent sur les départements limitrophes de l'Indre et de l'Allier.
Le terme "marchois", ou encore "marcho-bourbonnais"[6], est parfois utilisé pour désigner le second ensemble de parlers dits du "Croissant". Parfois, le terme "marchois" s'utilise aussi pour caractériser plus finement soit les parlers creusois de type (haut-)limousin, soit les parlers creusois de type (bas-)auvergnat. Compte-tenu de son ambiguïté, il serait préférable de parler de limousin de la Marche, d'auvergnat de la Marche et de parlers du Croissant. Néanmoins, on peut aussi vouloir étudier les parlers de la Marche comme un ensemble de parlers, marchois par définition, sujets à variation mais présentant des points communs entre eux bien qu'il soit difficile d'éviter la problématique des affinités avec le haut-limousin à l'ouest, le bas-auvergnat à l'est et les proches parlers d'oïl au nord. Le terme "marchois" est donc à manier avec précaution.
L'invention du terme Croissant est l'œuvre de Jules Ronjat[7], chercheur de l'école montpelliéraine, qui, en 1913, a été le premier à proposer ce nom pour désigner un ensemble de parlers relativement mal défini, bien que repéré[8], jusqu'à cette époque, s'étirant d'est en ouest du nord de Confolens en Charente jusqu'à Vichy dans l'Allier, et du nord au sud, du sud d'Argenton-sur-Creuse (36) jusqu'au sud de La Souterraine (23) au plus large de la zone. L'Atlas Linguistique de la France (ALF) au XIXe puis les atlas linguistiques régionaux produits au XXe siècle ont également permis de mettre en évidence cette aire linguistique du Croissant.
Les traits linguistiques permettant de partitionner les parlers de la Creuse se fondent essentiellement sur des critères d'ordre phonétique et phonologique. On peut tenir compte également de variables lexicales ou grammaticales pour ce faire mais la romanistique accorde la primauté à la variation phonétique en matière de typologie des idiomes. Un ensemble de traits prédéfinis sert ainsi afin de rattacher chaque parler gallo-roman à l'ensemble d'oc, à l'ensemble d'oïl ou le cas échéant ni à l'un ni à l'autre.
Afin de pouvoir comparer de manière fiable les idiomes entre eux, il est avant tout nécessaire de tenir compte de différents types de variations : variation géographique dite diatopique, variation temporelle dite diachronique, variation selon les couches sociales dite diastratique, variation selon le canal utilisé, oral ou écrit, dite diamésique et enfin variation situationnelle dite diaphasique.
Comparer sur le plan linguistique les parlers actuels de la Creuse avec le "patois de Paris" du XVIIe siècle s'avère un exercice périlleux voire impossible, d'autant plus qu'il existe une absence de consensus sur ce qu'on nomme parfois le fait "francien"[9], dont le "patois de Paris" ferait éventuellement partie, à savoir que certains décrivent le "francien" comme le dialecte duquel le français aurait émergé, d'autres comme une modalité dialectale d'oïl avec ses propres traits différents du français académique mais généralement décrite en creux par rapport aux dialectes voisins mieux définis. Il s'avère donc compliqué de caractériser le "patois de Paris" du XVIIe dans la mesure où il cumulerait des traits dialectaux particuliers d'oïl, sans que cela ne soit vraiment avéré, et d'autres traits sociolectaux (voir ci-après), et davantage encore, de le faire à partir de sources littéraires. Bien entendu, on pourrait aussi viser à distinguer le "patois de Paris", que parleraient les Parisiens stricto-sensu, du dialecte d'oïl de la région de Paris, que parleraient hypothétiquement encore les paysans au XVIIe siècle.
