La langue des victimes : L’uomo che verrà (L'Homme qui viendra)
Je prends la liberté, une fois n'est pas coutume, de remonter ici cet article mis en ligne le 25 février 2010, consacré à L'Homme qui viendra, de Giorgio Diritti, qui était sorti en Italie quelques mois avant. En effet, le film est enfin distribué en France.
La langue des victimes : L’uomo che verrà (L'Homme qui viendra)
Une fois de plus[1], un film important vient de sortir en Italie, entièrement tourné en « dialecte », puisque tel est le mot utilisé par tous, et sous-titré en italien. En l’occurrence il s’agit de l’idiome parlé dans les Apennins au-dessus de Bologne, dialecte, cette fois sans guillemets, non de l’italien mais de cette langue minorée de la famille gallo-italique, expressément reconnue par l’Unesco et la communauté européenne comme langue en grande difficulté, nommée emiliàn-rumagnòl (« emiliano-romagnolo », en italien[2]), du nom des deux provinces concernées. Le film qui porte un titre bien italien, L’uomo che verrà (L’homme qui viendra) est dû à Giorgio Diritti, dont on avait tant aimé L’aura fai son vir (Il vento fa il suo giro), tourné lui aussi de bout en bout en cet occitan provençal parlé dans les vallées de Cuneo.
Ce nouveau film est lui aussi consacré à une communauté paysanne, mais cette fois le réalisateur fait un saut dans le temps, jusqu’en la terrible année de guerre 1944. C’est donc un film en costume, centré sur une famille, vue par les yeux du personnage principal, une fillette de huit ans, Martina, muette depuis la mort de son petit frère et dont la mère attend un nouvel enfant (d’où le titre). Dans ce regard empathique, les paysans sont saisis dans leur vie quotidienne, les gestes du travail, les relations familiales, avec leurs hiérarchies indiscutées, leurs affects aussi bien sûr, et ils parlent – du moins sont censées parler – leur langue maternelle. La guerre est là, une ombre menaçante d’abord qui, progressivement, devient une présence envahissante, avec les actions des « partigiani » (les résistants) de la zone (le groupe de La Stella Rossa : l’Étoile rouge), et les représailles allemandes, avec ses victimes de part et d’autre (on ramène le corps du frère dans la famille, un allemand creuse sa tombe avant d’être exécuté), jusqu’à l’horreur absolue, vécue et vue par Martina, témoin muet et à la fois héroïque. Car le film montre le massacre de Marzabotto (dit aussi de Monte Sole), où plus de 770 civils ont été exécutés entre le 29 septembre et le 5 octobre 1944 en représailles aux actions de résistance, dans des conditions qui font immédiatement penser à Oradour-sur-Glane où, le 10 juin de la même année, la division SS Das Reich fit 642 victimes civiles. C’est dire si ce film, qui ne sera peut-être, pas plus que le précédent[3], visible en Limousin, parle à notre mémoire locale (et nationale). Il s’agit sans nul doute d’une œuvre remarquable, d’une extrême densité dramatique, jamais complaisante, jamais larmoyante, d’une grande poésie aussi, servie par des acteurs magnifiques, presque tous non professionnels[4], une image très belle, peut-être trop léchée, parfois à la limite de l’académisme.
