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Mescladis e còps de gula
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  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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14 octobre 2014

« En attendant… lou Futur », le présent (de la prospective) n’est guère brillant

LouFuturcouverture

En attendant... lou futur, dessin de couverture de Fräneck

 

« En attendant… lou Futur », le présent (de la prospective) n’est guère brillant

 

De passage chez mon tonton, maraicher bio dans le Bas-Quercy, j’ai trouvé remisé dans un coin un petit album de bédé publié en 2013 qui ne pouvait qu’attirer mon attention, vu son titre : En attendant… Lou Futur. Fût-ce en graphie française, il y avait de l’occitan dans le titre, un petit article défini, un substantif peut-être (futur, lo futur, se ditz tanben aital en occitan)… la couverture était engageante, j’ai feuilleté pour voir de quoi il s’agissait.

En deux mot, c’est un ouvrage gratuit, réalisé par le collectif toulousain « Indélébile » à l’occasion, ou plutôt à la suite de la deuxième édition du festival « Vie Rurale », qui s’est tenu en 2013 sur cinq territoires de Midi Pyrénées (Pays d’Auch, Pays Portes de Gascogne, Pays Midi-Quercy, PNR des Causses du Quercy, Pays Bourian) sur le thème : « La Vie Rurale c’est pas de la science-fiction ». J’ai jeté un œil à la programmation 2013 du festival (cinéma, spectacles, concerts, rencontres) et je l’ai trouvée intéressante, parce que largement constituée de productions issues de ces territoires. L’occitan y avait d’ailleurs une place, modeste, mais non négligeable.

Avec l’éternelle catastrophe cependant, de sa mise par écrit : nulle part le film documentaire D’Aiga e d’òmes, réalisé par l’Association Vidéo Quercy Rouergue, pourtant conçu dans le cadre de ce festival, n’est écrit dans les programmes sous une forme occitane intelligible (tantôt De Aiga et de òme ( !), tantôt D’aiga et des Òmes, mais bordel est-ce tant difficile de recopier un titre, ou même, même d’en apprendre deux mots, seulement deux avec leurs adjectifs, juste pour paraître moins bête !). Bon mais enfin, ce festival, dans l’ensemble paraissait bien sympathique (on excusera mon ignorance à son sujet, mais j’habite bien loin de ces pays, dont certains pourtant sont très chers à mon cœur) et il est dommage que, visiblement, il n’ait pas été reconduit en 2014.

Mais surtout, cette année là, le festival était consacré à une « science » qui revient en force et dont je l’avoue, j’ignorais (presque) tout : la « prospective » ! Une série de rencontres furent organisées avec des élus, des administratifs et des associatifs (Ateliers Territoires 2040), sur lesquelles je reviendrai un peu, car il en est sorti un petit livret que mon tonton possédait aussi (il me dit en maugréant que les participants avaient découverts la lune), gracieusement offert en même temps que le recueil de bédé.

Les aventures de Miladiou et Tchoupinaïre

Allant au plus attirant, je me mis à feuilleter l’album, aux planches bien réalisées, avec des styles graphiques résolument tendance / alternatifs, de fort bonne facture et très diversifiés, me disant évidemment, que j’allais bien y trouver au moins – vu le titre – quelques perles de francitan. D’autant plus que les artistes, lisais-je, avaient été accueillis en résidence à Simorre dans le Gers (il est vrai seulement deux petites semaines, mais enfin). Évidemment, je ne me faisais guère d’illusion sur la fidélité linguistique tant dans l’évocation de l’oralité que dans sa mise par écrit, sinon le titre aurait bien sûr été autre.