Ainsi, les quelques traits linguistiques qui ressortent chez les paysans du Dom Juan de Molière doivent-ils être manipulés avec précaution et ne peuvent que difficilement servir à caractériser de manière absolue, en termes de traits distinctifs, la part de variation dialectale diatopique du "patois de Paris" et de sa région. Ces traits peuvent également être le fait d'une variation diastratique, c'est-à-dire sociale, part intégrante du français parlé à Paris, et d'une mise en scène tendant à faire passer les paysans pour ridicules au travers d'une variation diaphasique, ou situationnelle, manifestement décalée. Comme le note Annie Moulin[10] (référence fournie par l'article de J. - M. Monnet-Quelet). les paysans de Paris savaient très certainement s'adresser également aux notables dans une variante de français plus acceptable par ces derniers de la même manière que les maçons de la Creuse montant à Paris ont dû apprendre sans trop grande difficulté à maîtriser une modalité moyenne du français. Par conséquent, si Molière fait à dessein parler ses paysans plus ou moins dans leur "jargon", on pourrait très bien voir là le fruit d'une variation sociolectale un peu comme ferait un jeune de la "téci" en s'adressant à un élu en verlan, situation hypothétique et improbable. Dans ce cas, parler de "patois" en ce qui concerne une variation diastratique serait inadéquat, même si l'expression a été utilisée plus ou moins en ce sens par le passé, notamment dans des textes de l'époque classique, sans oublier que l'appellation "patois" est déjà en soi évitée par la plupart des linguistes compte-tenu de ses connotation péjoratives. On utilisera donc plutôt l'expression "dialecte d'oïl de la région parisienne" pour désigner la modalité dialectale de la région parisienne.
Néanmoins, J.-M. Monnet-Quelet, auteur de l'article paru dans le T. 57 de Mémoires de la Société des Sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse, parviendrait à distinguer des caractéristiques propres à la modalité dialectale d'oïl de Paris et sa région dans une entreprise "d'archéologie du parler central"[11] à travers les écrits de trois auteurs du XVIIe qu'il met en lien avec les parlers creusois actuels. Cela relève d'une gageure étant donné qu'il s'agit de comparer des parlers de deux époques différentes et éventuellement de nature différente en terme de variation (du côté de la Creuse variation diatopique, de l'autre variation diastratique, diaphasique et éventuellement diatopique). J.-M. Monnet-Quelet note malgré tout pas moins de vingt traits linguistiques, dans les œuvres qu'il liste, qui seraient propres au dialecte d'oïl de la région parisienne et se retrouveraient dans les parlers de la Creuse. Il s'agit donc de les examiner de plus près. Les descriptions linguistiques qui suivent s'appuient sur des ouvrages que chacun pourra consulter, dont vous trouverez la liste à la fin de cet article.
Afin de comparer ce qui est comparable, il est nécessaire de s'en tenir à comparer des formes strictement phonétiques en évitant bien entendu les données orthographiques qui n'ont guère de sens en la matière sauf à représenter le cas échéant l'oral. C'est pourquoi on notera entre crochets la notation phonétique en Alphabet Phonétique International (API) des mots cités, entres accolades, au besoin, une version phonétique plus ou moins à la française, et parfois une version orthographique lorsqu'elle est transparente du point de vue de la prononciation.
Traits linguistiques extraits de Les agréables conférences de deux paysans de Saint-Ouen et de Montmorency sur les affaires du temps (Anonyme, 1649).
Ouverture de e [e] en a [a] devant r [r].
Ce trait existe également dans de nombreux parlers limousins et auvergnats. [per] devient [par], [fer] devient [far], dans tout le sud-ouest de la Haute-Vienne, dans le parler de Châlus dit parler en "ê", et déborde largement sur les parlers en "ê" de Charente limousine et de Dordogne. On retrouve également ce trait aussi bien en poitevin-saintongeais (langue d'oïl) qu'en bas-auvergnat (dialecte d'oc). Il n'a donc rien de définitoire des parlers de la Creuse ou du dialecte d'oïl de la région parisienne.
Quant au prénom Pierre qui se dit Piare [pjare] / {piarê} en "marchois" (avec plutôt un "e" muet en finale pour les parlers du Croissant, ou à proximité, et en partie pour les parlers de type auvergnat), il se dit également ainsi en haut-limousin (avec comme diminutif Piarou, Piarissou), Peire [pejre] / {pêirè} étant le plus souvent resté seulement dans les noms de lieux. Le cas de Piare ne résulte en outre pas du même phénomène d'ouverture de e [e] en a [a] devant r [r] mais de la transformation diphtongale en tonique de [ej] / {êy} d'abord en [je] / {yê} puis en [ja] / {ya}, un peu comme dans [mjaw] / {miâu} miel (du latin mel-). Une partie du bas-auvergnat, dont les parlers de l'est de la Creuse, ont généralisé cette solution : [gyara] / {guiarra} fr. guerre, [tjara] / {tiarra} fr. terre, viala [vjala] / {viala} fr. ville, village, alors que le limousin a [gero] / {guerro}, [tero] / {têrro}, [vilo].