Le film, en Italie, est encensé par la critique ; je n’ai à ce jour trouvé aucune voix dissonante : beaucoup saluent ce travail de mémoire longtemps attendu, bienvenu en ces temps de révisionnisme quasi officiel, certains insistent sur ce qui leur apparaît un éloge de l’Église et de la foi (chacun voit midi à sa porte), Diritti montrant – sur une base historique irréprochable – le rôle des curés de paroisse aux côtés de leurs fidèles jusque dans les massacres. Il est vrai cependant que le titre a quelque chose de messianique et d’un peu grandiloquent[5]…
Il n’est pas un critique qui ne souligne l’insistance du réalisateur (chose, j’en suis sûr, qui disparaîtra des critiques françaises, lorsqu’il sortira ici, s’il sort un jour) à tourner en « dialecte ». Certains regrettent qu’une telle décision, irrévocablement selon eux, condamne le film à un maigre diffusion[6] et parlent même de « folie commerciale »[7], mais ils sont démentis par le succès national du film : je l’ai vu à Rome à salle pleine, trois semaines après sa sortie (il est encore présent dans une quarantaine de salles). D’autres disent que le sous-titrage salit l’image (on n’aime guère en Italie, pas même les critiques, le sous-titrage) et ils engagent à aller voir le film en « oubliant » qu’il est tourné en dialecte et accompagné de sous-titres. Personne, sinon ici ou là un internaute qui réagit à tel ou tel papier, ne parle de langue (pas même, on le verra le réalisateur), et il vaut la peine de noter comment l’idiome est appréhendé par les critiques, car la chose est à mon avis très révélatrice d’une relation extrêmement ambiguë avec cette réalité culturelle encore importante dans le pays et d’une réaction en fait de refoulement. L’expression qui revient le plus souvent est « ancien dialecte » (« dialetto antico ») : « ancien dialecte bolonais », « ancien dialecte du lieu », « bolonais antique », etc.[8] D’autres insistent sur le fait qu’il s’agit d’un dialecte non mitigé d’italien, « stretto » (serré), et même l’un d’entre eux ne peut s’empêcher de répéter plusieurs fois qu’il est « incompréhensible » (sans préciser évidemment que c’est « lui », apparemment un toscan, qui ne le comprend pas – mais il ne comprendrait pas plus les autres dialectes de la langue d’Émilie-Romagne –, et puis, il ne lui viendrait jamais à l’idée de dire que l’allemand, parlé par les SS dans le film, est « incompréhensible » !)[9], ce qui montre la surprise de ces spectateurs, qui s’attendaient plutôt à entendre au cinéma un italien plus ou moins dialectalisé, auquel une certaine veine comique les a habitué à Bologne, par exemple, avec les films « vintage » de Pupi Avati (le dernier en date s’intitulant Gli Amici di bar Margheritta). Il s’agit d’insister ainsi sur l’exotisme historique de la langue ancienne, de la vieille langue, qui ne serait plus parlée, et appartient au passé et à la montagne qui, loin de la ville, conserverait intacte un idiome antique. La chose amusante est que l’on trouve en ligne une étude savante qui montre combien le « dialecte » en question, à la différence de celui parlé en d’autres zones, a reçu l’influence du dialecte urbain de la ville de Bologne[10]. Sur la disparition, ou du moins l’extrême raréfaction de la langue dans la zone de Monte Sole, je ne peux ici apporter de données fiables, faute d’en avoir trouvé. Diritti dit en tout cas qu’il a eu beaucoup de mal à rencontrer de bons locuteurs et il donne comme raison la déconsidération dont les dialectophones auraient souffert, surtout, ajoute-t-il bizarrement, dans les zones de montage[11]. Il ajoute qu’il s’est servi de l’un d’entre eux, un survivant du massacre, pour enseigner aux autres. Il précise aussi qu’en d’autres zones, le parler s’est beaucoup mieux maintenu.
