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Mescladis e còps de gula
Mescladis e còps de gula
  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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23 mai 2012

Melhau. Sa lenga, mai la mia...

Baptiste Chrétien me fait passer un beau compte rendu du dernier livre de Melhau, Ma Lenga, publié par les soins de l'auteur, à trouver à la librairie occitane de Limoges ou chez l'auteur (Roier 87380 Meuzac) pour la modique somme de 7 euros. Il faut lire ce petit livre, magnifiquement écrit, fort et amer (on le serait à moins), qui commence par ces mots : « Ma lenga vai morir. 'Na lenga d'òme, 'na lenga que pòrta la paraula, lo biais de dire e 'laidonc de pensar d'un òme – quau siaja –, d'un òme, de dos, tres, de monde, 'na comunautat, sigues larja o estrecha, richa poderosa o pauvra sirventa ».

On peut aussi lire, en occitan, l'article de Miquèla Stenta, dans la Setmana de cette semaine.

JP C

 

 simeonin

Dessin de Jean-Marc Simeonin en couverture (extraite du polyptique Sent Taisate : Saint Tais-toi)

 

Sa lenga, mai la mia...

 

J 'ai lu aujourd'hui le livre de Jan dau Melhau, Ma lenga, paru en mars 2012.

Je me suis rendu compte qu'on était habitué à écouter et lire Jan dau Melhau parlant des autres. De Marcela Delpastre bien sûr, mais aussi de Granier, Debernart, Delaja, Richard, d'autres auteurs de ses amis ou de l'école « melhaude » comme Bernat Combi, Monica Sarrasin, Jan-Peire Reidi...

Nous sommes habitués à l'entendre et à le lire parler du Limousin, de sa musique, de ses danses, des personnages et créatures qui le peuplent ou le peuplaient, lo leberon, las fadas, la tanti, lo vesin, la mairina... Bien sur, à travers ses textes, ses chansons, on entrevoit ses idées, on devine sa philosophie, son mode de vie.

Dans Ma lenga, Melhau nous parle de lui, vraiment. Nous raconte son cheminement, professionnel, militant et intérieur. On rentre dans son intimité, non sans un certain voyeurisme, il nous parle avec sincérité de son lien à l'occitan, de l'histoire de cette relation amoureuse à la langue qu'il glorifie et magnifie depuis si longtemps à travers ses multiples activités.

C'est qu'à force de le voir si à l'aise avec elle, de l'entendre la si bien parler, de le lire la si finement écrire, nous avions fini par croire que l'occitan était sa langue maternelle. Langue de sa mère, elle l'est, certes, mais tout laissait penser que Melhau la savait comme ça, depuis la naissance. Hé bien non, Melhau lui aussi l'a travaillé sa langue, il l'a enrichie, peaufinée durant des années, il a cherché des mots, des idiomatismes, des expressions et syntaxes purement limousines, il a œuvré des années pour se bâtir cette langue raffinée et si belle qu'il manie aujourd'hui.

Bien sûr, il l'avait dans l'oreille depuis l'enfance, cette langue, même déjà bien un peu dans la bouche. Car si Melhau a dit un jour « qu'il s'était trompé de temps, ou que le temps s'était trompé de lui », il a tout de même eu la chance de naître avant que la langue ne meure. L'occitan limousin, s'il avait déjà quasiment déserté le bistrot de sa mère à Limoges, était encore omniprésent dans le village familial de Royer de Meuzac où le petit Jean-Marie Maury passait dimanches et vacances.

Mais il nous raconte qu'il a pu, comme nombre de baby-boomers et plus généralement d'enfants dressés par l’École de la République une et indivisible, avoir parfois honte de ce qu'était et de ce que parlait les siens. « Oc, aguei daus còps despiech, vergonha de çò qu'eran los meus. Sei pas lo solet. L'escòla de la Respublica nos menava ad aquò. Esser renegat, despiechos, vergonhos, se pasmai tornar coneisser dins los seus » (p.31).

Car même pour Melhau, la fierté, l'amour de sa culture, ça se travaille, ça se développe, ça se cultive, ça n'est plus tant tellement naturel depuis que les mots « plouc » ou encore « chauvin » ont envahi notre vocabulaire et nos esprits. Pour lui, jusqu'à 20 ans passés, l'occitan se nommait « patois » . Comme la majorité des jeunes de sa génération, il s'en moquait comme de colin-tampon. L'important alors c'était l’anarchisme et la philosophie. C'était mai 1968. Melhau apprit et vécut tout cela en français, à la ville. Ce n'est pas qu'il méprisait spécialement le « patois limousin » de sa famille de Meuzac, mais c'est qu'il s'en foutait, comme les autres.