Yod de e [e] dans eau
Le "vieux-français" (ou ancien français) n'entretient bien entendu aucun lien en exclusivité avec ce phénomène. Pour mémoire, la période du vieux-français s'étale jusqu'au XIVe siècle seulement, le vieux-français, n'existant par ailleurs qu'au travers de ses dialectes, le picard et le normand étant ses plus illustres représentants, n'ayant jamais résonné en Creuse. Le moyen français s'arrête quant à lui au tout début du XVIIe siècle. La majorité du XVIIe siècle, siècle de Molière, présente donc un français moderne.
Le yod [j] / {y} de e [e] dans eau [eo]/[eaw] > [jo]/[jaw] n'est en rien non plus un trait exclusivement définitoire du dialecte d'oïl de la région parisienne dans la mesure où ce trait se retrouve en poitevin-saintongeais par exemple ainsi qu'en limousin. Ce n'est ni plus ni moins qu'un trait commun au limousin, à l'auvergnat et aux parlers du Croissant, et même au gallo-roman de manière générale. La diphtongue [jaw] est réduite [jo] dans les parlers du Croissant rapprochant la phonétique un peu plus de l'oïl. En limousin, on rencontre [mjaw] / {miâu} < [meaw] < [meal] < du latin mel- (miel).
La solution -iau < -ell- latin s'est généralisée dans les parlers bas-auvergnats de l'ouest (donc de la Creuse) et une partie des parlers limousins (région d'Eymoutiers en Haute-Vienne et Creuse) alors que le suffixe latin -ell- a majoritairement donné [ew] / {èou} puis [œö] / {ëeu} dans le reste du haut-limousin par vocalisation de la consonne finale, sauf à diphtonguer au voisinage de certaines consonnes, les labiales [m], [f], [p], comme signalé précedemment.
Fermeture de o [o] en ou [u]
Il s'agit d'une fermeture généralisée en gallo-roman (et en gallo-italique : piémontais...) de o latin prétonique : dolōr- a donné le fr. douleur et l'oc. [dulu(r)] / {doulou(r)} ; on relèvera aussile fr. couleur, trouver pour l'oc. [kulu(r)] / {coulou(r)}, [truba] / {trouba}. Quant à couté, il se retrouve ainsi en poitevin-saintongeais et en limousin sous la forme [ku:ta] / {coûta} (à noter que le languedocien a [kustat] / {coustat}). Il n'existe donc aucune spécificité dialectale parisienne ou marchoise là-dedans.
De plus les mots fournis par J.-M. Monnet-Quelet correspondent à des exemples hétérogènes où cohabitent des exemples dans lesquels o tonique latin est passé à [u] / {u} comme dans houmme (qui est en l'occurrence plus spécifique et diffère du haut-limousin [ome])ou boune (de la même manière que le limousin a [buno] / {bouno}) et un exemple dans lequel o latin prétonique a donné [u] / {ou} douna.
Chute des consonnes finales r et f
Ce trait est largement partagé, en ce qui concerne l'amuïssement de [r], dans l'ensemble d'oc quoique irrégulièrement réparti : [musy] / {moussu} au lieu de [musyr] / {moussur} (fr. monsieur), forme que l'on rencontre également, ou encore [bwejradu] {boueiradou} pour [bwejradur] / {boueiradour} (fr. instrument pour enlever la deuxième peau des châtaignes dans l'opération qui consiste à blanchir les châtaignes, instrument que l'on appelle aussi en Creuse "las tanalhas")...
Quant à la chute éventuelle de [f] en finale, il reste à démontrer que [f] ait existé préalablement en marchois. Or on a de la même manière en haut-limousin [masi:] / {massî} < [masiw] / {massïou} où la finale héritée du latin -f- s'est vélarisée en [w] avant de s'amuïr dans les parlers haut-limousins et concomitamment dans les parlers marchois d'où [masi:] / {massî} (fr. massif). On a encore [masiw] / {massïou} en périgourdin entre autres.
Quant à "aveu" pour avec en dialecte d'oïl de la région parisienne du XVIIe, c'est, semble-t-il, sans grand rapport avec le marchois. Dans la mesure où le français du sud-ouest dit avé pour avec, faudrait-il aussi y voir une influence parisienne ?!
e muet et syncopes
Il s'agit en effet d'un trait commun avec l'oïl dans la mesure où les parlers occitans dont les parlers limousins font partie ne connaissent pas ce genre de réduction syllabique. Cela dit, le phénomène n'est pas commun à l'ensemble des parlers de la Creuse car seuls les parlers du Croissant et des abords connaissent l'amuissement de [e] / {ê} final et d'éventuelles syncopes syllabiques.