Je fus cependant vraiment déçu. À part un « miladiou » introductif et conclusif, la première histoire (Marion Puech, En attendant… le réchauffement du tricot), pourtant bien ancrée dans une ruralité se voulant profonde (avec tracteurs, vieux célibataires, bistrot et spectacle pour enfants), fait preuve d’une ignorance crasse du francitan de nos campagne, à preuve une vignette où un personnage déclare : « Tu ne saurais plus quoi tchaoupiner », au sens – vu le contexte – de « tu ne saurais plus quoi faire », ou « plus quoi trafiquer ». « Tchaoupiner » (chaupinar), à mon humble connaissance, veut dire patauger ou tripoter grossièrement, tripatouiller, mais certes pas s’occuper à un travail ou se livrer à une activité en général. Même type de remarque avec l’échange suivant : « Oh, commence pas à nous estourbir, Paule. – Et à qui j’estourbis ? »… A utiliser du francitan pour faire couleur locale, autant le faire à bon escient, sinon les indigènes ne s’y reconnaitront pas. Mais la question serait d’abord de savoir si les auteurs ont réfléchi à la destination de leur album, largement distribuée gratuitement parmi les indigènes, et s’ils ne l’ont pas spontanément, sans y réfléchir, destinée aux urbains amateurs de fanzines (et que l’on ne me fasse pas le coup de la destination universelle des œuvres d’art, qui est une pure foutaise).

Les histoires qui suivent, dans la bédé, font complètement l’impasse sur un quelconque ancrage linguistique local. Soit on y parle une langue standard absolument neutre, novlang en fait tout à fait à l’image de l’agriculture qui s’y trouve dénoncée (David Pujol, En attendant… Les mycorhizes), soit on n’y parle pas (évidemment je n’ai rien contre les bédés sans parole !), soit des petites souries s’y expriment par sms (« Kloé331 : a labribus dan 20 minute je pren 2 kanet de redbull lol »), ce qui est plutôt marrant et bien fait (Pipocolor, En attendant… l’envol des pommes), soit encore on développe un scénario de vie dans un village du futur dans un français neutre, scolaire, sans intérêt aucun (Claire Pétry, En attendantDansons la farandole). Là encore je ne parle que de la qualité de la langue.

Comme la première, la dernière bande, qui met en scène un vieux paysan rebelle et son petit fils, présente quelques traits de langue et d’accent (« , derrière lo bartas »), mais entièrement contredits dans d’autres bulles (le même personnage dit en effet avec une phonétique tout autre : « parce que j’ai les vers au cul qui m’démangent ! I’m’ disent : c’est l’heure, faut y aller ! » ? (Basile Harel, En attendant… le ver solitaire). Quand on dit « Tè », on dit pas « I’m’ », ou alors c'est qu'on le fait exprès.

Bref, un résultat assez déprimant, une absence quasi-totale de réflexion sur l’état et le futur de la langue vernaculaire des territoires ruraux du sud-ouest vers 2040, qui ne saurait être l’occitan certes (nous ne rêvons pas), mais certes pas non plus ce que l’on croit devoir écrire comme étant aujourd’hui de la langue parlée (et qui justement est très éloigné de ce que l’on parle vraiment !). Quant au fond des histoires racontées, mon impression générale fut d’ailleurs du même ordre, une absence presque totale d’empathie avec la vie au grand air, oscillant entre le retraitement des poncifs du pittoresque campagnard et la dénégation pure et simple d’une quelconque identité rurale. Bien sûr, on peut toujours projeter qu’une telle identité en 2040 aura disparu, encore faut-il se donner les moyen de penser et représenter efficacement cette disparition, à partir évidemment de ce qu’il en est aujourd’hui !

 