C'est au cours des cinq années qu'il passa à Toulouse, où il partit faire l'étudiant en 1966, que Jean-Marie Maury devint, pauc per pauc, Jan dau Melhau. C'est en exil qu'il se rendit compte à quel point il était Limousin et comme il aimait son pays de châtaigneraies et de landes. « E quo es lai que sauguei qu'era Lemosin, que comprenguei lo franc Lemosin qu'era, lo franc país qu'era lo Lemosin, en sa sentor fòrta de flor de chastenh » (p.35). L'un des premiers symptômes fut l'envie d'apprendre à jouer de la vielle à roue. Il en prend une leçon, une seule, au Conservatòri occitan de Tolosa, comprend sans doute dès lors qu'on n'apprend pas à jouer de la vielle mais que l'on s'apprend. Dans notre culture, la nuance est importante. La première expression donne des musiciens de Conservatoire (« Conserverie » dirait Melhau), la seconde donne des musiciens tout court, des routiniers. Toujours est-il que la sanfònha fut dès lors un élément essentiel de la reconquête de sa limousinité et ne devrait plus jamais le quitter.

1971. Melhau a 23 ans. Il revient au pays. Au mai prund dau país lemosin, à Roier, le village familial, où ses deux vieilles, la Jeanne et la Milie, semblent l'attendre (elles mourront toutes deux quelques années plus tard), comme pour « lui enseigner le Limousin ». le jeune homme fait valoir un petit vargier, tient quatre vaches. Il tient surtout l'envie de se poser, de se connaître mieux, « se trobar ». Et l'aventure Jan dau Melhau débute réellement ici, à ce moment-là.

Il se met à parler occitan, tout le temps, avec la famille, les voisins, ça lui vient naturellement. Il écrit très vite des poèmes, des chansons, pour s'amuser d'abord plus que pour dire ce qu'il a sur le cœur et au plus profond de lui. Il écrit comme il peut, de façon tout à fait phonétique, « patoisante » dit-on. Quelques temps plus tard, Alem Dostromon (peut-être le premier chanteur limousin de la novela cançon) lui enseigne la graphie occitane normalisée.

Melhau et ses amis courent tout le pays en quête de vieux airs, de vieilles chansons, de vieux mots. Ils ont souvent cette impression que c'est trop tard, que le vieux untel qui en savait tant était mort la veille, sans pouvoir transmettre son savoir. Cette sensation déjà que la civilisation limousine se perdait à grande vitesse. Remarquons que nous autres, occitanistes pratiquant le collectage, ressentons encore régulièrement cette frustration en 2012, lorsque l'on s'était promis d'aller enregistrer cette vieille dame, mémoire du canton et de sa langue, qu'on en a pas pris le temps, que l'affaire a traîné un an, deux ans, trois ans, et lorsqu'on se décide enfin d'y aller, les voisins nous apprennent son décès la semaine passée.

La différence, c'est que les années 1970 furent les années d'un merveilleux espoir de renaissance. La langue était encore bien là, partout dans nos campagnes. Les jeunes occitanistes limousins d'alors, qui se comptaient par paquets de douze et non pas sur les doigts d'une main comme aujourd'hui, la savaient certes menacée, la langue, mais elle ne pourrait finalement pas crever puisque tant de monde s'intéressait à elle, l'apprenait, la chantait, la défendait ! Aujourd'hui, pauvres de nous, où trouver l'espoir d'une renaissance de la langue ? La majorité d'entre nous, il nous faut bien l'avouer, manions et défendons la langue par plaisir personnel, individuel, mais sans plus oser croire qu'elle puisse renaître de ses cendres, qui s’amoncellent chaque jour un peu plus. « Mas lo fuòc nais pas de las cendres », nous dit justement Melhau (p.57).