Palatalisation de pl
En attaque complexe, [l] est susceptible d'être palatalisé c'est-à-dire mouillé[12]. C'est le cas de [p]+[l] (mais aussi de [f]+[l], [b]+[l], et a fortiori en présence d'occlusives : [k]+[l] et [g]+[l]), ce qui constitue un trait que l'on peut qualifier de médio-roman dans la mesure où il se rencontre en bas-auvergnat et dans les parlers d'oïl de la France centrale (poitevin-saintongeais, berrichon, bourbonnais). Le trait ne remonte théoriquement pas jusqu'à Paris[13]. C'est un trait qui n'est pas spécifiquement gallo-roman puisque l'italien connait le même phénomène. Le limousin ne connait pas ce trait sauf au voisinage du poitevin-saintongeais à l'exception de [k]+[l] et [g]+[l] où la mouillure est d'usage en limousin (ex. [kλjaw] / {c(l)iâu} fr. clé; [eλeizo] / {ê(l)iêiso} fr. église).
-au [aw] à la place de -al
Il s'agit d'un trait largement partagé en occitan que l'on retrouve aussi bien en provençal qu'en vivarais, alpin, bas-auvergnat, haut-limousin ou gascon. Ce sont essentiellement les parlers languedociens qui ne vocalisent pas -al. Mais, en interne, nombre de parlers languedociens ont pauma, faus. Il s'avère insensé en matière de dialectologie de prendre comme référence pour l'ensemble occitan les parlers les plus méridionaux (Carcassonne, Narbonne...) pour affirmer que l'occitan dans son ensemble, et notamment le limousin, dirait plutôt comme ci ou plutôt comme ça.
Ce serait comme de prendre la forme française cheval comme représentative de l'oïl dans son ensemble afin de la comparer aux formes marchoises alors que nombre de parlers d'oïl ont chevau au singulier.
oi réalisé ouai/ouay (on suppose que cela correspond essentiellement à [we(j)] / {oué(y)})
Cette solution s'achemine en effet petit à petit vers celle de l'oïl, sans en découler pour autant.
Traits linguistiques extraits de Le Pédant joué (Cyrano de Bergerac, 1654).
Chute des consonnes finales
La chute des consonnes finales, d'origine latine pour la plupart, est un trait commun avec l'ensemble nord-occitan dont le limousin bien entendu. Les mots sa (fr. sac)et be (fr. bec), cités en exemple, se disent tels quels en limousin. Il n'est nul besoin d'aller chercher dans le dialecte d'oïl de la région parisienne pour en trouver l'origine puisqu'il s'agit d'un trait commun du nord-occitan avec l'oïl qui a rendu les consonnes finales latines caduques sauf à leur rajouter parfois un [e] dit de soutien ou encore "é" paragogique pour les mots plus récents et de compositions dite savantes comme l'illustre l'exemple fisique [fizike].
Chute de l [l]
Il n'existe aucun rapport entre l'exemple de Paris avec chute de l dans "pus" (fr. plus) comme en français parlé aujourd'hui et la forme "y" pour la première personne marchoise, provenant d'une réduction diphtongale depuis le latin ego (ego>[ew]>[jew]>[jiw]>[ji:]>[i:]). A ce moment là, "pus" (fr. plus) qui se dit tel quel en limousin serait lui aussi issu du dialecte d'oïl de la région parisienne (?).
Quant à la forme avri (fr. avril), il s'agit à nouveau pour le marchois d'une réduction de la diphtongue [iw] / {îou} provenant de la vélarisation du latin -il plutôt que de l'amuissement de [l] final. Le haut-limousin dit le plus souvent [abri:], le périgourdin dit encore [abriw].
Disparition de v initial
Ce trait est très fréquent en limousin notamment au sud de Limoges, notamment du côté du pays arédien (pays de Saint-Yrieix-la-Perche), où l'on dira (graphie classique) 'autres 'atz 'os permenar ? pour vautres vatz vos permenar ? o encore las fa'as 'erdas pour las favas verdas.
Pronoms personnels sujets
Ils sont également fréquents en haut-limousin, bien que non systématiques, beaucoup moins en bas-limousin.
