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Mescladis e còps de gula
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  • blog dédié aux cultures et langues minorées en général et à l'occitan en particulier. On y adopte une approche à la fois militante et réflexive et, dans tous les cas, résolument critique. Langues d'usage : français, occitan et italien.
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30 avril 2009

Fête de la poésie, Ribolla, Maremme toscane

Ribolla

 

Fête de la poésie, Ribolla, Maremme toscane

 

 La scène se passe à Ribolla, un village de la province de Grosseto, le dimanche 19 avril 2009. Ils sont quatre hommes devant la trattoria, après le repas, assis en terrasse ou debout sur le trottoir, deux d’un certain âge, deux autres beaucoup plus jeunes. L’un d’eux, tout à coup, s’adressant à un autre, commence à chanter, une mélodie ample et monotone, une mélopée entre le chant et la parole, s’appuyant d’un geste du bras, enchaînant les rimes. Il chante la joie, l’émotion de se retrouver, une année encore, pour cantare in poesia (« chanter en poésie »), il chante aussi la beauté du chant et de la poésie.

Se non ci fosse essa a dar conforto

Mi sembra già il mondo sarebbe morto

[Si elle n'était là pour nous donner confort,/ Il me semble déjà que le monde serait mort]

 Ce que l’auditeur non averti ne peut savoir, c’est que le poète est en train d’improviser ses vers en respectant une forme fixe très contraignante : huit vers (octave) de onze pieds (endécasyllabes), rigoureusement rimés selon le schéma AB, AB, AB, CC. Celui auquel il s’adresse, après avoir écouté avec attention et concentration, lui répond, en reprenant sa dernière rime (CD, CD, etc.) : sa manière de chanter, sa mélodie est très différente et à la fois en parfaite continuité quant au ton, à l’esprit et au contenu avec le chant de son prédécesseur… Il apporte ses propres mots, images, métaphores, ses tournures dialectales, son accent, sa gestualité. A la fin de sa prestation, un auditeur attentif et visiblement ému, comme je crois nous le sommes tous, pris par la force lyrique et la fragilité funambulesque du chant à l’improviste, marque son assentiment d’une simple interjection. Entre temps en effet, un petit groupe d’auditeurs s’est formé, tout aussi improvisé : quelques amis de l’un ou l’autre poète, de jeunes passants dans la rue, d’autres se tiennent un peu plus loin, j’ai sorti mon enregistreur et dans un coin de porte, Grazia Tiezzi, une linguiste qui travaille sur la parole chantée improvisée,  filme discrètement. Un à un, les quatre poètes vont se répondre, offrant chacun sa façon personnelle de moduler les mots, son univers poétique propre, mais toujours à propos, à propos de ce qui vient d’être dit, un propos qu’il s’agit de mener plus loin, jusqu’au bout de lui-même. Un long moment, l’échange va se concentrer sur les métaphores navales et marines, à la fois pour désigner l’invention poétique – navigation à  vue du chant improvisé –, et le cours de la vie, ses bonaces, tempêtes et son naufrage attendu.

 L’échange entre Mario Monaldi (Allumiere), Franco Finocchi (Tolfa), Marco Betti (Arezzo)[1] et Pietro de Acutis (Roma, Rieti) va durer un peu moins d’un quart d’heure. Il aurait pu durer des heures, comme cela est commun… Le 12 décembre 2003, à Grosseto, pour le Téléthon, un groupe de poètes (parmi lesquels Gianni Ciolli, Donato De Acutis, Niccolino Grassi, Emilio Meliani, Enrico Rustici, Bruno Tuccio) a improvisé pendant 24 heures durant, sans aucune rupture de rime ; car l’enchaînement, la reprise de la rime laissée par le poète à la fin de son octave, est la règle d’or du chant improvisé en Toscane, dans le Latium et les Abruzzes. Il en existe des formes similaires en Sardaigne (chanté en Sarde[2]), en Corse (chanté en corse, le fameux Chjam'e Rispondi[3]) et dans les îles Baléares (glosadors).