Revenons à lui. Il découvre, dans ces années 1970, les grands auteurs limousins (qu'il publiera plus tard), Pau-Lois Granier le Creusois, Marcela Delpastre la Corrézienne. Au-delà des frontières limousines, Joan Bodon le Rouergat, Max Felipe Delavoet le Provençal. Les trobadors, bien sûr. Il se lie d'amitié avec quelques auteurs limousinants de son âge : Micheu Chapduelh, Jan Claudi Rolet... Bref, il connaît cette révélation dont il parle si bien, que tout occitaniste a connue (les Calandrons, que Melhau évoque d'ailleurs, n'auront pas à la vivre d'eux-mêmes, tout ça leur est offert dès l'enfance), cette bouleversante révélation que notre pauvre patois est en réalité une riche langue, au même titre que le français ou l'anglais, et que son histoire est foisonnante et belle, qu'il n'y a pas à la mépriser ou à en avoir honte. Cette révélation étourdit celui qui la vit. Elle ouvre en grand un champ des possibles vertigineux, elle vient mettre en branle toutes vos certitudes apprises à l'école jules-ferrienne, elle vous oblige à vous redéfinir complètement vous-même, à vous re-situer par rapport aux gens et à la société qui vous entourent. Cette révélation en effraie et en repousse certains, elle en séduit et entraîne d'autres, comme ce fut bien sur le cas pour Melhau.

Années 1980. Malgré tout le dynamisme occitaniste de la décennie passée, la langue recule inexorablement. Mitterrand arrive, promet des choses, beaucoup. Certains y croient, qu'il aidera à sauver notre langue, nos langues. Non, on a encore été roulé ! Papa État, maman République, leurs filles École et Télévision laissent dépérir la langue, ne lèvent pas le petit doigt pour elle. Heureusement pour lui, Jan dau Melhau n'a jamais cru en personne, « Ai pas jamai cregut en degun. Crese pas en Diu, quo es totparier pas per creire quau Mitterrand siaja ! » (p.45). Il s'épargne ainsi la bien douloureuse désillusion qu'ont connu nombre d'occitanistes, bretonnants, bascophones, locuteurs et militants oïliques divers...

Ça ne l'empêche pas de souffrir de la disparition de sa langue occitane.C'est très douloureux, Melhau en est très malheureux. Il est surtout désespéré de la passivité, du renoncement des Limousins à parler leur langue, au moins à s'y intéresser. D'ailleurs, y a-t-il encore un paysan, pardon un « gestionari de la filiera charn » comme les appelle Melhau (p.49) qui sait que cette langue fut la leur, celle de leur terre, de leur pays ? Combien s'en souviennent ? Bien peu. Combien s'en soucient ? Aucun, quasiment. Et Melhau leur en veut, à ces Limousins définitivement francisés, surtout à ceux de sa génération. Il leur prête une grande responsabilité dans l’accélération fulgurante du déclin de la langue. Je suis bien de son avis. Je l'ai un jour entendu, quand l'organisateur de son spectacle se satisfaisait de la vingtaine de sièges remplis ce soir-là, s'énerver : « Mais où sont-ils passés, ceux qui venaient par dizaines à nos concerts, nos spectacles, nos conférences il y a trente ans ? Où sont-ils ces milliers de Limousins qui s'intéressaient à leur langue, à leur culture, à leur pays en 1975 ? ». J'eus bien envie de lui répondre qu'ils étaient tous devant leur télé, mais c'eut été inutile, Melhau connaissait trop bien la terrible réponse à sa question.

La langue crève, depuis bien longtemps, avec elle le pays, sa civilisation, son âme, nous dit Melhau. Bientôt le Limousin ne sera plus qu'un petit point vert comme d'autres noyé au mitan d'un immense hypermarché. Depuis tant d'années (au moins depuis Mistral) qu'on vous le dit qu'elle se meurt, notre millénaire langue occitane, vous avez fini par ne plus y croire, qu'elle allait mourir. Nombre d'entre vous, tout de même, aujourd'hui, reconnaissez qu'elle s'éteint. Peu en font cas. Certains s'en réjouissent. Les quelques-uns qui aiment, malgré tout, leur langue qu'ils s'entêtent à nommer « patois », qui ne la parlent pas ou plus, se rassurent en se disant qu'il y aura bien toujours quelque hurluberlu-bobo-bio-fonctionnaire de la ville pour la parler à leur place, même s'il la parle tellement moins bien que la mamie ou le tonton, même si la langue a perdu toute sa saveur terrienne. Mais, vous prévient Melhau, un jour viendra, très prochain, que vous ne l'entendrez plus nulle part, cette langue, vous qui n'avez et ne faites aucun effort pour elle, qui vous rendez complice de non-assistance à langue et civilisation en danger, vous qui participez donc par votre inertie, votre fierté mal placée ou votre parisianisme à la mort quotidienne de ce trésor culturel. Vous vous direz un jour : « Mas qu'avem fach ? Qu'avem laissat far ? ». Mais ce sera trop tard, « sera 'qui, lo grand silenci de la mòrt dau Lemosin » (p. 57). Vous l'aurez bel et bien laissé crever, votre héritage, avec vos répliques favorites qui vous servent de fausses excuses « Le patois, ça change d'un village à l'autre. Ça, c'est l'occitan, c'est pas le vrai patois. Moi, le parler, ça va, mais pour le lire ! Oh moi je le comprends mais je le parle pas, je l'écorche (...) » (p. 53). Et surtout votre insupportable « A quoi ça sert de parler occitan ? ». Melhau vous répond : « AD ARES ! ». C'est bien pour ça qu'il faut la parler cette langue, qui ne se parle que par pur plaisir, sans avoir à y chercher une quelconque utilité économique, politique, sociale, comme on le fait de toute chose au quotidien.