On a cependant la sensation étrange que, pour beaucoup de critiques, il s’agit de faire comme si la langue était définitivement morte, et la force de Diritti serait de nous replonger, ainsi qu’il se propose en effet de le faire, dans un temps et une société révolus, en utilisant un idiome éteint. Le fait est pourtant qu’il a pu trouver des gens pour le parler, et l’on peut s’interroger sur cette hâte d’enterrer la langue alors même que l’objectif du film est de revivifier la mémoire de ce qui s’est passé à Monte Sole, d’en faire un drame agissant au présent et non simplement l’objet d’un film historique (Diritti insiste bien sur le fait qu’il ne voulait surtout pas faire « un film historique », avec ce que cela suppose de distanciation et d’objectivation). Évidemment les deux choses n’ont rien à voir et il serait absurde de considérer la langue comme un mémorial du massacre (quoiqu’il y ait quelque chose de très important à rappeler que c’est en cet idiome et non en un autre que les victimes ont vécu l’horreur et les derniers gestes d’humanité avant leur exécution), mais cela n’explique pas pourquoi il serait si important de s’empresser de décréter l’extinction définitive de la langue, au prétexte que le monde paysan auquel elle appartenait a disparu, sous la forme du moins qu’il pouvait avoir il y a soixante ans. Il y a là un malaise évident, distinct de la question que le film affronte vraiment. Ce que le film déclare haut et fort, sans même avoir à le rendre explicite par la parole, est qu’il est plus que jamais urgent de faire les comptes avec un passé fasciste, complice des massacres nazis, quand la mode, dans l’Italie berlusconienne, serait plutôt de dénigrer de façon plus ou moins ouverte ou subreptice la résistance, qui par son inconséquence prétendue se serait finalement rendue responsable de ce massacre. Mais cet autre malaise, que je veux pointer, est le refoulement et la relégation des cultures dialectales, qui ne datent pas d’hier, véritable mur auquel se heurtent les tentatives multiples de réhabilitation.
Telle n’est pas d’ailleurs l’intention du cinéaste ; de ce point de vue les critiques l’ont bien compris : le choix de la langue est motivé par le réalisme, par la volonté de plonger le spectateur dans ce monde disparu, non par une volonté de promotion du dialecte. Diritti s’en est en effet expliqué à de nombreuses reprises, car tous ceux qui l’ont interviewé lui ont posé la question du choix linguistique. Celui-ci, répète-t-il, obéit à la « recherche de l’implication émotive et du réalisme pour entrer dans l’atmosphère de l’époque. C’est une langue étrangère au quotidien [des spectateurs évidemment !] qui permet de faire un saut dans le temps »[12]. Aussi la démarche est-elle tout autre que celle du précédant film. Dans Il vento fa il suo giro, « la différence linguistique est le signe de l’identité d’un peuple qui cherche à survivre, de résister à une extinction quasi inévitable », dans ce nouveau film, il s’agit par contre de « faire sentir le saut dans le temps, et de donner la sensation d’un rapport aux mots qui était différent, d’une façon d’agir et de parler... »[13] La dimension de la réflexion de Diritti est alors proprement anthropologique : quelque chose selon lui a radicalement changé dans la façon de parler et de se rapporter à autrui, que le « dialecte » permet de restituer (ce qui veut bien sûr dire que le « dialecte », pour lui, est irréductiblement attaché à un temps révolu de la société) : « Aujourd’hui, souvent nous parlons énormément, nous sommes dans la société de la communication, on prononce tant de mots, mais on ne donne pas le sens fort et incisif de ce qui se dit. En ces temps, il y avait moins de mots, et parfois il n’y avait que des regards. Les répliques étaient directes, à la limite de la grossièreté, mais très efficaces, du point de vue de la communication, à créer les rapports entre les personnes »[14]. Dans un autre entretien, le réalisateur insiste sur le fait que ce choix est « juste », « fondamental », parce qu’il « te fait sentir des sons qui sont d’un autre temps mais aussi il te donne le sens des hiérarchies familiales, qui deviennent différentes, les dialogues sont plus serrés : peu de chose dites, claires, sèches et déterminées »[15]. Mais c’est aussi l’impression que l’on a devant les dialogues du film précédent, dont les personnages sont pourtant d’aujourd’hui ; beaucoup sont d’ailleurs de jeunes gens et c’est alors le lieu (les hautes vallées alpines) et le mode de vie qui semblent déterminants, plutôt que l’époque… et finalement plutôt que la langue en elle même, c’est son usage qui diffère complètement selon les temps certes, mais tout autant selon les lieux (à la fois géographiques et sociaux) et les activités.