Passé simple en -i
Il s'agit d'un trait commun avec certains parlers d'oïl, notamment poitevins mais on le retrouve aussi en occitan de Charente par exemple jusque dans le nord de la Dordogne. Il n'existe par contre aucun rapport avec l'exemple donné "je tonbime" (?) En haut-limousin les formes chantí et chantei (fr. je chantai) cohabitent selon les parlers.
eur devient eux ([œ] / {eu})
Ce trait possède un caractère d'oïl non par le fait de la chute de [r] final qui est, comme il a été dit auparavant, un phénomène fréquent dans les parlers occitans, mais par la réalisation [œ] / {eu} de la finale quand l'occitan, dont le limousin, a [ur] / {our} ou encore les suffixes [adu(r)] / {adou(r)} et [ajre] / {ayre}.
Traits linguistiques extraits de Dom Juan (Molière, 1667).
Consonnes euphoniques
Quoi de plus commun en occitan que ces consonnes qui permettent d'éviter les hyatus ?
Tel parler limousin dira Quò z-a mordut ? (graphie classique pour ce qui se prononce co z-o mourdu ? fr. ça a mordu ?). Plus encore, c'est l'auvergnat qui présente un maximum de consonnes euphoniques mais les parlers languedociens ne sont pas étrangers non plus au phénomène : Vau a z-Albi (en graphie classique de l'occitan)(fr. je vais à Albi). Il n'est donc nul besoin du dialecte d'oïl de la région parisienne pour expliquer ce phénomène très commun. Même le français standard n'y échappe pas : Que mange-t-il ? avec un [t] euphonique.
étou
La Charente occitane dit exactement de même [etu] / {étou}. On trouve la forme proche [mejtu] / {meitou} en haut-limousin du sud Haute-Vienne. itou relevé chez Molière n'est malgré tout pas exactement la même forme que celle du limousin ou du marchois. Pourquoi aller chercher dans le dialecte d'oïl du XVIIe de la région parisienne ce qui se dit, de nos jours encore, dans des parlers proches ?
Nasalisations
La nasalisation des voyelles [a] et [i] au voisinage de [n] avec adjonction d'un suffixe phonétique [ñ] / {gn} se produit dans certains parlers marchois du Croissant : angne [ãñ], vingne[14]. Si le même phénomène se présente dans des parlers berrichons et morvandiau, il n'entretient néanmoins aucun rapport avec le dialecte d'oïl de la région parisienne. Les exemples ne mettent aucun lien en évidence. Le limousin nasalise aussi lorsque la finale latine s'est maintenue (résultat de géminées par exemple) mais ajoute [m], et non [ñ], comme suffixe phonétique : (graphie classique) an [ãm], antan [ãntãm], lapin [lapĩm], dedins [dedĩm] mais aussi font [fũm]...
Vocabulaire
bailler, quérir, affûtiaux, assoté, bouter sont présentés comme archaïques. Certains se disent pourtant tels quels en limousin sans qu'il n'existe aucun lien avec le dialecte d'oïl de la région parisienne du XVIIe.
Ainsi le limousin présente-t-il à ce jour encore (graphie classique) balhar [baλa:], querir [keri:], botar [buta:] / {boutâ}. En outre le français connaissait le verbe bailler dans le sens de donner il n'y a pas si longtemps sous la plume même d'auteurs comme Camus (cf. TLFi[15]). Le verbe [duna:] / {dounâ} (fr. donner) existe également depuis les troubadours en occitan, serait-il pour autant archaïque lui-aussi ?
Passage de -ien à -ian
Ce trait existe également en Corrèze du côté de Tulle où l'on dit bian.
"Déformations"
purésie pour pleurésie n'est pas une déformation mais une simplification. Le limousin dit [pyra:] / {purâ} pour le fr. pleurer, le languedocien dit [plura] / {plourâ}. Tous les parlers limousins disent pus (fr. plus)et non plus. Le français académique ne peut quoi qu'il en soit pas servir de référence pour expliquer les changements phonétiques qui ont cours en marchois. La seule méthode fiable pour expliquer les phénomènes linguistiques dans un idiome donné est de raisonner en diachronie soit depuis le latin, ou d'une autre langue substrat, soit depuis un état ancien de l'idiome, et en synchronie en explorant ce qui se produit dans les parlers voisins.
Passage à eu
Le passage de nous à ne en marchois n'a à l'évidence aucun rapport avec le passage de avec à aveu en dialecte d'oïl de la région parisienne du XVIIe.