Merci, Jan dau Melhau, pour ce texte court, franc, simple, direct, ce cri d'amour et de colère, que j'ai lu d'une traite, dans notre langue bien sur (la traduction française est placée en regard) , ce texte qui m'a secoué, passionné, remué les tripes et fait monter les larmes, qui m'a donné plus que jamais l'envie de parler ma langue, de défendre son honneur, donc le mien, donc celui des miens, vifs ou défunts.

Baptiste Chrétien

20/05/2012

 Melhau

Sergi Marot et Jan dau Melhau, Los d'a Roier, pochette de disque Ventadorn, 1978

(j'ai piqué l'image sur un site qui vend le disque pour... 95 euros !

écouter en ligne ici et

 

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Commentaires
T
Aqueste tèxte de Jp la Rapieta, se pòt trobar, mielh 'dobar que non pas aqui, sus son blòg :<br /> <br /> http://rapieta.wordpress.com/2012/06/27/nannada-desja-coma-un-torna-z-i/
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J
(Tirat de mon caier).<br /> <br /> <br /> <br /> Mos pairs son tots de la gent de cultura meitat paisana que meitadièra, meitat pacana que farmièra, l’ai desjà ‘gut dich aquí. Las raiças de l’aubre de la familha son aigadas tant per Charanta que Viena, dins ‘queu eissart dintra doas ribièras, eu eisisset sus ‘na rebomba pro nauta per que las soás branchas brochan los ciaus lemosins, per daissar sas fuelhas « girinar » la linga, francha dins daus « ā » tant long d’aici la luna per los uns, dins los « è » que durarán tant coma las feiras a Chabanès 1 per los autres.<br /> <br /> <br /> <br /> De la gent « paubres » de moneda, màs riches d’una cultura de la terra, paisana per iò dire tot emb-d-una. Chascun, après la guerra, la darnièra avant l’autra, poguet pas continuar de « far lu paisan ». Es entau, d’autras necessitats, coma la modernisaci’, sauteten, pas totas solas, segur, màs far autrament que la propaganda d’Estat es pas permis per tots. Fau ne’n ‘ver l’eidèia, la pòder farjar. ‘Quela gent se son civilisats jurtà ‘chaptar ‘na televicon, après lu refrigerator, la veitura…<br /> <br /> <br /> <br /> Segur, la televicon parlava francès, màs sus los chierons dins ‘na còrt, sus lu banc dins l’airau, las seradas tornavan balhar la linga sa plaça, emai ‘la fuguesse bandit dins la meijon dau temps que lu cachaniu quitesse lu collegi, aquò per pas lu traumatisar, l’estiu, la tornava lu temps de la velhada, e aquò quò comptava pas, qu’eriá a gratis.<br /> <br /> <br /> <br /> Golhasson, eriá chas mos pairs, mas grandas, e segur, quauquavetz lu Melhau passava dins lu pòste. Pas tots los sers nimai, màs eu passava, tant coma lu Panazô 2.<br /> <br /> <br /> <br /> Me sosvene que mos pairs l’aimavan be lu Panazô, eu parlava de chausas simplas, plasentas. Beleu ‘queu jugava una figura impausada sens iò voler, o beleu sens iò saber, la dau tipe que ne’n compta una per far rire lu bra’e monde darrier lu fenestron de lum, las chausas seriosas s’assabentavan dins la linga francesa. E mai d’una vetz, après los juecs de 20o00, lu pair P. o la mair M., ne’n contava una ‘tot, coma lu Panazô, beleu la legida dins l’Echo (comuniste) dau jorn, o lu Sillon (catolic), beleu la auvida a l’usina, beleu una tirada de « dins lu temps », un temps fòrça present. De memòria, lu tipe, lu pair P. liet sos buòus la darnièra vetz ne’n 1976, l’annada de ma traucaplais 3 ‘trapada per causa d’una varicela e d’aver begut dau vin doç, lu traulhadís coma fau dire. Afè, es passat aura.