Mais surtout, surtout, il y a le fait, que Diritti ne cherche pas du tout à cacher, que ce choix du dialecte, pour ce film-ci, n’était pas prémédité de longue date. Le cinéaste voulait, cette fois, tourner en italien, avec l’apport de l’accent bolonais pour ancrer l’action dans la région. Mais il se rendit compte que cela allait fatalement tirer le film du côté de la comédie de genre, puisque telle est la connotation spontanée au cinéma de l’accent bolonais, et il risquait ainsi de rendre les échanges ridicules et le film, en quelque sorte, étranger à lui-même. Emilio Marese, le critique de la Repubblica à Bologne lui en sait grée, le remerciant de n’avoir pas laissé passer le moindre « sòcmel » (interjection grossière des plus communes à Bologne[16]) en deux heures de film, d’avoir évité toute connotation cabaret et tout lien avec le masque du docteur Balanzone, auquel la ville de Bologne est, volens nolens, associée[17]. Il ajoute que, ce faisant, Diritti fait « franchir la barrière » au dialecte, en le détachant du rôle culturel peu gratifiant auquel il était jusque là cantonné par le cinéma[18]. Il est en effet évident que son usage, dans un film de cette ampleur et de cette gravité, ne peut qu’être valorisant, même si cet exhaussement a tous les traits d’un éloge funèbre.
Le choix de dernière minute ne fut pas « facile », comme on l’imagine bien. Diritti confesse que le producteur (la Rai) et le distributeur (Mikado), dans un premier temps, réagirent avec bien peu d’enthousiasme[19]. Le réalisateur s’empressa de trouver un ancien de la zone susceptible d’enseigner aux acteurs non bolonais, ou qui ne connaissaient guère le dialecte, la juste prononciation et d’abord la juste forme des répliques. Il est en tout cas notable de voir des actrices fort connues comme Maya Sansa et Alba Rohrwacher acceptant le défi de parler dans un idiome qu’elles ne connaissaient pas. Évidemment, des spectateurs bolonais se sont plaints de l’imperfection de leur prononciation (ce qui prouve une fois encore, que cette langue dite perdue est bien encore dans les oreilles !).
Il est une autre critique de cet usage impromptu du « dialecte », cette fois venue de ceux qui le pratiquent et en défendent l’usage. Aussi est-il intéressant de rapporter leurs propos, car ce sont, il me semble, des juges légitimes pour cet aspect du film. Je les ai trouvés sur le Sit Bulgnais : « On peut comprendre que la prononciation des enfants et des jeunes filles ne soient pas bonne, s’agissant de locuteurs n’ayant pas le dialecte comme langue maternelle (même si l’on pourrait attendre plus de soin de la part d’acteurs professionnels). Non, la vraie critique concerne la morphosyntaxe : certains acteurs utilisaient le pluriel métaphonétique alors que d’autres, suivant la règle de diverses parties de la montagne, le maintenait inchangé par rapport au singulier, certains utilisaient des diphtongues et d’autres non, à la va comme je te pousse, et tous, presque sans exception, se trompaient dans les questions : dans les dialectes de l’Émilie-Romagne, et sans aucun doute en bolonais et dans ceux de la moyenne montagne, les questions exigent l’inversion, et ne pas la pratiquer est une erreur pure et simple que, sans doute, les habitants de Monte Sole, ne faisaient pas. […] une question s’impose alors : dans ces cas, ne serait-il pas mieux de suivre l’exemple des américains, qui emploient un « dialect coach », c’est-à-dire un professionnel qui enseigne aux acteurs les divers accents de l’anglais ? Dans notre cas, cela aurait été même plus important, vu qu’ici dialecte ne signifiait pas une prononciation différente, mais un système linguistique entier distinct de l’italien. On voit que la philologie n’est pas assez prise au sérieux […] Aujourd’hui enfin, le subjonctif s’efface, mais l’italien teinté d’émilien l’a toujours utilisé, et en grande partie l’utilise encore, ce qui aurait dû s’entendre, même si les personnages du film sont d’extraction populaire. Félicitations, Giorgio Diritti, en faisant parler tes personnages en dialecte plutôt qu’en un italien régional peu crédible, tu as donné plus de vie au récit qu’il n’y en a dans tous les films pourtant excellents de Pupi Avati. Mais la prochaine fois, n’oublie pas que, faisant une reconstruction, il faut aussi mieux refléter la vraie langue utilisée par les protagonistes des faits ! »[20]
Peut-être, je ne peux moi en juger, ces remarques pèchent-elles par un excès de purisme, mais il semble probable qu’en effet, même en recrutant un « dialect coach », puisque c’est bien ce qu’a fait Diritti, il n’a pas été possible, en s’y prenant à la veille du tournage, de parvenir à une solution linguistique optimale. A qui me dira, que ces « détails » sont tout à fait secondaires, je lui répondrai qu’ils ne le lui paraîtraient nullement s’il s’agissait de sa propre langue maternelle.