 Mais ce moment de grâce pure, qui voit alterner les quatre poètes, ne peut durer longtemps, car, tout près les attend la salle du Circolo Arci, siège de l'association  Sergio Lampis (qui fut un poète improvisateur), organisatrice de la journée, comble de monde (plus de deux cent personnes), pour célébrer, en compagnie d’une vingtaine d’autres poètes, du Latium et de la Toscane (les Abruzzesi étaient absents pour cause de tremblement de terre), l’annuelle Fête de la Poésie improvisée de Ribolla. Une association d’improvisateurs sardes, S’Ottada d’Orgosolo, est aussi présente, offrant à l’entrée de petits tabliers associant des vers en toscan et des vers sardes.

 Ribolla n’est pas un village quelconque, il est né de l’ouverture d’une mine de charbon, à la fin du XIXe siècle. Il est resté tristement fameux pour le coup de grisou du 4 mai 1954, qui fit 43 morts. L’histoire de Ribolla, comme de toutes les terres minières, est marquée par les luttes sociales et la présence d’une double culture, ouvrière et paysanne (comme à Carmaux, et en tant d’autres lieux miniers, les mineurs de Ribolla étaient aussi agriculteurs). Cette histoire est inséparable de celle de l’Ottava rima, qui a bien sûr chanté la mine et la catastrophe de 1954. D’où, sans doute, la volonté, plus forte qu’en bien d’autres lieux de Maremma, de cultiver et de valoriser la tradition de la poésie chantée improvisée, qui était moribonde lorsque, il y a dix-huit ans, fut organisée la première rencontre, grâce à l’initiative d’un ancien mineur,  grand amateur et secrètement poète lui-même, Domenico Gamberi, homme d’une passion, d’une assiduité, d’un dévouement à la cause et d’une détermination inflexibles, associé à Corrado Barontini, qui joue lui-même un rôle clé dans l’organisation de rencontres poétiques, mais aussi scientifiques sur la poésie en ottava rima, comme dans l’édition de livre de poésie et d’ouvrages d’analyse consacrés à cette forme culturelle originale, susceptible d’intéresser aussi bien musicologues, linguistes, anthropologues, littéraires et historiens. Un petit groupe de “studiosi” est d’ailleurs présent dans la salle, parmi lesquels Alessandro Bencistà, directeur de l’indispensable revue Toscana Folk, Antonello Ricci, auteur d’un nombre incalculable d’articles excellents sur le sujet, qui joue d’ailleurs avec brio le rôle de présentateur lors de la fête, Grazia Tiezzi, que j’ai déjà évoquée, Elisabetta Lanfredini, et quelques autres... Ce rôle des chercheurs, dans la conscience de la valeur culturelle de la poésie improvisée et donc, par là même, dans sa perpétuation est en soi une chose très intéressante à noter et… à étudier. Certains d’entre eux d’ailleurs, Giovanni Kezich ou Antonello Ricci lui-même, y ont consacré de très précieuses réflexions. Il faut ajouter que rien ne serait non plus possible, sans une aide pécuniaire discrète et un soutien moral très affirmé des politiques locaux, pour la plupart membres du Partito Democratico, dont on connaît les difficultés actuelles. Le maire de la commune, Leonardo Marras, est d’ailleurs présent tout le temps de ce long après-midi d’improvisation. Pour tout dire, l’intérêt aujourd’hui suscité par cette tradition culturelle en Maremme parmi les élus m’a paru à peu près inversement proportionnelle à celui dont font preuve nos politiques limousins, sur des bases idéologiques pourtant on ne peut plus proches. En comparaison, il me semble aussi que, chez nous, l’investissement de la recherche et de l’université dans la culture traditionnelle et dans la langue reste désespérment faible.