Aménagement du territoire : la gouvernance hexagonale

La bédé, comme le fascicule dont je parlerai, et l’ensemble du festival, avec son titre (non) futuriste (La vie rurale, c’est pas de la science fiction) faisait écho à l’étude lancée en 2010 par la Datar[1] : « Territoires 2040 ». A ce sujet on pourra visionner la vidéo de présentation réalisée par des chercheurs et « experts » engagés dans le projet, qui ne sont pas inintéressantes, mêmes si tout ce beau monde souffre généralement d’une extrême difficulté, en matière d’aménagement du territoire, à s’émanciper de la pensée hexagonale centrée sur la capitale, par et pour laquelle ils ont été formatés. Pourtant eux-mêmes (ici l’économiste Bernard Pecqueur) s’accordent à dire que nous vivons désormais dans « un monde où les cadres de l’échange sont de moins en moins les États-Nations mais plutôt les « régions » au sens anglo-saxon ou les « territoires » au sens où l’expression se développe en Europe, c’est-à-dire des configurations spatialisées construites et non données » (« 2040 et le postfordisme »). Pourtant le raisonnement prospectif reste ici le plus souvent étroitement dépendant du cadre national et de l’articulation capitale (ou « région capitale ») / régions. Une géographe intervenante dans le projet m’a paru cependant intéressante à lire, Laurence Barthes, spécialiste des espaces de faible densité, qui pose des questions en fait de démocratie locale, même si elle utilise un autre vocabulaire : « Le défi repose sur l’aptitude des territoires à allier savoirs experts et savoirs profanes. Dans un contexte marqué par une forte diversification sociale, par une présence permanente ou temporaire de nouvelles catégories de population, par de nouveaux types de liens sociaux (réseaux sociaux, diasporas...), les ressources humaines du territoire se multiplient et constituent un potentiel d’inventivité pour les actions de développement. Il importe donc de les détecter et de les intégrer dans des dispositifs d’animation du projet de territoire » (« Des Communautés rurales aux sociétés locales apprenantes »)[2]. Cette production de savoir collectif à partir du territoire, en utilisant les capacités et compétences d’expertise des citoyens eux-mêmes est évidemment une chose intéressante ; maintenant il faudrait aussi poser la question en termes politiques et donc de pouvoirs et, pour parler anglo-saxon, d’empowerment. La notion utilisée par tous, à la Datar, est celle de « gouvernance », avec son ambiguïté structurelle qui permet de reconnaître et de favoriser la pluralité des pouvoirs locaux sans mettre en cause (du moins frontalement) le pouvoir proprement gouvernemental de l’État nation centralisé.

 

La Prospective : art de la liste et scenarii

Le fascicule La vie rurale, c’est pas de la science fiction (que vous pouvez lire en ligne), à la maquette soignée, contenant les actes des ateliers de prospective Territoires 2040, est d’ailleurs censé représenter ce que peut être une production de savoir collectif sur les territoires de faible densité. Entre février et avril 2013 plusieurs « groupes d’habitants, membres de la société civile et élus », des cinq territoires suscités, se sont réunis pour participer à trois ateliers de prospective sous les titres suivants : 1 : pour demain, nous avons envie de… 2 : Ce que nous voulons, ce que nous ne voulons pas : construction des scénarii en 2040 3 : Restitution et mise en débats de nos futurs possibles.

La première remarque est l’absence presque totale d’habitants lambda dans ces réunions : les membres des groupes, dont les listes sont données, étaient quasiment tous des élus, des membres de conseil de développement, des chargés de mission, bref une élite d’élus, de conseillers, d’administrateurs à mon avis très peu représentative de l’ensemble de la société civile.

 La seconde, est le poids de l’expert, ou disons du super expert (en l’occurrence Edith Heurgon, directrice du centre culturel international de Cerisy), venu expliquer ce qu’est la prospective[3], exposer les relations entre « prospective et décision publique » auxquelles on ajoute le miraculeux terme de « débat » pour obtenir une « prospective participative » considérée, là encore, comme une « démarche d’intelligence collective alliant les savoirs des experts, des savoirs profanes, des expériences sensibles dans l’action (expériences artistiques notamment) ». Voilà nos artistes bédéistes qui pointent leur nez… Joli à l’affichage, mais, comme j’ai dit, d’emblée, le panel de citoyens, d’ailleurs restreint, me semble bien peu représentatif.