Mouillement (on parle plus souvent de mouillure ou de palatalisation) de l, n, d, t, k, g
La palatalisation est un phénomène fréquent dans de nombreuses langues. yèbre se retrouve en auvergnat, dié (chiffre 10) se dit tel quel en limousin, la mouillure dans onye (fr. ongle)est commune avec le limousin (voir supra [g]+[l]).
Les spécificités relevées par J.-M. Monnet-Quelet, quand elles sont pertinentes, ne s'avèrent en définitive en rien spécifiques ni au "marchois" ni au "patois de Paris". L'entreprise de comparaison ne pouvait qu'être vouée à l'échec faute de données suffisantes sur la variation diatopique en dialecte d'oïl de la région parisienne. La tentative d'archéologie linguistique de J.-M. Monnet-Quelet s'appuie sur des œuvres littéraires pour essayer d'extraire des traits distinctifs ce qui est en soi un problème méthodologique dans la mesure où une œuvre littéraire en français moderne du XVIIe comportant de rares traces de variation ne peut prétendre servir à une description linguistique pour un dialecte régional qui était sans doute déjà au XVIIe siècle en voie d'extinction. Le français parlé à Paris est de plus à cette époque en pleine mutation vers une "créolisation" mêlant des survivances du dialecte d'oïl environnant, l'argot des classes populaires et des éléments des idiomes des nouveaux arrivants produisant ainsi un sociolecte particulièrement intéressant d'un point de vue linguistique.
Pour illustrer cette analyse, vous trouverez ci-après trois textes en "limousin" : le premier en marchois stricto-sensu, c'est-à-dire dans le parler de la Celle Dunoise (histoire recueillie par Jean-François Vignaud[16]), près de Dun-le-Palestel (23), un parler au beau milieu du Croissant donc ; le second dans un parler des environs de Bourganeuf (23), dans la graphie de l'auteur[17]; le troisième dans le parler des environs de Limoges (87), un texte de la plume du fameux Panazô extrait de Lu bouéradour din lu toupi numéro 2[18].
Le roussignô – Histoire de la Celle-Dunoise (parler du Croissant)
Au moué de mé quan le roussignô chant', la végétacion pouss' bioco. É, une neu, le roussignô dormav' sur une vigne bâtarde. Ma la vigne poussé é s'anroulé otour d' sa pat' é, le mati, o èr atacha é o adjé biein do mô par se sôva. Alor, qu'é dépeu quô tam tchi que le roussignô o chant' toute la neu é o di a la vigne : "pouss', pouss', pouss', tan qu'te pouss'ra, i durmiré pa !
Las soquas et le trin – Colette Vialle-Mariotat (parler de Bourganeuf)
La Rosalie, pas mouyen dé l’arrêta…la ne pouyo pas esta en plaço , un vrai cifer !…La traçâvo !…Sas socquas counnaichant toutas las charriras, toutas las routas, toutas las traversas, tous lous échallis !…Fendudas, arcéladas, farradas, défarradas, l’ayant marcha per tous lous timps, per toutas la sasous…l’ayant suqua toutas la perras daus chamis, l’ayant drailla toutas la tauillas et boula din tous lous gourgeaos !…
Lé moundé digean qué la Rosalie, aqué sas soquas, courio pus vité qué lé trin ! E vau vous expliqua parqué …Un jour dé féro à Bourgougnaud, la s’aro levado bien d’abouro per sé rindre à la garo de Saint Diji, mas, aqué sa pindulo qui prègno toujours dau retard, quand l’arrivait à la gare, lé trin vègno dè partir ! !…
L’ayo rata lé trin…què fas ? Qua fûtait vité décida :
« Auro què sé lançado, é chabaraï bé dè l’y na à pied ! »
Diès kilomètrès né lé fageant pas paû.
La véqui qué prè lous rails en pointo, las cabochas dé sas soquas farradas n’en pétavant lè fé ! Arrivado sur lè pount dau Mountarichard, la prêtait l’aureillo :
« Mas, è l’intindé, qué sé qué tûto, qua lè forço, o buffo mè qué mè, per mounta la côto…Padint n’en far dau cas, dè lur chami dè fer, o nè vaï pas tant vité, è vésè la fumado, lè rattrapparaï bé ! ! ! »
La ne crègeo pas si bien dirè, l’ayo bounno piéto, la marchait bè tant, què la rattrappait lé trin…à Basmoré ! ! !