Ribolla

Ribolla 2009, aperçu du public

 Les auditeurs commencent à s’asseoir sur les bancs. Près de moi, l’un des  quattre poètes de tout à l'heure, Franco Finocchi, me chante des passages de ses compositions en ottava rima : un poème sur la tragique partie de foot entre Liverpool et la Juve de Milan, le 25 mai 1985 à Bruxelles, un sur la rencontre de Gorbatchev et de Reagan en 86, un autre sur le 11 septembre… Depuis des siècles l’ottava rima sert en effet aussi de mètre pour conter et chanter les événements marquants : batailles, luttes politiques, faits divers. J'ai fait allusion à la catastrophe de Ribolla, chantée in ottava rima, mais bien avant ce fut cette forme épique qui servit à  relater les sièges des villes, les invasions, les inondations, tremblements de terre, des histoires de bandits et de crimes de sang, le Risorgimento, les deux guerres mondiales, la guerre froide, l’homme sur la lune... A la source, on trouve les grands modèles épiques du XVIe siècle : les adaptations en ottava rima (forme dont la paternité revient apparemment en Italie à Boccace) des histoires de chevalerie, la Pia dei Tolomei tirée de Dante, le Roland Furieux de l’Arioste, la Jérusalem délivrée du Tasse, l’Adone et le Massacre des Innocents de Marino, qui restent toujours d’ailleurs des références constantes dans la bouche des poètes. Cet immense patrimoine de vers qui appartiennent aux formes les plus élevées de la lyrique de la Renaissance italienne, lu et surtout chanté et mémorisé par les générations successives, sert ainsi encore aujourd’hui de réservoir, ou de répertoire, dans lequel les poètes, souvent peu alphabétisés (au moins parmi les plus anciens), paysans, artisans, ouvriers, puisent un partie importante de leur vocabulaire, tournures, rimes, noms de dieux, de héros et de paladins, mobilisés pour conduire la chronique des événements contemporains et affronter le défi des joutes improvisées.

 D’autres poètes me sont présentés : Benito Mastacchini[4] (Suvereto), poète et sculpteur sur bois, Umberto Lozzi, dit « Puntura » o « Volpino », ancien muletier de Maremme, personnage haut en couleur (à voir et écouter absolument en ligne), Agnese Monaldi (Allumiere), une femme pleine de modestie, que je pris d’abord pour une simple auditrice (visible dans le film cité à la fin de l'article). Les femmes ne sont pas très nombreuses parmi les poètes improvisateurs : deux seulement se produiront aujourd’hui. Pourtant il y en eut toujours et de fameuses, comme cette Divizia, paysanne de Bagni di Luca qui improvisa pour Montaigne ou, plus encore, Beatrice Bugelli, elle aussi bergère analphabète admirée par la grande génération des lettrés romantiques (Tomaseo, etc.), ou encore les grandes improvisatrices des salons des XVIIIe et XIXe siècle, comme Corilla Olimpica (la Corinne de Mme de Staël), Teresa Bandinetti, ou Giannina Milli qui jouta avec la Bugelli.

 La fête commence, introduite par les saluts des poètes, octaves improvisées comme il se doit, avec reprise de rime obligée. Vient ensuite le noyau dur de la performance : une série de contrasti, ou duels sur des thèmes choisis par le public. Le plus souvent, il s’agit de couples d’opposés, chaque poète se devant de défendre la partie que le tirage au sort lui assigne. Le duel, très probablement dérivé de la tenson de nos trobadors, qui a inspiré une bonne part des formes de joutes improvisées en Europe et, comme le sait tout amateur de Claude Sicre et des Fabulous troubadours (qui miment l’improvisation, plutôt qu’ils ne la pratiquent), les formes improvisées d’Amérique du Sud (repentistas cubains, Desafios de palavras brésiliens). En Italie centrale, il a pris la forme de l’échange d’octaves endécasyllabiques, demeurée identique depuis le XVIIe-XVIIIe siècle (le contraste in ottava existait déjà, mais l’obligation de reprise de rime ne semble pas avoir existée auparavant). Le contrasto est un duel versifié, une forme de dialogue agonistique, qui revêtait autrefois un caractère fortement conflictuel, arbitré par le public qui déclarait vainqueur l’un des protagonistes, comme c’est toujours le cas avec le bertsulari basque, hautement compétitif[5]. Aujourd’hui, en Toscane, il n’en est plus ainsi : le plus souvent, on ne désigne plus de gagnant ni de perdant, ce qui favorise des formes d’échange sans doute plus cordiales et relâchées, et évite les contestations du public et des poètes qui, autrefois, étaient monnaie courante. Il faut dire qu'il y avait des prix en jeu, modestes, mais non négligeables pour ces journaliers, bergers et muletiers.