Est aussi reproduite l’intervention de J. Y. Pineau du Collectif Ville Campagne (« association nationale au service de ceux qui désirent s’installer à la campagne et des territoires ruraux qui souhaitent accueillir de nouvelles populations », sise à Limoges : qu’on se le dise !), autre expert, lequel déclare : « Face à l’incessante liberté de mouvement des populations, un territoire ne choisit pas ses habitants, pas plus qu’il ne les retient, d’ailleurs. Chaque territoire peut cependant « choisir d’être choisi » ! ». Aussi, ajoute-t-il, faut-il s’attacher à produire une « offre globale porteuse d’image sachant répondre aux nouveaux besoins des acteurs et des populations ». Je crois pouvoir traduire cet horrible jargon par l’injonction : « Soignez votre communication ! » C’est ainsi sans doute que l’on écope de produits merveilleux comme Lim & You, contre lequel je me suis bêtement acharné naguère. Il est vrai qu’il s’agissait de faire venir des vacanciers, non des habitants, mais on peut tout craindre de ces méthodes des publicistes recruteurs des temps postmodernes.

Suit le travail des ateliers et d’abord un état des lieux qui prétend dresser les portraits des territoires à travers 4 rubriques (Il y a 10 ans nous voulions… ; Aujourd’hui les réussites sont… ; Cependant nous remarquons… ; Pour demain nous avons envie de…), instruites par des listes, pour chacun des territoires concernés. Voilà quelques exemples de ce que cela donne (je choisis exprès les maigres et généralissimes références au développement culturel et quelques unes à l'environnement) : Il y a 10 ans nous voulions : « Mettre en œuvre un projet culturel de Pays » (Pays Portes de Gascogne) ; « Connaître et mettre en valeur les patrimoines naturel et culturel » (Pays Midi-Quercy)… Aujourd’hui les réussites sont : « Les maisons Bouriane et la filière de l’éco-construction » (Pays Bourian) ; « L’animation culturelle du territoire » (Pays Bourian) ; « La coopération inter-territoriale et internationale (Mali) » (Pays Bourian)… Cependant nous remarquons : « Une déprise agricole et le déclin de l’agriculture » (PNR des Causses du Quercy) ; La « banalisation des espaces et l’altération des paysages » (idem) ; « Une économie résidentielle exclusivement, une activité touristique saisonnière » (idem) ; « Des freins à la mobilité » (idem) ; Une précarisation accrue (idem)… Pour demain nous avons envie de : « récréer du lien social, entre nouveaux arrivants et habitants installés, entre générations » (Pays Portes de Gascogne) ; « renforcer la dynamique culturelle » (Pays Portes de Gascogne)…

Suivent, sur quelques pages, ce qui est nommé « rapports d’étonnement », lesquels sont structurés en trois rubriques : Ce qui intéresse ; Ce qui inquiète ; Ce qui fait débat… Ce qui intéresse ? « La dynamique et l’importance d’une politique culturelle très forte » (Pays Portes de Gascogne) ; Ce qui inquiète ? « la séparation des néo et des ruraux » (Pays Bourian), etc. Suit encore l’énumération des « directions à prendre / à ne pas prendre » : « impulser, dynamiser la démocratie et la participation citoyenne », etc. Et à l’avenant, c’est-à-dire encore des listes, toujours des listes, qui plus est, redondantes les unes par rapport aux autres.

Le problème, on le voit, est que le contenu de ces listes, parce qu’il s’agit justement de simples énumérations, est terriblement maigre : que veut dire « renforcer la dynamique culturelle » ? Cela sous-entend qu’il en existe déjà une, mais laquelle ? Et dynamiser quel type de culture ? De quoi parle-t-on seulement, quand l’on dit « culture », « dynamisme », « impulsion », « participation » ? Combien ce vocabulaire est convenu et creux, éloigné de toutes les réalités concrètes dont il est sensé rendre compte ! C’est sans doute pourquoi, comme supplément d’âme, on a trouvé opportun de joindre une bédé ! Mais, quel gâchis ! Ces « habitants », triés sur le volet, s’expriment comme des candidats aux élections (qu’ils sont d’ailleurs pour certains) et des publicistes. La prospective, ou comment enseigner la langue de bois dans nos campagnes (suffisamment boisées par ailleurs !)… Et si tout cela était profondément politique, si la « participation citoyenne », n’était en fait acceptable que si elle reste engluée dans le verbiage communicationnel ? Il faut y réfléchir.