Lo luno din l'étang – Panazô (parler limougeaud)
Erio dinguerra tout grapaud. Navo in cliasso et autreis mé creuré si autreis voulez erio bassei couquinard et io vio toutas las maliças dau diablé cougnadas din lu ventre.
L'histoiro qué vau vous counta sé passavo pendint las grandas vacanças. Io damouravo à Saint-Sinomoréjo din lu pais inté las graulas remplacint lous fatours et inté lous passeraux crevint de fam in pleino médasou.
Pendint quellas vacanças gardavo las vachas, coussavo lous nids, obé pêchavo las gueraudas, mas fojio putôt mai dau mau qué né rendio servicé.
A Saint-Sinomoréjo, li sé troubo n'étang qué s'appello l'étang d'Aigoproundo. Et lous seis dau mei d'aut quand lo luno raillavo, lo sé miravo din l'aigo. Auria gu dit in galetou d'or qu'un aurio fa bagna din no pechorio dé pailletas d'argin. Qu'erio trop brave lous amis !
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Références
Jean-Pierre Baldit, Les parlers creusois. FOL Creuse / IEO Marche – Combraille, 1980.
Jean Pierre Baldit : nombreux articles concernant les parlers occitans creusois parus dans des revues régionales : La Clau Lemosina (n° 121, 1998 : A propos du dialecte marchois ; n°123, 1998 : La perception du dialecte marchois dans la Creuse ; n°129, 1999 : L’enquête de « l’enfant prodigue » 1806-1809), Lemouzi (n°119 : Quelques aperçus sur la langue d’oc en Creuse ), A tout bout d’champ (n°6, 1991 : dossier « chabatz d’entrar »)…
Pierre Bec, La langue occitane. Paris : Presses Universitaires de France, 1973.
Guylaine Brun-Trigaud, Le croissant : le concept et le mot. Université Lyon III-Jean Moulin / Centre d’Etudes Linguistiques Jacques Goudet, Lyon, 1990.
Guylaine Brun-Trigaud, Le parler de Lourdoueix-Saint-Michel (Indre). Mémoires de la Société des Sciences Naturelles et Archéologiques de la Creuse, supplément, 1993.
Jacques Chauvin, Petite grammaire des parlers occitans du sud de la Creuse. France.Édition : Guéret : Fédération des œuvres laïques de la Creuse, 1980.
Peir Desrozier et Joan Ros, L’ortografia occitana, lo lemosin. Montpelhièr : Centre d’Estudis Occitans, 1974.
Robert Lafont, Éléments de phonétique de l’occitan. Valence d’Albigeois : Vent Terral, 1983.
Yves Lavalade, Le limousin dialecte occitan. Limoges : La Clau lemosina, 1991.
Yves Lavalade, Dictionnaire occitan/français, Limousin-Marche-Périgord, étymologies occitanes. Saint-Paul : Lucien Souny, 1999.
Gilbert Pasty, Glossaire des dialectes marchois et haut limousin de la Creuse. Châteauneuf-sur-Loire : l'auteur, 1999.
Nicolas Quint, Grammaire du parler occitan nord-limousin marchois de Gartempe et de Saint-Sylvain-Montaigut (Creuse), La Clau Lemosina, Limoges, 1996.
Nicolas Quint, Le Parler marchois de Saint-Priest-la-Feuille (Creuse) : brève étude du parler nord-limousin de Saint-Priest-la-Feuille. Limoges : La Clau lemosina, 1991.
Antoine Thomas, Rapport sur une mission philologique dans le département de la Creuse. Archives des missions scientifiques et littéraires, 3ème série, tome V, 1879.
Charles De Tourtoulon et Octavien Bringuier, Limite géographique de la langue d'oc et de la langue d'oil. Paris, Imprimerie nationale, 1876, 63 p.
Charles De Tourtoulon et Octavien Bringuier, Etude sur la limite géographique de la langue d’oc et de la langue d’oïl. reprint IEO Lemosin / Lo chamin de Sent Jaume, Masseret-Meuzac, 2004.
François Vincent, Etude sur le patois de la Creuse. Mémoires de la Société des Sciences Naturelles et Archéologiques de la Creuse, tome V, 1885.