Puntura_e_Rustici

Deux poètes présents à Ribolla : Rustici et "Puntura"

 A Ribolla, en ce jour pluvieux d’avril, les thèmes choisis par le public furent aussi bien des couples d’opposés traditionnels, que des sujets de la plus grande actualité : le sot (lo sciocco) et le rusé (il furbo) ; Adam et Ève ; le jeune et le vieux poète ; mais aussi le banquier et le débiteur (crise oblige !) et encore un duel entre un poète personnifiant Leonardo Marras, que j’ai déjà cité, candidat PD à la Province (présent dans la salle) et un autre incarnant son adversaire de droite (Alessandro Antichi). La règle d’or est que le poète doit, effectivement, même s’il peut ironiser à volonté (ce que d’ailleurs le public attend de lui), défendre becs et ongles la partie et éventuellement le parti qui lui est attribué, et la performance rhétorique, soumises aux contraintes formelles que l’on a décrites, est souvent époustouflante. On présenta également deux contrasti à trois voix foncièrement satyriques et giocosi : l’un sur une question de société très prégnante dans l’Italie contemporaine  : le vieux, la fille et la gouvernante (la badante, en général en Italie aujourd’hui, une immigrée de fraîche date) ; l’autre sur une question politique qui, comment il a été dit, a donné lieu à un très important mouvement social, concernant l’école et l’université (je ne pouvais évidemment que penser au mouvement actuel en France, et que regretter l’incapacité qui reste la nôtre de coordonner la lutte) : ainsi trois poètes eurent-ils la charges de soutenir la part de la ministre de l’éducation Gelmini, du professeur et de l’élève. Enfin l’actualité imposait un thème qui ne pouvait être traité sous la forme du duel : le tremblement de terre dans les Abruzzes. Il fut interprété par deux poètes chevronnés, Benito Mastacchini et Pietro de Acutis, une improvisation lourde elle aussi de sens politique, dénonçant au passage l’impéritie des responsables.

 Les poètes se succèdent au micro, sur la scène du théâtre/cinéma, dans cette salle pour la construction de laquelle les mineurs, en d’autres temps, ont accepté de donner leur jour de congé. Ceux qui ne chantent pas attendent leur tour, assis sur des chaises à l’arrière de la scène, en faisant preuve d’une discipline toute relative. Le public lui aussi est très présent, applaudit les belles chutes, à la fois attentif et bavard (chose qui paraît impossible, je le sais, et pourtant on est ici capable d’une telle prouesse). Les octaves s’enchaînent et sembleraient pourvoir ainsi se poursuivre, jusqu’à l’épuisement physiologique et mental des poètes et du public, tantôt graves, tantôt légères, satyriques ou mordantes, à la fois savantes et dialectales, fleuries et crues, portées par des vieillards mais aussi de tout jeunes gens comme Enrico Rustici, né en 1984, qui se produit depuis l’âge de seize ans et qui a fait récemment paraître un recueil[6]. Évidemment, cette tradition orale, est toute tissée de voix qui se sont tues, et dont on rappelle chaque année la mémoire. Mais la mort du genre avec les derniers vieux poètes paysans ne semble plus du tout inéluctable car, de justesse mais indiscutablement, le passage de témoin a eu lieu. Comme quoi, rien n’est jamais tout à fait perdu, tant que le désir de la transmission vit encore en quelques uns.

 

Jean-Pierre Cavaillé

 

Pour qui sait l’italien, je conseille la vision d’un film La memoria cantata d’Angelo Paoletti, accessible en ligne, qui est une excellente introduction à l’ottava rima dans le Latium (bien que je ne sois guère sensible à son esthétisme bucolique), où apparaissent certains des poètes (et « studiosi ») nommés plus haut.

Voir également deux vidéos d’Elisabetta Lanfredini sur les usages politiques de l’ottava rima, notamment au temps du fascisme :

“A parole mi avrebbero buttati in prigione” (l’ottava rima in Toscana 1/2)

“A parole mi avrebbero buttati in prigione” (l’ottava rima in Toscana 2/2)

 

Un tout petit peu de bibliographie :

pas une ligne, à ma connaissance, en français (pour la période contemporaine)…

 

Agamennone, Maurizio, Cantar l’ottava. In Kezich, Giovanni I poeti contadini., Roma, Bulzoni, 1986, p. 171-218.