Il n’en demeure pas moins que Diritti a fait passer une idée forte, reprise par plusieurs critiques : loin d’enfermer l’histoire racontée dans son localisme, le « dialecte », parce qu’il contribue à conférer une densité existentielle aux personnages, contribue du même coup à lui donner une portée universelle et au lieu de nous les rendre lointains et étrangers, nous rapproche d’eux[21]. Voilà une leçon essentielle de ce film, malgré ses possibles imperfections sur le plan de la maîtrise de la langue par les acteurs. Je me contenterai de constater qu’un tel choix, une telle démarche sont à peu près inconcevables en France où, dans les films en costume, on ne cherche même pas à rendre les accents, et où la grande majorité des acteurs, jamais ne condescendraiten à abandonner le bon air de Paris pour adopter celui des provinces (il leur paraîtrait moins dégradant, j’en suis sûr, de s’abandonner devant la caméra à d’affreuses turpitudes sexuelles !)... Imaginez-vous donc, si on leur demandait de parler limousin pour jouer dans un film retraçant la tragédie d’Oradour ! Et pourtant les victimes d’Oradour, pour la plupart, parlaient cette langue. Lorsque la seule rescapée de l’église, Margueritte Rouffanche, qui gisait blessée entre deux rangées de petits pois, au petit matin du 11 juin 1944, entendit parler « patois », selon son propre récit, elle sut qu’elle était sauvée… Il n’y aurait rien d’absurde, il serait même normal, « juste », de faire intervenir, dans un film sur Oradour, le limousin aux côté du français, et bien sûr de l’allemand (et de l’alsacien ! plusieurs témoins ayant décrit ces « malgré-nous » qui parlaient « patois alsacien »[22]). Mais il faut bien comprendre que nous sommes dans un pays où un « critique littéraire » assistant à une cérémonie en l’honneur de Gingouin et de ses hommes en 2001 à Saint-Gilles-les-Forêts peut déclarer, qu’en entendant un « groupe d’hommes » parler « le patois limougeaud » (sic !), il jugea qu’il s’agissait d’un « drôle d’hommage [...] à la Résistance »[23]. Car, vous comprenez bien, il n’est d’autre hommage digne de ce nom à la résistance que dans le français de De Gaulle[24]... et de Pétain. Peu importe si les résistants en question, pour la plupart, parlaient limousin ! Décidément, en matière de préjugés, nous n’avons aucune leçon à donner aux italiens.
Jean-Pierre Cavaillé
Marzabotto...
Oradour...
[1] Voir les posts consacrés sur ce blog à Nuovomondo, d’Emanuele Crialese et à Gomorra, de Matteo Garrone.
[3] Il vento fa il suo giro, malgré ses nombreux prix, n’a d’ailleurs pas été distribué en France ; c’est uniquement à travers les réseaux occitanistes, que quelques rares visionnages en ont été possibles.
[4] Quelques grands noms cependant : Maya Sansa, Alba Rohrwacher et Claudio Casadio.
[5] Le réalisateur dit lui-même qu’un livre écrit par l’évêque Luciano Gherardi, Le Quercie di Monte Sole (1986), est à l’origine de son projet.
[6] « È un film ostico e coraggioso, sul piano commerciale non sarà facile imporre al mercato una pellicola tutta in bolognese sottotitolato in italiano », Emilio Marrese, 22 ottobre 2009.