<br /> <br /> <br /> <br /> Lu Melhau per se, be, qu’eriá pas parrier. Qu’eriá un artiste. Un artiste non pas coma los velhadors que chantavan, jugan, que fiteten ‘na part de ma cultura tras los aubres de nadau d’entrepresas, o d’enquera lu Jan Segurel tras las cassetas. Mos pairs, beleu mai mon pair que ma mair, chantavan, tornavan dire la chanson, quitament quante ‘navam a la mar veire mas sors « à la colo de Royan » ; sabetz que per los lemosins, passat Engoleime, setz quitament ‘ribat a la plaja. O de las vetz, ‘n’autra granda epopeia Segurelesquèsa eriá quante ‘navam a La Reòla, per charchar las asperjas, chas los que fagueten los esgots dins lu vilatge. Parlavan pertant pas lu mesma patues, afè…<br /> <br /> <br /> <br /> Non, Melhau eriá, eu es pas mòrt, setz dins un bilhet de remanbrança, eu eriá un artiste « per los sabants ». Eu eriá mai d’una vetz mocat, per un los braçs escartats, apres s’esjacinar. E los autres d’acertar d’un movament de la testa o d’un « ‘quò es be v’rai », d’un « t’i ses plo ‘trapat », o b’etot quante ‘quò se passava « en directe » davant la tele, un « se ‘vian be trabalhat dins lur jornada, ferian pas tant de manièras ». Es entau, Melhau eriá un sabant, e los sabants, fòra los medecins e d’enquera, fòra los veterinaris perquè sonhar las bestias, elas qu’an pas la parola, es un quauquares de sacrat, los sabants son tots de las colhas. Melhau fasiá paur a la gent de pauc, beleu pas « aus Jan-las-Colhas » 2 dins lu pòste, o aus professors, màs lu pòple daus paisans e de las paisanas, degun pòt sens reclamar entau. Segur, lu Melhau ‘viá tota la legitimitat per iò far, e es ben contat dins son libre, mas beleu iò faguet-eu d’un biais « sabant de tròp » ? Segur tots e totas erián pas entau. ‘Tenci’, parle nonmàs d’un canton, màs, me songe que ‘quela « critica » manca dins li libreton dau Melhau. Dise ‘quò sens voler ‘pulhar de tròp sus la diferença dintra « los sabants » e « los patesants ». ‘Tenci’ tòrne iò dire, es subretot pas contra lu Melhau, me lu permetriá pas. ‘Netz pas imprimar ‘quò per li balhar e ‘queu venguesse me petar la margoleta. Lu dise pas contra la grafia nimai o sabe tròp quela victima eispiatoèra que nos faudriá desconhar d’ente sabe ieu. Es pas ma mòda de far, d’autant mai que sei un faidit, sabe res de mantas istòrias passadas e ‘laidonc, per principí, la barra aquí dessus.<br /> <br /> <br /> <br /> Panazô parlava d’un monde que ‘chabiá4 de paiar sa rota, lu Melhau fasiá paur e la Delpastre eriá desconeguda de mon vilatge d’aici que la moriguesse…<br /> <br /> <br /> <br /> Per pausar lu barradon sus « Melhau vut d’un pitit vilatge pausat au mitan de la linha fonccionariala e dedeesquèsa dintra Charanta e Lemosin », per barrar la cleda d’aqueu vilatge ente frutgissí, per ne’n ‘chabar per una de ma metafòra tot leva nas que sei, me songe que la linga es estat conhada dins ‘na bombona, una bufada dins dau veire espes verd fonçat, una clissada d’un pitit buesc aisat d’esgar. Un jorn torní trobar la bombona, màs sei pas un manuau e aidat per quauques uns e quauques unas dins lu vilatge, dins ma familha, sauguí ne pas continuar se far petar lu pitit buec. Las gestas erián d’enquera ‘quí, tiradas d’un beu fons popularí. Per lu veire, aquò fuguet ‘n’autra istòria, ‘la es esbrechada au pissareu, segur aquò geina pas per i beure, màs, veiquí, sens un saber-far d’especialiste, l’esgar totalament sembla gaira aisat. ‘Laidonc, la bombona de la familha, ‘la es qua’iment entièra, coma una sola besonha pausada chas me. ‘La purís pas, mai-que-mai perquè sabe far ‘tenci au buec tant coma au veire. Màs, sei ‘na brancha mòrta dins l’aubre de la familha, per deman, per passat deman e d’enquera mai passat-passat deman, me damande se faudriá pas mielhs la conhar dins terra e l’esperar veire tornada a la lutz dins 40000 ans coma per las chaunas pinturadas.<br /> <br /> <br /> <br /> 1 las eisistan pus nonmàs l’eispreci’ es d’enquera viva.<br /> <br /> 2 non res, vòle pas far ma Lady Cagat, n’i a pro entau sus lu Jornalet, n’atz gaitar la fin dau bilhet (« cagar » qu’es pas dau nòstre registre màs bon, per lu plaser d’un juòc de mòts).<br /> <br /> 3 pas la darnièra, tant qu’a contar ma vita.<br /> <br /> 4 « ‘chabava » es de segur mai coma fau, mas la linga parlada es libra