 

Bencistà, Alessandro, I poeti del mercato. Raccolta di contrasti in ottava rima dei poeti estemporanei Gino Ceccherini e Elio Piccardi, Firenze, Studium editrice, 1990.

 

Bencistà, Alessandro, I Bernescanti, Firenze, ed Polistampa, 1994.

 

Bencistà, Alessandro, L’Ambulante scuola. Poesia popolare ed estemporanea in Toscana, Firenze, Semper, 2004.

Fantacci, Andrea et Tozzi, Monica, Altamante. Una vita all’improvviso, Iesa, ed. Gorée, 2008.

Franceschini, Fabrizio, I contrasti in ottava rima e l’opera di Vasco Cai di Bientina, Pisa, 1983.

Kezich, Giovanni, I poeti contadini, Roma, ed Bulzoni,  1986.

Kezich Giovanni, Extemporaneous Oral Poetry in Central Italy, Folklore, Vol. 93, n. 2 (1982), p. 193-205.

Priore, Dante, L’Ottava Rima. Documenti di canto e dipoesia popolare raccolti nel Valdarno superiore, vol. 1, commune di Laterina ; Commune di Terranuova Bracciolini, 2002.

Ricci, Antonello, Fare le righe, L’ottava Rima in Maremma. Vita e versi di Delo Alessandrini, poeta improvistore, Roma, Stampa alternativa, 2003.

Ricci, Antonello, Di certe notevoli cose intorno all'ottava rima cavate da' libri, La Ricerca Folklorica, 45, Antropologia delle sensazioni, Avril 2002, pp. 121-131.

Ricci, Antonello, Autobiografia della poesia. Ottava rima e improvvisazione popolare nell'alto Lazio, La Ricerca Folklorica, n° 15, Oralità e scrittura. Le letterature popolari europee, avril 1987, pp. 63-74.

Ricci, Antonello, Detto e taciuto. Le ottave del consenso contadino al regime fascista, La Ricerca Folklorica,, No. 11, Antropologia dello spazio (Apr., 1985), pp. 121-124.

Tiezzi, Grazia. Le ragioni della rima : studio sull'improvvisazione di un'ottava di saluto, Urbino : Università di Urbino Carlo Bo, 2008 (Documenti di lavoro e pre pubblicazioni. Centro internazionale di semiotica e di linguistica).

Actes de colloque :

L’arte del dire, Grosseto, ed. ATP, 1999.

Poesia estemporanea a Ribolla, 1992-2001, a c. di C. Barrontini e A. Bencistà, Firenze, Toscana Folk, ed. Laurum, 2002.

Pour une bibliographie plus complète voir sur le site Archivi delle tradizioni popolari della Maremma.

Une autre bibliographie à la fin de l’essai en ligne de Paolo Bravi, L’improvvisazione in Ottava Rima (document pdf)


 

[1] Ce dernier a créé un blog de poésie : Epigrammando parole.

[2] Voir par exemple la Gara di poesia filmée à Luras ( Sardegna ), octobre 2007.

[3] Voir la belle vidéo sur le blog Campa in Erbaghjolu

[4] Une courte improvisation de ce poète en vidéo sur le blog d’Elisabetta Lanfredini http://elisabettalanfredini.splinder.com/tag/ottava+rima

[5] Voir le très beau livre de Denis Laborde, Denis Laborde, La Mémoire et l’Instant : les improvisations chantées du bertsulari basque, Donostia, Elkar, 2005.

Voir aussi http://www.eke.org/fr/kultura/bertsularicom

http://www.euskonews.com/0056zbk/gaia5608fr.html

[6] Enrico Rustici, La Poesia si canta. La poesia si scrive. Présentazioni di Corrado Barontini e Antonello Ricci, Firenze, Semper 2005.