[7] « Coraggioso fino in fondo, Diritti ha voluto ripetere la ‘follia commerciale’ del dialetto antico, incomprensibile », sur le site Il cinema che « blogga ».
[8] Voici quelques formules galnées sur la toile, dont on retrouvera facilement la source : « dialetto quasi scomparso, il bolognese antico », « incomprensibile dialetto antico del luogo », « dialetto antico », « antico dialetto bolognese »...
[10] Daniele Vitali, « Il dialetto di Porretta Terme (BO) ».
[11] « Il dialetto è ancora vivo nell’area? Giorgio Diritti : Molto poco, e soprattutto nelle zone di montagne, perchè chi lo parlava era considerato ignorante. In altre regioni si è mantenuto più forte », Interview du 21 octobre 2009 par Federico Raponi.
[12] « Perchè l'utilizzo del dialetto? – Giorgio Diritti : Per una ricerca del coinvolgimento emotivo e del realismo, per entrare nell'atmosfera di quell'epoca. E' una lingua estranea alla quotidianità che permette di fare un salto nel tempo », Interview du 21 octobre 2009 par Federico Raponi.
[13] « In entrambe le vicende la lingua è un elemento fondante, addirittura ne Il vento fa il suo giro la differenza linguistica è segno dell’identità di un popolo che cerca di sopravvivere, di resistere a un’estinzione quasi inevitabile. Qui è un modo per far sentire il salto del tempo, e per dare la sensazione di un rapporto con le parole che era diverso, di un modo di agire e di parlare », Interview réalisée par Maurizio Emersino, le 27, 10, 2009.
[14] « Oggi spesso parliamo tantissimo, siamo nella società della comunicazione, si dicono tante parole ma non si dà il senso forte e incisivo di ciò che si dice. Allora erano meno le parole, e certe volte c’erano solo gli sguardi. Le battute erano dirette, quasi sgarbate, ma molto efficaci, dal punto di vista della comunicazione, a creare i rapporti tra le persone » Interview réalisée par Maurizio Emersino, le 27, 10, 2009 ; « L’idea che ho sempre havuto era di regalare la sensazione allo spettatore di entrare nel 1944, di fare una specie di viaggio nel tempo, come dicevo prima, di diventare parte della famiglia », Interview réalisée par Emanuela Martina, vidéo.
[15] [suite immédiate du même entretien] « A quel punto la dimensione linguistica era giusta, fondamentale, perché ti fa sentire dei suoni che sono di un altro tempo ma anche ti dà un senso delle gierarchie familiari, che diventano diverse, i dialoghi sono più stretti : poche cose dette chiare, secche e definite ».
[16] Soit, cette présentation du mot, au détour d’un forum en ligne : « Per dire "Uffa! Che palle!"... noi alle volte (fra amici) sbuffiamo: "Sòcmel! Du maròn!!".
E' il suono delle parole che a la differenza (Il vero significato di "Sòcmel" sarebbe un pò volgare da spiegare, ma nel linguaggio comune è ormai utilizzato come imprecazione generica) ».
[17] « Non c´è neanche un sòcmel in due ore recitate tutte in dialetto bolognese. [...] È un film ostico e coraggioso, sul piano commerciale non sarà facile imporre al mercato una pellicola tutta in bolognese sottotitolato in italiano. Ma, per il bolognese cui non è mai stata riconosciuta una dignità artistica aldilà di qualche macchietta da cabaret, è un bel salto dello steccato. [...] L´umanità dipinta con tinte livide da Diritti - che ha preferito il solco dell´altro suo maestro Olmi - è dolente e aspra come la lingua che parla, senza esse sibilanti, senza cliché balanzoniani, senza caricature da bar Margherita, senza tette, senza alcuna indulgenza al luogo comune » , Emilio Marese, ibid.
[18] « per il bolognese cui non è mai stata riconosciuta una dignità artistica aldilà di qualche macchietta da cabaret, è un bel salto dello steccato. », Emilio Marese, ibid.
[19] « In Rai, come alla Mikado che ci distribuisce, all’inizio c’è stato un certo disagio », entretien avec Gabriele Barcaro, 14.10.2010.