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M
Bien sûr, il faut se rencontrer. A voir avec degun.
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M
@mp<br /> <br /> <br /> <br /> En lisant "pensée autonome" je n'avais pas du tout songé que tu parlais de l'autonomie de l'individu. Je n'ai pas du faire assez de philosophie dans ma vie !<br /> <br /> <br /> <br /> Sinon, je ne m'effraie de rien. Je t'ai dit dans mon message précédent ce sur quoi je suis prêt à discuter : le "quoi faire". Ensuite on discutera du "comment faire". On pourrait aussi trouver un autre espace de discussion que ce blog (puisqu'on va être hors sujet vis-à-vis de l'article).
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M
Quand je parle d'autonomie, je pense autonomie de l'adulte, du majeur, de la personne responsable. Autonomie qui s'oppose à la minorité de l'enfant.<br /> <br /> <br /> <br /> Je trouve ce texte de Kant des plus justes qu'il soit :<br /> <br /> <br /> <br /> " La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grands nombre d' hommes après que la nature les a affranchis depuis longtemps d'une direction étrangère, restent cependant volontiers leur vie durant mineurs, et qu'il soit si facile à d'autres de se poser en tuteurs des, premiers. Il est si aisé d'être mineur! Si j' ai un livre qui me tient lieu d' entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi de mon régime, etc., je n' ai pas besoin de penser ,pourvu que je puisse payer, d'autres se chargeront bien de ce travail ennuyeux. Que la grande majorité des hommes tienne aussi pour très dangereux ce pas en avant vers leur majorité, outre que c'est une chose pénible ,c'est ce à quoi s'emploient fort bien les tuteurs, qui, très aimablement, ont pris sur eux d' exercer une haute direction de l'humanité. Après avoir rendu bien sot leur bétail, et avoir soigneusement pris garde que ces paisibles créatures n'aient pas la permission d'oser faire le moindre pas hors du parc où ils les ont enfermées, ils leur montrent le danger qui les menace, si elles essaient de s'aventurer seules au dehors. Or ce danger n'est vraiment pas si grand , car elles apprendraient bien enfin, après quelques chutes, à marcher , mais un accident de cette sorte rend néanmoins timide, et la frayeur qui en résulte détourne ordinairement d'en refaire l'essai. Il est donc difficile pour chaque individu de sortir de la minorité, qui est presque devenue pour lui nature."<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai peur que le Limousin se soit mis volontairement sous la tutelle d'une histoire rêvée ou d'une certaine idée erronée de l'unité. Ce que je propose, c'est qu'enfin en Limousin, on voit par nous-mêmes nos problèmes en face et que nous proposions le meilleur chemin pour les résoudre. Il n'est pas question pour moi que nous nous coupions du reste, pourvu que le reste nous laisse libres (ce qu'il fait d'ailleurs) d'agir et de choisir ce qui nous semble collectivement ici être le mieux pour nous. Autonomie et indépendance sont aussi deux choses différentes. Si cela ne t'effraie pas, bien entendu, tout à fait d'accord pour la discussion.
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