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Commentaires
L
Vraiment émouvant de voir à quel point la poésie est un besoin de vie ! Cette langue italienne populaire improvisée m’a immédiatement fait penser au zajal libanais. Cette poésie chantée est extrêmement connue au Liban mais naturellement beaucoup moins en Europe. Il est donc peut-être intéressant que j’en rapporte ici quelques points à titre de comparaison, histoire de montrer un autre aspect de la poésie en Méditerranée. Les ressemblances sont frappantes mais les différences sont nombreuses, je vais les expliquer tour à tour. <br /> <br /> Le zajal est une forme poétique dialectale libano-syriaque (je ne parle ici que du Liban pour ne pas généraliser pour des territoires que je ne connais pas). Elle n’a jamais été, à ma connaissance, une forme de création en Arabe littéraire. Les zajalistes improvisent aussi lors d’une rencontre agonistique, notamment lors de mariages dans la montagne Liban où les maronites ont souvent leur moment poétique. Le public demande, approuve, encourage… Il y a deux différences qui sont importantes : d’abord, il me semble que les formes sont variables d’un poète à l’autre (pas d’ottava rima) et surtout, les poètes improvisent sur de la musique. Je ne sais pas si la politique est présente, je me permets d’en douter puisque le contexte festif n’y est pas favorable.<br /> <br /> Il y a un point de convergence entre les poètes de Ribolla et du Liban qui me parait important : la transmission. Je vais l’aborder rapidement.<br /> <br /> Comme souvent au Liban, la transmission intergénérationnelle se révèle très forte car le zajal est fort ancien. Les libanais sont fiers de leur langue. Bien entendu l’Arabe est la langue officielle du pays mais les maronites parlent aussi libanais (le terme n’est pas bien choisi mais il n’est pas de moi). La hiérarchie entre les langues n’est pas la même qu’en Europe, je serais incapable d’expliquer les nuances subtiles de la perception moyen-orientale des langues, mais il est certain qu’au Liban, le libanais n’est pas vu avec le même prisme de la hiérarchie des langues et dont nous dénonçons la faiblesse conceptuelle. Bien sûr je suis au courant de la standardisation médiatique de l'Arabe mais il me semble que la transmission des langues populaires est encore très forte au Liban. C’est pour cette raison que le zajal peut exister. La mémoire joue un rôle important. Comment improviser sans elle ? Elle n’est pas que la mémoire d’un individu, elle est le support d’une mémoire langagière collective. <br /> <br /> Il n’est pas question de porter ici un avis sur le Liban en général. Aucun pays n’est un modèle, ni un contre-modèle. Pendant longtemps beaucoup d’orientalistes ont construit un Liban imaginaire qui était presque le paradis sur terre (la Suisse du Moyen-Orient). Après la guerre, le discours a changé du tout au tout et le mot libaniser est apparu dans les dictionnaires… Comme si le Liban avait implosé de l’intérieur uniquement ! Fadaises évidemment. Le Liban, vert paradis de la langue populaire et du patrimoine ? La transmission linguistique libanaise est très forte en comparaison avec d’autres pays mais le modèle est intransportable. Pour ce qui est du patrimoine, les langues se portent mieux qu’en France mais l’archéologie libanaise est exsangue. Quant au patrimoine écologique, je vous laisse imaginer. Pas de modèle libanais donc mais une comparaison restreinte et précise : les principaux traits de la poésie improvisée toscane me paraissent reconnaissables au Liban aussi. Le public est très présent, les chants pourraient se poursuivre jusqu’à l’épuisement, la présence du dialectal, des vieillards et des tout jeunes gens, la tradition orale et le désir de la transmission. <br /> <br /> Pour toutes ces raisons, la poésie improvisée en langue populaire me semble être un phénomène méditerranéen qui suit des chemins particuliers et plus ou moins larges.
Répondre
M
et bien, je ne ferai pas dans le commentaire très constructif,<br /> juste pour dire qu'une fois de plus, en lisant votre blog, j'ai découvert un sujet passionnant! Je ne parle pas bien l'italien, mais je le comprend pas trop mal, et c'est un plaisir (même en ne saisissant qu'une phrase sur deux) de voir en vidéo (sur les liens proposés ci-dessus) ces slameurs d'avant l'heure...<br /> merci donc!
Répondre
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