[20] Cette critique est donnée à la fois en italien et en bolonais. Je cite ici en bolonais, pour donner enfin une idée de la langue : « Che pò la prunónzia di cínno o däl ragâzi żåuvni la n fóss brîṡa bôna, quall lé as pôl capîr parché as trâta ed żänt ch'i n én brîṡa nèd in dialàtt (anc se, da di atûr profesionéssta, as pôl pretànnder ch'i i stâg-n un pô pió drî). Nå, la créttica vaira l'é par la gramâtica: ai êra di atûr ch'i adruvèven al plurèl metafonêtic, di èter al plurèl invariè (come, defâti as fà in socuànti pèrt dla muntâgna), ai êra chi dscurêva coi ditóng e chi sänza, acsé bâsta ch'séppa, e tótt, sänza eceziån o quèṡi, i ṡbaglièven a fèr äl dmand: int i dialétt dl'Emégglia-Rumâgna, e sicuramänt a Bulåggna e int la sô muntâgna ed mèż, äl dmand äl vôlen l'inversiån, siché an fèrla brîṡa l é un eråur, e l é inpusébbil che i mèrtir ed Månt Såul i féssen di ṡbâli acsé int la sô längua mèder. [...]. Insåmma, i n la fèven brîṡa in duv la i vlêva, es i la fèven in dóvv n inpurtèva brîṡa. Alåura, as vén na dmanda: mo in sti chèṡ che qué, an srêv méi fèr cunpâgna i americàn, ch'i tôlen l amaestradåur dialetèl pr insgnèr a imitèr äl prunónzi difaränti dl inglaiṡ ai sû atûr? Int al nòster chèṡ al srêv stè anc pió inpurtànt, pòst ch'as vlêva adruvèr una längua difaränta da qualla ufizièl. Mo as vadd che la filologî la n é mâi tôlta tròp só l sêri [...] Masmamänt a cal tänp... Incû pò in itagliàn la żänt i adrôven sänper manc al congiuntîv, mo l itagliàn dl'Emégglia d una vôlta (e anc d adès) al l à ecómm, siché dånca al vlêva adruvè, anc se i parsunâg' i véṅnen dal pòpol. Brèvo Giorgio Diritti, fagànd dscårrer i tû parsunâg' in dialàtt in pòst d un itagliàn culurè ed dialàtt (e pôc credébbil) t è fât vîver la tô stòria pió che tótti äl bèli peléccol ed Pûpi Avèti, però st'ètra vôlta brîṡa dscurdèret che, s'as fà una ricostruziån, biṡugnarà pûr che anc la längua adruvè la séppa cla gióssta! »
[21] Soit par exemple la remarque de Gad Lerner dans la livraison italienne de Vanity Fair : « L’uso del dialetto della montagna appenninica, invece che distanziarci rende a noi più familiare la triangolazione dei contadini alle prese con un padrone non ancora sganciato dai fascisti... ».
[22] Voir par exemple, l’un de ces témoignages sur le site d’Ouest-France.
[23] Bernard Daguerre, dont j’ai trouvé sur Google, qu’il est “cadre de la fonction publique territoriale, critique littéraire et de cinéma”, s'exprimant dans la revue en ligne Passant Ordinaire. Il s’est attiré la réponse suivante, de la part de Christian Champaud : « L'auteur est surpris d'entendre le "patois limougeaud". Hors, le mot "limougeaud" fait référence à la ville de Limoges, alors que le mot "Limousin" fait référence à l'ensemble de la région. Il a sans doute entendu parler "limousin", un dialecte prestigieux de l’occitan dans lequel ont été écrites, dès le XIIème siècle, des oeuvres qui ont honoré l’Europe de cette époque. Je m’honore moi-même de le parler, de l'écrire, et de l'avoir transmis à mes enfants. Il n'y a pas de quoi faire la fine bouche ».
[24] Je n’oublie bien sûr pas que Charles De Gaulle avait un oncle homonyme qui prit fait et cause pour la langue bretonne !