On peut commencer à le faire, en lisant les scénarii du futur élaborés par chaque groupe d’habitants, pays par pays. Enfin, des phrases ! Cependant, non pour produire de l’analyse, mais un récit, le récit du futur, le récit prospectif, « pour le pire » d'abord, puis « pour le meilleur », à travers les faits et gestes de familles imaginaires affublés de noms franglais sur le modèle Sadgascogne, Sadquercy, Sadbourian, etc. pour le pire, Hapygascogne, etc. pour le meilleur. Rien que ces noms, et la régression du récit sur la cellule familiale (immuable : papa, maman et leurs enfants) disent tout du cauchemar qui nous attend !

« Mr et Mme Sadbourian n’ont pas vraiment connaissance du système de gouvernance sur leur territoire, les personnes ne sont plus intéressées ni associées aux prises de décision. Tout est décidé par des commissions extrêmement éloignées et plus personne ne s’en occupe vraiment… » Mais cela est de la fiction pour 2040 ou un constat pour aujourd’hui ?

Mme Happygascogne se rend « à la maison d’Action Citoyenne » tirée au sort pour faire partie d’un groupe de travail : « renouvellement de la Charte de coopération avec le Pays Autonome et Relié (PAR) Toulousain, qui est un territoire voisin. Les PAR permettent à chaque habitant de participer à la vie de la cité : les normes françaises sont rediscutées afin d’être adaptées aux contextes locaux ». Évidemment l’aspiration à plus d’autonomie locale et de démocratie participative se comprend fort bien, mais la formulation est révélatrice : on reste dans le cadre franco-français de l’État centralisateur, puisqu’il s’agit de discuter les normes non pour les changer (ça c’est l’État, c’est Paris qui s’en occupe !) mais tout au plus, pour les « adapter au local »… il est vrai, cela serait déjà quelque chose, mais on voit les limites étroites de l'exercice…

Évidemment, inutile de dire, car on l’aura compris, que dans ce travail de prospective, il n’y a aucun mot sur l’avenir du « patois », ni du français ou des langues de l’immigration d’ailleurs, c’est-à-dire des et de la langue(s), sans doute enveloppées dans le concept de « culture », qui contient tout et rien. Mais la prospective, comprenez-vous, a sans doute des choses plus importantes à prospecter !

Tout cela, en tout cas, ne va pas bien loin, comme s’il s’agissait tout au plus de se faire peur et plaisir à bon compte, en agitant des mots à la mode sans leur donner de contenu vraiment concret, et sans bien sûr la production d’un savoir effectif (l’ensemble de ce petit livre de 60 page en est largement dénué). Il est vrai qu’en trois petites journées de travail, cela paraissait difficile…

Quand je le compare à l’initiative du groupe d’habitants de la montagne limousine qui se sont réunis, sans certes y avoir été convié par leurs élus ni par la Datar, pour composer le Rapport sur l’état de nos forêts et leurs devenirs possibles par des habitants du plateau de Millevaches (novembre 2013), qui est, lui, d’une richesse d’informations et de propositions tout à fait remarquable, on voit bien de quel côté penche la balance de production collective du savoir, plutôt du côté de l’organisation spontanée des citoyens, que des initiatives d’encadrement d’une élite locale par quelques experts de prospective.

Jean-Pierre Cavaillé

Marion

planche de Marion Puech, "Ici Café", En attendant... lou futur, p. 11


[1] Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l’attractivité régionale.

[2] Ces lignes m’ont faites penser à un excellent article que je venais de lire d’Alice Ingold, « Qu’est-ce qu’un fleuve ? Critique et enquêtes à l’épreuve de situations indéterminées », publié dans Faire des Sciences Sociales (volume : « Critiquer »), Paris, EHESS, 2012.

[3] Heurgon définit dans son laius la prospective comme une « démarche qui vise à se préparer aujourd’hui à demain », à dessiner des « scenarii possibles » en tenant compte de deux types de phénomènes : les tendances lourdes et les signaux faible (« émergences », « germes de futur que l’on ne voit pas nécessairement », ceci afin de définir des « futurs possibles », des « futuribles », mais aussi des « futurs souhaitables ».

 

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