[1] A ce propos, on pourra consulter en ligne le lexique patois (creusois de Fresselines) - français établi par Mauice Roy, disponible à cette adresse :
http://membres.multimania.fr/fresselineshier/Patois/patois.pdf
[2] Cf. Bernard Cerquiglini, Sur l'origine de la langue Française : le prince ou le poète ? Compte-rendu de la conférence donné à l'université d'Osaka le 25 octobre 1998. Disponible en ligne à l'adresse suivante : http://www.lang.osaka-u.ac.jp/~benoit/fle/conferences/cerquiglini2.html
[3] Mes grands-parents de Haute-Vienne et mes beaux-parents de Charente limousine n'ont-ils d'ailleurs pas appris le français seulement en entrant à l'école (?), preuve que leurs propres parents, sinon qu'ils savaient sans doute parler français, n'entretenaient manifestement pas avec le français d'affinités particulières. Et quid de leurs parents ?
[4] Guylaine BrunTrigaud, Les enquêtes dialectologiques sur les parlers du Croissant : corpus et témoins. In: Langue française. Vol. 93 N°1. Enquête, corpus et témoin. pp. 23-52. disponible en ligne.
[5] Cette analyse est celle présentée dans les travaux de Yves Lavalade, Pierre Bonnaud, Joan Ros et Peir Desroziers, Jean-Pierre Baldit, Jacques Chauvin, Gilbert Pasty et Nicolas Quint.
[6] Jean-Pierre Baldit, Occitanie, Un país que vòl viure, Marabout, 1978, pp. 28-29.
[7] Guylaine Brun Trigaud , Les enquêtes dialectologiques sur les parlers du Croissant : corpus et témoins. In: Langue française. Vol. 93 N°1. Enquête, corpus et témoin. p. 3.
[8] Cf. Charles De Tourtoulon et Octavien Bringuier, Limite géographique de la langue d'oc et de la langue d'oil, Paris, Imprimerie nationale (réimprimé en 2004 par Masseret-Meuzac, IEO), 1876, 63 p.
[9] On pourra consulter à ce propos l'article intitulé L'invention du francien, une contribution de la linguistique historique à la mythologie nationale, disponible en ligne sur le blog Mescladis e còps de gula à l'adresse suivante : http://taban.canalblog.com/archives/2008/08/09/10184389.html
[10] Annie Moulin, Les maçons de la Creuse. Les origines du mouvement, Clermont-Ferrand, Institut d'études du Massif Central, 1994, p. 223 [1re édition, 1986 sous le titre Les maçons de la Haute-Marche au XVIIIe siècle].
[11] Anthony Lodge, « Vers une histoire du dialecte urbain de Paris », Revue de linguistique romane, 62, 1998, p. 95-128.
[12] Cf. Daniela Müller, Developments of the lateral in occitan dialects and their romance and cross-linguistic context. Université de Toulouse 2 Le Mirail, thèse soutenue le 1er décembre 2011. p. 101. Thèse accessible en ligne à l'adresse suivante : http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/67/45/30/PDF/Mueller_Daniela.pdf
[13] Cf. Otto Jänicke, Studien zur Palatalisierung des Nexus Kons. + [l] in der Galloromania, Kovač, 1997. "La situation des XVIe et XVIIe siècles du dialecte français parlé en Ile-de-France, sous l'influence directe de Paris et de la cour du Roi, était plutôt étrange : alors que cette variété de français n'a jamais connu de palatalisation de /l/, l'imitation de l'accent italien alors en vogue a néanmoins conduit en français à l'apparition de quelques groupes palatalisés. Ainsi, en 1578, le grammairien contemporain Henry Estienne relève-t-il des mots comme "plomb, pluie, plaisir" prononcés /pj/ à l'initiale."
[14] Jean-François Vignaud, Michel Manville, Langue & mémoire du pays de Guéret, Éd. Conseil Général de la Creuse, 2007.
[15] Trésor de la langue français informatisé accessible en ligne
[16] L'histoire a été éditée en graphie classique dans : Jean-François Vignaud, Michel Manville, Langue & mémoire du pays de Guéret, Éd. Conseil Général de la Creuse, 2007.
[17] Le texte a été édité en graphie classique : Colette Vialle-Mariotat, Contes de l'échalier : Histoires de Teillet et d'ailleurs / Contes de l'eschalier : Istoiras de Telhet e d'alhors (livre et CD bilingues français-occitan), Institut d'estudis occitans dau Lemosin, 2010.
[18] Panazô, Lu bouéradour din lu toupi, numéro 2, publication trimestrielle, n.d. (décembre 1956 ?).
Paysan des environs de Paris, 1677